Prendre le mors aux dents

Prendre le mors aux dents, là, il est encore question de liberté : liberté de choisir sa vie.

Vous avez assimilé des tas d’idées pour être heureux, vous vous êtes enfin compris, vous avez réussi à remonter la pente quand vous aviez un coup de blues, vous arrivez à vivre un peu plus pour vous, et un peu moins pour et par les autres, vous savez dire ce que vous voulez, mais en face on ne vous entend pas, en face on ne répond pas… Que faire ?

Longtemps, vous arrivez à oublier cette incompréhension et vous avancez droit dans vos bottes, brave petit soldat. Et un jour, ça vous pèse trop, à nouveau. Un petit coup de blues, des épisodes de nostalgie et hop, on révise, on va relire l’article “estime de soi” (5 février 2011) et on continue.

Si l’autre ne répond toujours pas, ce n’est peut-être pas parce qu’il ne vous accorde aucun intérêt mais simplement qu’il a d’autres intérêts, souvent lui-même exclusivement, l’égoïsme est le problème essentiel.

On peut ajouter que certaines personnes veulent rester fidèles à leurs idées, à leur façon de vivre, à elles-mêmes et qu’elles se complaisent dans le mensonge et l’hypocrisie ; elles le nient ; c’est tellement plus facile de ne jamais se remettre en cause.

En plus, si pendant longtemps, vous n’avez pas osé vous manifester, c’est-à-dire que vous n’avez pas osé vous exprimer clairement, sans crier, sans hargne, sans colère, de peur qu’on ne vous quitte, qu’on ne vous aime plus, commencer à vous faire entendre va casser le rythme. On ne vous comprendra plus, mais on ne partira pas, on vous mettra la faute sur le dos jusqu’à vous accuser délibérément des travers que vous n’avez jamais eu. Là, je parle en connaissance de cause, je viens de m’entendre dire que j’avais oublié une information essentielle. Je n’ai pas crié, j’ai juste constaté un fait de plus de trente ans. Je ne développe pas davantage, ça n’en vaut pas la peine.

J’ai admis, enfin, que l’incompréhension ou le refus de l’autre ne m’enlève pas le droit d’avoir des désirs, de les exprimer et à terme, de les réaliser.

Personne ne peut m’empêcher de dire la vérité, même si l’autre veut la travestir, dans certains cas, c’est impossible : il y a des témoins et une seule vérité claire, nette, précise.

Je ne dois plus attendre  de recevoir ce que l’autre n’est pas capable de me donner. J’ai oublié de vivre pour moi, je vais y penser et le faire ! Au plus tôt !

Pourquoi donc titrer “prendre le mors aux dents” ? Parce que j’aime les expressions et que celle-là convient dans sa deuxième acception. Je m’explique.

Prendre le mors aux dents, c’est : soit se laisser aller à la colère, soit se mettre soudainement et avec énergie à un travail, à   une entreprise…

Le sens initial de cette expression vient du monde équestre. Le mors est un élément du harnais, une pièce qui traverse la bouche du cheval, qui repose sur une zone édentée à l’arrière de la mâchoire, et qui sert à le diriger. Si jamais le cheval prend le mors aux dents, c’est-à-dire si cette pièce s’avance au-dessus des dents, il devient impossible de diriger l’animal qui s’emballe. Autrement dit, ” le mors aux dents” a d’abord été le symbole de l’emballement.

Le deuxième sens de l’expression vient d’une autre manière de voir la chose : si le cheval prend le mors aux dents, il peut en faire complètement à sa tête et en quelque sorte décider de son sort. Il prend  une nouvelle bonne résolution et s’y tient.

Pour moi, elle confirme l’existence de la liberté d’action. Ca me rassure. Pas vous ?

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Le vrai goût de la liberté

Je lâche le rouge un moment. Ca fait un peu poivrote d’écrire ça mais j’assume, moi qui carbure plutôt à l’eau et au coca. Et même que maintenant je vais chanter avec Boris Vian :

Je bois

N’importe quel jaja

Pourvu qu’il fasse ses douze degrés cinq

je bois

La pire des vinasses

C’est dégueulasse, mais ça fait passer l’temps.

(Boris Vian, Je bois,)

Drôle de vie ! Ah, ces artistes !

J’ai retrouvé un poème sans ponctuation ou presque. dont l’auteur est Boris Vian. Encore un que j’aime comme Baudelaire ou Roda-Gil. Vian : bizarre, créatif, poète…

Voilà les vers (pas verts, ni verres du jour)

L’évadé ou le temps de vivre, ou encore un vrai goût de liberté.

L’évadé
Il a dévalé la colline
Ses pieds faisaient rouler des pierres
Là-haut, entre les quatre murs
La sirène chantait sans joie
Il respirait l’odeur des arbres
De tout son corps comme une forge
La lumière l’accompagnait
Et lui faisait danser son ombre
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il sautait à travers les herbes
Il a cueilli deux feuilles jaunes
Gorgées de sève et de soleil
Les canons d’acier bleu crachaient
De courtes flammes de feu sec
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il est arrivé près de l’eau
Il y a plongé son visage
Il riait de joie, il a bu
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il s’est relevé pour sauter
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Une abeille de cuivre chaud
L’a foudroyé sur l’autre rive
Le sang et l’eau se sont mêlés
Il avait eu le temps de voir
Le temps de boire à ce ruisseau
Le temps de porter à sa bouche
Deux feuilles gorgées de soleil
Le temps de rire aux assassins
Le temps d’atteindre l’autre rive
Le temps de courir vers la femme
Il avait eu le temps de vivre.

 

Boris VIAN, Chansons et poèmes

Ce poème “Le temps de vivre” a été écrit, tout comme « Le déserteur », bien plus connu, en février 1954. Le thème de ces deux textes se rapproche d’un autre poème écrit en 1952 : “Je voudrais pas crever”, publié à titre posthume, en 1962  et chanté par Serge Reggiani.  Cliquez sur le titre, au dessus  (J’écoute, et ça y est : des larmes, toujours).

Les idées exprimées par Boris Vian dans ces trois poèmes (tous les trois ont été mis en musique) tournent autour des plaisirs simples (boire à ce ruisseau), plus exotiques (voir les singes à cul nu dévoreurs de tropiques) ou même quelquefois plus étranges (les coinstots bizarres) que l’on peut trouver à vivre, et de l’inéluctable condamnation à mort, naturelle ou plus ou moins violente et à plus ou moins brève échéance..

Il faut se souvenir que Boris Vian, comme bon nombre de ses contemporains, était antimilitariste ; c’était tout juste après le Deuxième guerre Mondiale, pendant la guerre d’Indochine, au moment des guerres d’indépendance (Maroc, Tunisie et Algérie, la plus terrible des trois). Savoir ce qui s’était passé en Allemagne, en Pologne, au Japon et un peu partout à travers le monde avait rendu pacifiste une grande partie de la jeunesse.

Le Carpe Diem des latins, repris par Ronsard, est une nouvelle fois mis en exergue : la vie est un bien précieux qui peut nous être enlevé à tout instant, il faut donc profiter au mieux que chaque petit détail : un sourire, un rayon de soleil, une main tendue.

Boris Vian savait-il qu’il était malade ? Sans aucun doute. C’est pour cette raison qu’il nous encourage à profiter de l’instant présent et à nous révolter contre l’ordre établi. Si les gouvernants ainsi que leurs représentants détiennent le droit de vie et de mort sur la population, chaque citoyen peut se rebeller : déserter, s’évader au propre et au figuré.

Nous avons conscience que nous sommes tous condamnés à mort à plus ou moins long terme mais nous n’avons pas forcément conscience de la brièveté potentielle de certaines vies et de la fulgurance de la fin, inattendue ou non avec un départ immédiat ou différé. Ce qui compte, c’est d’avoir le temps d’accomplir ce que l’on souhaite et de profiter un peu de la vie. Sans brûler la chandelle par les deux bouts, il ne faut pas remettre au lendemain le bonheur qui peut se saisir maintenant. Carpe diem !

Le personnage de ce poème peut être un évadé de guerre, un prisonnier de droit commun, un prisonnier politique, un petit voyou et pourquoi pas un tueur ? La peine de mort était toujours en vigueur en ce temps-là et on peut donc imaginer que l’évadé était condamné à mort, à perpétuité ou du moins à une lourde peine (on était bien généreux en condamnation à cette époque). L’évadé a conscience que, de toute façon, maintenant qu’il s’est échappé il va mourir. Pour une peccadille, il pourrait s’arrêter de fuir, de courir, mais si on le rattrape la peine va croître, alors quitte à mourir, autant mourir heureux, en liberté. Mourir en prison, en attendant dans le couloir ou l’antichambre de la mort, ou mourir en s’échappant, le choix est vite fait.

La liberté, liberté d’aller et venir, de courir, de ne pas être enfermé, de pouvoir faire ce que l’on souhaite, des petites choses toutes simples (courir, regarder, respirer , boire l’eau du ruisseau), cette liberté là n’a pas de prix. Je suis prêt à sacrifier ma vie pour être libre, c’est ce que disent l’évadé et le déserteur qui ne se battront même pas et attendront la balle funeste qui mettra fin à leur vie.

Quand on sait que la fin est proche, le goût est plus intense.

 

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Ambiguïtés

Faites-vous comme moi ou êtes-vous sûrs de vous ?

Quand je rédige un article pour ce blog, je tape en général très vite, puis je relis pour voir les fautes qui auraient pu m’échapper. Le correcteur orthographique est là, il souligne en pointillés rouges les fautes. Comme je n’aime pas être prise en défaut, encore moins par une machine, plus bête que moi (elle applique, elle ne réfléchit pas), j’essaie de ne pas faire rougir l’écran. Curieux ça, si l’écran rougit, c’est moi qui ai honte (la honte, encore une chose qui disparaît :” responsable, mais pas coupable”). Françoise, retiens-toi, toujours tes digressions… C’est mon problème, mon cerveau part en vadrouille. Vive la liberté, me crie-t-il.

Je reviens à ce qui m’a fait commencer la rédaction de cet article : l’ambiguïté. Et j’essaie de mettre de l’ordre dans mon discours. Les doigts vont moins vite que la langue et encore moins vite que le cerveau, d’où des difficultés à faire avancer en même temps des media (pluriel de medium) si différents.

Tout d’abord, je voulais donner quelques exemples d’ambiguïté, puis comme j’ai eu un doute sur l’orthographe du mot, je voulais parler de l’utilisation des dictionnaires, puis je me suis surprise à penser aux machines, aux erreurs pour lesquelles “on ne veut pas porter le chapeau” (une expression encore), à la honte que l’on peut ressentir quelquefois dans ce monde où personne ne se sent ni responsable, ni coupable, honte d’être si inadapté, honte d’être si peu courageux pour arriver à faire changer les choses, au clavier qui pourrait rougir parce qu’il chauffe sous mes doigts (non, pas si habiles que ça sur un clavier). Voilà comment je pars en vadrouille dans ma tête. Et aussi loin que mes souvenirs me mènent, c’était toujours comme ça. Pas facile en classe de rester présent quand la pensée s’envole ! Alors ici, sur mon blog, comment voulez-vous ? Nous sommes dans un espace de liberté (surveillée, paraît-il). Moi j’essaie de surveiller mon orthographe d’où l’utilisation de dictionnaire(s), d’où la question du début : faites-vous comme moi ? Dictionnaire. Ce matin : Ambiguïté, ça s’écrit comment ? Merci ENCARTA !

ambiguïté  [ bigɥite ]
ambiguïté nom commun – féminin ( ambiguïtés )
S’écrit aussi:   ambigüité
Définition :
1. ce qu’on peut comprendre de plusieurs façons contradictoires
Synonyme:   équivoque
(une attitude pleine d’ambiguïtés)
2. équivoque intentionnelle ou fortuite
(savoir agir sans ambiguïté)

Et je me dis sans ambiguïté, c’est comme sans ambages au fond. Et hop, ça repart  !

Je reviens donc au début une fois de plus.

Surveillez-vous votre orthographe ? Utilisez-vous les dictionnaires ?

Moi oui. Désolée si je laisse échapper quelques fautes. Personne n’est parfait !

Comme j’essaie toujours de  me faire bien comprendre, je pense que l’écrit est plus facile. Nous sommes obligés de réfléchir davantage avant de lâcher les mots et il n’y a plus les distorsions du son. Voilà quelques exemples d’ambiguïtés liées à l’oral. De quoi faire des fautes à ces dictées.

Parle, bois du gin ou cent tasses de lait froid !

Par le bois du djinn où s’entasse de l’effroi.

A Lesbos, à Tyr, l’Evangile est appris.

Ah ! Laisse, beau satyre, l’Eve en gilet t’a pris.

Dans ces meubles laqués,rideaux et dais moroses.

Danse, aime, bleu laquais, ris d’oser des mots roses.

La mandarine épluchée, ça tente Damien.

L’amant d’Harry n’est plus chez sa tante d’Amiens.

D’après les “énigmes tordues” de Fabrice Mazza.

 

Ca y est, je suis arrivée à ce que je voulais écrire.

Je me dis « bravo » à moi. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.

Je vous laisse pour un moment en me disant « mission accomplie » pour ce coup-ci.

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Femmes instruites : danger !

 

Vous devez avoir horreur de l’instruction chez les femmes, par cette raison qu’il est plus facile de gouverner un peuple d’idiots qu’un peuple de savants. Honoré de Balzac

Doit-on autoriser les filles à apprendre à lire ? Grande question en France jusqu’au XIX° siècle ; aujourd’hui, alors qu’elles fréquentent les mêmes écoles que les garçons et ont, de façon générale, de meilleurs résultats scolaires, la question ne fait pas sourire. Vous étonne-t-elle ?

En 1801, Sylvain Maréchal rédige sa brochure “Projet de loi portant défense aux femmes d’apprendre à lire”. Il y a pourtant eu la Révolution douze ans avant, mais la Déclaration des Droits de l’Homme exclut les femmes (?) et la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges a été mise aux oubliettes. Maréchal est-il un réactionnaire ? Non, non, à la même époque, on retrouve partout la même volonté de limiter l’accès des filles au savoir à tel point que leur éducation n’est pas une affaire d’État et qu’elle est abandonnée à la famille et à l’Église.  Guidés par la crainte des conséquences de l’oisiveté sur l’esprit des filles, familles et clergé cherchent à les occuper, à leur interdire de penser, à former de bonnes épouses et de bonnes mères (chrétiennes, catholiques de préférence), des femmes dociles, vertueuses, agiles aux travaux d’aiguille, aptes à la cuisine, voire capables de compter pour équilibrer le budget familial, soumises à leur père puis à leur mari. Il y avait bien quelques fortes têtes, mais la majorité se laissait faire : difficile de se révolter quand on est peu instruit(e) et isolé(e). Je parle des femmes mais manque d’instruction et isolement font souffrir des hommes aussi.

Aujourd’hui, en France, les femmes essaient toujours d’avoir les mêmes droits que les hommes : diplômes, salaires, emplois. Rien n’est gagné. Au contraire, tout risque de se perdre. Il ne ne faut surtout pas lâcher prise. Se battre contre le voile, c’est indispensable. Voile dans la vie privée mais pas dans la vie publique. Si la loi n’est pas respectée : visage découvert, je ne cache pas que j’ai peur, peur pour mes filles surtout et mes petites filles (dont la première est en fabrication), peur de me voir ou de les voir un jour obligées de se voiler la face au propre et au figuré  : se dérober par honte au regard d’autrui ; se refuser à voir ce qui indigne ou horrifie. Je ne me voilerai pas la face, ni aujourd’hui, ni demain.  Je ne veux pas refuser, aujourd’hui ni demain, de voir ce qui m’indigne.

Les images répétées de ces femmes  sans visage, ensevelies sous la burqa, frappent ma conscience d’occidentale. Ces déprimantes silhouettes anonymes, monochromes, de préférence noires, quelquefois bleues, me rappellent le sort de milliers de femmes et de fillettes dans d’autres parties du monde. Femmes isolées, bâillonnées, emprisonnées, quelquefois excisées, mutilées… Femmes interdites de vie : pas d’instruction, pas de soins, pas de travail, pas d’autonomie ! Y a-t-il un choix véritablement libre de ces femmes ? Quel est le niveau d’endoctrinement de celles qui militent pour la burqah ? Libres ?  Le sont -elles vraiment ? Libres chez  elles de porter le voile si elles le veulent, mais nous avons choisi une loi en France, il faut la respecter. Pas  besoin de la nouvelle création, celle qui date de plus d’un siècle est valable : “pas de signe distinctif d’appartenance religieuse ou politique”. Revoir mon article Laïcité et voile islamique et l’inspection du lundi matin à l’école. Ma maitresse d’école était-elle une laïque intégriste ? J’ai survécu à ses “mauvais traitements” ; je n’ai pas oublié ; c’était comme ça.

La liberté de culte existe mais ne doit pas gêner le fonctionnement de la société. Il y a aujourd’hui un large fossé entre l’idéal républicain et l’idéal religieux, quelle que soit la religion ou la secte envisagée. C’est le problème des clans, tribus, régions, des indépendantismes divers. Nous sommes la race humaine et nous devons essayer de nous entendre pour que la Terre et nous, nous survivions en paix ; c’est mal parti.

En ce qui concerne l’Islam, je ne suis pas une spécialiste, j’ai des voisins et des amis musulmans, j’habite la Réunion. Ici, le dialogue est vraiment plus facile, donc en ce qui concerne l’Islam et le peu que je sais,  la loi islamique me paraît bonne, juste, claire, comme celle des chrétiens. C’est la réalité des pratiques culturelles et religieuses qui gâche tout.

Il y a trente ans ou même vingt ans, ici à la Réunion, pas de burqah et pas de voiles envahissants : la mosquée, le muezzin, la prière, le Ramadam, l’Aid-el-Kebir, etc, ne gênaient personne (enfin le muezzin le matin… limite, mais les cloches à Pâques et à chaque heure, ce n’est pas terrible non plus). Qu’est-ce qui a changé ? L’intégrisme ? L’extrémisme ? Il me semble que l’extrémisme est étranger à l’esprit de la loi islamique, comme il l’est dans la religion chrétienne, ce qui n’a empêché ni les guerres de religions, ni  l’Inquisition, ni, ni… L’intégrisme islamique reflète aujourd’hui des pratiques culturelles dérangeantes car non conformes à la tradition laïque française.

Il me semble que l’Islam, le vrai, le charitable, n’interdit ni la mixité , ni la liberté. Il y met quelques conditions de réserve, comme les catholiques et sans doute les protestants : la pudeur, la modestie.

Nous avons un peu oublié que les écoles, le catéchisme n’étaient pas mixtes, qu’on se couvrait ou se découvrait la tête à l’Eglise (les Hommes se découvrent toujours mais les femmes ne se couvrent plus). Les règles de base sont les mêmes dans toutes les religions, ce n’est que la pratique qui change : nous avons évolué, libéré les femmes, ne faisons pas marche arrière sous prétexte que ça dérange quelques hommes à l’esprit limité, obscurci non par l’alcool (interdit) mais par une drogue quelconque et que ça contrarie peut-être quelques femmes… inqualifiables.

Je refais ma déclaration de foi laïque :

“Je crois en la liberté de conscience, je ne place aucune opinion au-dessus des autres, que ce soit la religion : catholique, musulmane, protestante, l’agnosticisme, l’athéisme, je crois en l’égalité républicaine ainsi construite même si certains veulent me faire changer d’avis.. Je crois en la liberté de chacun qui est respectueuse de celle de l’autre. Je veux continuer à croire, même si c’est très difficile, en la bonté et en l’intelligence humaine.”

La seule idée qui me motive est celle de la liberté  individuelle, revendiquée et respectée, celle des autres et la mienne (oserai-je dire, surtout la mienne ?).

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Mai 68 : troisième et dernier épisode de cette série

Souvenirs, souvenirs. Scott Mac Kenzie, ça vous dit quelque chose ? Continuer la lecture

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Mai 1968 : les causes, l’esprit…

Les années 60, quelle époque !

J’oublie les yéyés, les Beatles et autres amusements. Je pense à mai 68. Ca  fait un peu “souvenir d’ancien combattant”, même si j’étais trop jeune et surtout trop provinciale pour  être sur les barricades parisiennes, les images et les idées sont bel et bien  toujours dans ma mémoire.

En 1968, les choses doivent changer. Et ça change ! Les jeunes et moins jeunes bouillonnent tous d’idées. Sur les murs apparaissent des graffitis et des affiches contestataires : merci les étudiants des Beaux-Arts !

“Mur blanc = Peuple muet”.  Les murs parlaient. Ils s’exprimaient. Le peuple était en vie, plein d’esprit.

On peut actualiser ce genre d’affiches. Voir la dame rose et si vous cliquez sur elle, vous pourrez voir d’autres affiches, de même que si vous cliquez sur les mots “affiches contestataires, un autre site apparaîtra.

La population s’approprie la rue pour s’exprimer, dire son mal-être. Les rues n’avaient plus vraiment été animées depuis 1936 sauf les jours de Libération à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. En 1968, des cris, des chansons et  des écrits (pour que ça reste et que ça fasse plus sérieux) et des slogans en pagaille, oserai-je dire. J’en ai mémorisé quelques-uns de cette époque, mais il y en a eu  beaucoup plus.

J’entends aussi une chanson qui me revient en mémoire : sur l’air de “Il était un petit navire”, nous chantions ou entendions chanter “Ohé, ohé, Pompidou, Pompidou navigue sur nos sous”… On pourrait chanter avec le nom de qui maintenant ?

Nous avons de moins en moins d’argent disponible ; même quand on travaille, après les impôts locaux  (mairie, département, région), l’impôt sur le revenu, les taxes diverses  (TVA, octroi de mer dans les DOM…), les augmentations des cotisations sociales, de l’eau, du gaz, de l’électricité, de l’essence, et j’en passe,  il en reste de moins en moins. Nous ne sommes plus ponctionnés, nous serons bientôt purement et simplement saignés à blanc, enfin pas tous puisque l’égalité devant la loi, ou devant l’impôt n’est qu’une vaste fumisterie. Il devient indispensable de tout remettre à plat, d’en finir avec les exonérations et les régimes spéciaux.

En 1968, le retard social accumulé par la société, qui à cette époque était en pleine croissance (merci le baby-boom, la reconstruction… la guerre ?), une société, dis-je, qui maintenait les salariés dans la sujétion, la pauvreté (très bas salaires), ce retard est devenu insupportable pour un grand nombre de citoyens au point de déclencher la plus grande grève de l’histoire de France.

Après mai 1968, les rapports de pouvoir ont changé  (participation des ouvriers, des lycéens…), les libertés individuelles se  sont développées, les conventions sociales se sont transformées. L’allégresse de ce printemps est assez vite retombée et aujourd’hui que constate-t-on ? Retour de la sujétion des salariés (merci les 35 heures et les emplois précaires et/ou à temps partiel), de la pauvreté (qui s’accroit, chaque jour), d’une société à deux voire trois vitesses, accablement et silence des “masses laborieuses” tellement contentes d’avoir encore un emploi. Serait-on capable de faire un mai 2011 ?

Les slogans de mai 68 : j’en ai retenu quelques-uns (pour le prochain article) mais il y existe un site qui regroupe graffiti et slogans de cette année là. J’avoue que je ne les connaissais pas tous et que j’en avais oublié beaucoup. Cliquez là pour en savoir plus.

Ce n’est qu’un début, continuons le combat !”

“Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi.”

“Elections, piège à cons !

“Etes-vous des consommateurs ou des participants ?”

“Faites l’amour pas la guerre !”

“Fermons la télé, Ouvrons les yeux.”

“Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner.” Finalement mon article du même titre était une réminiscence. Cliquez  sur les mots en bleu si vous voulez relire ou lire ce billet ancien.

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Mai 68 : “On ne peut plus dormir tranquille lorsqu’on a une fois ouvert les yeux.”

 

“On ne peut plus dormir tranquille lorsqu’on a une fois ouvert les yeux.”

Pourquoi fermez-vous les yeux et surtout la bouche ? Jusqu’où allez-vous vous laisser emmener par des gouvernements plus ou moins mafieux ?

Je ne critique pas plus Sarkozy que Chirac ou Mitterand, je rappelle simplement que les Français ont la mémoire courte. Vous souvenez-vous de la république exemplaire promise par Nicolas ?  Et des écoutes téléphoniques de François ? Et des dépenses de son fils Jean-Christophe à Bujumbura : 20 463 268,89 francs – a estimé la Cour des Comptes – ont disparu ? Je laisse Chirac tranquille, mais, n’est-ce pas lui que les Guignols appelaient Super Menteur et qui a un procès en suspens ?

La rigueur, l’honnêteté, en France, aujourd’hui où en est-on ?

Revenons à mai 68. Le slogan qui a sans doute le plus marqué les esprits est le fameux “Il est interdit d’interdire.”

C’était au départ une simple boutade lancée par Jean Yanne (c’est lui aussi “Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil”). Ce slogan contestait la discipline autoritairement imposée, ce qui est une absurdité : il faut  expliquer, discuter et avoir foi en l’homme qui raisonne et se raisonne, comme je l’ai écrit dans l’article “Réussite, argent, bonheur”.

Et c’était là le sens de cette maxime : il est désormais interdit de nous interdire de vivre. Tout simplement. Nous voulions vivre libres en respectant cependant les autres. Mais ça a déraillé. Aujourd’hui où en est-on ?

Le mouvement étudiant, qui a stupéfié par son ampleur et sa durée, a réussi à entraîner les ouvriers, les travailleurs d’une manière générale. Et comme il faisait beau cette année-là…  Je vous laisse imaginer, il n’y avait pas que des émeutes, des barricades et des cocktails Molotov, des voitures en feu et des pavés qui volaient. Il y avait le soleil, le ciel bleu, la liberté, les rêves, les pelouses et les petits oiseaux qui volaient eux aussi. Au fond, les plus vieux ou les plus bourgeois enviaient ces jeunes enragés et leurs conneries, peut-être même qu’ils les admiraient un peu et qu’ils les enviaient beaucoup, ces jeunes  qui vivaient, contestaient, manifestaient dehors, alors qu’eux, jour après jour, à l’usine ou au bureau,  voyaient leur propre vie se consumer lentement, inexorablement, à des tâches répétitives, stupides, éreintantes et à mourir de désespoir quelquefois, devant des chefaillons plus ou moins bornés, en échange  de quoi ? Des bas salaires et de peu de considération. Et aujourd’hui, où en est-on ?Nous voulions abolir bien des interdits : plus de gardiens en uniforme, plus de chiens, plus de chaînes, plus de pointeuses, plus de chefs inquisiteurs, plus de soldats, plus de flics cogneurs… Plus, ce n’était pas davantage, c’était aucun ! Vive l’autodiscipline ! L’autogestion, voilà ce qui était dans l’air du temps. Nous ne voulions plus de l’attirail disciplinaire puisque nous avions atteint, croyait-on, un niveau de conscience qui nous en libérait. Moi, en septembre 1968, j’ai connu ma première désillusion. J’ai compris que nous n’avons pas tous les mêmes valeurs. Et aujourd’hui, où en est-on ?

Cette aspiration à une vie libérée de ses entraves gagna tous les domaines : l’Eglise qui reçut là un mauvais coup, l’institution éducative dans un premier temps,  puis les entreprises par la suite : souvenez-vous de l’utopie des LIP en 1973.  Dans les années 70, les écoles parallèles et les crèches “sauvages” fleurirent, organisées par les parents eux-mêmes sur le modèle autogestionnaire inspiré de Freinet, car au fond la recherche était la même : élever enfants et adultes à la conscience de soi, sans recourir, autant que faire se peut, à la discipline autoritaire.

Ne devrait-il pas en être ainsi de la démocratie ? Au cours des siècles, on a vu que c’est la loi  qui pallie le peu de sagesse, de conscience ou de vertu des citoyens et que pour faire respecter la loi un pouvoir de coercition (gendarmerie, police) est indispensable. Aujourd’hui les forces de l’ordre ne sont même plus respectées, c’est donc la loi de la jungle. L’autodiscipline, le respect, la conscience… Où en est-on aujourd’hui ?

Cette maxime est décriée aujourd’hui, même par ceux qui la braillaient alors. Trahison ? Perte de conscience, de lucidité, de pureté ? Où sont passés les incorruptibles (pas Eliot Ness mais Robespierre) ? A bien y regarder, “il est interdit d’interdire” n’est ni plus ni moins qu’un appel à la sagesse et à la vertu. Pas de quoi avoir honte. Au contraire.

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Rires (encore)

Et si nous réfléchissions davantage ?

Comme le disait Paul Léautaud, « On rit mal des autres quand on ne sait pas d’abord rire de soi-même.» Où en êtes-vous ? Pas facile de rire de soi, hein ? Surtout devant les autres… Soyons plus légers et revenons au rire et à ses vertus, puis à ses conséquences.

Le rire a des vertus thérapeutiques, les scientifiques le reconnaissent. Et les femmes sont les premières à se lancer pour aller bien, pour aller mieux. Voyez la photo et si vous avez le temps, allez voir ce lien :

http://ateliers.rire-et-delire.com/lecturit/Kataria/yoga_du_rire.htm

Le rire contribue à atténuer les effets négatifs du stress, tueur numéro un aujourd’hui. Il a été prouvé, sans l’ombre d’un doute, que le rire contribue à renforcer le système immunitaire.

Combien de fois rions-nous chaque jour ? Combien de temps chaque fois ? Ca fait combien de temps sur une année ? Pourquoi avons-nous oublié le conseil d’Henri Salvador ? “Faut rigoler”. Cliquez ! Riez ! Henri Salvador : \”Faut rigoler\”

Par contre, d’autres ne rient pas de vous entendre rire. Ceux qui détiennent une petite once de pouvoir, qu’ils soient religieux, politiques ou simplement en vue pour leur action sociale ou économique, ceux qui sont sous les projecteurs et qui se croient stars inaltérables, inamovibles alors qu’ils sont éphémères et interchangeables,  tous ceux-là redoutent vos rires. Ils ont compris et ne peuvent accepter que ce rire, qui vous fait tant de bien pour oublier vos tracas quotidiens, pour oublier la vanité et la vacuité de ce monde, que ce rire donc soit redoutable pour leur image.

C’est bien ça le problème avec le rire : ce qui fait du bien aux uns peut faire du mal aux autres.

La liberté de penser passe par le rire. Mais la liberté de penser fait peur...

Le rire ébranle l’autorité. Les “chansonniers” d’autrefois,  type d’humoristes bien français, champions de la satire, ont été remplacés par de nouveaux trublions qui ouvrent la voie aux rires et se font bâillonner quelquefois. Pas trop. Les dirigeants (courageux) nous laissent rire, ils nous permettent ainsi d’évacuer notre trop-plein de colère, notre frustration, notre souffrance, ce qui les laisse tranquilles un peu plus longtemps. Ils savent que si nous rions, nous évacuons notre violence. Empêchez-nous de rire, nous irons encore plus vite dans la rue.

Pourtant, en France, railler un “roi”, un prince ou un ministre commence à poser problème aujourd’hui. Dans ce monde où la communication est devenue outrancière, nous recevons en temps réel images, informations : brutes. Par contre l’image d’une “personnalité” doit être soignée, protégée, travaillée. Or, le moindre “coup de semonce” ébranle l’idole ; sous la moindre risée, le chêne n’est pas très solide. Manque de racines, de bases, de légitimité ?

Rire d’un prince, c’est le rappeler  à la raison, à la mesure. lui faire savoir que le prix du pain ou celui du ticket de métro augmente, que la vie devient de plus en plus difficile pour le Français moyen, que si, lui est assis plus haut que les autres, il n’en reste pas moins assis, comme tout le monde, que “sur son cul” (Montaigne) et que s’il vient à abuser davantage de son pouvoir, il risque de se trouver très vite par terre avec la plèbe.

Dommage que personne ne lui donne de sages conseils ! Jadis le fou du roi, insolent, rappelait son maître à la raison ; aujourd’hui le roi est isolé ; les courtisans, peureux, ne pensant qu’à la pérennité de leur emploi, ne cessent de se tortiller et de courber l’échine pour lui plaire. Ils lui évitent toutes les attaques au vitriol, particulièrement celles qui pourraient les éclabousser. Comme ils doivent manquer de confiance en eux ! Méfions nous : les chiens peureux sont souvent les plus dangereux.

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Albert Jacquard

J’adore Monsieur Albert Jacquard. Lisez et vous saurez pourquoi.

Extrait de Petite Philosophie à l’usage des non-philosophes

“Manifester son bonheur est un devoir ; être ouvertement heureux donne aux autres la preuve que le bonheur est possible.” Tiens, voilà qui confirme ce que j’ai écrit à plusieurs reprises dans mes articles, tout particulièrement dans “Dépression nerveuse“. Je n’ai fait que redécouvrir ce que d’autres savaient déjà, mais qu’y a-t-il de meilleur que l’expérience pour apprendre ?

“L’oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices, mais l’excès de travail est le père de toutes les soumissions.” Depuis longtemps, j’ai compris. Malheureusement, nombreux sont ceux qui n’ont pas encore ouvert les yeux. Le dernier billet, avec une citation d’Emil Cioran, traitait de ce problème que j’ai évoqué à plusieurs reprises. Il faut travailler pour vivre et non vivre pour travailler…

“Exprimer une idée est une activité difficile à laquelle il faut s’exercer ; la télé supprime cet exercice ; nous risquons de devenir un peuple de muets, frustrés de leur parole, et qui se défouleront par la violence.” J’ai évoqué la nécessité de savoir parler, mais il faut avant tout réfléchir. L’école ne suffit plus pour apprendre la rhétorique. Qui vous empêche de parler à vos proches, de vous expliquer ? Taisez-vous et abrutissez-vous, voilà sans aucun doute les directives des gouvernants ! Vous le savez tous, plus vous courbez l’échine, plus on abusera de vous. Allez-vous vous laisser faire longtemps encore ? Réfléchissez et parlez !

Cependant ne perdez jamais de vue que “La liberté n’est pas la possibilité de réaliser tous ses caprices ; elle est la possibilité de participer à la définition des contraintes qui s’imposeront à tous.” Démocratie participative ! Vous n’avez pas la parole ? Pas grave, prenez là ! C’est comme la liberté. Prendre la liberté de parler. Beau programme, non ?

Et souvenez-vous qu’on ne peut avoir la pluie sans les orages.

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