Dislocation

La dislocation c’est le fait de se défaire, de perdre son unité.mais c’est aussi en linguistique une opération qui rompt la linéarité d’une phrase en déplaçant un des éléments. C’est de cela dont j’ai envie de parler ce soir. La dislocation ordinaire consiste à extraire un groupe nominal de sa place normale et à le déplacer, en laissant derrière lui un pronom anaphorique pour le représenter. 

On peut se poser à juste titre la question : est-ce une figure de style ou une faute de français, une erreur grammaticale ? Certains diront que c’est une figure de rhétorique mais il en existe de bien plus recherchées, celle-ci a un côté enfantin, minable dans la bouche d’un président de la République : Sarkozy, Hollande et Macron y ont eu recours, c’est usé. Nous sommes très loin des discours sans note de Charles DeGaulle et d’autres rhéteurs ou tribuns antiques.

Sarkozy avait commencé, il s’était montré adepte du redoublement du sujet, pratiquant aussi l’anaphore (répétition d’un groupe de mots). Par exemple, lors de son discours d’investiture au congrès de l’UMP en janvier 2007 : « La France, elle a dix-sept ans et le visage de Guy Môquet […] La France, elle a dix-neuf ans et le visage lumineux d’une fille de Lorraine […] La France, elle a quarante-quatre ans, le visage ensanglanté de Moulin (…) La France, elle a le visage, l’âge, la voix de tous ceux qui ont cru en elle… »  Celui des gilets Jaunes éborgnés aussi en 2019, des jeunes et moins jeunes désespérés en 2021…

effet de style ou faute de français ?

Cette répétition du pronom personnel sujet, a caractérise ensuite les prises de parole de François Hollande. Je ne sais ce que vous en pensez mais le style se rapproche plus du langage enfantin que du discours élyséen.

Hollande nous  a donc servi : « La France, elle a des atouts… », « Cette politique, elle coûte à la croissance », « Les résultats, ils tardent à venir » Et moi, ça m’énervait.

La répétition du pronom sujet est allé de pair avec l’anaphore, c’est-à-dire la répétition d’un même mot ou groupe de mots en début de phrase, ce qui la rend sans doute plus digeste, voire attendrissante. (Moi je dis “copieur !”)  François Hollande avait marqué des points contre  Nicolas Sarkozy, pendant la campagne présidentielle, en martelant « Moi président de la République ».

Si l’anaphore est bel et bien un procédé stylistique, la répétition du pronom sujet n’est qu’une tournure populaire, enfantine, banalisée. courante certes mais néanmoins incorrecte. Pour Bescherelle, c’est une tournure qu’il vaut mieux éviter à l’oral et surtout à l’écrit.. Si l’on réfléchit un tantinet, le risque d’utiliser une dislocation est moins de commettre une véritable faute de français que de passer pour une personne (limitée) au langage relâché. Le président de la République peut se le permettre. Quelle drôle d’idée ! Mais avec Manu on voit pire :dans le populo-débile avec les deux youtubeurs : McFly et Carlito. Coup marketing ? Ppff ! Pauvre France !

Pour imiter ses prédécesseurs, Manu a fait mieux , dans le style et le mensonge :

«Mais allez en dictature! Une dictature, c’est un régime ou une personne ou un clan décident des lois. Une dictature, c’est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c’est cela, essayez la dictature et vous verrez! La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. Mais il y a en démocratie un principe fondamental : le respect de l’autre, l’interdiction de la violence, la haine à combattre.»

Joli morceau de mensonges irresponsables et incongrus.

Voilà qui me rappelle le titre d’un film de Jean Yann, “Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil” en 1972, satire du monde médiatique. de cette époque et de la publicité.Les temps ont changé. en pire .

Share

3 réflexions sur « Dislocation »

  1. ce pronom suivant directement l’antécédent me choque, plus encore s’il est répétitif !
    J’ ai l’impression d’être pris pour un béotien qui sans cela ne comprendrait pas !
    Les discours de Jean-Marie Le Pen étaient mieux tournés que celui de bien des présidents, De Gaulle mis à part !
    Macron, c’ est le en même temps, parlant le d’jeun avec les youtubeurs, ou utilisant un langage amphigourique lors qu’il pense impressionner !
    Passe une bonne journée Françoise
    bisous

  2. merci chere Françoise, pour ce beau cours de français, plus rien ne peut nous etonner venant des grands qui nous gouvernent , repetition du pronom sujet , pourquoi pas ! au diable, l’avarice, pour séduire le bas peuple !! … personnellement je prefère la phrase titre de Jean Yann !! bonne fin de semaine amities et bises

  3. un petit bonjour, pour te souhaiter une bonne fin de semaine et une bonne fête des mères
    Bisous Françoise

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *