Vert, vert, vert… divers

Après le noir et blanc des dernières photos et le multicolore des hippies de San Francisco, je suis sobre. Juste une couleur : vert. Espérance ?  Sans aucun doute, espérance pour moi. Vous aussi  ? La méthode Coué, ça marche bien. En avant !

Quelle drôle de couleur que ce vert ! Il y en  a de partout et surtout il y a tant de verts différents. J’ai l’impression que c’est la couleur qui connait le plus de nuances : du vert sombre au vert anis en passant par les vert menthe, prairie, Véronèse, pomme, émeraude … et des bleus qui les cajolent car ils ne savent pas trop où se caser, comme les turquoises et le bleu des mers du Sud… Encore que les rouges : vermillon, carmin, sang… soient très nombreux mais rouge est primaire ;  pas vert : bleu plus jaune.

Et les turquoises ? Le ton turquoise : vert ou bleu ?  Moi, je dis bleu turquoise mais combien disent vert en voyant des turquoises ? En même temps, on peut les comprendre. Vous voyez, photo du dessous, des turquoises. Bleu ? Vert ? Eh, eh, ça dépend.

Quant à la symbolique du vert… Les avis sont aussi partagés que les nuances et parfois  mêmes contradictoires. Dans certaines cultures, le vert symbolise l’espoir, le hasard (et ce peut être chance comme malchance), la nature, la croissance. Dans d’autres cultures, et quelquefois dans une même culture, le vert est associé à la mort, la maladie, l’envie, le laisser-aller, le libertinage et le Diable (qui peut-être rouge, une couleur elle aussi aux multiples nuances je le répète).

Combien d’expressions sont associées à cette couleur ?

  • Avoir la main verte : c’est réussir tout ce qu’on entreprend dans un jardin (plantation, bouturage, soins divers).
  • Le billet vert : périphrase pour désigner le dollar, billet qui est effectivement de couleur verte.
  • Les petits hommes verts : les extraterrestres, souvent qualifiés de Martiens, sont prétendument verts ; y-a-t-il l’ombre d’une preuve pour cette affirmation ?
  • En voir, ou en dire, des vertes et des pas mûres : voir et/ou  dire des événements ou des choses assez exceptionnels, amusants ou surprenants.
  • Les vertes années : la jeunesse (titre d’un roman de Robert Merle).
  • Un vieillard encore vert est un vieillard très en forme, surtout dans le domaine sexuel.
  • Mettre un animal au vert : le nourrir de produits frais, naturels.
  • Se mettre au vert : c’est prendre des vacances, pas forcément en allant à la campagne, c’est se reposer.
  • Avoir le feu vert : c’est être autorisé à faire quelque chose.
  • Recevoir une volée de bois vert : se faire disputer, en entendre de toutes les couleurs, et non plus réellement recevoir une série de coups violents (le bois vert fait  bien plus mal que le bois sec,  il ne se casse pas, il résonne ; la sentez-vous la vibration vicieuse du bois vert pervers ?).
  • La langue verte : c’est presque le contraire de la langue de bois. C’est l’argot , donc le fait de parler crûment, très clairement évidemment !
  • Adverbe vertement :  c’est selon les cas avec la fraîcheur acide, la vivacité de la jeunesse, ou d’une manière sévère, dépourvue de ménagement ou bien d’une manière leste, grivoise ou enfin d’une manière crue, qui ne s’embarrasse pas de convenances.
  • Penser vert : aujourd’hui, penser à l’environnement.
  • Etre vert : être écologiste ou selon les cas (il faut deviner et on peut comprendre de travers, d’où la nécessité de toujours préciser),
  • être vert de jalousie ou vert de rage : ressentir un sentiment violent de jalousie ou de rage, de colère envers quelqu’un”. Pas bon ça ! Après vous pouvez virer au rouge… de colère, de honte, ça va dépendre. On peut être vert de peur aussi, j’allais oublier.

Et si j’en venais à ce que je voulais faire au début de l’article, vous montrer mes poteries, certaines de mes poteries vertes (j’en ai encore d’autres). Elles datent un peu. Il faut dire que ces derniers temps, j’ai zappé l’atelier de l’Eperon à Saint Gilles. Je vais voir les copines, mais je ne travaille pas. Pas très inspirée en ce moment. Je me demande si je ne vais pas dessiner ou peindre à la place. Je pourrai peut-être même travailler à autre chose à côté d’elles, tiens…

Une série : compotier, pot à ail, à échalotes.

Un bol et sa soucoupe.

Une assiette creuse.

 

 

 

 

Un dessous de plat grand format

Deux petits dessous de plat assortis

 

 

Quand je me promène maintenant, je regarde avec beaucoup d’attention ce que les céramistes font ou ce qu’ils ont fabriqué, non pas pour les copier mais pour m’inspirer. Et je me dis que ce n’est pas demain que je vais maîtriser la technique. Pour les idées, ma foi, je n’en manque pas trop en général mais en ce moment…

Au musée de Sydney (le Powerhouse Museum) à Darling Harbour, en décembre 2009, j’ai photographié une série de céramiques rouges et un vase tout seul de la période “Art Déco”.  Je les ai aimés, je vous les montre.

