Prison

La prison, pardon, le centre pénitentiaire de Saint-Denis de la Réunion ou plus précisément de Domenjod (quartier de la ville de Saint Denis) est récente. Le projet devait être réalisé au lieu-dit “Beau Séjour” mais certains y ont vu un humour douteux et les habitants du quartier ne goûtaient guère le voisinage de personnes peu recommandables. Continuer la lecture

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Circulez !

Je n’arrive pas vraiment à quitter les ponts, ces liens entre les rives, entre les Hommes.

Et voilà où peut vous entraîner un pont Aval.

“Il m’a fallu une heure et quart pour parcourir ces quelques 15 kilomètres!” Continuer la lecture

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Grand-Mère Kalle (1)

Je me promène avec les fées, de temps en temps, depuis quelques jours.  Je parlerai de Morgane la fée sans doute bientôt, mais pour l’heure, en évoquant la fée Carabosse dans un récent billet (clic), je me suis souvenue qu’ici, à la Réunion, nous avons aussi une sorte de sorcière : grand mère Kalle. Ce n’est pas une sorcière de l’école d’Harry Potter, Continuer la lecture

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La sirène du Mississipi

Je vous parlais de la fée Mélusine, il y a quelques jours, femme et sirène qui vit dans les Cuves de Sassenage, près de mon lieu de naissance : Grenoble, mais là où je vis aujourd’hui (depuis quelques lustres), nous avons eu, quelques jours, notre sirène :

“La Sirène du Mississipi”. Non,  je ne délire pas. Continuer la lecture

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Charles Baudelaire, le nomade

Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas écrivait Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris.

Pauvre homme, c’est sans doute pour cette raison qu’il déménagea aussi souvent. Un nomade, un SDF, c’est bien ça  : Sans Domicile Fixe. Continuer la lecture

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Certaines “taties” de l’île de la Réunion

C’est en pensant à Jacinte, que je fais un “copié-collé” d’un article du Journal de l’Ile de la Réunion.  Un problème en classe maternelle dans une école du sud de l’île. Il s’agit des méthodes surprenantes de certaines assistantes de classe, les Atsem, appelées “taties” à la Réunion qui ont des comportements… violents ? sauvages ? inadaptés ?

Ce n’est pas nouveau ; certaines sont là, on ne sait ni pourquoi, ni comment, et surtout ni “grâce à qui ? Il en est de fort dévouées, gentilles, maternelles. J’en croise d’anciennes, qui ont vu passer mes enfants dans leur classe, dans les rues de la ville, avec qui je suis contente d’échanger quelques mots, ne serait-ce qu’un bonjour souriant tant je les trouvais dévouées dans un métier qui n’est pas facile et surtout fort peu reconnu. Lisez donc l’article ci-dessous et vous verrez que les méthodes dénoncées sont rudes.

Révélée mardi par Antenne Réunion et relayée dans le Journal de l’île, “l’affaire des taties scotcheuses” a rapidement fait le tour du petit village des Makes à Saint-Louis. Au point que la mairie s’est saisie du dossier et a décidé de prendre des mesures disciplinaires à l’encontre des deux jeunes femmes. Entendues hier par le directeur des affaires scolaires et le directeur général adjoint de la commune de Saint-Louis, les assistantes maternelles accusées d’avoir appliqué du ruban adhésif sur les yeux, les mains et la bouche de 7 enfants d’une classe 1re section de l’école Paul-Hermann ont été mises à pied à l’issue de l’entretien. “Il s’agit là de faits inadmissibles. Étant donné leur gravité, la municipalité a décidé dès aujourd’hui de prendre des mesures conservatoires à l’encontre des deux jeunes femmes. Elles sont donc mises à pied pour une durée indéterminée”, a indiqué Bernard Filiao, le directeur général adjoint de Saint-Louis. Si la décision a été accueillie avec soulagement par les parents des enfants victimes de cette méthode pédagogique que l’on pourrait qualifier de “particulière”, ces derniers regrettent le manque de réactivité des autorités dans cette affaire. “Ma fille a commencé à me raconter que les taties utilisaient du scotch il y a environ 2 semaines. J’ai alors essayé de contacter la directrice de l’école afin qu’elle m’explique de quoi il en retournait. Tout ce qu’elle m’a répondu c’est que des sanctions seraient rapidement prises à l’encontre des personnes concernées”, se rappelle Eric Cadet, papa d’une petite fille de 3 ans. Une promesse que Clarisse Bertile, un autre parent d’élève, affirme avoir elle aussi entendu. “Nous avons essayé de porter plainte auprès des gendarmes mais ils nous ont renvoyés vers la mairie. Lorsque nous avons fait part et de notre inquiétude auprès des services municipaux, ces derniers nous ont assuré que ces agissements seraient très vite sanctionnés”, affirme-t-elle. Las, selon les parents, rien n’aurait été fait et les choses auraient pu continuer encore longtemps sans la médiatisation de l’affaire. Une affaire qui pourrait cependant s’accélérer pour les deux taties. La municipalité de Saint-Louis réfléchit en effet aux suites à donner à cette controverse.

Controverse ? Une controverse est une discussion argumentée engendrée par l’expression d’une critique quant à une opinion, un problème, un phénomène ou un fait. Ce qu’il faut résoudre, c’est le problème de ces “taties”. A mon avis,  il s’agit de maltraitance ni plus ni moins. Qu’en pensez-vous ?

Nota : L’adhésif utilisé était le gros “scotch” marron pour fermer les colis.

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Tirer son chapeau

Clin d’oeil à Geneviève.

L’homme au chapeau de MagritteComme vous l’avez remarqué tout seul, de nos jours, les porteurs de chapeau ne courent pas les rues. Ils ne sont pas nombreux dans les champs, dans les campagnes non plus. Il fut un temps où le chapeau, également symbole de virilité, était un objet vestimentaire indispensable. A la Réunion, la tradition a duré plus longtemps qu’en métropole, et quand je suis arrivée, il y a plus de trente ans, les dames créoles, d’un certain âge, ne seraient pas sorties sans leur capeline, de même que les hommes n’auraient osé se promener sans leur couvre-chef, en feutre, qu’ils enlevaient en vous croisant.

« Oté,vieux mounes longtemps y connaît bons manières.»

Pour marquer le respect, la déférence envers quelqu’un, une femme en particulier, on avait deux possibilités : soit on s’inclinait devant la personne, soit on enlevait, soulevait et abaissait son chapeau. Cette deuxième possibilité revenait donc à remettre son chapeau sur sa tête, vers le bas ou chapeau bas. C’est donc de cette forme de salut respectueux que, depuis le XVIIe siècle, chapeau bas est devenu, même si on n’a pas de chapeau, une locution marquant aussi bien la déférence que l’admiration, le RESPECT ! ouais ! ouais !

Tirer son chapeau n’est qu’une variante, « tirer » ayant le sens d’enlever (tire out’ savates, c’est enlever ses tongs à la Réunion). Quant à Chapeau !, c’est une interjection, souvent accompagnée d’un mouvement du pouce en l’air, vers le haut, destinée à marquer l’admiration plus que le respect ! On dit souvent « chapeau l’artiste ! »

Et le coup de chapeau, c’est pareil : admiration, ou peu s’en faut.  Selon l’Oxford English Dictionary, l’expression « coup de chapeau » vient d’une coutume du XIX° siècle qui était d’offrir un chapeau neuf à l’insigne du club, au joueur de cricket qui réussissait à renouveler trois fois de suite le même bon coup.

Mais ne me demandez pas de détail sur le cricket , pas plus que sur le football qu’il soit américain ou autre ! Tirez moi plutôt votre chapeau pour oser dire fort, même face aux aficionados : « Je n’aime pas les matchs de foot !»

Je ne demande pas l’interdiction de ces versions modernes des jeux du cirque, je demande à être dispensée, surtout en ce qui concerne le foot, de la diffusion simultanée sur toutes les chaînes de télévision des matchs dont je me moque, et des retours sur l’information des stades, pendant des heures, samedi, dimanche, lundi… Domenech peut se marier avec Zahia, Ribery se pacser avec qui il veut, ils peuvent boire et manger ce qui leur plait : du porc, du boeuf… je m’en fous. Ils m’exaspèrent, vous m’exaspérez aussi, vous, les fans  (je ne parle même pas des hooligans) « Qu’est-ce qu’ils ont de mieux que vous ces footeux ? » Pas le cerveau ! C’est sûr. (Au moins je l’espère pour vous, car dans l’ensemble, l’intellect ne vole pas trop haut ; il suffit de les entendre parler). Leur art ( ?), leur style, leur efficacité avec un ballon au pied ? Il me semble qu’ils ne sont plus très bons nos Bleus. Leur entraîneur était calamiteux. Le nouveau ?  Je ne sais pas, je vous dis, je me bouche presque les oreilles quand j’entends le mot foot. Ils gagnent combien par mois, chacun , ces fabuleux joueurs ? Et vous ? Ah, c’est ça, vous rêvez. Pff !

Je me pose d’autres questions à propos des… « sportifs », des fous du stade, ceux des gradins, j’entends. Une fête, les matchs ? Furiani, le Heizel, Estadio Nacional au Pérou, et les paniques de Turquie,  du Guatemala, de l’Argentine et de Russie . Quels affreux souvenirs ! Pourquoi prennent-ils peur les gens qui constituent la foule des stades, si c’est un monde de gentils ?  Je vous rappelle comme ça, juste pour mémoire, la catastrophe qui a eu lieu le 20 octobre 1982 lors d’un match de football, au stade Loujniki,  et qui a causé la mort de 61 personnes (selon les chiffres officiels), d’au moins 99 personnes selon une autre source et même  de 340 morts (chiffre révélé en 1989).  La Pravda. Ca existe encore ?  Le journal, non. Fini en 1991, il me semble. Pravda, c’est pas vérité en russe ? Alors là…

Je vous rappelle aussi que c’est dans ce stade que se jouera la finale de la Coupe du Monde  2018. Le Stade Loujniki ou Stade Olympique de Moscou est la plus grande enceinte  sportive de Russie. Elle peut accueillir actuellement 78 360 spectateurs et fut inaugurée le 31 juillet 1956, sous le nom de Stade Central Lénine, et contenait 103 000 places alors.

Vous êtes libre d’aller où vous voulez regarder les matchs. Vous êtes libre de regarder ça à la télévision, mais je suis libre de vouloir regarder autre chose.

Je demande à être libre de pouvoir le faire.

 

En 1998, un livre était paru avec un titre clair “Rien à foot”.

Heureuse que la France gagne, mais bien décidée à ne pas regarder  des hommes courir derrière une baballe.

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A la Réunion, un senior sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté

Economie Réagir

Un senior sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté

Sans minimum vieillesse, 40% des seniors auraient un niveau de vie inférieur à 633 euros et 10% vivraient avec moins de 220 euros. Le minimum vieillesse, représentant 124 millions d’euros à la Réunion, est versé à 77% par la Caisse générale de sécurité sociale, à 12% par la Caisse des dépôts et à 10% par la MSA (exploitants agricoles).

Voir l’article complet sur clicanoo : cliquez.

Je sais que nous, les DOMiens, avons été appelés “les danseuses de la France” par Philippe de Baleine,  mais je vous renvoie mon article “il faut être juste avant d’être généreux” dans lequel je relevais que “la France octroyait une aide financière exceptionnelle de 400 millions d’euros pour les dépenses d’urgence et la relance de l’économie à la Côte d’Ivoire”.

Et si le gouvernement pensait à ses vieilles danseuses françaises ?

“Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère”, vous parlez d’une société idyllique.

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N’y a-t-il pas un scandale à dénoncer ?

Epidémie de chikungunya à la Réunion : 2005-2006

Le chikungunya (en abrégé le chik) , est une maladie infectieuse tropicale,  transmise par des moustiques du genre Aedes. Le nom est d’origine africaine : chikungunya en français « maladie de l’homme courbé » car elle occasionne de très fortes douleurs  articulaires associées à une raideur, ce qui donne aux patients infectés une attitude courbée très caractéristique.

Le chikungunya n’est pas une maladie nouvelle. Le virus a été isolé pour la première fois en 1952-1953 lors d’une épidémie de fièvrequi sévissait sur le plateau du Makonde au Tanganyika (actuelle Tanzanie).

En janvier 2005,  le chikungunya s’est invité à La Réunion.

Nous connaissons aujourd’hui la suite des événements : fièvres, souffrances, invalidités passagères et/ou permanentes et quelques décès. Nous nous souvenons aussi que dans un premier temps, les autorités sanitaires et politiques nous ont pris pour des rigolos, douillets avec une propension à la victimisation. Pourquoi écouter ces quelques (sous) citoyens lointains (700 000 et quelques) ?

On a nié notre parole et notre souffrance : “Il n’y a rien de tel dans les publications médicales”. Ce n’est pas écrit, ça n’existe pas. Vous affabulez. Qui a rappelé l’existence de cette maladie et de ses symptômes ? Quand ? Je ne me souviens pas.

Face à l’ampleur prise par l’épidémie, les services de santé ont tenté de nous rassurer en nous prenant toutefois  pour des débiles : l’épidémie devait cesser devant les rigueurs  de l’hiver austral, et même “les moustiques aedes albopictus ne piquent pas dans les maisons”, disait un certain directeur de la santé, Antoine Perrin, muté ensuite en Lorraine puis au Ministère de la santé (comme quoi le principe de Peters n’est pas une légende : un employé ne restera dans aucun des postes où il est compétent puisqu’il sera promu à des niveaux hiérarchiques supérieurs, ce qui signifie qu’avec le temps, tout poste sera occupé par un incompétent incapable d’en assumer la responsabilité).

Le 10 novembre 2005, la sénatrice de la Réunion Gélita Hoarau avait alerté les autorités sur la « véritable catastrophe  sanitaire qui ravage l’île ». Elle avait obtenu du ministère de la santé une enveloppe de 52 000 euros (à rapprocher des millions pour la Côte d’Ivoire) et l’envoi de 20 personnes pour la démoustication.

Je ne ferai pas liste de toutes les sornettes énoncées à l’opinion réunionnaise. Tout et son contraire ont été affirmés.

Même si le moustique n’entre pas dans les maisons, il faut équiper son lit d’une moustiquaire et ses portes et fenêtres de grillages fins, style passoire ou tamis, d’après ce même monsieur Perrin. C’est idiot si les moustiques ne rentrent pas, non ? Les donneurs de conseils étaient-ils commissionnés par les fournisseurs de voilages protecteurs ?

L’aedes albopictus est un moustique urbain. Ce sont ces foutus citadins qui les élèvent dans leurs pots de fleurs et leurs jardins.  Il n’y en a pas dans les ravines  et dans les champs  (c’est pourquoi on ne démoustiquait plus ?)

Puis l’armée est arrivée : drôle de guerre ! L’armée affectée à la démoustication des ravines. Ca faisait un peu, beaucoup guerre bactériologique. Et ce n’était pas faux de le penser. L’emploi abondant d’un pesticide, le Fénitrothion, était insensé.

Ce pesticide est si dangereux qu’il est interdit dans les zones habitées ainsi qu’à leur périphérie. Il n’est pas agréé par le ministère de l’Agriculture. Il a été définitivement interdit par l’Union européenne le 1er septembre 2006.

Globalement, le Fenitrothion est classé comme nocif, dangereux pour l’environnement, nocif en cas d’ingestion,  très toxique pour les organismes aquatiques et dans le cas présent, pour les larves de moustiques (heureusement). Il peut entraîner des effets néfastes à long terme pour l’environnement. On comprend mieux pourquoi maintenant nombre d’élèves, d’employés… ont fait part de maux de tête aigus suite à des campagnes de démoustication.

On a aspergé La Réunion de cet insecticide entre 2 et 5 heures du matin. “C’est sans danger, mais rentrez chez vous, calfeutrez-vous, mettez vos provisions à l’abri ainsi que vos animaux et, 15 jours durant, évitez de mangez les fruits et légumes de votre jardin”.  Ben pourquoi ? Si c’est sans danger…

Ce n’est pas ce qu’ont dû penser mes poissons en rendant leur dernier soupir (au fait, ça soupire un poisson ?) En effet, un matin, je les ai retrouvés, tous, le ventre en l’air : carpes koï, comètes, bonnets rouges…  Il fallait protéger ses animaux (chats et chiens à l’intérieur). Pour les bassins avec poissons, il fallait les recouvrir. C’est ce que j’ai fait à chaque fois que j’ai été prévenue du passage des hommes en blanc. Compte tenu de la saison des pluies, ils passaient quand il ne pleuvait pas et sans prévenir alors…

Ces aspersions massives et systématiques étaient inefficaces puisqu’elles doivent avoir lieu lorsque le moustique est en train de chasser, soit dans la journée (entre le lever et le coucher du soleil), or les aspersions avaient lieu la nuit.

Par contre, outre mes poissons, ceux de mes voisins, leurs tortues, les guêpes (je ne les pleure pas), les  abeilles (et là, c’est inquiétant quand on sait ce qu’il adviendra de nous quand elles n’existeront plus), les endormis (lézards) et bon nombre d’oiseaux sont morts. Les moustiques ? Rien n’est moins sûr.

On est en droit de se demander désormais ce que sont devenues toutes ces quantités d’insecticides pulvérisées. On sait que les produits qui résultent de la dégradation du Fenitrothion sont 10 fois plus toxiques que le produit initial. Combien en retrouvera t-on dans les milieux aquatiques réunionnais, dans le sous-sol, dans les plantes, les fruits, les légumes, pendant combien de temps ?

Grâce aux journaux, aux radios et aux télévisions locales, et grâce à quelques maires et députés, le Fénitrothion a finalement été abandonné et remplacé par un bio-insecticide : le Bti (Bacillus thuringiensis israelensis).

Comme je suis une incorrigible lucide, tendance pessimiste diront certains  (je passais pour une folle en avril 1986 quand j’ai dit “pas vrai, les nuages de Tchernobyl ont passé les frontières”), je me dis, depuis cinq ans, que les aspersions ont cessé quand les stocks ont été épuisés. Il ne faut pas oublier que les stocks de Fénitrothion devaient être détruits à partir de septembre 2006 dans la communauté européenne. Or détruire ce type de poisons est difficile et surtout coûteux.

Quelle aubaine que de trouver un territoire où s’en débarrasser ! Mais personne ne le dit. Si quelqu’un m’explique comment on peut se battre…

On finira bien par voir qu’on nous a empoisonnés.

Des vies contre des euros ? Encore une fois l’intérêt financier prime.

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Le créole à l’école ? Non pas de kreol a l’ekol !

Nana encore pailles en queue, mais lé un vrai misère, nana beaucoup moins que dans le temps lontan à cause ban’ monde la construit trop d’zaffaires, la mette grillages sur la falaise, zoizo y gagne pi nicher comme avant.”

Ma tentative de “parler créole à l’écrit” se heurte à la graphie ; “mon zyé, mon tête ac mon dwa i konné pa vrémen komen i fo ékrir”.  Oui je vous écrirais bien en créole, mais comment ?

C’est une langue parlée pas écrite, n’en déplaise à certains intellectuels qui ont trouvé de quoi  briller à peu de frais et se constituer une rente. “Intellectuels” métropolitains organisant dictionnaire, graphie créole. Je rêve, je cauchemarde plutôt… Une chose est certaine, je m’énerve et je ne dois pas être la seule.  Je vais essayer d’expliquer la situation le plus objectivement possible.

Je commence donc par ce qui me gêne le plus et qui m’amène à écrire cet article : le créole et pire, Lékritir Kréol.

Je le dis (et je le répète) le créole est une langue de tradition orale !

L’écriture créole « Lékritir Kréol » est une graphie phonétique du créole réunionnais, inventée à la Réunion en 1977 par un collectif d’intellectuels désireux de défendre l’identité réunionnaise et baptisée “Lékritir-77”. Peu utilisée, car trop compliquée  (des k, kw…) pour écrire une langue dont les mots sont d’origine française, elle est presque totalement abandonnée à l’heure actuelle, remplacée par la graphie 83, puis par la graphie 2001. Pas clair pour le commun des mortels !

Exemple d’écriture 77 extrait du livre “La Réunion humoristique” (éditions Jacaranda)

“Mwin mi koné pa si zot y compran sat mi diazot. Sa sé l’ékritir 77. E si ou lé pa kontat, pren konstan ! Si bann touris i rod somin sinpir, di a zot na in vil i apèl Saint-Pierre mé lé ékri si pankart in lot fason…” Traduction : « moi, je ne sais pas si vous comprenez ce que je vous dis. Ca, c’est l’écriture 77. Et si vous n’êtes pas contents, « pren konstan » (traduit : c’est pareil ?). Si les touristes cherchent le chemin pour Saint Pierre, dites-leur qu’il y a bien une ville qui s’appelle Saint Pierre mais sur les pancartes, c’est écrit d’une autre manière ».

Note : « pren konstan » ; personne autour de moi ne connaît cette expression.

Photo prise près de chez moi par le journal local “Le Quotidien de la Réunion”.

A Saint Denis de la Réunion, en 2011, le maire a fait mettre de nouveaux panneaux qui, vous vous en doutez, n’ont pas fait l’unanimité. « Mi dis à ou, l’argent n’en a, alors y faut dépenser ! » Si ce n’est pas gaspiller l’argent public, ça ! Pas de quoi acheter les fournitures scolaires des enfants des écoles de la commune, mais « faire couillonnises », c’est possible ! « N’a point rien pour faire, donc ? »

Graphies 77, 83, ou 2001 : « Finalement personne y connaît comment y faut écrire vraiment. » Moi, j’ai tendance à dire « comme en français, seule la syntaxe change ! » Graphie créole « endictionnarisée », masturbation intellectuelle de gens qui s’ennuient et qui ont trouvé une poule aux œufs d’or. Il y a des commissions et des « machins » pour réfléchir à la langue créole, oui, oui, et on les paie pour ça ! Il y a des tas d’autres choses à faire, non ?

Bon, mais la langue créole, c’est quoi au juste ?

Je le dis fermement : « Une adaptation orale régionale de la langue française. »

Bien qu’issues d’une base commune : le français, les langues créoles sont devenues incompréhensibles entre elles : un Réunionnais ne comprend pas bien un Mauricien et encore moins un Martiniquais ou un Guadeloupéen.

L’isolement causé par l’insularité explique la distance prise avec la langue française, qui a (elle aussi) évolué en métropole depuis le XVIIe siècle, sans compter, dans les îles, l’apport des langues étrangères : mots en provenance de Madagascar (pour la Réunion), d’Asie (Chine ou Inde), d’Afrique ou d’Amérique du Sud pour les Antilles.

Le créole de la Réunion est un développement autonome de la langue rurale et  maritime des régions ouest de la France du XVIIe siècle : breton ou angevin qui ont laissé leurs noms aux familles et aux lieux-dits : familles Lebreton, Langevin ou Hoareau. Les Français qui s’établissaient à la Réunion étaient pour la plupart illettrés, marins, charpentiers le plus souvent, quelquefois paysans, de condition sociale proche de celle des groupes ethniques avec lesquels ils entraient en relation : vocabulaire limité au nécessaire. En peu  de générations, leur langage s’est “créolisé” accentuant l’écart entre la langue des nantis, lettrés (?) des classes dirigeantes et celle du reste de la population, longtemps maintenue dans l’ignorance, l’obscurantisme, voire même en état de servilité pendant la période coloniale.

Le peu de considération de la langue créole, qualifiée de “vulgaire patois” ou de “méchant dialecte” par la culture dominante, le manque de considération pour ce langage méprisé impliquait une honte pour ceux qui le parlaient : les inférieurs. Toutefois, le créole était la langue de communication de tous les nouveaux arrivants : ciment de la population ! C’était la seule langue comprise et utilisée par tous, adaptée selon les besoins.

Le créole s’est naturellement répandu dans toute l’île avec de nombreuses variantes locales. Aujourd’hui, les variantes évoluent encore différemment selon qu’on est en ville ou dans les écarts.

Les accents et les mots varient d’un coin à un autre de la Réunion et on distingue : le créole des Bas, des Hauts, de Saint Denis, des cirques, des Cafres, des Malbars ou des petits blancs sans compter que le créole se francise et le français continue à se créoliser, mais n’est-ce pas le propre d’une langue vivante que d’évoluer ? Si l’on ajoute les effets conjugués de la télévision et d’internet, le créole n’a pas fini de changer. Tant mieux ! Il n’y a que les morts qui ne changent plus. Les langues comme le grec, latin ou d’autres encore que je ne connais pas, n’ont que des dictionnaires et de rares livres pour les faire connaître. Les créoles ont la musique : n’est-ce pas ce qu’il y a de plus vivant ? et la rue, la vie quotidienne, la COUR de l’école…

La langue française est à la Réunion, comme dans tous les départements français, la langue officielle. Elle est donc aussi celle de l’enseignement.

Si certains élèves, défavorisés par leurs origines, ignorent en entrant à l’école tout ou partie de la langue dont ils sont censés acquérir la maîtrise, il faut les aider à franchir ce cap difficile. Accueillir en créole mais enseigner en français pour ne pas laisser la population en situation d’isolement : la créolophonie borne l’horizon aux frontières de l’île. Il faut aujourd’hui maîtriser la langue officielle : le français et, en plus, une langue internationale reconnue comme telle : l’anglais..

Si, depuis novembre 2000, le créole réunionnais a acquis officiellement le statut de langue régionale, à ce titre son enseignement est proposé en option dans les établissements scolaires de l’île, il n’en reste pas moins vrai que la graphie de cette langue est contestée et contestable. Quels enseignants et pour quelle langue ?.

Un concours de professeur des écoles «spécifique» a récemment été créé pour former les enseignants du primaire et pour ceux du secondaire, un CAPES de créole. La première session a eu lieu en juin 2002. Ce CAPES créole ne prend pas en compte la diversité des créoles parlés à la Réunion et dans les autres DOM, il est loin donc de faire l’unanimité. Et qui réussit le concours ?

Face à un analphabétisme qui ne régresse pas et face à des jeunes qui ne ressentent ni la nécessité, ni l’envie de s’exprimer en français, pour de multiples raisons dont le désespoir : pas de travail… cette maîtrise de la langue française orale et écrite est redevenue aujourd’hui la priorité de l’école. Le phénomène ne touche pas que la Réunion, il touche aussi la métropole avec les « dialectes » qui ont aujourd’hui cours dans les banlieues. Comment unifier la France, en faire véritablement un état laïc et uni si ce n’est par l’utilisation d’une langue commune. Il ne s’agit pas de nier ce qui existe depuis plus ou moins longtemps, mais il faut que les régionalismes, particularismes, clanismes et autres distinctions restent ce qu’ils sont : des coutumes ou des langues vivantes en parallèle. Il n’y a aucune nécessité à codifier et surtout à officialiser les « dérives ».

Le traité de Villers-Cotterêts (août 1549) signé par François I° visait à unifier le pays ni plus ni moins : tenue d’un état civil et utilisation d’une langue commune officielle dans laquelle tous les actes devaient être rédigés.

Grâce à ces lois, la vie publique du pays était  liée à l’emploi scrupuleux du français, ignorant superbement les particularismes locaux.

Le manifeste du groupe qu’on appellera plus tard la « Pléiade » proclame, dix ans après l’ordonnance de Villers-Cotterêts, l’excellence et la prééminence du français en matière de poésie. L’attachement résolu à la langue française répond à des exigences politique, juridique et littéraire. C’est cette même exigence qui a conduit Richelieu à décider de la création de l’Académie française en 1635 pour « donner à l’unité du royaume forgée par la politique une langue et un style qui la symbolisent et la cimentent ».

En matière de langage, l’incitation, la régulation et l’exemple sont des armes bien plus efficaces que l’intervention autoritaire (l’exemple, oui… alors là avec ce qu’on entend à la télévision ou à la radio, on peut se faire du souci).

Les perfectionnements apportés à la langue par l’Académie et les grammairiens, l’influence non négligeable des populations protestantes émigrées, font que le français a débordé rapidement, aux XVIIe et XVIIIe siècles, le cadre de la nation. Le français est la langue de l’aristocratie et des personnes cultivées dans tout le Nord de l’Europe, en Allemagne, en Pologne, en Russie… C’est aussi la langue de la diplomatie. Tous les grands traités sont rédigés en français, alors qu’ils l’étaient auparavant en latin. L’empire de la langue française dépasse largement l’empire politique et économique de la France. Heureuse époque, désespérément  révolue Et pourtant nous avons une langue « si sexy, si romantique »… Que sont devenues les journées de la francophonie ? J’ai l’impression qu’elles font moins recettes. Il y a d’autres priorités : “top-model” de la langue française, les télé-réalités. Misère, misère…

Toutes les provinces de France ont usé dans la vie quotidienne, jusqu’au début du XXe siècle, de langues plus ou moins éloignées du français de Paris, mais l’attrait qu’exerçait le pouvoir central sur les élites locales et la pression exercée sur les enfants du peuple par les instituteurs de l’école laïque (les hussards noirs de la république) encourageait l’usage de la langue officielle. Force de persuasion de ces fonctionnaires zélés !

Ma grand-mère me racontait les séances, où agenouillées sur des épingles, la « bonne sœur » (pas d’instituteur ; école religieuse en Maurienne en 1908 ou 10) leur inculquait les règles de grammaire. De vieilles personnes se souviennent aussi de l’histoire du bâton que le maître mettait le matin entre les mains du premier enfant surpris à «parler patois» (savoyard, dauphinois, breton, alsacien, basque, flamand, corse, picard, ou provençal : l’occitan qui a pourtant des écrits pour l’officialiser). Le porteur du bâton devait veiller à (s’en débarrasser au plus vite) donner le bâton au premier camarade qu’il surprendrait lui-même à «parler patois». À la fin de la journée, le dernier porteur de bâton était puni. Ce procédé s’est révélé très efficace pour faire de la langue française le patrimoine commun et le principal facteur d’unité du peuple français.

Pas besoin d’en revenir là mais il faut maîtriser correctement la langue nationale, ciment de la patrie. Laisser les dialectes, patois ou langue créole dans la cour de l’école, la vie quotidienne, familiale, amicale.

Pour moi, le créole est une langue de l’amitié, de la sympathie, de l’amour. Laissons la libre !

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