Uchronie

Depuis des semaines, je n’arrive plus à écrire. Je m’y remets aujourd’hui en vous parlant d’une de mes dernières lectures.

Une uchronie est une histoire refaite en pensée telle qu’elle aurait pu être et qu’elle n’a pas été`. C’est une création, le récit d’une époque fictive dans le temps, qui aurait pu être… Différente de l’utopie (plan imaginaire de gouvernement pour une société future idéale, qui réaliserait le bonheur de chacun) et de la dystopie (comme 1984 de George Orwell, un récit de fiction qui décrit un monde utopique sombre). L’uchronie raconte ce qui aurait pu être mais sommes-nous réellement si loin du roman dont je veux vous parler ?

Pierre Bordage, un auteur contemporain de science-fiction, a écrit une uchronie que je viens de lire qui m’a laissé sur ma faim. Et si… Que peut-il se passer ensuite dans cette histoire ?  Et nous, en France aujourd’hui, sommes-nous si loin de ce livre “Ceux qui sauront“. ?

L’auteur met longuement en place les personnages (Clara et Jean) et le contexte : 2008 si 1789 n’avait pas eu lieu avec la fin que l’on connait. ; en clair si 1789 avait raté. Pas de “Liberté, Égalité, Fraternité”, concepts que l’on oublie malheureusement peu à peu aujourd’hui.

Au début on se dit qu’une société pareille ne peut exister, que ce n’est pas possible, mais en fait, si on réfléchit bien, en sommes-nous si loin ? Pas si sûr.

Pierre Bordage nous explique comment la société française aurait pu évoluer si elle n’avait pas “réussi” la Révolution Française de 1789. Ce fut certes au prix d’atrocités, la Terreur de 1794 et d’autres horreurs dont on connait les récits (Les Chouans, par exemple), d’opérations sanglantes renouvelées au cours des révolutions suivantes de 1848, 1870… Tiens, tiens,  il y a  eu un certain 4 septembre 1870, un peu oublié, que Macron a voulu commémorer en 2020 : le cent-cinquantième anniversaire de la IIIe République. Il faut quand même se souvenir que lorsque Léon Gambetta, incapable de calmer la foule, donne rendez-vous à celle-ci à l’Hôtel de Ville et proclame la République (comme en 1848), il le fait sous la contrainte, pour empêcher une insurrection populaire plus violente.

Le Peuple a devancé la Chambre, qui hésitait. Pour sauver la Patrie en danger, il a demandé la République… la République est proclamée“. C’est par ces mots que Léon Gambetta proclame la République depuis le balcon de l’Hôtel de Ville de Paris, le 4 septembre 1870. Un peu plus tôt dans la journée, les Parisiens avait envahi l’Assemblée nationale pour réclamer la déchéance de Napoléon III, fait prisonnier par les Prussiens le 2 septembre à Sedan.

Le roman de Pierre Bordage est quelque peu terrifiant ; moi, ces jours-ci, ça m’a miné parce que, si on regarde bien, notre système “pouliticard” (politique corrompu) nous achemine vers le même type de monde que celui décrit dans ce livre.

Il y a de très nombreux pays où la vie ressemble à celle qui est décrite ici : des pays sans instruction publique, sans législation du travail, sans protection sociale des citoyens. En France aujourd’hui, même si on apprend encore à lire et à écrire à l’école, je sais que ce qu’on y apprend est allégé, tronqué, manipulé et très loin de la vérité historique. Sans être totalement incultes, les masses sont formatées et l’on se rend bien compte que si le niveau de maîtrise du français : orthographe, écriture, lecture, compréhension baisse, c’est qu’il y a des failles dans le système de l’instruction publique et que, loin d’y remédier, on y enfonce chaque année davantage les élèves, sans compter que les disparités entre les quartiers ou les communes riches, pauvres, industrielles ou rurales sont évidentes. Les uns ont tout, les autres quasiment rien. Pas d’outils informatiques, d’internet, de cours de natation, encore moins d’équitation, de sorties scolaires, d’animations extra-scolaires… C’est terrifiant au fond parce qu’on ne peut plus nier que l’obscurité (l’obscurantisme ?) dans laquelle les classes dirigeantes veulent maintenir le peuple n’est pas un truc irréel qu’on ne trouve que dans les livres, il suffit de regarder, c’est évident quand on vit du “mauvais côté”. On voit ce que les autres ont en plus. Il suffit aussi de penser aux revenus des députés, sénateurs, ministres, du faste dans lequel vivent les nantis de 2021 par rapport aux travailleurs, actifs ou retraités, et à cette classe moyenne qui s’appauvrit chaque jour davantage.

Les masses sont “éduquées” mais sont maintenues dans un état d’hébétude (abrutissement intellectuel)  par des médias complices. “Panem et circenses” de la Rome antique et décadente quand  la distribution de pain et l’organisation de jeux du cirque par les empereurs romains avaient pour but de s’attirer la bienveillance de l’opinion. Aujourd’hui elles sont assommées par la télévision, les réseaux sociaux, le rêve d’Euromillions ou du Loto et surtout la peur, soigneusement entretenue, de perdre la vie, la santé, le petit confort ou le petit avantage acquis… ÇA, c’est terrifiant, il faut se réveiller, comprendre ce qui se passe, c’est ce qu’ont fait les Résistants de 1940 quand le gouvernement agissait “pour le bien du peuple” en organisant le S.O.T. ou devenu le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne et autres mouvements de population avec l’aide de la Gendarmerie, du P.L.M. (Paris-Lyon-Marseille, ancêtre de la S.N.C.F.). Une histoire récente à ne pas oublier.

Pour en revenir au livre de Pierre Bordage “Ceux qui sauront”, on est en 2008, un roi règne sur la France, les riches seuls peuvent acquérir les connaissances, les pauvres étant condamnés à l’ignorance. II y a des voitures, des avions, l’électricité, internet mais tout est réservé à l’élite. Ceci dit, la vie des jeunes filles de bonne famille (dont Clara fait parte) est loin d’être idyllique, elles doivent respecter les traditions, c’est à dire de se marier tôt avec des hommes choisis par leur père et se contenter d’un minimum d’instruction. Les gens du peuple (Jean) doivent travailler pour survivre, “travailler pour des clopinettes”, ai-je envie d’écrire ; ils doivent s’instruire en catimini, et sont arrêtés, déportés, s’ils sont surpris. La monarchie absolue en place méprise le peuple (les cous noirs) ; la répression, l’espionnage, la violence sont les seules réponses du gouvernement face à la misère croissante.

Ce livre donne à réfléchir sur nos valeurs “Liberté, Egalité et Fraternité” et évidemment sur l’école.

À DÉCOUVRIR si ce n’est déjà fait.

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2 réflexions sur « Uchronie »

  1. Et on en revient à ce que j’affirme depuis si longtemps, il faut une révolution pour remettre les choses à plat !
    On constate qu’un président élu par seulement 26 % de voix, possède la majorité absolue, même si les autres députés se rassemblent, et dernièrement, j’ai constaté la collusion avec le sénat et le conseil constitutionnel !
    Uchronie, je ne connaissais pas !
    Bonne fin de semaine Françoise, Auchan Louvroil obligé par la préfète d’ exiger le passe à partir du 24 août
    Bisous

  2. Merci chere Françoise, de nous faire connaitre cet excellent livre de Pierre Bordage, je ne connaissais pas ! commemoration de l’instauration de la Republique le 4septembre 1870, mais on n’a pas commemoré “la commune de Paris” de 1871, pas du tout emanation de la classe drigeante, on a oublié les déportations et les executions sommaires de Mai 1871, on parle de révolution, mais pas de celleci ! comment pourrions faire une nouvelle révolution, nous n’avons jamais été autant divisés ! nous nous dechirons actuellement pour les vaccins, bien triste tout ça ! comment dis tu “uchronie” !!! grosses bises

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