 

 

Je reviens en vitesse au vert avant de vous laisser.

Avez-vous entendu ça dans votre cour d’école ? “Yeux marron, yeux de cochon ; yeux bleus, yeux d’amoureux ; yeux verts, yeux de vipère !” ou la variante “Les yeux bleus vont aux cieux, les yeux gris au Paradis, les yeux noirs au Purgatoire et les yeux verts vont en Enfer.”

Comprenez-vous pourquoi je porte des lentilles de couleur ?  Mauve.

 

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Mai 68 : troisième et dernier épisode de cette série

Souvenirs, souvenirs. Scott Mac Kenzie, ça vous dit quelque chose ? Continuer la lecture

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Mai 1968 : les causes, l’esprit…

Les années 60, quelle époque !

J’oublie les yéyés, les Beatles et autres amusements. Je pense à mai 68. Ca  fait un peu “souvenir d’ancien combattant”, même si j’étais trop jeune et surtout trop provinciale pour  être sur les barricades parisiennes, les images et les idées sont bel et bien  toujours dans ma mémoire.

En 1968, les choses doivent changer. Et ça change ! Les jeunes et moins jeunes bouillonnent tous d’idées. Sur les murs apparaissent des graffitis et des affiches contestataires : merci les étudiants des Beaux-Arts !

“Mur blanc = Peuple muet”.  Les murs parlaient. Ils s’exprimaient. Le peuple était en vie, plein d’esprit.

On peut actualiser ce genre d’affiches. Voir la dame rose et si vous cliquez sur elle, vous pourrez voir d’autres affiches, de même que si vous cliquez sur les mots “affiches contestataires, un autre site apparaîtra.

La population s’approprie la rue pour s’exprimer, dire son mal-être. Les rues n’avaient plus vraiment été animées depuis 1936 sauf les jours de Libération à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. En 1968, des cris, des chansons et  des écrits (pour que ça reste et que ça fasse plus sérieux) et des slogans en pagaille, oserai-je dire. J’en ai mémorisé quelques-uns de cette époque, mais il y en a eu  beaucoup plus.

J’entends aussi une chanson qui me revient en mémoire : sur l’air de “Il était un petit navire”, nous chantions ou entendions chanter “Ohé, ohé, Pompidou, Pompidou navigue sur nos sous”… On pourrait chanter avec le nom de qui maintenant ?

Nous avons de moins en moins d’argent disponible ; même quand on travaille, après les impôts locaux  (mairie, département, région), l’impôt sur le revenu, les taxes diverses  (TVA, octroi de mer dans les DOM…), les augmentations des cotisations sociales, de l’eau, du gaz, de l’électricité, de l’essence, et j’en passe,  il en reste de moins en moins. Nous ne sommes plus ponctionnés, nous serons bientôt purement et simplement saignés à blanc, enfin pas tous puisque l’égalité devant la loi, ou devant l’impôt n’est qu’une vaste fumisterie. Il devient indispensable de tout remettre à plat, d’en finir avec les exonérations et les régimes spéciaux.

En 1968, le retard social accumulé par la société, qui à cette époque était en pleine croissance (merci le baby-boom, la reconstruction… la guerre ?), une société, dis-je, qui maintenait les salariés dans la sujétion, la pauvreté (très bas salaires), ce retard est devenu insupportable pour un grand nombre de citoyens au point de déclencher la plus grande grève de l’histoire de France.

Après mai 1968, les rapports de pouvoir ont changé  (participation des ouvriers, des lycéens…), les libertés individuelles se  sont développées, les conventions sociales se sont transformées. L’allégresse de ce printemps est assez vite retombée et aujourd’hui que constate-t-on ? Retour de la sujétion des salariés (merci les 35 heures et les emplois précaires et/ou à temps partiel), de la pauvreté (qui s’accroit, chaque jour), d’une société à deux voire trois vitesses, accablement et silence des “masses laborieuses” tellement contentes d’avoir encore un emploi. Serait-on capable de faire un mai 2011 ?

Les slogans de mai 68 : j’en ai retenu quelques-uns (pour le prochain article) mais il y existe un site qui regroupe graffiti et slogans de cette année là. J’avoue que je ne les connaissais pas tous et que j’en avais oublié beaucoup. Cliquez là pour en savoir plus.

Ce n’est qu’un début, continuons le combat !”

“Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi.”

“Elections, piège à cons !

“Etes-vous des consommateurs ou des participants ?”

“Faites l’amour pas la guerre !”

“Fermons la télé, Ouvrons les yeux.”

“Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner.” Finalement mon article du même titre était une réminiscence. Cliquez  sur les mots en bleu si vous voulez relire ou lire ce billet ancien.

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Charlie Chaplin et la Tour Eiffel

Je viens de me rendre compte que Charlie Chaplin et la Tour Eiffel ont le même âge :

122 ans !

