Robespierre et l’insurrection

Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs »

article n° 35 de la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen » promulguée le 24 juin 1793

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http://www.rondelot.com/spip.php?article164

Le coup d’Etat de Thermidor lui, sera encore plus grotesque puisqu’il n’y aura plus personne du peuple, ou plutôt peu de personnes viendront soutenir le seul qui ait toujours défendu les droits du peuple. Les 21, 22 Prairial an III (mai 1795), un nouveau moment d’insurrection populaire se produira, avec son échec et les répressions sanglantes qui en découlèrent, et puis enfin, le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795) la rébellion royaliste sera matée par les canons de Bonaparte. A partir de cette date, le peuple n’aura plus la rue comme droit d’expression. La muselière sera à la fois efficace et durable. Il faudra attendre plusieurs décennies, trente-cinq ans précisément et les journées insurrectionnelles des « Trois Glorieuses » contre Charles X en juillet 1830, pour que le peuple ose à nouveau investir le domaine public pour exprimer son mécontentement face à un régime en place. De fait, il en usera et abusera jusqu’à février 1848. Depuis la Troisième République et ses lois en faveur de la formation des syndicats, du droit de grève, de la liberté d’opinion et de manifestations, à multiples reprises, les citoyens ont pu faire entendre leur voix. Il y eut bien sûr 1936, 1968, 1972, 1995 et … ces derniers mois 2010. Toutefois, pour que cette liberté expression puisse toujours être assurée dans l’avenir, il faudra bien veiller à deux choses. La première consiste à empêcher toute loi liberticide qui viendrait bâillonner la vox populi, et la seconde, que ces démonstrations de force urbaines ne se transforment pas en terrain d’émeutes pour des groupuscules dont le seul but est de mettre en péril la démocratie elle-même. Enfin, tout cela passe par une « rééducation » de citoyenneté et le devoir de mettre un bulletin dans l’urne. Car voter, n’est-ce pas commencer à s’insurger ? Le citoyen vertueux, intéressé par la politique, soucieux de l’utilisation des fonds publics, attentif au respect de la démocratie, doit avoir non seulement le droit, mais également le devoir d’insurrection. Alors, oui, une insurrection mais sous la forme que l’entendait Maximilien Robespierre.

Dominique RONDELOT

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