Hatchepsout, reine, l’unique Pharaon féminin

C’est en 1981 que j’ai fait la connaissance d’Hatchepsout grâce à Pauline Gedge et son roman “La Dame du Nil”.

J’ai tout d’abord cru qu’il ne  s’agissait que d’un roman plutôt bien écrit et passionnant, puis j’ai appris qu’Hatchepsout avait bel et bien existé, ce qui n’a rien enlevé au côté captivant de l’histoire. C’était l’Histoire de la XVIII° dynastie dont elle fut le cinquième souverain, l’Histoire qui devenait ainsi inoubliable.

Récit palpitant de la vie d’une femme qui s’est battue contre l’ordre établi. Elle était “bien née” ce qui lui donnait quelques chances de réussite. Et encore… Combien de filles de haute extraction ont eu des vies contraignantes, désespérantes, dans le luxe, en silence et sans joies ? Que vous dire de plus sur Hatchepsout ?

Avant d’aller dans la vallée des Rois pour découvrir son temple (le mieux conservé de cette région tant il était bien caché), j’ai lu un autre roman, celui de Francis Fèvre intitulé “La Pharaonne de Thèbes”.

J’essaie de résumer l’Histoire et ces deux romans en une seule fois.

Dans l’Egypte du XVe siècle avant notre ère, Hatchepsout, princesse royale, fille de Thoutmôsis I va réussir l’impensable : être femme et pharaon !

La princesse Hatchepsout  épouse son son demi-frère, Thoutmôsis II (fils illégitime), pour qu’il puisse succéder à leur père car elle seule est de sang royal. Ce n’est pas pour assouvir sa soif de pouvoir, comme on le raconte : elle a obéi  à son père, non sans être contrariée. Pourquoi le fils d’une  concubine accède-t-il au trône alors que le pouvoir vient de sa mère à elle ?

Pendant la durée de son règne : quinze ans, le pharaon, timide et pleutre, de faible santé se contentera de préserver l’empire et de devenir père de deux filles de son union royale  avec  Hatchepsout, et d’un fils d’une concubine, fils qu’il ne prendra pas le soin de marier avec une de ses filles comme l’avait fait son père.

Hatchepsout, héritière de la dynastie par le sang, ne milite pas pour la cause féminine mais pour le droit du sang dans les successions. Quand son époux meurt, elle n’usurpe pas  le trône de Thoutmôsis III qui reste associé aux manifestations royales ; officiellement, elle  n’est que co-régente  mais c’est incontestablement elle qui détient la réalité du pouvoir, en attendant que son beau-fils soit en âge de devenir Pharaon Elle s’arrange pour se donner un surcroît de légitimité en propageant le mythe de sa naissance divine. Elle obtient alors tous les pouvoirs en se faisant couronner pharaon grâce à l’appui du haut clergé d’Amon. De fait, l’héritier “légitime” se voit relégué au second plan et elle, elle  gouverne avec brio.

Le règne d’Hatchepsout constitue l’apogée de la  civilisation pharaonique, c’est une très longue période de paix avec des constructions sublimes : les palais somptueux de Thèbes rivalisent de beauté avec le grand temple de Karnak, des découvertes de contrées lointaines, l’aménagement de la vallée des Reines et l’édification du fameux temple de Deir el-Bahari dans lequel des fresques splendides content le bonheur de cette époque.

Après son couronnement, Hatchepsout a remplacé la robe fourreau et sa couronne de reine par le pagne court, le némès* et la barbe postiche, symboles du statut de Pharaon. Les bas-reliefs et peintures la représentant en homme attestent sa volonté d’être reconnue en tant que roi. Son beau-fils finira par prendre le pouvoir ; à la mort de la Pharaonne, il se vengera et  fera détruire  tous les cartouches parlant d’elle, effacer son image, casser ses statues et maudire son âme. Le temple est enfoui sous le sable, c’est ce qui le conservera.

Hatchepsout disparaît alors de l’Histoire…  pour plus de trois mille ans !

Voilà comment m’est apparu au petit matin, le temple d’Hatchepsout. Il semble intact ; il est composé de trois terrasses superposées, reliées entre elles par des rampes. Les peintures murales représentent des scènes uniques, comme le voyage au pays de Pount. Je vous en montrerai une prochaine fois.

* Source photo némès et commentaire : wikipédia

Le Némès est la coiffe la plus emblématique des pharaons qui la porteront de l’Ancien Empire jusqu’à la période ptolémaïque. 

Il est connu du grand public par ses nombreuses représentations et notamment le masque funéraire en or du pharaon Toutankhamon ou la tête du sphinx du plateau de Gizeh.

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