Charlie Chaplin, nom usuel de sir Charles Spencer Chaplin, Jr., est un acteur, réalisateur, producteur, scénariste, écrivain, compositeur né à Londres le 16 avril 1889 et mort le 25 décembre 1977 à Vevey en Suisse. Est-ce qu’il faut présenter notre dame de fer française ? Elle qui résiste bien au temps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mai 68 : “On ne peut plus dormir tranquille lorsqu’on a une fois ouvert les yeux.”

 

“On ne peut plus dormir tranquille lorsqu’on a une fois ouvert les yeux.”

Pourquoi fermez-vous les yeux et surtout la bouche ? Jusqu’où allez-vous vous laisser emmener par des gouvernements plus ou moins mafieux ?

Je ne critique pas plus Sarkozy que Chirac ou Mitterand, je rappelle simplement que les Français ont la mémoire courte. Vous souvenez-vous de la république exemplaire promise par Nicolas ?  Et des écoutes téléphoniques de François ? Et des dépenses de son fils Jean-Christophe à Bujumbura : 20 463 268,89 francs – a estimé la Cour des Comptes – ont disparu ? Je laisse Chirac tranquille, mais, n’est-ce pas lui que les Guignols appelaient Super Menteur et qui a un procès en suspens ?

La rigueur, l’honnêteté, en France, aujourd’hui où en est-on ?

Revenons à mai 68. Le slogan qui a sans doute le plus marqué les esprits est le fameux “Il est interdit d’interdire.”

C’était au départ une simple boutade lancée par Jean Yanne (c’est lui aussi “Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil”). Ce slogan contestait la discipline autoritairement imposée, ce qui est une absurdité : il faut  expliquer, discuter et avoir foi en l’homme qui raisonne et se raisonne, comme je l’ai écrit dans l’article “Réussite, argent, bonheur”.

Et c’était là le sens de cette maxime : il est désormais interdit de nous interdire de vivre. Tout simplement. Nous voulions vivre libres en respectant cependant les autres. Mais ça a déraillé. Aujourd’hui où en est-on ?

Le mouvement étudiant, qui a stupéfié par son ampleur et sa durée, a réussi à entraîner les ouvriers, les travailleurs d’une manière générale. Et comme il faisait beau cette année-là…  Je vous laisse imaginer, il n’y avait pas que des émeutes, des barricades et des cocktails Molotov, des voitures en feu et des pavés qui volaient. Il y avait le soleil, le ciel bleu, la liberté, les rêves, les pelouses et les petits oiseaux qui volaient eux aussi. Au fond, les plus vieux ou les plus bourgeois enviaient ces jeunes enragés et leurs conneries, peut-être même qu’ils les admiraient un peu et qu’ils les enviaient beaucoup, ces jeunes  qui vivaient, contestaient, manifestaient dehors, alors qu’eux, jour après jour, à l’usine ou au bureau,  voyaient leur propre vie se consumer lentement, inexorablement, à des tâches répétitives, stupides, éreintantes et à mourir de désespoir quelquefois, devant des chefaillons plus ou moins bornés, en échange  de quoi ? Des bas salaires et de peu de considération. Et aujourd’hui, où en est-on ?Nous voulions abolir bien des interdits : plus de gardiens en uniforme, plus de chiens, plus de chaînes, plus de pointeuses, plus de chefs inquisiteurs, plus de soldats, plus de flics cogneurs… Plus, ce n’était pas davantage, c’était aucun ! Vive l’autodiscipline ! L’autogestion, voilà ce qui était dans l’air du temps. Nous ne voulions plus de l’attirail disciplinaire puisque nous avions atteint, croyait-on, un niveau de conscience qui nous en libérait. Moi, en septembre 1968, j’ai connu ma première désillusion. J’ai compris que nous n’avons pas tous les mêmes valeurs. Et aujourd’hui, où en est-on ?

Cette aspiration à une vie libérée de ses entraves gagna tous les domaines : l’Eglise qui reçut là un mauvais coup, l’institution éducative dans un premier temps,  puis les entreprises par la suite : souvenez-vous de l’utopie des LIP en 1973.  Dans les années 70, les écoles parallèles et les crèches “sauvages” fleurirent, organisées par les parents eux-mêmes sur le modèle autogestionnaire inspiré de Freinet, car au fond la recherche était la même : élever enfants et adultes à la conscience de soi, sans recourir, autant que faire se peut, à la discipline autoritaire.

Ne devrait-il pas en être ainsi de la démocratie ? Au cours des siècles, on a vu que c’est la loi  qui pallie le peu de sagesse, de conscience ou de vertu des citoyens et que pour faire respecter la loi un pouvoir de coercition (gendarmerie, police) est indispensable. Aujourd’hui les forces de l’ordre ne sont même plus respectées, c’est donc la loi de la jungle. L’autodiscipline, le respect, la conscience… Où en est-on aujourd’hui ?

Cette maxime est décriée aujourd’hui, même par ceux qui la braillaient alors. Trahison ? Perte de conscience, de lucidité, de pureté ? Où sont passés les incorruptibles (pas Eliot Ness mais Robespierre) ? A bien y regarder, “il est interdit d’interdire” n’est ni plus ni moins qu’un appel à la sagesse et à la vertu. Pas de quoi avoir honte. Au contraire.

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Hatchepsout, reine, l’unique Pharaon féminin

C’est en 1981 que j’ai fait la connaissance d’Hatchepsout grâce à Pauline Gedge et son roman “La Dame du Nil”.

J’ai tout d’abord cru qu’il ne  s’agissait que d’un roman plutôt bien écrit et passionnant, puis j’ai appris qu’Hatchepsout avait bel et bien existé, ce qui n’a rien enlevé au côté captivant de l’histoire. C’était l’Histoire de la XVIII° dynastie dont elle fut le cinquième souverain, l’Histoire qui devenait ainsi inoubliable.

Récit palpitant de la vie d’une femme qui s’est battue contre l’ordre établi. Elle était “bien née” ce qui lui donnait quelques chances de réussite. Et encore… Combien de filles de haute extraction ont eu des vies contraignantes, désespérantes, dans le luxe, en silence et sans joies ? Que vous dire de plus sur Hatchepsout ?

Avant d’aller dans la vallée des Rois pour découvrir son temple (le mieux conservé de cette région tant il était bien caché), j’ai lu un autre roman, celui de Francis Fèvre intitulé “La Pharaonne de Thèbes”.

J’essaie de résumer l’Histoire et ces deux romans en une seule fois.

Dans l’Egypte du XVe siècle avant notre ère, Hatchepsout, princesse royale, fille de Thoutmôsis I va réussir l’impensable : être femme et pharaon !

La princesse Hatchepsout  épouse son son demi-frère, Thoutmôsis II (fils illégitime), pour qu’il puisse succéder à leur père car elle seule est de sang royal. Ce n’est pas pour assouvir sa soif de pouvoir, comme on le raconte : elle a obéi  à son père, non sans être contrariée. Pourquoi le fils d’une  concubine accède-t-il au trône alors que le pouvoir vient de sa mère à elle ?

Pendant la durée de son règne : quinze ans, le pharaon, timide et pleutre, de faible santé se contentera de préserver l’empire et de devenir père de deux filles de son union royale  avec  Hatchepsout, et d’un fils d’une concubine, fils qu’il ne prendra pas le soin de marier avec une de ses filles comme l’avait fait son père.

Hatchepsout, héritière de la dynastie par le sang, ne milite pas pour la cause féminine mais pour le droit du sang dans les successions. Quand son époux meurt, elle n’usurpe pas  le trône de Thoutmôsis III qui reste associé aux manifestations royales ; officiellement, elle  n’est que co-régente  mais c’est incontestablement elle qui détient la réalité du pouvoir, en attendant que son beau-fils soit en âge de devenir Pharaon Elle s’arrange pour se donner un surcroît de légitimité en propageant le mythe de sa naissance divine. Elle obtient alors tous les pouvoirs en se faisant couronner pharaon grâce à l’appui du haut clergé d’Amon. De fait, l’héritier “légitime” se voit relégué au second plan et elle, elle  gouverne avec brio.

Le règne d’Hatchepsout constitue l’apogée de la  civilisation pharaonique, c’est une très longue période de paix avec des constructions sublimes : les palais somptueux de Thèbes rivalisent de beauté avec le grand temple de Karnak, des découvertes de contrées lointaines, l’aménagement de la vallée des Reines et l’édification du fameux temple de Deir el-Bahari dans lequel des fresques splendides content le bonheur de cette époque.

Après son couronnement, Hatchepsout a remplacé la robe fourreau et sa couronne de reine par le pagne court, le némès* et la barbe postiche, symboles du statut de Pharaon. Les bas-reliefs et peintures la représentant en homme attestent sa volonté d’être reconnue en tant que roi. Son beau-fils finira par prendre le pouvoir ; à la mort de la Pharaonne, il se vengera et  fera détruire  tous les cartouches parlant d’elle, effacer son image, casser ses statues et maudire son âme. Le temple est enfoui sous le sable, c’est ce qui le conservera.

Hatchepsout disparaît alors de l’Histoire…  pour plus de trois mille ans !

Voilà comment m’est apparu au petit matin, le temple d’Hatchepsout. Il semble intact ; il est composé de trois terrasses superposées, reliées entre elles par des rampes. Les peintures murales représentent des scènes uniques, comme le voyage au pays de Pount. Je vous en montrerai une prochaine fois.

* Source photo némès et commentaire : wikipédia

Le Némès est la coiffe la plus emblématique des pharaons qui la porteront de l’Ancien Empire jusqu’à la période ptolémaïque. 

Il est connu du grand public par ses nombreuses représentations et notamment le masque funéraire en or du pharaon Toutankhamon ou la tête du sphinx du plateau de Gizeh.

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Le genre humain, menacé

Si vous n’avez pas lu cet article du monde, je vous le recommande.

LEMONDE| 02.04.11 | 15h11  •  Mis à jour le 04.04.11 | 15h39

Une information fondamentale publiée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) est passée totalement inaperçue : le pic pétrolier s’est produit en 2006. Alors que la demande mondiale continuera à croître avec la montée en puissance des pays émergents (Chine, Inde et Brésil), la production de pétrole conventionnel va connaître un déclin inexorable après avoir plafonné. La crise économique masque pour l’heure cette réalité.

Mais elle obérera tout retour de la croissance. La remontée des coûts d’exploration-production fera naître des tensions extrêmement vives. L’exploitation du charbon et des réserves fossiles non conventionnelles exigera des investissements lourds et progressifs qui ne permettront guère de desserrer l’étau des prix à un horizon de temps proche. Les prix de l’énergie ne peuvent ainsi que s’affoler.

Le silence et l’ignorance d’une grande partie de la classe politique sur ce sujet ne sont guère plus rassurants. Et cela sans tenir compte du fait que nous aurons relâché et continuerons à dissiper dans l’atmosphère le dioxyde de carbone stocké pendant des millénaires… Chocs pétroliers à répétition jusqu’à l’effondrement et péril climatique. Voilà donc ce que nous préparent les tenants des stratégies de l’aveuglement. La catastrophe de Fukushima alourdira encore la donne énergétique.

De telles remarques génèrent souvent de grands malentendus. Les objections diagnostiquent et dénoncent aussitôt les prophètes de malheur comme le symptôme d’une société sur le déclin, qui ne croit plus au progrès. Ces stratégies de l’aveuglement sont absurdes. Affirmer que notre époque est caractérisée par une “épistémophobie” ou la recherche du risque zéro est une grave erreur d’analyse, elle éclipse derrière des réactions aux processus d’adaptation la cause du bouleversement.

Ce qui change radicalement la donne, c’est que notre vulnérabilité est désormais issue de l’incroyable étendue de notre puissance. L'”indisponible” à l’action des hommes, le tiers intouchable, est désormais modifiable, soit par l’action collective (nos consommations cumulées) soit par un individu isolé (“biohackers”). Nos démocraties se retrouvent démunies face à deux aspects de ce que nous avons rendu disponible : l’atteinte aux mécanismes régulateurs de la biosphère et aux substrats biologiques de la condition humaine.

Cette situation fait apparaître “le spectre menaçant de la tyrannie” évoqué par le philosophe allemand Hans Jonas. Parce que nos démocraties n’auront pas été capables de se prémunir de leurs propres excès, elles risquent de basculer dans l’état d’exception et de céder aux dérives totalitaristes.

Prenons l’exemple de la controverse climatique. Comme le démontre la comparaison entre les études de l’historienne des sciences Naomi Oreskes avec celles du politologue Jules Boykoff, les évolutions du système médiatique jouent dans cette affaire un rôle majeur. Alors que la première ne répertoria aucune contestation directe de l’origine anthropique du réchauffement climatique dans les revues scientifiques peer reviewed (“à comité de lecture”), le second a constaté sur la période étudiée que 53 % des articles grand public de la presse américaine mettaient en doute les conclusions scientifiques.

Ce décalage s’explique par le remplacement du souci d’une information rigoureuse par une volonté de flatter le goût du spectacle. Les sujets scientifiques complexes sont traités de façon simpliste (pour ou contre). Ceci explique en partie les résultats de l’étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pilotée par Daniel Boy sur les représentations sociales de l’effet de serre démontrant un sérieux décrochage du pourcentage de Français attribuant le dérèglement climatique aux activités humaines (65 % en 2010, contre 81 % en 2009). Ces dérives qui engendrent doute et scepticisme au sein de la population permettent aux dirigeants actuels, dont le manque de connaissance scientifique est alarmant, de justifier leur inaction.

Le sommet de Cancun a sauvé le processus de négociation en réussissant en outre à y intégrer les grands pays émergents. Mais des accords contraignants à la hauteur de l’objectif des seconds sont encore loin. S’il en est ainsi, c’est parce que les dirigeants de la planète (à l’exception notable de quelques-uns) ont décidé de nier les conclusions scientifiques pour se décharger de l’ampleur des responsabilités en jeu. Comment pourraient-ils à la fois croire en la catastrophe et ne rien faire, ou si peu, pour l’éviter ?

Enfermée dans le court terme des échéances électorales et dans le temps médiatique, la politique s’est peu à peu transformée en gestion des affaires courantes. Elle est devenue incapable de penser le temps long. Or la crise écologique renverse une perception du progrès où le temps joue en notre faveur. Parce que nous créons les moyens de l’appauvrissement de la vie sur terre et que nous nions la possibilité de la catastrophe, nous rendons celle-ci crédible.

Il est impossible de connaître le point de basculement définitif vers l’improbable ; en revanche, il est certain que le risque de le dépasser est inversement proportionnel à la rapidité de notre réaction. Nous ne pouvons attendre et tergiverser sur la controverse climatique jusqu’au point de basculement, le moment où la multiplication des désastres naturels dissipera ce qu’il reste de doute. Il sera alors trop tard. Lorsque les océans se seront réchauffés, nous n’aurons aucun moyen de les refroidir.

La démocratie sera la première victime de l’altération des conditions universelles d’existence que nous sommes en train de programmer. Les catastrophes écologiques qui se préparent à l’échelle mondiale dans un contexte de croissance démographique, les inégalités dues à la rareté locale de l’eau, la fin de l’énergie bon marché, la raréfaction de nombre de minéraux, la dégradation de la biodiversité, l’érosion et la dégradation des sols, les événements climatiques extrêmes… produiront les pires inégalités entre ceux qui auront les moyens de s’en protéger, pour un temps, et ceux qui les subiront. Elles ébranleront les équilibres géopolitiques et seront sources de conflits.

L’ampleur des catastrophes sociales qu’elles risquent d’engendrer a, par le passé, conduit à la disparition de sociétés entières. C’est, hélas, une réalité historique objective. A cela s’ajoutera le fait que des nouvelles technologies de plus en plus facilement accessibles fourniront des armes de destruction massive à la portée de toutes les bourses et des esprits les plus tourmentés.

Lorsque l’effondrement de l’espèce apparaîtra comme une possibilité envisageable, l’urgence n’aura que faire de nos processus, lents et complexes, de délibération. Pris de panique, l’Occident transgressera ses valeurs de liberté et de justice. Pour s’être heurtées aux limites physiques, les sociétés seront livrées à la violence des hommes. Nul ne peut contester a priori le risque que les démocraties cèdent sous de telles menaces.

Le stade ultime sera l’autodestruction de l’existence humaine, soit physiquement, soit par l’altération biologique. Le processus de convergence des nouvelles technologies donnera à l’individu un pouvoir monstrueux capable de faire naître des sous-espèces. C’est l’unité du genre humain qui sera atteinte. Il ne s’agit guère de l’avenir, il s’agit du présent. Le cyborg n’est déjà plus une figure de style cinématographique, mais une réalité de laboratoire, puisqu’il est devenu possible, grâce à des fonds publics, d’associer des cellules neuronales humaines à des dispositifs artificiels.

L’idéologie du progrès a mal tourné. Les inégalités planétaires actuelles auraient fait rougir de honte les concepteurs du projet moderne, Bacon, Descartes ou Hegel. A l’époque des Lumières, il n’existait aucune région du monde, en dehors des peuples vernaculaires, où la richesse moyenne par habitant aurait été le double d’une autre. Aujourd’hui, le ratio atteint 1 à 428 (entre le Zimbabwe et le Qatar).

Les échecs répétés des conférences de l’ONU montrent bien que nous sommes loin d’unir les nations contre la menace et de dépasser les intérêts immédiats et égoïstes des Etats comme des individus. Les enjeux, tant pour la gouvernance internationale et nationale que pour l’avenir macroéconomique, sont de nous libérer du culte de la compétitivité, de la croissance qui nous ronge et de la civilisation de la pauvreté dans le gaspillage.

Le nouveau paradigme doit émerger. Les outils conceptuels sont présents, que ce soit dans les précieux travaux du Britannique Tim Jackson ou dans ceux de la Prix Nobel d’économie 2009, l’Américaine Elinor Ostrom, ainsi que dans diverses initiatives de la société civile.

Nos démocraties doivent se restructurer, démocratiser la culture scientifique et maîtriser l’immédiateté qui contredit la prise en compte du temps long. Nous pouvons encore transformer la menace en promesse désirable et crédible. Mais si nous n’agissons pas promptement, c’est à la barbarie que nous sommes certains de nous exposer.

Pour cette raison, répondre à la crise écologique est un devoir moral absolu. Les ennemis de la démocratie sont ceux qui remettent à plus tard les réponses aux enjeux et défis de l’écologie.


Michel Rocard, ancien premier ministre, coauteur avec Alain Juppé de “La politique, telle qu’elle meurt de ne pas être” (JC Lattès, 314 p., 18 €).

Dominique Bourg, professeur à la faculté des géosciences et de l’environnement de l’université de Lausanne, membre du Comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot

Floran Augagneur, philosophe, enseigne la philosophie de l’écologie à l’Institut d’études politiques de Paris

 

Michel Rocard, Dominique Bourg et Floran Augagneur Article paru dans l’édition du 03.04.11

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Le pont Mirabeau

Aujourd’hui encore un emprunt : Guillaume Apollinaire.

Que de plaisir à lire, décortiquer son recueil “Alcools”, quand j’avais dix-sept ans. Mais si, on peut être sérieux quand on a cet âge-là contrairement à ce que disait joliment Arthur Rimbaud. Souvenirs, souvenirs…

LE PONT MIRABEAU

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Guillaume Apollinaire

En cliquant sur le titre, vous pourrez lire un commentaire du poème, une analyse très intéressante qui me rappelle mes devoirs de français. Jadis… Si vous voulez soit faire revivre vos souvenirs, soit vous cultiver davantage, c’est un bon lien.Sous le pont Mirabeau coule la Seine…

Le quatrième vers nous rappelle qu’il faut souffrir avant d’être heureux, pour apprécier mieux le bonheur sans doute. L’alternance des joies et peines entretient l’espoir ou le désespoir, selon les individus. C’est la différence entre optimisme et pessimisme, voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Avec l’âge, moi j’ai tendance à voir le verre plutôt plein : sagesse des anciens sans doute après les écorchures de la jeunesse. Comme l’écrivait si bien Chamfort, pas Alain l’autre Sébastien dit Nicolas : “En vivant et en voyant les hommes, il faut que le coeur se brise ou se bronze.”

Pour en revenir au pont Mirabeau, quatre statues le décorent dont une qui est l’allégorie de l’Abondance. L’abondance sous les ponts de Paris… De nos jours, on peut imaginer des tas de choses sous les ponts, mais l’abondance… Et ça ne va pas s’arranger de si tôt.

Heureusement que les jolies courbes des statues ramènent à la beauté, à l’amour, au romantisme qui n’est pas forcément tourmenté.

Et si le ciel et la Seine étaient d’un bleu limpide…

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Réussite, argent, bonheur…

Quand a-t-on oublié d’encourager l’effort ?

Etes-vous capable d’en faire un en lisant ma prose du jour ? Je l’espère. Je le souhaite vraiment. Elle n’est pas drôle ? Normal, je n’ai pas vraiment le coeur à rire. Je regarde le monde. Et…  Pourquoi est-ce que tout se met à tourner de travers ? Personne n’a l’air vraiment heureux. Et je l’avoue, moi comme les autres, même si je le cache en général.

“Si tu veux comprendre le mot de bonheur, il faut l’entendre comme récompense et non comme but.”
Antoine de Saint Exupéry

C’est donc ça ?

Dans notre monde, ou plutôt dans notre société d’occidentaux, le bonheur et sa source : l’argent, sont partout à la une. C’est le but : pour être heureux, il faut une belle voiture (de l’argent), une belle maison (de l’argent), faire de beaux voyages (de l’argent), avoir de beaux enfants, être beau (pour ces deux derniers points, il faut aussi de l’argent). Pour avoir de l’argent, il faut réussir.  A partir de là, je pense que tout déraille. Réussir, oui mais comment ? De préférence sans faire trop d’efforts, de là, l’argent à… n’importe quel prix, il n’y a qu’un pas et surtout plus vraiment de morale. But, pas récompense !

Jadis, quand j’étais jeune, réussir, ça commençait à l’école. On réussissait en classe et en général, ensuite, on s’en sortait. Un enfant de milieu modeste, brillant en classe, même s’il ne devenait pas ministre, pouvait grimper dans la hiérarchie et s’éloigner de son milieu d’origine. L’école était un ascenseur social ; pour le prendre, il fallait faire quelques efforts et les parents vous le rappelaient. Certains gamins loupaient le coche mais trouvaient des chemins de traverse pour s’en sortir (cours du soir, par exemple) : l’espoir était là ; le désir de réussite était toujours lié aux efforts. A quel moment, les choses ont-elles changé ? Quand a-t-on oublié d’encourager le travail, l’effort ? Quand a-t-on commencé à penser  bien-être, bonheur sans penser à la contrepartie l’effort, le mérite ? Quand a-t-on pensé qu’il était impossible d’être heureux ? Que tout était vain ?

Je crois que mai 1968 a eu des conséquences désastreuses. “Il est interdit d’interdire”, voilà un slogan qui a changé beaucoup de choses. Il n’a pas été compris comme il faut, je pense. Tout le monde a vu le laxisme : n’interdisons rien aux enfants pour les laisser s’exprimer. Ne pas tout interdire mais fixer des limites, voilà ce qu’il fallait faire. Interdire un peu en expliquant beaucoup, ne pas laisser aller. Idem pour les plus âgés : pas d’interdit mais la prise de conscience que la vie en société oblige à fixer soi-même ses propres limites, qu’il faut se raisonner.

Interdit d’interdire, ce n’était pas la porte ouverte au je-m’en-foutisme mais plutôt une porte ouverte vers la liberté, l’autonomie.

Il est interdit d’interdire pour laisser libre cours à l’imagination créative, aux possibilités de chacun de s’exprimer dans le respect de l’autre, non pas pour voir l’anarchie. C’est bien de cela qu’il s’agit : d’anarchie. Je ne parle pas  de l’anarchie conçue comme une idée politique, mais de l’anarchie comme le langage commun le comprend :  la pagaille, un repoussoir pour les personnes qui  considèrent comme essentiel le principe fondamental d’autorité ; dans ce cas, l’anarchie désigne une situation de désordre, de désorganisation, sur la base  que l’ordre nécessite une  hiérarchie dotée d’une force coercitive. Le chaos, c’est bien là où nous arrivons maintenant, petit à petit : lois et règlements inappliqués (et/ou inapplicables ?), zones de non droit, laxisme de la justice, angoisses de la police, lâcher-prise généralisé… La société est devenue une pétaudière.

Digression pour pétaudière. Cette expression apparaît à la fin du XVIe siècle et devient proverbiale aussitôt ; elle viendrait « de la coutume qu’avaient les mendiants, autrefois, de se nommer un chef (du latin peto, signifiant « je demande »). Un pareil roi n’avait aucune autorité sur ses sujets et chacun agissait comme bon lui semblait ; il résultait de là une confusion extrême. Pour d’ autres, pétaudière est dérivé du nom du roy Petault, personnage extravagant qui apparaît dès 1546 dans le Tiers-Livre de Rabelais, l’image d’une «cour du Roi Pétaud” où chacun est maître. Le fond est le même.

Le poète Armand Robin (1912-1961) définit “l’anarchiste” comme celui qui est “purifié volontairement, par une révolution intérieure, de toute pensée et de tout comportement pouvant d’une façon quelconque impliquer domination sur d’autres consciences” et voilà les éléments essentiels : domination et  conscience. La conscience permet de se représenter la petitesse de l’Homme, sa fragilité, sa “finitude”, son incapacité à être heureux ; elle permet d’acquérir une autonomie morale : rechercher le bien-être, le bonheur, le sien sans oublier celui des autres, ce qui nécessite quelques contraintes librement acceptées. J’ai conscience de mon existence et de celle des autres ; il nous faut vivre ensemble le mieux possible.

Jadis, le mérite était une valeur républicaine fiable. N’oublions pas l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : “La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents“. En clair et en résumé : “A chacun selon son mérite !”

Tous les citoyens se savaient titulaires de droits mais aussi de devoirs. Est-ce parce qu’ils ont l’impression que leurs droits sont bafoués qu’ils ne se sentent plus obligés de respecter leurs obligations ?

Sur nos cartes d’électeurs, est-ce toujours écrit “Voter est un droit mais c’est aussi un devoir” ? Il est vrai que tant que le vote blanc ne sera pas comptabilisé comme un véritable vote, une expression, une manifestation de mécontentement, les citoyens risquent de déserter encore plus les bureaux de vote. A quoi bon se déplacer pour voter si notre voix n’est pas entendue ? Avons-nous maintenant le sentiment que nous n’avons plus que des devoirs ? des obligations auxquelles nous n’avons pas consenti librement ? Nous allons mal. Sommes-nous simplement dégoûtés ou réellement désespérés ?

Nous laissons les choses aller et nous comptons sur les autres et surtout sur la chance pour que les choses s’améliorent. Même réussir semble dépendre des autres et de la chance.

Réussir aujourd’hui, c’est réussir à être connu. La célébrité semble être le nouvel élément indispensable du  bonheur. Il est vrai que “passer à la télé” vous met dans la lumière et rapporte de l’argent.  La notoriété ne dépend plus ni de la beauté, ni de l’intelligence, ni d’un don ou d’une qualité remarquable. Vous ne pouvez que pleurer sur la misère humaine quand vous écoutez le niveau de conversation dans les télés-réalités. Le zapping de Canal+ permet d’entendre le “best of” et c’est démoralisant.

Le bonheur, affiché partout, même s’il n’est qu’apparent, est d’autant plus difficile à vivre qu’on se sent mal dans sa peau. On a beau regarder les autres avec lucidité , se dire que le monde va mal, se dire que le quidam starisé un moment ne ressemble pas aux mannequins vedettes, que les gloires elles-mêmes ne sont que des produits, ils ont l’air heureux et on a  vite fait de se croire anormal. Tout le monde semble pouvoir être heureux et moi, je me sens complètement en dehors de ça ? Suis-je inadapté ? Serai-je capable d’être heureux ?

Notre inconscient influence notre vie. Même quand nous n’osons pas exprimer par des mots notre mal-être, l’inconscient s’exprime dans nos rêves et même dans notre quotidien à travers les actes manqués, les oublis divers et les lapsus, parfois même l’apparition de symptômes dans le corps (maux de dos, estomac noué, maux de tête, grande fatigue, perte de sommeil, etc). Et si nous étions plus vrais ?

Je suis persuadée que dire ce qui ne va pas nous allège. Revenons à des choses plus vraies, plus simples, ne nous laissons pas leurrer par des miroirs aux alouettes. Tout ce qui brille n’est pas or. La valeur des individus est ailleurs que dans nos boites à images. Revenons à l’anonymat. Pour vivre heureux, vivons cachés. Que de poncifs ! Il faut sortir du merdier actuel. Changeons, en essayant chacun de faire un peu, nous arriverons à faire bien ensemble.

Arrêtons avec la boue que l’on nous envoie en pleine figure :  M. et Mme Tout-le-monde ont droit à leur quart d’heure de gloire : on a inventé la télé-réalité. Les bimbos lambdas et les petits cons prétentieux, ne les plongez plus dans le bain de l’audimat et des tabloïds : dépression garantie, pour vous et pour eux., Parlez-en à Loana ! Star Ac’, Nouvelle Star, Master Chef,  Secret Story , la Ferme, Koh-Lanta ! Eteignez vos télé-viseurs, phones portables. Vous n’êtes pas des paparazzi. Ne surveillez pas d’illustres inconnus.

Le monde est pourri ? Vous trouvez ? La faute à qui ?

J’ai commencé avec Saint Ex et le bonheur, je finis avec lui : «  Etre homme, c’est sentir en posant sa pierre que l’on contribue à bâtir le monde »

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