L’église de Nederlulea (1)

L’église de Nederlulea, point central de Gammelstad, fut construite à la fin du quinzième siècle. Elle fut consacrée le jour de Saint-Pierre, le 29 juin, par l’archevêque Jakob Ulfsson Ornfot en 1492 (au moment où Christophe Colomb découvrait l’Amérique). Puisque Saint-Pierre est le saint patron de cette église, le blason de la paroisse porte sa clé. Continuer la lecture

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Gay Pride à Paris, dimanche 26 juin 2011

A Paris, il y a tant à voir, à faire, à vivre surtout quand on n’y travaille pas.

En 2011, les Indignés sont partout, plus ou moins actifs, plus ou moins enracinés dans un lieu. A Paris, ils ont manifesté un peu place de la Bastille en mai ; à Madrid, à Athènes, ce fut plus long et plus rude. La crise n’en est pas au même stade.

A Paris, la Gay Pride les attendait, les Indignés. Alors ils sont venus. Leur sujet d’indignation, ce jour-là, n’était pas tout à fait le même qu’à Athènes ou Madrid, mais la révolte est présente  sous une même enseigne “Indignez-vous”.

Pour moi, la Gay Pride était presque une découverte. J’en avais entendu parler, j’avais vu quelques images à la télévision, et il y a deux ans, j’avais aperçu le défilé se désagréger place de la Bastille. Mais cette année, j’y étais pour de vrai, pour voir, comprendre et témoigner de ce que j’avais vu.

Alors tout d’abord, j’ai retenu que c’était une occasion de manifester calmement. Certes, il y a du bruit, de la musique, des slogans et quelques cris mais l’ensemble est plutôt bon enfant, amusant.

Le mot Fierté (PRIDE en anglais) revient souvent. Vous voyez, en dessous, les drapeaux jaunes d’Amnesty International.

Plus tard, un petit camion chargé de potences et de mannequins de papier, préparé (je ne peux écrire décoré) par l’association ” Ensemble contre la peine de mort” dénonçait le fait que près de quatre-vingts états dans le monde continuent de pénaliser l’homosexualité, et neuf d’entre eux, situés en Afrique et Asie, la punissent encore de la peine de mort. Je ne veux pas être un oiseau de mauvais augure mais ça risque de ne pas s’arranger dans quelques pays, au contraire. Quand j’entends que la charia est encore plus observée qu’avant en Indonésie à cause du tsunami, je suis inquiète. L’Indonésie est un Etat laïque et démocratique. Pourtant, dans la province semi-autonome d’Aceh, au nord de Sumatra, l’islam a sa police et depuis le tsunami de décembre 2004, des centaines d’agents de l’ordre islamique ont été déployés dans la province, traquant les “comportements non musulmans”. Simples blâmes ou flagellations publiques punissent ceux qui enfreignent les règles du Coran.2012 : la grande année. Celle de tous les dangers ? En mai, les présidentielles en France ; en novembre, celles des Etats-Unis et en décembre, le 21 : la fin du monde ! Forcément, ce sera la fin du monde pour quelques humains, comme tous les jours, mais la fin de l’Humanité ? Wait and see !

Certains ont très peur d’où la naissance de nouvelles sectes : les illuminés (sans la majuscule) ont encore quelques beaux jours devant eux. Le cinéma a profité de l’aubaine pour réaliser un film catastrophe. Et vous, que pensez-vous ?

A la Gay Pride, un camion affichait “MEME PAS PEUR”, ça me rappelait l’épisode du Chikungunya à la Réunion quand nous portions des t-shirts proclamant notre courage “Même pas peur”, c’était normal si on se protégeait correctement. Les jeunots de la Gay Pride n’auraient-ils peur de rien ?

Une chose est sûre, ils n’ont pas peur de créer des slogans et des t-shirts. Lisez bien le dos.

