Cas de force majeure

Sur le site de la FNAC, aujourd’hui mercredi 2 juin 2021, on peut lire :

Cas de force majeure

Remedium (Scénario)  Remedium (Dessinateur) Paru le 16 juin 2021 Bande dessinée (cartonné)

Or nous sommes le 2 juin, le 16 juin n’est pas passé, on devrait lire “à paraître“.  Il est écrit aussi “Article en précommande” et c’est là que ça se complique.

Pourquoi ? Parce que le livre n’est toujours pas imprimé. Il n’existe pas. Il n’est pas près d’exister.

Pourquoi ? Parce que l’éditeur ne l’a pas fait imprimer.

Pourquoi ? Parce que l’auteur a refusé de laisser supprimer une page de son œuvre.

Pourquoi ? Parce que Remedium (lauteur) est libre, refuse d’obéir, refuse la censure.

Pourquoi ? Parce que Remedium a du courage, qualité que beaucoup ont perdue.

La page de la Fnac à propos de “Cas de force majeure” mentionne :

“Parce que rien ne justifie que l’on meure suite à un simple contrôle de police, parce que les violences policières sont permanentes, constantes et demeurent quasiment toujours impunies, parce que nous sommes en droit de réclamer l’exemplarité de la part des forces de l’ordre, j’ai écrit Cas de force majeure. » Remedium. En 20 portraits, Remedium dénonce l’impunité des forces de l’ordre, les discriminations raciales, sociales, religieuses, les abus de pouvoir, les outrages verbaux et physiques de ceux qui sont censés représenter l’Etat… Dans la continuité du mouvement Black Lives Matter, Remedium revient sur l’histoire de Michel, le producteur de musique tabassé dans son studio parisien, celle de Théo, éducateur à Aulnay-sous-bois, agressé par des policiers lors d’un contrôle de police ou encore celle de Zineb, touchée par une grenade à Marseille… Des enquêtes précises, une ligne claire, pour nous ouvrir les yeux sur les injustices criantes de notre société et donner une fois de plus la parole à ceux qui ne l’ont pas.”

De son côté, aujourd’hui Remedium a écrit sur FaceBook :

Le 19 mai dernier, aurait dû sortir mon huitième livre, « Cas de force majeure ». Vous n’avez pas rêvé, j’ai bien écrit « aurait dû ». Car il était apparemment écrit que l’année 2021 serait marquée par la déroute éditoriale sous toutes ses formes.
Le projet était finalisé, prêt à être envoyé à l’impression. J’avais travaillé comme un forçat dessus, car la thématique des violences policières traverse mon œuvre depuis plus de quinze ans et que ce livre devait constituer une sorte d’aboutissement en l’abordant de front et sans filtre. Les équipes des Éditions des Équateurs avaient pris le relais. Mon éditrice, la formidable Jeanne Pham-Tran, l’excellent graphiste Stéphane Rozencwajg, le maquettiste, tous avaient œuvré pour faire de ce livre une réussite. Mais c’était sans compter le grand patron de la boîte, Olivier Frébourg qui, à quelques semaines de la sortie, était entré dans le jeu.

Son problème ? L’une des histoires du recueil (que vous pouvez également lire sur cette page) retrace le parcours de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. Une histoire directe, mais sans aucune diffamation, qui reprend point par point le parcours d’un triste individu. La présence de cette histoire dans le recueil était pour moi une évidence : comment pourrais-je attaquer la base de l’institution policière sans m’interroger sur les responsabilités du grand patron ? Quel auteur engagé peut se targuer sans honte de s’attaquer à une partie du peuple (les policiers) sans questionner les liens hiérarchiques, le rôle sociétal et systémique, la responsabilité des élites ?
Olivier Frébourg n’a pas annulé le livre, il n’en a pas eu le courage : il a simplement demandé le retrait de l’histoire de Gérald, ou d’en modifier chaque case, de telle sorte que le récit ne ressemblerait plus à rien, vidé de sa substance. J’ai donc pris mes responsabilités en refusant cette censure détournée et en quittant le jeu. Le livre « Cas de force majeure » ne peut exister sans l’histoire de Gérald, de la même manière que « Cas d’école » n’aurait pu exister sans l’histoire de Jean-Michel Blanquer.
Je n’ai pas de haine vis-à-vis de Frébourg. Il a bien le droit d’être de droite, d’avoir des amitiés merdiques et, surtout, il a le droit de mettre son pognon là où il veut. Les Éditions des Équateurs sont son bébé et il les gère comme il l’entend. Je regrette par contre profondément le fait qu’il soit incapable d’assumer ce qu’il est et qu’il m’ait fait mariner (de même que son équipe) dans un flou total sans donner aucune nouvelle, n’osant pas clamer d’une manière claire que, non, il ne veut pas qu’on s’en prenne à son camarade Gérald, un type dont il partage les valeurs.
Je suis aujourd’hui profondément amer. C’est la première fois que l’un de mes projets suscitait autant d’attentes, chez les lecteurs, chez les libraires et même chez les représentants des grandes enseignes comme la FNAC. Et ce projet ne verra pas le jour.
Vous avez été nombreux à me demander des nouvelles de ce livre, à vous interroger sur le fait qu’il ne soit pas encore sorti. Ce long message me permet de vous répondre de la manière la plus transparente possible. Je vous remercie tous, lecteurs réguliers et occasionnels, de continuer de faire vivre cette page. Votre soutien et votre présence me donnent la force de continuer.
Si un éditeur courageux passe par là et souhaite prendre le relais, qu’il n’hésite pas à me contacter. Le livre est prêt, il n’y a plus qu’à.
Peut être une image de texte qui dit ’REMEDIUM CAS DE FORCE MAJEURE HISTOIRES DE VIOLENCES POLICIERES ORDINAIRES JUSTIC ÉQUATEURS’

On ne peut plus le nier en 2021, en France, la censure existe. Elle n’est pas aussi franche qu’elle l’a été dans les années 1940 dans notre pays ou ailleurs aujourd’hui mais elle existe.

Alors qu’en 1789, la liberté de la presse avait été proclamée, en 2021 en France, l’indépendance de la presse est mise à mal, la liberté de presse et de l’édition. C’est la soumission au fric. Nous sommes passés d’une liberté positive, pleine, entière, à une liberté muselée, soumise à la préservation des intérêts économiques.

Oubliés le courage et l’indépendance. Heureusement qu’il existe quelques rebelles, quelques résistants. Bravo Remedium qui avait déjà “commis” Cas d’école” ! (Je ne suis pas sponsorisée par la Fnac, je suis libre !)

Share

2 réflexions sur « Cas de force majeure »

  1. Darmanin surement mais que dire de Castaner, que dire d’un président qui exige que tout lui soit soumis; et qui est donc le donneur d’ ordre !
    C’ est si facile de choisir un Lallement prêt à envoyer des Crs cogner !
    Il ne faut pas s’ étonner qu’on s’en prenne aujourd’hui aux forces de l’ordre, surtout quand on se sent protégé par des juges !
    Il y a toujours eu de la censure, mais avec en marche c’ est le summum
    Bonne journée Françoise
    Bisous

  2. oui un cas de censure caractérisé ! je viens d’aller voir la page Facebook, j’espère que cet auteur trouvera un editeur , la censure n’est pas aussi ecrasante que durant les années 40, mais elle est là, insidieuse ,” je n’éditerai ton livre, que s’il correspond à mes idées” !! bonne journee chere Françoise

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *