Tirer son chapeau

Clin d’oeil à Geneviève.

L’homme au chapeau de MagritteComme vous l’avez remarqué tout seul, de nos jours, les porteurs de chapeau ne courent pas les rues. Ils ne sont pas nombreux dans les champs, dans les campagnes non plus. Il fut un temps où le chapeau, également symbole de virilité, était un objet vestimentaire indispensable. A la Réunion, la tradition a duré plus longtemps qu’en métropole, et quand je suis arrivée, il y a plus de trente ans, les dames créoles, d’un certain âge, ne seraient pas sorties sans leur capeline, de même que les hommes n’auraient osé se promener sans leur couvre-chef, en feutre, qu’ils enlevaient en vous croisant.

« Oté,vieux mounes longtemps y connaît bons manières.»

Pour marquer le respect, la déférence envers quelqu’un, une femme en particulier, on avait deux possibilités : soit on s’inclinait devant la personne, soit on enlevait, soulevait et abaissait son chapeau. Cette deuxième possibilité revenait donc à remettre son chapeau sur sa tête, vers le bas ou chapeau bas. C’est donc de cette forme de salut respectueux que, depuis le XVIIe siècle, chapeau bas est devenu, même si on n’a pas de chapeau, une locution marquant aussi bien la déférence que l’admiration, le RESPECT ! ouais ! ouais !

Tirer son chapeau n’est qu’une variante, « tirer » ayant le sens d’enlever (tire out’ savates, c’est enlever ses tongs à la Réunion). Quant à Chapeau !, c’est une interjection, souvent accompagnée d’un mouvement du pouce en l’air, vers le haut, destinée à marquer l’admiration plus que le respect ! On dit souvent « chapeau l’artiste ! »

Et le coup de chapeau, c’est pareil : admiration, ou peu s’en faut.  Selon l’Oxford English Dictionary, l’expression « coup de chapeau » vient d’une coutume du XIX° siècle qui était d’offrir un chapeau neuf à l’insigne du club, au joueur de cricket qui réussissait à renouveler trois fois de suite le même bon coup.

Mais ne me demandez pas de détail sur le cricket , pas plus que sur le football qu’il soit américain ou autre ! Tirez moi plutôt votre chapeau pour oser dire fort, même face aux aficionados : « Je n’aime pas les matchs de foot !»

Je ne demande pas l’interdiction de ces versions modernes des jeux du cirque, je demande à être dispensée, surtout en ce qui concerne le foot, de la diffusion simultanée sur toutes les chaînes de télévision des matchs dont je me moque, et des retours sur l’information des stades, pendant des heures, samedi, dimanche, lundi… Domenech peut se marier avec Zahia, Ribery se pacser avec qui il veut, ils peuvent boire et manger ce qui leur plait : du porc, du boeuf… je m’en fous. Ils m’exaspèrent, vous m’exaspérez aussi, vous, les fans  (je ne parle même pas des hooligans) « Qu’est-ce qu’ils ont de mieux que vous ces footeux ? » Pas le cerveau ! C’est sûr. (Au moins je l’espère pour vous, car dans l’ensemble, l’intellect ne vole pas trop haut ; il suffit de les entendre parler). Leur art ( ?), leur style, leur efficacité avec un ballon au pied ? Il me semble qu’ils ne sont plus très bons nos Bleus. Leur entraîneur était calamiteux. Le nouveau ?  Je ne sais pas, je vous dis, je me bouche presque les oreilles quand j’entends le mot foot. Ils gagnent combien par mois, chacun , ces fabuleux joueurs ? Et vous ? Ah, c’est ça, vous rêvez. Pff !

Je me pose d’autres questions à propos des… « sportifs », des fous du stade, ceux des gradins, j’entends. Une fête, les matchs ? Furiani, le Heizel, Estadio Nacional au Pérou, et les paniques de Turquie,  du Guatemala, de l’Argentine et de Russie . Quels affreux souvenirs ! Pourquoi prennent-ils peur les gens qui constituent la foule des stades, si c’est un monde de gentils ?  Je vous rappelle comme ça, juste pour mémoire, la catastrophe qui a eu lieu le 20 octobre 1982 lors d’un match de football, au stade Loujniki,  et qui a causé la mort de 61 personnes (selon les chiffres officiels), d’au moins 99 personnes selon une autre source et même  de 340 morts (chiffre révélé en 1989).  La Pravda. Ca existe encore ?  Le journal, non. Fini en 1991, il me semble. Pravda, c’est pas vérité en russe ? Alors là…

Je vous rappelle aussi que c’est dans ce stade que se jouera la finale de la Coupe du Monde  2018. Le Stade Loujniki ou Stade Olympique de Moscou est la plus grande enceinte  sportive de Russie. Elle peut accueillir actuellement 78 360 spectateurs et fut inaugurée le 31 juillet 1956, sous le nom de Stade Central Lénine, et contenait 103 000 places alors.

Vous êtes libre d’aller où vous voulez regarder les matchs. Vous êtes libre de regarder ça à la télévision, mais je suis libre de vouloir regarder autre chose.

Je demande à être libre de pouvoir le faire.

 

En 1998, un livre était paru avec un titre clair “Rien à foot”.

Heureuse que la France gagne, mais bien décidée à ne pas regarder  des hommes courir derrière une baballe.

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