Lisez l’autre dos et les affichettes “Ce qui me fait peur, c’est qu’on puisse jouer avec nos peurs.”

Ils ont peur. Mais de quoi ?  De qui ? Et vous ?

Vous les comprenez ?

Voilà ce qu’ils disent “Nous sommes des agitateurs de citoyenneté, nous voulons développer une culture de la participation chez les jeunes pour faire en sorte qu’il y ait un maximum de citoyens acteurs de la vie démocratique. Pour nous, la citoyenneté ne saurait se résumer au seul droit de vote ; elle passe également par l’engagement associatif, syndical, partisan et les dispositifs de démocratie locale.” C’est bien, non ? Ceci prouve qu’un jeune, ça réfléchit aussi.

Et ça continue avec les slogans pour 2012… J’ai même entendu : “en 2011 je marche, en 2012 je vote et en 2013, je crève“. Tu crèves de faim ? Du SIDA ? Ou des suites du 21 décembre 2012 ? Pas gai, celui-là.

Et ça continue encore et encore, c’est que le début…

Tant mieux si elles pensent ce qu’elles annoncent les deux dames sur les panonceaux vert et jaune. Je les admire. A leur place, je ne sais pas. Je crois que je tolérerai plus que je n’accepterai la situation. Je ne suis pas à leur place, alors. Mystère…La FSU était là. L’affichette n’est pas très sympa pour au moins un enseignant de lettres. Un enseignant borné, ça existerait ? Homo, oui. Ils étaient là pour se manifester. Borné, ignorant ? sans doute puisque l’ un d’eux a été dénoncé. Finalement, en y réfléchissant, c’est un élève qui porte le chapeau ; dénoncé par un élève “Mon prof ne le sait même pas”.

Mouais…

Demain, suite de la Gay Pride avec des photos des plus beaux ou des plus surprenants. Comme ces deux-là.

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Rires (encore 2)

Si nous sommes de bons Français, nous avons en principe assimilé un bon nombre d’idées qui nous sont propres (c’est ça aussi l’identité nationale). En reconnaissant le coq gaulois comme emblème et Coluche comme porte-parole, nous savons rire de tout, de nous et nous ne savons pas, en définitive, nous taire.  Nous avons encore un peu la gouaille qui fait notre différence par rapport aux autres Européens, essayons de la garder en ne tombant pas dans la vulgarité ambiante cependant.

N’ayons pas peur de rire, rions ! Rire c’est déjà désobéir.

Rire peut saper certains projets ;  rire est une arme politique.

Ils le savent les tyrans qui empêchent de s’exprimer les artistes de tous poils : caricaturistes, humoristes, cinéastes…, ils le savent que le peuple qui rit réfléchit. Certains sèment des graines de contestation, le rire du peuple les fait pousser.

Faire rire et rire c’est lutter contre l’ordre établi, c’est enlever de la crédibilité et de l’autorité aux dirigeants. En 1981, Coluche a ébranlé le système. Il a fini par se taire ce qui ne l’a pas empêché de continuer à se manifester en 1985 en lançant l’idée des “Restos du Coeur”. Il n’était pas aussi stupide, aussi vil que certains voulaient le faire croire. Enfant du peuple, il avait compris que nous étions mal partis. Il n’avait pas tort, on le voit 26 ans plus tard.

Pour rire, il suffit de pas grand chose : le rire est communicatif, pensez à mon billet (rires encore et au fou-rire interminable chez Fogiel).

Aux débuts du cinéma, dans les films muets,  les tartes à la crème  faisaient rire.  L’entarteur Noël Godin, alias Georges Le Gloupier, a repris cette idée à la fin des années 1960. C’est une blague bon-enfant (à mes yeux) dont BHL, philosophe médiatique et quelques célébrités plus ou moins en vue mais toujours imbues d’elles-mêmes ont fait les frais (6 fois pour BHL, ce qui a dû l’agacer, on le comprend). La tarte à la crème est devenue « attentat pâtissier » depuis que la Cour de cassation a qualifié la tarte à la crème d’« arme par destination ». Zut… on ne peut même plus rire de ça !

Nicolas Sarkozy lui-même en a fait les frais en 1997. Voir Wikipedia “l’entarteur“. Un complice de Godin supposé filmer les entartages le voit arriver. Il met sa caméra en bandoulière, sort une tarte et l’envoie à la figure de Sarkozy en s’exclamant : « Entartons, entartons les arrogants étrons ! ». En s’enfuyant après son coup, le caméraman donne sa dernière tarte à une religieuse qu’il croise dans le hall d’accueil, les gardes de sécurité croiront qu’elle était complice.

Je trouve un côté potache à l’entartage. Rien de réellement violent. ; seule la dignité prend un coup, et encore… D’autres méthodes pour se moquer existent  : nous n’avons plus de La Fontaine avec sa critique sociale et universelle de l’homme à travers les animaux, mais nous avons les “Guignols de l’Info”, ce n’est pas si mal ;  fin des années 1980, il y avait le “Bébête Show”. Parodie, dérision et impostures continuent à nous amuser.

Cliquez ici vous verrez une vidéo d’époque (qualité d’image… bon, ce sont des archives : notre Histoire). Ecoutez bien. C’est un peu long mais intéressant !

Les impostures sont inquiétantes cependant : je pense au match de foot, où les joueurs ont écouté la Marseillaise, main sur le coeur. Le geste était beau, mais si n’importe qui peut se faire passer pour le Président… Aux Etats Unis, les « Yes Men » américains se sont fait inviter à un congrès international en tant que « représentants de l’OMC » et ils y ont fait  un discours prônant le rétablissement de l’esclavage sans soulever la moindre protestation de l’auditoire… De même que le groupe “Action Discrète sur Canal+” fait avaler des couleuvres à droite comme à gauche

La dérision, elle, se manifeste à travers de fausses remises de prix, comme le Big Brother Awards aux USA et le « Tapiro d’oro » en Italie ; chaque année, depuis 1998, un «trophée représentant un tapir doré (par allusion au nez démesurément allongé de l’animal)  est attribué aux politiciens coupables de bourdes mémorables (les candidats sont nombreux depuis 1998).

Mais comment rester dans le convenable ? Jusqu’où peut-on aller ? Aujourd’hui je trouve qu’il y a beaucoup de grossièreté et de “pipi caca”. Le niveau baisse. Il y a toujours les grosses pointures de la contestation mais j’entends quelquefois des grossièretés de la part de jeunots inconnus qui sont très loin du politiquement correct. N’est-ce pas se bâillonner tout seul que de faire taire certains ? Mais jusqu’où donc laisser dire ? Les limites sont très personnelles. Moi j’accepte le cynisme mais pas la grossièreté. Certains diront “Pas d’humour déplacé” quand le sujet est grave (par exemple le Japon du moment, et pourtant…), d’autres estiment qu’il faut éviter les sujets trop provocateurs (caricatures d’Allah ou burqah, par exemple). Pas facile de fixer des limites ! D’autant plus difficile que chacun veut garder son “pré carré”.

Stéphane Guillon a été viré. Je suis inquiète. Les Guignols de l’info sont-ils intouchables ?

Si l’humour évite de s’embourber dans le train-train, la routine, la facilité, et si le rire est un moyen supplémentaire de désobéissance civile, alors là, c’est sûr, ce n’est pas demain que j’arrête de me marrer.

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Rires (encore)

Et si nous réfléchissions davantage ?

Comme le disait Paul Léautaud, « On rit mal des autres quand on ne sait pas d’abord rire de soi-même.» Où en êtes-vous ? Pas facile de rire de soi, hein ? Surtout devant les autres… Soyons plus légers et revenons au rire et à ses vertus, puis à ses conséquences.

Le rire a des vertus thérapeutiques, les scientifiques le reconnaissent. Et les femmes sont les premières à se lancer pour aller bien, pour aller mieux. Voyez la photo et si vous avez le temps, allez voir ce lien :

http://ateliers.rire-et-delire.com/lecturit/Kataria/yoga_du_rire.htm

Le rire contribue à atténuer les effets négatifs du stress, tueur numéro un aujourd’hui. Il a été prouvé, sans l’ombre d’un doute, que le rire contribue à renforcer le système immunitaire.

Combien de fois rions-nous chaque jour ? Combien de temps chaque fois ? Ca fait combien de temps sur une année ? Pourquoi avons-nous oublié le conseil d’Henri Salvador ? “Faut rigoler”. Cliquez ! Riez ! Henri Salvador : \”Faut rigoler\”

Par contre, d’autres ne rient pas de vous entendre rire. Ceux qui détiennent une petite once de pouvoir, qu’ils soient religieux, politiques ou simplement en vue pour leur action sociale ou économique, ceux qui sont sous les projecteurs et qui se croient stars inaltérables, inamovibles alors qu’ils sont éphémères et interchangeables,  tous ceux-là redoutent vos rires. Ils ont compris et ne peuvent accepter que ce rire, qui vous fait tant de bien pour oublier vos tracas quotidiens, pour oublier la vanité et la vacuité de ce monde, que ce rire donc soit redoutable pour leur image.

C’est bien ça le problème avec le rire : ce qui fait du bien aux uns peut faire du mal aux autres.

La liberté de penser passe par le rire. Mais la liberté de penser fait peur...

Le rire ébranle l’autorité. Les “chansonniers” d’autrefois,  type d’humoristes bien français, champions de la satire, ont été remplacés par de nouveaux trublions qui ouvrent la voie aux rires et se font bâillonner quelquefois. Pas trop. Les dirigeants (courageux) nous laissent rire, ils nous permettent ainsi d’évacuer notre trop-plein de colère, notre frustration, notre souffrance, ce qui les laisse tranquilles un peu plus longtemps. Ils savent que si nous rions, nous évacuons notre violence. Empêchez-nous de rire, nous irons encore plus vite dans la rue.

Pourtant, en France, railler un “roi”, un prince ou un ministre commence à poser problème aujourd’hui. Dans ce monde où la communication est devenue outrancière, nous recevons en temps réel images, informations : brutes. Par contre l’image d’une “personnalité” doit être soignée, protégée, travaillée. Or, le moindre “coup de semonce” ébranle l’idole ; sous la moindre risée, le chêne n’est pas très solide. Manque de racines, de bases, de légitimité ?

Rire d’un prince, c’est le rappeler  à la raison, à la mesure. lui faire savoir que le prix du pain ou celui du ticket de métro augmente, que la vie devient de plus en plus difficile pour le Français moyen, que si, lui est assis plus haut que les autres, il n’en reste pas moins assis, comme tout le monde, que “sur son cul” (Montaigne) et que s’il vient à abuser davantage de son pouvoir, il risque de se trouver très vite par terre avec la plèbe.

Dommage que personne ne lui donne de sages conseils ! Jadis le fou du roi, insolent, rappelait son maître à la raison ; aujourd’hui le roi est isolé ; les courtisans, peureux, ne pensant qu’à la pérennité de leur emploi, ne cessent de se tortiller et de courber l’échine pour lui plaire. Ils lui évitent toutes les attaques au vitriol, particulièrement celles qui pourraient les éclabousser. Comme ils doivent manquer de confiance en eux ! Méfions nous : les chiens peureux sont souvent les plus dangereux.

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Travail.

Lundi matin, allez,  au travail ! La semaine commence ! Quelques mots d’encouragement. Euh…  N’oubliez pas que : “Se rendre à son travail, c’est se constituer prisonnier”.

Je me demande si c’est vraiment encourageant.

Mais, finalement vous semblez partir au travail de votre propre chef, ce lundi matin ; pourtant vous pourriez vous trouver des motivations inverses :

1 – “Le travail est l’opium du peuple… Je ne veux pas mourir drogué.” (Boris Vian)

2 – Penser à ce proverbe corse “Si tu as envie de travailler, assieds-toi et attends que ça passe”.

3 – ou encore vous dire “Il y a trois millions de personnes qui veulent du travail. Ce n’est pas vrai, de l’argent leur suffirait.” (Coluche)

Au fond, vous êtes contents d’aller vous asservir. Bizarre. Vous avez été vraiment bien conditionnés. Tout ça pour de l’argent… A celui qui vous dira qu’il s’est enrichi  par le travail, demandez : “De qui ?” En ce qui me concerne, ceux qui ont travaillé autour de moi ne se sont pas enrichis ; ils ont subvenu à leurs besoins, plus ou moins bien. C’est tout.

En ce moment, vous avez peur. Comme chaque fois qu’il y a une crise, les travailleurs s’inquiètent et certains en profitent : les conditions de travail se dégradent, les salaires stagnent.

Vous regardez avec colère les privilégiés qui vous gâchent la vie. Ici, je ne parle pas des patrons mais de quelques employés privilégiés ; vous pensez fonctionnaires ? Non, là, je vous parle des employés de la Séchilienne à l’île de la Réunion qui ont privé, ce samedi, une grande partie des Réunionnais d’électricité, donc de téléphone et d’eau. Pas de possibilité de faire ses courses samedi : magasins fermés (pas de lumière, pas de climatisation, pas de caisses).

Sur l’île, votre fils (diplômé) n’a pas trouvé de travail, votre frère a perdu son emploi, un de vos amis ses congés payés, l’autre un certain nombre d’avantages acquis, votre salaire est ridicule et, eux à la Séchilienne, ils réclament une majoration de 53% du leur. Ils touchent déjà une sur-rémunération de 25% insuffisante selon eux.

Qui paie tout, en bout de course, si ce n’est vous ? Vous le savez et ça vous contrarie. Vous savez aussi que quand la tension monte, vos appareils électriques souffrent et les câbles risquent de péter…

“Il y a récession quand votre voisin perd son travail, dépression quand vous perdez le vôtre.” (Harry Truman)

… et une révolution quand tout va mal.

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Héros des temps nouveaux

Comment vous sentez-vous, vous, ces derniers jours ? Je ne veux pas dire que ces jours sont vos derniers jours, ni les miens, mais ces jours, cette semaine qui vient de passer, comment les avez-vous regardés ? Il y a pile poil une semaine que la terre a tremblé au Japon, qu’un tsunami a suivi et que dans cette région, la vie a pris des allures de fin du monde.

Pour un nombre incertain de victimes, le vendredi 11 mars 2011 a bel et bien été la fin du monde dans d’horribles conditions.

Pour ceux qui survivent, l’horreur continue dans le froid et la neige.

Quand les rues de Sendaï, Tokyo, Hiroshima, Osaka ou ailleurs au Japon reverront-elles kimonos, jeans, costumes occidentaux de yuppies locaux se croiser, à nouveau sereinement ?

Pays de contrastes où traditions se mêlent à modernité et où la retenue, le calme apparent cachent des peurs profondes, de la détresse sans aucun doute. Stoïcisme des Japonais ?

Nous imaginons bien comment les choses seraient différentes chez nous. Si nous ne comprenons pas toujours les façons de vivre d’autrui, au moins admirons celles qui semblent admirables. Les règles de savoir-vivre, bien intégrées, donnent des individus policés que nous pouvons plaindre par moment (dans quel carcan sont-ils enfermés ?) mais qui permettent de vivre en harmonie. Pas de cris, de hurlements, de bousculades… Respect et organisation qui permettent au plus grand nombre de survivre comme des êtres conscients et non comme des bêtes sauvages. Mais ne l’oublions pas les Japonais, femmes, hommes et enfants sont des êtres humains comme nous, ils ont peur et paniquent comme tous les humains. Sont-ils plus patriotes ? Certains disent qu’ils vivent dans un régime féodal au XXI° siècle. Ils sont donc lucides, critiques, mais ils sont “tellement bien dressés” qu’ils se conduisent en civilisés et ne montrent guère leurs émotions et leurs sentiments. Faut-il les admirer ou les plaindre ?

Que penser à la vue de cette jeune femme ou jeune fille ? “La madone des décombres”, c’est ainsi qu’elle est appelée désormais. Restera-t-elle dans ma mémoire autant que celle de la Madone de Benthala ? Je ne crois pas. L’image frappante de cet événement au Japon était, pour moi, la vague noire du tsunami.

Et elle, cette jeune femme ? Elle est sidérée. Pas de cellule de crise pour elle ni pour les autres Japonais ? Peut-être que cela n’existe pas. On pourrait leur livrer quelques spécialistes qui semblent s’ennuyer chez nous où l’on crée des cellules de crise pour tout et surtout pour rien ou du moins pas grand chose… Je ne donnerai qu’un exemple : cellule de crise en décembre 2010 à Paris. 5 cms de neige et hop : bouchons, plus de trains, plus de bus… Ile de France bloquée. En cas de tremblement de terre, on fait quoi ? Et en cas de  nuage radioactif ? Ah, j’oublie, ils font demi-tour aux frontières françaises les nuages “atomiques”. Je devrais me taire mais je n’y arrive pas. En 1986, ça m’a pourtant causé quelques soucis de traiter un certain nombre de personnes de grands benêts naïfs. L’avenir m’a pourtant donné raison.

Revenons au Japonais. Pris individuellement, sans doute faut-il le plaindre, mais reconnaissons que, la plupart du temps, le groupe est à envier. A Sendai, les plus jeunes et les plus valides ont laissé les moins bien lotis pour fuir. Je ne peux les critiquer, c’est humain, et c’est une loi de la nature que les plus forts et les plus résistants s’en sortent. Ne criez pas ! L’instinct de survie, ça existe. Et le sens de la réalité aussi ! Tout le monde ne peut pas être un héros.

Je vais prendre un raccourci qui risque de déplaire mais les kamikazes (étymologiquement : vent divin) avaient la même foi que Jésus : le sacrifice d’un seul homme pour la salut du plus grand nombre. De là à mettre des stèles à ces héros des temps nouveaux… Reconnaissez qu’ils le mériteraient ces inconnus qui se dévouent et offrent leur vie pour maîtriser les radiations et autres émanations qui s’échappent de la centrale de Fukushima. Il en faut. Il y en a de partout, au Japon et ailleurs. On le voit à chaque fois qu’un cataclysme se produit. Moi, je pense aux pompiers du 11 septembre.

Notre épouvante devant les images horribles qu’on nous envoie ne doit pas rester peur stérile. Il faudrait arriver à faire changer les choses, changer le monde, mais comment ?

La nature nous a montré une fois de plus qu’elle est bien plus forte que nous. Nous sommes démunis devant les cataclysmes. Que pouvons nous faire en cas de tremblement de terre, d’éruption volcanique, de tsunami, de cyclone, de météorite gigantesque ?

Je crois que la réponse est malheureusement : rien.

Malgré toutes les lois, les mesures de protection, les plans A, B ou ORSEC, malgré tous les moyens dont nous pouvons disposer, il ne nous reste que nos yeux pour pleurer et notre conscience, bonne ou mauvaise, pour constater les faits, tenter de sauver ce qui peut l’être et préparer notre avenir ou du moins l’avenir de ceux qui vont rester. Ce n’est pas gai. Peut-être est-ce cependant porteur d’espoir ?

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