San Francisco : deux ans déjà

Mon périple californien a commencé à San Francisco avec dans la tête la chanson de Maxime Leforestier. J’ai cherché la maison bleue accrochée à la colline.

Heureusement qu’il y a le “cable car” pour aider un peu parce qu’il faut de sacrés mollets dans cette ville toute en côtes pour se balader. Continuer la lecture

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Sortir de l’isolement

Pour lire en musique, cliquez .  Vous pourrez regarder les images plus tard.

Ma solitude de Georges Moustaki

Nous avons compris que le sentiment de solitude est humain et correspond à de la lucidité. Il faut vivre avec sa solitude. Mais comment rompre l’isolement que nous ressentons régulièrement ? Faut-il aller chercher à l’extérieur ce qui nous manque ? C’est la solution adoptée par bon nombre d’entre nous mais est-ce la meilleure solution ?

Dans cette société où tout est superficiel, où tout va de plus en plus vite, la solitude qui permet de se retrouver soi-même, de temps en temps, est un véritable trésor. Il faut profiter de ces moments rares.

La sensation d’isolement peut être comblée. Le sentiment de solitude n’est pas forcément un mal. Comment gérer ces apparentes contradictions ?

Nous avons peur, plus ou moins consciemment, de n’être pas acceptés, d’être maintenus à l’écart. C’est facile de se sentir rejeté, de devenir un solitaire ou plutôt un isolé. Faut-il accepter de souffrir en silence ? Faut-il se battre ? Comment ?

Nous éprouvons tous, à un moment ou l’autre, un sentiment d’infériorité et c’est ce sentiment d’infériorité, qui favorise l’isolement ; il est entretenu par la vie : on se replie sur soi quelquefois à la suite d’un échec sentimental. La peur d’un nouvel échec nous entraîne dans un cercle vicieux. Quand nos parents nous ont rejeté, le mal est plus profond mais il est  toutefois curable. Nous pouvons nous sortir de nos souffrances (anxiété et… maux de dos) avec un peu de volonté, de la réflexion et … du hasard.

Celui qui se sent exclu soufre, en général, d’une mauvaise estime de soi pour des raisons qui peuvent être multiples, il se tait d’autant plus qu’il a honte, honte de lui, honte de se sentir isolé. La solitude est une douleur muette dont on ne se plaint guère.

Pour ne pas l’avouer, pour combler ce vide que l’on ressent, on essaie plusieurs stratégies pour s’en sortir et surtout on joue son rôle, celui qui devrait  aider à sauver les apparences, et l’on devient dépendant de l’autre. L’autre peut être un individu ou une chose : un groupe d’amis (on devient le joyeux luron), une bande (on est celui qui a la voiture), le tabac, (ça donne une contenance, on sait comment occuper ses mains, et ça peut donner un style ) l’alcool (ça donne du courage),  la drogue (ça permet d’aller mieux), le jeu, (on peut devenir très riche), la télévision (ça informe), l’ordinateur : jeux vidéo ou internet (ça distrait). On attend la libération de l’extérieur. D’une certaine manière, on cherche à recevoir, à prendre plutôt qu’à donner : on dépense et on se dépense pour obtenir un retour qui ne vient pas forcément. Il suffit, un jour, de se remettre en question, de se persuader que l’on peut s’en sortir en faisant un effort pour utiliser nos capacités. et les faire reconnaître et apprécier.

Il est difficile d’avoir confiance en soi mais il faut être convaincu que chacun de nous a des talents, peut-être bien cachés mais prêts à se dévoiler. En prenant conscience de ses compétences dans tel ou tel domaine, en faisant quelque chose qui plait et qui apporte des satisfactions, on peut se sentir mieux et partager son plaisir ou son bonheur. Le remède au sentiment d’isolement, c’est de ne plus attendre de recevoir mais de donner à soi pour pouvoir donner aussi aux autres.

On peut faire des tas de choses pour s’épanouir et sortir de son isolement : parler en direct avec qui on veut (se mettre au défi de parler avec le premier que l’on croisera , pour demander l’heure), bavarder avec la vieille dame qui traine péniblement son caddie ou la jeune maman qui fait ses courses avec ses jumeaux (qu’est-ce qu’ils sont beaux !) ou utiliser une technologie plus avancée : internet. Avoir un blog et le faire vivre c’est envoyer et recevoir des messages, c’est mieux qu’une bouteille à la mer, le message a plus de chance d’être lu et surtout plus vite. Un blog, c’est aussi aider l’autre en mettant des mots sur des douleurs dont on veut se défaire et dont l’autre pourra prendre conscience et se défaire à son tour. Pour se sentir bien, il suffit de se sentir utile, utile à soi d’abord, (soi : celui qu’on a souvent longtemps oublié). Des tas de possibilités sont offertes.

Vous pouvez, si vous vous sentez isolés :  apprendre le chinois, le japonais, le javanais ou… ce que vous voulez, faire du jardinage (tailler, nettoyer, planter…), faire de la cuisine, de la pâtisserie, du tricot, de la couture, du bricolage, de la poterie, pourquoi pas une avoir une activité bénévole (dans une association “femmes battues”, être écoutant chez SOS Solitude), prendre une carte au PS ou à l’UMP, coller des affiches pour votre parti, apprendre la salsa ou l’haïkido, la musique, à jouer d’un instrument ou faire partie d’une chorale,  mais aussi tout simplement vous occuper de vous, méditer…

NE RIEN FAIRE si le coeur vous en dit !

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Solitude

L’homme est un animal social. Il a un besoin fondamental de communiquer, besoin indispensable à son équilibre (très variable selon les individus).

Dans le monde actuel où les moyens de communiquer se multiplient et sont à la portée de presque tous, où les techniques et les sciences de communication sont au programme de nombreuses formations, il semble paradoxal de constater que les individus se sentent de plus en plus seuls et  isolés.

Le trop plein d’informations nuit ; il encombre notre vie, notre cerveau et limite en fin de compte la communication interpersonnelle.

Nous prenons en pleine face des mots et surtout des images choc. Comme si les journaux, la télévision et la radio ne suffisaient pas, nos téléphones portables, tablettes électroniques, micro-ordinateurs nous donnent encore plus de nouvelles.  Elles arrivent en continu de partout (même les fausses) et nous n’y prêtons plus attention sauf quand elles sont extraordinaires, exceptionnelles, révolutionnaires… et ça ne dure pas longtemps car il y a toujours plus nouveau. On a oublié Laurent Bagbo en Côte d’Ivoire en quelques jours. Il y a eu depuis : la Tunisie, l’Egypte, la Libye, un tremblement de terre en Nouvelle Zélande. Nous attendons presque la mauvaise nouvelle suivante. Nous devenons insensibles à force de revoir et de réentendre les mêmes choses ; les guerres (surtout quand elles ne se déroulent pas chez nous), les catastrophes se banalisent et pourtant nous sommes écrasés par le poids des informations, surtout si nous sommes sensibles. Comment rester impassible devant les larmes, le sang, la violence ? Et comme si la réalité ne suffisait pas, on en rajoute un peu : du catastrophisme par là, de la démagogie ici, du dramatique ailleurs, de l’exceptionnel plus loin. Il me semble que les journalistes devaient être objectifs. Pourquoi  sont-ils de plus en plus friands de sensationnel ?  La recherche du fric ou de la “gloire” ? Pourquoi les journaux et magazines, la télévision  nous abreuvent-ils de “news people”, de concours et de jeux débiles ? Pour nous occuper ? Pour nous faire vivre par procuration ?

La vie par procuration. J.J. Goldman

La vie citadine nous rend encore plus solitaires. Combien d’entre nous sont seuls dans de grandes villes sans autres contacts que ceux qu’ils ont avec leurs collègues de travail ? La famille est éloignée géographiquement (mobilité oblige) et le grouillement des autres , leur présence « collective » nous isole dans notre espace intérieur) sans compter que nous devons faire face au bruit incessant. Quand on vit et qu’on travaille en ville, c’est une agression permanente : bruits de la circulation, sonneries des téléphones portables, musique d’ambiance, animations commerciales…

Nous ne parlons pas à l’inconnu que nous croisons dans la rue (nous ne voulons pas l’entendre, nous avons quelquefois même des écouteurs fichés dans les oreilles), ni à notre voisin quasi inconnu, ni à la caissière du supermarché, ni à la vendeuse qui nous sert (les avons-nous seulement regardés ? juste entrevus). Nous ne parlons presque pas aux membres de notre famille que nous retrouvons, harassés, en fin de journée. Les repas familiaux sont de plus en plus souvent « amputés » par l’omniprésent écran de télé.

« Ultra moderne solitude » chantait Alain Souchon, il y a quelques années et ça ne s’arrange pas ! Ultra moderne solitude : chanson

Dans cette fourmilière humaine, nous courons en tous sens, perdus, sous un masque social qui nous empêche de parler. Les signes de vie disparaissent sous des gestes mécaniques, normalisés. Le soir, nous rentrons, souvent seuls, dans nos espaces cloisonnés, de plus en plus hermétiquement fermés. Robots humains stockés en alvéoles.

Comment arriver à nouer des relations interpersonnelles quand nous avons peur de l’autre et que nous nous en tenons éloignés?

Nous croyons être ouverts mais en réalité, nous sommes bloqués, enfermés, nous appartenons à des clans à géométrie variable, rarement poreux. Nous scindons bien l’appartenance à chacun de ces groupes : la famille, les collègues, le club de gym, les enfants, les ados, les jeunes, celui du troisième âge plus tard,  etc ; chacun son groupe. Surtout pas de mélange ! Nous ne comprenons pas l’autre et n’avons ni le temps ni l’envie de le connaître. Nous créons une nouvelle forme de ségrégation sociale qui nous isole insidieusement.

Même si nous ne l’avouons pas, la solitude nous pèse. Nous essayons de la rompre par n’importe quel moyen. Internet nous donne l’impression d’avoir des relations, des amis, mais ce ne sont que des « amitiés » virtuelles et nous ne pouvons nier que la réalité tangible manque. Je crois qu’inconsciemment nous regrettons les lieux de rencontre d’autrefois : le perron de l’église, la place du marché, la  fête municipale, le bal des pompiers…

Ce que j’évoque ici  relève plus de l’isolement que de la solitude. Le sentiment semble le même, mais l’isolement est une sensation actuelle, propre au monde contemporain, (adieu la famille traditionnelle, le clan ou la tribu), alors que la solitude est inhérente à la condition humaine : on naît et on meurt seul.

On vit les uns avec les autres. Version originale Fabienne Thibault

Trois insertions de chansons pas vraiment gaies mais que j’aime beaucoup. Vous pouvez les écouter en lisant.

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Mauvaise ou bonne conscience

Finalement, je me reprends à philosopher, un peu comme si je retournais au lycée mais il n’y a pas de note, juste le plaisir d’écrire et l’espoir d’être lue. Peut-être y a-t-il aussi l’envie de réfléchir et de faire réfléchir, un peu.

Hier je pensais aux personnes de mauvaise foi. De là, à évoquer la bonne conscience, il n’y a qu’un pas. Une personne de mauvaise foi peut-elle avoir bonne conscience ?

Avoir bonne conscience, avoir mauvaise conscience, encore faut-il avoir une conscience !

Qu’est-ce donc que la conscience ?

La conscience est la faculté mentale de sa propre existence et de l’existence du monde extérieur (avoir conscience du froid, du danger) ce qui n’exclut nullement la conscience du bien et du mal.

Avoir mauvaise conscience, c’est ne pas avoir l’esprit tranquille, avoir quelque chose à se reprocher. Combien de nous, aujourd’hui, sont-ils capables d’avoir mauvaise conscience ? Fort peu à en juger par la manière dont les politiques se défilent. Ne devraient-ils pas se montrer irréprochables dans leur vie publique ? C’est un autre sujet.

Moi, j’ai une règle de conduite qui doit être, heureusement, commune à un grand nombre de personnes : Pour avoir bonne conscience, il est un principe à respecter, il faut toujours se poser la même question «Et si tout le monde en faisait autant ?»

Il arrive malheureusement que des individus n’aient plus conscience de ce qu’ils font, je ne parle pas des fous mais de gens normaux, c’est ce qui arrive aux militaires qui sont entraînés à tuer sans vergogne, à appuyer sur la gâchette sans réfléchir, à obéir aux ordres (on peut le leur reprocher après, cf le procès de Nuremberg : nécessité, devoir de désobéissance) ou encore aux golden boys et à tous ceux qui veulent « faire du fric à tout prix » (indécence des primes versées, immoralité de certaines expropriations). D’autres aussi se croient tellement supérieurs par leur science qu’ils jouent aux apprentis sorciers (le bébé «médicament », actualité du moment par exemple) n’ont pas suffisamment envisagé les conséquences morales pour ce bébé qui grandira. “Science sans conscience n’est que ruine de l’âme”, disait Rabelais.

Des questions me taraudent. En France, dans une république laïque, pourquoi demande-t-on aux jurés de rendre leur verdict en « leur âme et conscience » ? « Sur mon honneur et ma conscience, devant Dieu et devant les hommes », je crois que telle est la phrase prononcée par le Président du jury d’Assises au moment de rendre le verdict. S’il faut jurer sur quelque chose, mieux vaut encore la conscience que le Coran qui risque de remplacer bientôt la Bible.

J’aime bien l’idée de jurer sur son honneur, mais là aussi… qui en a encore ? C’est la faute de Marcel Pagnol qui a écrit « L’honneur, c’est comme les allumettes, ça ne sert qu’une fois ». Bon d’accord, je sais qu’il parlait d’une autre forme d’honneur, mais quand même, j’ai le droit de penser comme je veux et même d’être de mauvaise foi si j’ai envie, na ! On pardonnerait presque les crimes d’honneur par les temps qui courent. Alors…

Pour moi, le plus beau, c’est de savoir que certains fonctionnaires prêtent encore serment avec leur conscience (pas les fonctionnaires de police, eux, ils promettent juste d’obéir aux ordres. Et bien, ça, ça craint ! enfin ça craint pour nous les citoyens lambda. Voir plus haut le procès de Nuremberg.) Donc, les facteurs disent : « Je fais le serment de remplir avec conscience les fonctions qui me seront confiées. Je m’engage à respecter scrupuleusement l’intégrité des objets déposés par les usagers et le secret dû aux correspondances » et les agents de France Telecom annoncent “Je fais le serment de remplir avec conscience et probité les fonctions qui me seront confiées ». Soit certains ont oublié de prêter serment, le travail urgeait, soit ils ont des problèmes de mémoire à en juger par le nombre de courriers qui disparaissent. Mais ça aussi, c’est encore une autre histoire.

J’ai relevé un certain nombre d’expressions comportant le mot conscience :

avoir sur la conscience : c’est avoir quelque chose à se reprocher

avoir sa conscience pour soi (avoir la conscience claire ?)

prendre conscience (prise de conscience)

perdre conscience (perte de conscience). Ce n’est pas l’inverse de l’expression précédente ; c’est quelquefois impressionnant mais pas forcément grave… La prise de conscience, elle, peut poser des problèmes.

se donner bonne conscience : faire comme si l’on n’avait rien à se reprocher. Vous en connaissez-vous des qui font ça ?

donner mauvaise conscience à quelqu’un (est-ce le faire réfléchir, prendre conscience de ?)

la clause de conscience qui doit conduire un journaliste à démissionner quand il n’est plus en accord avec les orientations de son journal (aujourd’hui, les journalistes ne sont-ils pas plus en accord avec leur porte-monnaie, les avantages et la notoriété qu’ils peuvent retirer de leur emploi ?)

Avoir de la conscience professionnelle ; indispensable dans tous les métiers et de plus en plus rare malheureusement.

Par acquit de conscience (pour s’éviter des remords), on pouvait autrefois en conscience (sincèrement), devenir objecteur de conscience (celui qui refusait de faire son service militaire en temps de paix ; pendant la guerre, tu fermais ta gueule et tu partais la fleur au fusil pour devenir de la chair à canon). Que d’images dans notre belle langue !

Pour en revenir à la conscience, en faire mention aussi souvent, est-ce la preuve qu’elle existe bel et bien ?

De là à parler de l’âme et des 21 grammes…

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=47795.html

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Fou, folle, folie

“Fou adj. Atteint d’un haut degré d’indépendance intellectuelle ; qui ne se conforme pas aux standards de la pensée, de la parole et de l’action, déterminés par des magisters à partir de l’observation d’eux-mêmes ; qui diffère de la majorité ; en résumé, inhabituel. Il est à remarquer que les gens que l’on déclare fous le sont par des autorités qui n’ont pas à apporter la preuve qu’elles sont elles-mêmes parfaitement saines.”

J’aime beaucoup cette définition qui n’est malheureusement pas de moi mais d’Ambrose Bierce.

Si vous avez lu attentivement ce que j’ai écrit depuis le début, vous comprenez bien pourquoi j’apprécie. Vive la liberté de pensée, de parole et d’action !

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Eloge de la gourmandise

La gourmandise est, paraît-il, un péché capital. Il a fait couler beaucoup d’encre chez les théologiens. Je vais résumer la situation à ma façon, en choisissant des raccourcis que j’aime prendre en général.

La gourmandise est un désir d’aliments agréables, avalés non pour survivre mais pour se faire plaisir.  C’est donc la recherche du plaisir qui est punie. Pas de plaisir dans cette vallée de larmes ! Et nous voilà renvoyés aux Béatitudes « Bienheureux les affamés… »

En nous nourrissant par plaisir, ce qui est le cas dans une société d’abondance, nous refusons à Dieu le pain quotidien qu’il  nous octroie. Nous préférons la brioche.

Pour essayer d’être moins mécréante que j’en ai l’air, je crois que le péché de gourmandise  est le péché de gloutonnerie ; il s’oppose à la tempérance. Il faut être sage, modéré. Comment devons-nous considérer les boulimiques ? Comme des goinfres ou comme des malades ?

Quid des barjots qui s’empiffrent pour être inscrits au Guiness book comme le (la) plus gros(se) du monde ? S’il faut en arriver là pour un quart d’heure de gloire ! Eux, ils cumulent : ils commettent aussi le péché d’orgueil.

Ne venez pas me culpabiliser pour trois carrés de chocolat et deux macarons !  J’ai droit au plaisir, au bonheur aussi. Tant pis pour mes kilos en trop, ils me permettront de tenir plus longtemps si je suis malade ou s’il y a une famine.

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Eloge de la paresse

Aujourd’hui, vous allez pouvoir découvrir l’une de mes théories préférées.

Contrairement à ce qui est communément admis, pour moi, la paresse n’est pas un défaut, bien au contraire. La paresse est signe d’intelligence, c’est un des moteurs de l’évolution humaine.

Je m’explique. Ne vous énervez pas et ne me parlez pas des sept péchés capitaux. Je suis sûre que vous les avez oubliés et je me demande même si vous aviez bien compris. On révise. Il y avait :

  • 1 – l’orgueil
  • 2 – l’avarice
  • 3 – l’envie
  • 4 – la colère
  • 5 – la luxure (quand j’étais petite, je croyais qu’il ne fallait pas aimer le luxe)
  • 6 – la gourmandise (là, tout le monde n’est plus d’accord, les anglo-saxons nomment ce péché « gluttony » et je crois que ce n’est pas être gourmand qui est condamné mais être glouton).
  • 7 – la paresse (c’est la paresse morale, qui éloigne de la prière et de la réflexion qui est considérée comme péché, non la fainéantise, encore moins le goût de la vie, quand on ne veut pas se tuer au travail).

Souvenez-vous que la religion, contre laquelle la Première République s’est battue, maintenait le peuple dans l’obscurantisme et la soumission.

« L’oisiveté est mère de tous les vices », ajoutez-vous ? Certains de nos vices actuels ne sont -ils pas une conséquence de notre mal être au travail ? Pourquoi la pause cigarette, pourquoi  le petit verre le soir en rentrant sinon pour vous remonter le moral ? Moi, je vous dis que le  travail nous tue à petit feu : nous souffrons de ne pas avoir d’emploi, nous  souffrons des conditions de travail difficiles (cadences, objectifs…). Bref, le travail fait souffrir. J’y reviens au travail une fois de plus : le travail, c’est tripalium,  torture. Cette torture nous procure de l’argent qui nous permet d’être bien inséré dans la société. Je travaille, je gagne de l’argent, je paie mes impôts, je consomme (Qui a dit “je dépense donc je suis” ?). Attention aux mots : penser et dépenser. Si je pense, je suis un révolté et si je dépense, je suis un bon citoyen.  Et si je ne veux plus faire partie du troupeau des décérébrés ?

Faire l’éloge de la paresse, c’est entrer en résistance. Etre paresseux est un acte de rébellion contre l’ordre établi, contre l’esclavage et contre le capitalisme. Céder à sa paresse, c’est redevenir libre.

Quand on est paresseux, il ne s’agit pas de ne pas accomplir la tâche qui nous a été confiée mais de la mener à bien en optimisant son temps de travail afin de dégager du temps libre, pour autre chose de plus plaisant que le travail. Attention toutefois aux imbéciles paresseux qui mettent le monde en danger. Ils existent malheureusement et ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

J’en reviens à mon paresseux idéal : le paresseux intelligent.  Il se ménage. Pendant que les autres s’agitent, il regarde, s’étonne, prend son temps et voit les erreurs à ne pas commettre. Il optimise l’utilisation de son cerveau, de ses mains et de son temps de travail. En terme de résultats, le paresseux intelligent ne travaille pas moins  que les autres, il travaille plus vite, de manière plus efficace, il travaille mieux ! C’est ça l’efficience. En souhaitant épargner du temps et de la fatigue, il met au point de nouvelles méthodes de travail.

Les paresseux changent la face du monde mais ne le revendiquent pas. Ils sont modestes et n’osent pas crier sur les toits qu’ils se ménagent. Ca ne se fait pas. Et pourtant, ne devrait-on pas les remercier ?

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Hypocrisie

Amitié de cour, foi de renards et société de loups. Nicolas de Chamfort,1795, Maximes et Caractères

Voilà une maxime qui décrit bien le monde ou plutôt les relations mondaines. Il met en évidence l’une des caractéristiques de ces liens : l’hypocrisie.

Etre sincère, honnête, direct et droit, serait-ce impossible ? Dans  le seul milieu des privilégiés ou dans tous  les milieux ? Je vous laisse seuls répondre à ces questions. Je me contenterai aujourd’hui d’une leçon de français : définition du mot titre “hypocrisie”, définitions, citations et synonymes, ça peut toujours servir.

HYPOCRISIE

Définitions

Attitude consistant à dissimuler son caractère ou ses intentions véritables, à affecter des sentiments, des opinions, des vertus qu’on n’a pas, pour se présenter sous un jour favorable et inspirer confiance : l’hypocrisie de la société mondaine.

* Caractère de ce qui est hypocrite dans l’attitude, les actes de quelqu’un : l ’hypocrisie de certaines promesses ; qui manque de sincérité, qui est empreint d’affectation et/ou de duplicité.

* Action, parole destinée à tromper sur les sentiments, les intentions véritables de quelqu’un : «Assez d’hypocrisie, jouons cartes sur table ! »

Citations

Il faut supprimer de toute notre vie l’hypocrisie et la simulation. Cicéron (Depuis le temps, il n’a guère été entendu, le brave homme.)

L’hypocrisie est un vice à la mode et tous les vices à la mode passent pour vertus.
Dom Juan, ou le festin de pierre,
Molière.

Synonymes

On en a besoin tant il y a pléthore de situations « hypocrites ». Pour varier les plaisirs une liste de mots que j’aime. Que je sois bien claire :  j’aime les mots, leur allure quand on les écrit, leur sonorité, l’image qu’ils peuvent évoquer, pas forcément leur signification, particulièrement dans ce cas.

Donc une liste pas si petite que ça… Elle répond sans doute à un besoin. Pour la précision ! ?

– cagoterie, chafouinerie, déloyauté, duplicité, fausseté, félonie, fourberie, escobarderie (Escobar était un jésuite),  jésuitisme, mensonge, pudibonderie, simulation ou dissimulation, sournoiserie, tartuferie

mais aussi

– baiser de Judas, bigoterie, comédie, feinte, flatterie, grimace, imposture, mascarade, simagrées, singerie, trahison, tromperie

Attention, retenez cela :

« Politesse : forme la plus acceptable de l’hypocrisie », le Dictionnaire du Diable (1911), Ambrose Bierce

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Robespierre et l’insurrection

Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs »

article n° 35 de la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen » promulguée le 24 juin 1793

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http://www.rondelot.com/spip.php?article164

Le coup d’Etat de Thermidor lui, sera encore plus grotesque puisqu’il n’y aura plus personne du peuple, ou plutôt peu de personnes viendront soutenir le seul qui ait toujours défendu les droits du peuple. Les 21, 22 Prairial an III (mai 1795), un nouveau moment d’insurrection populaire se produira, avec son échec et les répressions sanglantes qui en découlèrent, et puis enfin, le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795) la rébellion royaliste sera matée par les canons de Bonaparte. A partir de cette date, le peuple n’aura plus la rue comme droit d’expression. La muselière sera à la fois efficace et durable. Il faudra attendre plusieurs décennies, trente-cinq ans précisément et les journées insurrectionnelles des « Trois Glorieuses » contre Charles X en juillet 1830, pour que le peuple ose à nouveau investir le domaine public pour exprimer son mécontentement face à un régime en place. De fait, il en usera et abusera jusqu’à février 1848. Depuis la Troisième République et ses lois en faveur de la formation des syndicats, du droit de grève, de la liberté d’opinion et de manifestations, à multiples reprises, les citoyens ont pu faire entendre leur voix. Il y eut bien sûr 1936, 1968, 1972, 1995 et … ces derniers mois 2010. Toutefois, pour que cette liberté expression puisse toujours être assurée dans l’avenir, il faudra bien veiller à deux choses. La première consiste à empêcher toute loi liberticide qui viendrait bâillonner la vox populi, et la seconde, que ces démonstrations de force urbaines ne se transforment pas en terrain d’émeutes pour des groupuscules dont le seul but est de mettre en péril la démocratie elle-même. Enfin, tout cela passe par une « rééducation » de citoyenneté et le devoir de mettre un bulletin dans l’urne. Car voter, n’est-ce pas commencer à s’insurger ? Le citoyen vertueux, intéressé par la politique, soucieux de l’utilisation des fonds publics, attentif au respect de la démocratie, doit avoir non seulement le droit, mais également le devoir d’insurrection. Alors, oui, une insurrection mais sous la forme que l’entendait Maximilien Robespierre.

Dominique RONDELOT

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