Tel est pris…

Je connais quelqu’un qui n’a chez lui qu’un seul livre et qui s’en contente, c’est son choix qui, au demeurant, n’est pas mauvais  il possède un exemplaire des Fables de Jean de La Fontaine. J’ai le même ouvrage en plusieurs versions, illustrées ou non, de poche ou en grand format. J’aime les livres.

Les fables sont des histoires variées qui ont toutes une morale.

La morale est un enseignement déduit à la suite d’une histoire ; elle expose le Bien et le Mal,  s’oppose à l’immoralité. Au siècle de La Fontaine, la morale s’imposait à la conscience individuelle et collective, c’était lié à la religion, à la morale chrétienne ; au début du XXème siècle, chaque matin les écoliers recevaient une leçon de morale en classe ; de nos jours, ça n’existe plus ; la lecture d’une fable et de sa morale permet de réfléchir sur son comportement face aux autres, à la société , et de prendre conscience de ses actes et de ses paroles. C’est la liberté totale !

Moi j’aime bien les fables pleines de bon sens. J’en ai déjà présenté dans mon blog : “Les animaux malades de la peste“, “Le gland et la citrouille”, “Le Chat, la Belette et le petit Lapin”, “Les grenouilles“… Aujourd’hui, je ne résiste pas à celle-ci : “Le Rat et l’Huître”. Sa morale m’a fait beaucoup sourire face à quelqu’un. On ne peut pas gagner à tous les coups. Au contraire.

Le Rat et l’Huître

Un Rat hôte d’un champ, Rat de peu de cervelle,
Des Lares paternels un jour se trouva sou.
Il laisse là le champ, le grain, et la javelle,
Va courir le pays, abandonne son trou.
Sitôt qu’il fut hors de la case,
Que le monde, dit-il, est grand et spacieux !
Voilà les Apennins, et voici le Caucase :
La moindre taupinée était mont à ses yeux.
Au bout de quelques jours le voyageur arrive
En un certain canton où Thétys sur la rive
Avait laissé mainte Huître ; et notre Rat d’abord
Crut voir en les voyant des vaisseaux de haut bord.
Certes, dit-il, mon père était un pauvre sire :
Il n’osait voyager, craintif au dernier point :
Pour moi, j’ai déjà vu le maritime empire :
J’ai passé les déserts, mais nous n’y bûmes point.
D’un certain magister le Rat tenait ces choses,
Et les disait à travers champs ;
N’étant pas de ces Rats qui les livres rongeants
Se font savants jusques aux dents.
Parmi tant d’Huîtres toutes closes,
Une s’était ouverte, et bâillant au Soleil,
Par un doux Zéphir réjouie,
Humait l’air, respirait, était épanouie,
Blanche, grasse, et d’un goût, à la voir, non pareil.
D’aussi loin que le Rat voit cette Huître qui bâille :
Qu’aperçois-je ? dit-il, c’est quelque victuaille ;
Et, si je ne me trompe à la couleur du mets,
Je dois faire aujourd’hui bonne chère, ou jamais.
Là-dessus maître Rat plein de belle espérance,
Approche de l’écaille, allonge un peu le cou,
Se sent pris comme aux lacs ; car l’Huître tout d’un coup
Se referme, et voilà ce que fait l’ignorance.

Cette Fable contient plus d’un enseignement.
Nous y voyons premièrement :
Que ceux qui n’ont du monde aucune expérience
Sont aux moindres objets frappés d’étonnement :
Et puis nous y pouvons apprendre,
Que tel est pris qui croyait prendre.

Ce vers est devenu proverbe et s’utilise lorsqu’un individu qui tente d’en piéger un autre est lui-même victime de ses manigances. Autrement dit, c’est “l’arroseur arrosé”.

Cette expression veut montrer qu’un stratagème peut se retourner contre son instigateur qui s’étonne que son vis-à-vis connaisse et utilise des ruses qu’il croyait être le seul à maîtriser. On peut dire alors, dans ce cas-là  soit “ne vous croyez pas plus malin que tous les autres” surtout si vous êtes jeune et/ou inexpérimenté dans un domaine, soit encore :: “ À malin, malin et demi“.

Share

2 réflexions sur « Tel est pris… »

  1. comme quoi un certain lien existe entre les morales, et Louis Lumière est avec son arroseur arrosé le successeur d’ Esope !
    J’ ai dans l’ idée que c’ est l’ islam qui a repris la main dur le catholique !
    Bonne journée Françoise
    Bisous

  2. oui les fables de La Fontaine, sont d’excellents exemples de morales , se garder d’etre pretentieux, ça peut vous retomber sur le nez ! “Que tel est pris qui croyait prendre.” et “l’arroseur arrosé”, sont de bons exemples ! merci chere Françoise, bonne journee bises

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *