Estime de soi

Se sentir seul(e), rejeté(e), à part, se sentir de trop, être timide (et jouer au clown de service), voilà quelques-uns des signes d’une faible estime de soi.

Se sentir exclu(e) est une véritable souffrance, quotidienne, lancinante, qui vous entraîne dans une spirale infernale. Cette douleur, souvent silencieuse, bien camouflée, n’est pas reconnue. Si vous tentez de l’exprimer, on vous répondra : « mais tu as tout pour être heureux (se) », on ajoutera même quelquefois « secoue-toi » ou « va chez le médecin et prends des médicaments ». Vous n’irez pas mieux, bien au contraire. Il ne s’agit ni de volonté, ni de chimie mais de mal-être que quelques mots (mis sur vos maux) pourront faire disparaître. En résumé, si certains pensent se comprendre sans parler, moi je pense que pour mieux se comprendre, il est préférable de (se) parler… et d’écouter et même de s’écouter (pas trop quand même).

Donc si vous en êtes au moment où le « va te faire voir » déguisé vous décourage un peu plus, si vous vous sentez encore plus seul(e) et incompris(e), les sentiments d’injustice et de colère montent en vous, ce n’est peut-être pas si mauvais signe. Servez-vous de cette colère, rendez-la utile, constructive, libératrice.

Il est vrai que plus nous croyons être exclu(e), anormal(e), plus les situations semblent confirmer nos croyances car nous attirons à nous ce que nous croyons. Si nous sommes mal à l’aise, si nous nous croyons laid(e), inintéressant(e), nous enverrons cette image et nous attirons nos semblables. L’inverse fonctionne de la même manière : si nous nous sentons beau (belle), intelligent(e), agréable, plein de charme… De nos pensées et de nos croyances émane une énergie* qui attire la même énergie. Je vous conseille cette lecture “L’homme qui voulait être heureux” de Laurent Gounelle.

*Digression (c’est un de mes défauts, j’en fais souvent) : cette attirance ou plutôt attraction, c’est le contraire des lois de la physique, de l’électromagnétisme (eh, j’ai un bac littéraire, moi), donc si je me souviens bien «Les mêmes pôles de deux aimants se repoussent, les pôles contraires s’attirent.» La vie quotidienne contredirait-elle cette théorie ? Et on dit des aimants. Pff… Aimants, amants : il n’y a qu’une lettre de différence. Et plus cynique** :  aimant, ce qui attire irrésistiblement, alors l’argent est un aimant puissant. De là, à repartir sur Harpagon…

** cynique : rebelle, face à un monde incompréhensible de par la multiplicité des conventions factices et socialement admises, qui peut avoir des propos choquants. Vous pensez à quelqu’un ?

Revenons au mal-être. Comment se défaire de ce malaise ? Je crois qu’il est très important d’en parler. Cependant, il n’est pas facile d’aller parler à quelqu’un a fortiori quand on se sent exclu et indigne d’intérêt. C’est pourtant le premier pas à faire pour se donner une place et pour dire et SE dire : « J’ai de la valeur ». A qui le dire : famille, ami(e) ? Je ne crois pas qu’avec eux, nous puissions réellement nous en sortir, ils sont trop impliqués affectivement, prennent parti ou jugent. Il faut une oreille neutre. Pour guérir véritablement de ce mal-être, un « psy quelque chose » s’impose : psychologue, psychothérapeute.

En s’expliquant, en racontant à un témoin neutre, nous pouvons nous détacher des problèmes affectifs qui parasitent les situations et prendre enfin conscience de l’importance qu’il faut s’accorder à soi-même. En nous laissant enfin, pour la première fois, une place que personne ne voulait nous donner et que nous n’osions pas prendre, nous pouvons commencer à nous installer et à nous faire véritablement entendre voire même, dans le meilleur des cas, comprendre.

Il faut dire ce que l’on ressent, surtout arriver à dire ce que l’on veut, ne  plus se sentir rejeté parce que l’autre ne répond pas à nos attentes. Il faut admettre que l’incompréhension ou le refus de l’autre ne diminue en rien notre valeur réelle et que nos désirs ont le droit d’exister et d’être exprimés.

Il peut y avoir des milliers de raisons pour lesquelles l’autre n’agit pas comme nous le voulons, le  concevons ou l’espérons : éducation, peur, fatigue… Si l’autre ne répond pas, ce n’est pas parce qu’il ne vous accorde aucun intérêt mais simplement qu’il a d’autres intérêts, souvent lui-même exclusivement, or nous avons l’habitude de  choisir l’option la plus dure envers nous-même « personne ne m’aime tant je ne vaux rien. »

Comme notre angoisse est ancienne (merci les parents toxiques ! encore une saine lecture : “Parents toxiques, comment se libérer de leur emprise” de Suzan Forward) et que se sentir accepté, intégré, aimé est important à nos yeux, il faut se faire vraiment sa place, changer sa façon de se voir,  ne pas ou ne plus se mentir à soi-même. Vous n’êtes pas nul(le), mais vous avez des points forts, des qualités, des valeurs morales personnelles profondes. Ce sont vos atouts ; il ne faut pas les cacher mais les montrer et s’en servir.

N’attendez plus de recevoir ce que l’autre n’est pas capable de donner.

Ne vous déguisez plus, ne jouez plus un rôle surtout s’il ne vous convient plus.

Entrez dans le jeu de la vie  avec vos cartes personnelles : montrez celles que  vous avez, ce que vous valez, faites ce qui vous semble juste et bon, ce qui vous donne satisfaction et n’espérez rien en retour. C’est comme ça que la chance vous sourira.

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La littéraire reprend le dessus : BEAUMARCHAIS termine « le Mariage de FIGARO » par ce couplet :

“Or, Messieurs la comédie

Que l’on juge en cet instant,

Sauf erreur, nous peint la vie

Du bon peuple qui l’entend.

Qu’on l’opprime, il peste, il crie,

Il s’agite en cent façons,

Tout finit par des chansons…”

Alors puisque tout finit par des chansons, un petit air de Starmania :

On dort les uns contre les autres

On vit les uns avec les autres

On se caresse, on se cajole

On se comprend, on se console
Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu’on est toujours tout seul au monde

On danse les uns avec les autres
On court les uns après les autres
On se déteste, on se déchire
On se détruit, on se désire
Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu’on est toujours tout seul au monde

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