Août 1953

Souvenirs pour certains peut-être mais moi, je l’avoue, je viens de découvrir qu’au mois d’août 1953, juste après ma naissance (27 juillet), en pleine période de congés payés, une grève a surpris tout le monde, mais surtout le gouvernement de l’époque. Cette grève a paralysé les services publics et mis en échec les plans d’austérité du gouvernement d’alors, gouvernement dirigé par Joseph Laniel. Continuer la lecture

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Trop travailler

Pour faire réfléchir ceux qui travaillent trop et oublient qu’il faut vivre.

Rappelez-vous de mon billet “perdre sa vie à la gagner“ou encore mon “Eloge de la paresse“.

« Les hommes travaillent généralement trop pour pouvoir encore rester eux-mêmes. Le travail : une malédiction que l’homme a transformée en volupté. Oeuvrer de toutes ses forces pour le seul amour du travail, tirer de la joie d’un effort qui ne mène qu’à des accomplissements sans valeur, estimer qu’on ne peut se réaliser autrement que par le labeur incessant — voilà une chose révoltante et incompréhensible. Le travail permanent et soutenu abrutit, banalise et rend impersonnel. Le centre d’intérêt de l’individu se déplace de son milieu subjectif vers une fade objectivité ; l’homme se désintéresse alors de son propre destin, de son évolution intérieure, pour s’attacher à n’importe quoi : l’œuvre véritable, qui devrait être une activité de permanente transfiguration, est devenue un moyen d’extériorisation qui lui fait quitter l’intime de son être. Il est significatif que le travail en soit venu à désigner une activité purement extérieure : aussi l’homme ne s’y réalise-t-il pas — il réalise. »

Emil CIORAN : Sur les cimes du désespoir

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Plus fort que France Telecom !

Je vous ai dit que certains blogs étaient intéressants. En voilà un “L’instit Humeurs” qui relate les états d’âme et le mal être des enseignants. L’article ci dessous est daté du 19 mars 2011. Du tout frais.

Cette semaine le Progrès annonçait le suicide d’un directeur d’école du Rhône, retrouvé pendu dans sa classe quelques minutes avant que les élèves n’arrivent. Dans un mot à ses proches, il faisait part de son « désespoir et ras-le-bol ».

Il y a quelques temps Ouest France titrait « Suicide d’enseignants : malaise à l’école » un article relatant une série de suicides dans l’Education Nationale dans l’Académie de Caen.

Cité dans l’article, le Ministère de l’Education Nationale cherche évidemment à minimiser le malaise, à détacher les suicides des conditions de travail et avance des chiffres : 6 suicides pour 100 000 enseignants chaque année.

Une étude épidémiologique de l’Inserm datant de 2002 annonce quant à elle bien autre chose : 39 cas par an pour 100 000 enseignants, lesquels sont plus de 800 000…

Il s’agit selon cette étude (citée ici) de la population la plus touchée, de peu devant la police.

En 2009, Véronique Bouzou, prof de français, publiait un livre fort intéressant intitulé « Ces profs qu’on assassine », dans lequel elle partait à la rencontre des enseignants, de leurs proches, des médecins spécialisés. Les témoignages mettaient en évidence la corrélation directe entre les suicides et les difficultés du métier, la dégradation des conditions de travail, le manque cruel de reconnaissance, la solitude de l’enseignant coupé de sa hiérarchie, le tabou enfin que constitue cette question du suicide dans l’Education. L’auteur rappelait par ailleurs que les enseignants sont les seuls, avec la police, à bénéficier depuis 1959 des services d’un établissement psychiatrique dédié, l’Institut Marcel Rivière (qu’on appelle nous « la Verrière »).

Au-delà du cas emblématique des enseignants, il faut également rappeler que la France est avec le Japon le pays de l’OCDE ayant le plus fort taux de suicide, avec 16,2 suicides pour 100 000 habitants chaque année.

Soit plus de 10 000 personnes qui se donnent la mort par an dans notre beau pays. Deux fois plus que le nombre de morts sur la route, maintes fois « cause nationale »…

De quoi, messieurs les politiques, se pencher sur cette question que Camus disait être « le seul problème philosophique vraiment sérieux », non ?

Nota : avec 25 suicides en 2010, France Telecom en est tout de même à un taux de 28.7 / 100 000 sur le sol français (la moitié de ses employés sont à l’étranger) ! Encore un effort, messieurs les dirigeants, et vos employés seront aussi déprimés que ceux de l’Education Nationale…

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Dépression nerveuse

Qu’est-ce au juste que la dépression nerveuse ?

C’est beaucoup plus qu’une sensation de tristesse. Nous pouvons tous nous sentir malheureux à cause de problèmes de travail, de difficultés relationnelles, de soucis d’argent, de la perte de quelqu’un de proche. Il arrive souvent que le stress quotidien nous rende cafardeux de temps à autre ; généralement, nous sommes capables de nous en sortir par nous-mêmes et d’effacer tous nos sentiments négatifs. Nous sommes déprimés. Quelquefois, ces accès de cafard deviennent plus violents et plus fréquents. Il peut même arriver que notre sentiment de désespoir soit si intense qu’il affecte notre relation avec le monde, notre vision du futur et l’opinion que nous nous faisons de nous-mêmes. Lorsque ces sentiments ne semblent pas s’améliorer, il faut agir. Nous sommes devenus dépressifs.

Si, depuis longtemps, vous ressentez une des sensations suivantes, il faut vraiment agir : tristesse, irritabilité, sensation de vide, sentiment de désespoir, dégoût de la vie, inquiétude permanente, sensation de catastrophe imminente, sentiment d’incompréhension absolue, perte d’appétit ou tendance à se goinfrer ou alternance des deux, difficulté pour dormir ou envie de dormir permanente pour ne pas penser, aucun intérêt pour le sexe, difficulté de concentration, impossibilité de prendre des décisions, aucune confiance en vous, perte d’estime de vous, lenteur, fatigue générale, maux de tête permanents, idées de suicide.

Il faut agir, oui mais comment ? A quel comment ? Qui est concerné ?

La dépression peut affecter tous les groupes d’âge : des enfants aux personnes âgées. Enfants et  adolescents peuvent souffrir de dépression, on l’a vu récemment avec des suicides d’enfants de neuf et dix ans ; les femmes, surtout celles qui ont des enfants et poursuivent une carrière, courent encore plus de risques (deux journées en une, ça peut user). Les hommes pensent souvent que faire l’aveu d’une dépression ruinerait leur image de virilité, ils ne l’avouent pas, ne veulent pas s’écouter mais le taux de suicide des hommes est plus élevé que celui des femmes…

Quand nous sommes confrontés à une situation malheureuse ou stressante, les modes de pensée diffèrent d’un individu à l’autre. Certains arrivent à se détacher des événements, à prendre des distances devant les problèmes. D’autres personnes peuvent devenir extrêmement négatives : elles entrent dans une sorte de fatalisme très noir : tout se détraque, rien ne va plus ! Quelquefois, ce mode de pensée s’est ancré profondément dans l’esprit de la personne, depuis longtemps . L’échec devient alors une manière de vivre, inacceptable certes, mais contre lequel le dépressif a le sentiment qu’il n’y a absolument rien à faire.

Le dépressif a alors une vue négative de lui : « je suis une personne sans valeur (nulle) donc personne ne m’aime, personne ne s’intéresse à moi, je suis incapable d’entretenir des relations avec quiconque… Le pire, c’est que le monde autour de lui est  hostile, triste et désespérant (même quand on n’est pas déprimé, c’est la réalité, on ne peut le nier en ce moment) : « tout est triste, il n’y a pas d’issue au chômage, je n’ai pas un bon salaire, je n’ai aucun espoir de promotion, je suis incapable de faire face aux événements… et quand je regarde le monde qui m’entoure, je vois bien que les choses vont de plus en plus mal, je ne peux rien faire, rien ne changera, donc à quoi bon continuer à vivre sans espoir ? »

Vérités absolues pour le dépressif qui regarde celui qui essaie de « le remonter » comme un enquiquineur. De toutes façons, il ne veut plus rien voir d’autre que ce qui va mal. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent, les fleurs sentent bon, mais il risque de pleuvoir dans un moment, les oiseaux font du bruit et l’odeur de ces fleurs est entêtante. Rien ne va plus !

Au proche qui s’inquiète, généralement un parent, pas celui qui,  sans réfléchir, ne dit que «Ressaisis-toi, ne te laisse pas aller” ou pire “arrête de te plaindre, il y a des tas de gens qui vont plus mal que toi”, “courage, encore un petit effort”, mais celui qui culpabilise en se demandant ce qu’il a fait de travers pour que la situation en soit là, que peut-on dire ?

Le dépressif peut être contagieux et il faut une sacrée dose de courage, d’héroïsme ou d’égoïsme pour faire face et soutenir. Devant lui, on reste démuni et on cherche ce qu’il y a de mieux à faire. Sans l’aide du dépressif et de quelqu’un d’autre (psy… quelque chose), ce n’est pas facile. Si l’on est croyant, on pourrait crier comme Jésus au sommet du Golgotha (Calvaire) « Pourquoi Dieu m’as-tu abandonné ?». Si l’on est mécréant, que dire si ce n’est “Pas de chance, fallait que ça tombe sur moi ! “. Et on essaie de sortir du malaise.

Il faut comprendre que le dépressif ne peut pas « se ressaisir » et que pour le saisir, l’aider à remonter, l’autre a du mal, il ne peut que tendre la main et le dépressif doit faire le gros du travail.

On sait maintenant que la dépression est causée par un déséquilibre des substances chimiques du cerveau : la sérotonine en particulier. La sérotonine permet de contrôler nos états âme ; il suffirait donc d’en prendre pour aller mieux. Encore faut-il accepter de se « droguer ». Certains dépressifs ne veulent pas. Que faire dans ces cas-là ?

Le dépressif doit parler aux autres sans rien refouler : ami, parent, collègue, médecin ou religieux qui peut écouter et comprendre (là, ce n’est pas gagné de trouver écoute et compréhension, mais un effort s’impose). Il faut pleurer aussi, un bon coup, c’est thérapeutique ! Raconter précisément ce qui fait souffrir du plus grave au moins grave ou dans l’ordre inverse, mais raconter à qui veut écouter et surtout comprendre.

Même si l’on n’est pas  fanatique de sport, il faut avoir une activité physique ; c’est un excellent moyen d’affronter la dépression. Courir (bof !), nager, marcher, sortir, faire le jardin, entreprendre un grand ménage, n’importe quoi qui occupe le corps et éloigne l’esprit des idées noires

On peut aussi essayer différentes méthodes de relaxation. Avec l’aide de quelqu’un ou simplement avec un CD de musique de relaxation : s’allonger et tenter de ne penser à rien, quitte à dormir, c’est toujours ça de gagné quand on a des tendances à l’insomnie. Il faut que cette relaxation amène, en fin de compte, à changer d’état d’esprit. Personne ne peut le faire à la place du dépressif. Quand une idée négative arrive, essayer toujours de la positiver, facile à dire mais il faut s’obliger à changer de comportement pour aller mieux.

On peut aussi manger mieux, du bon, du beau, régulièrement car il est important durant les périodes de dépression de donner à son corps le meilleur apport nutritionnel possible : des fruits et légumes frais pleins de vitamines. Boire, mais de l’eau car l’alcool n’aide pas, bien au contraire : l’euphorie laisse vite place à un désespoir encore plus grand.

Si les efforts du dépressif (s’il en fait) et ceux de ses proches ne changent rien à la situation, il ne faut pas faire l’autruche, une aide médicale s ‘impose. En fonction de la gravité de la dépression, il faudra prendre des antidépresseurs ou faire une psychothérapie ou les deux.

Il ne faut pas avoir peur des antidépresseurs, ce n’est pas de la magie, c’est de la chimie, mais il faut le temps que ça marche,  et surtout trouver le bon, celui qui convient. Ce ne sont pas des poisons, il faut s’arrêter quand on en a plus besoin, ce qui est rapide car il n’y a pas d’accoutumance à bon nombre de ces médicaments.

La psychothérapie est un mode de traitement par l’écoute. Il faut amener la personne dépressive à raconter ses problèmes et à cheminer pour les surmonter, mais c’est elle qui , véritablement, fait le travail. Il faut le bon psychothérapeute et de la volonté car le dépressif doit apprendre à contrôler ses propres pensées et sentiments et ses réactions. C’est un travail personnel mais on n’a rien sans rien. Il ne faut pas culpabiliser d’être dépressif même si ça pèse sur l’entourage.

Les dépressifs, une fois guéris, ressortent généralement plus forts. Ils sont plus à même de faire face à des situations qui les ennuyaient avant et d’assainir , voire de supprimer, leurs relations quelquefois « toxiques ». La lucidité, la sagesse et surtout la force pour faire les bons choix, pour prendre les bonnes décisions et pour régler des situations « empoisonnantes » dans la vie arrivent plus facilement à ceux qui sont passés par ce sombre épisode du désespoir et qui en sont sortis. Ils ont  des cicatrices mais sont plus solides et presque  intacts.

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