Juges et partis

En bonne Française, je vais commencer par rire à propos des juges qui font l’actualité du moment. Je peux les plaindre, ils sont débordés et n’ont que très peu de moyens, mais, je souris d’abord, ils sont coincés dans leurs tribunaux, ne prennent pas de vacances, c’est bien connu :

“Les juges ne voyagent jamais, parce qu’on ne peut être à la fois juge et parti.”

Revenons-en plus sérieusement aux juges, à Sarkozy et d’une manière plus générale à la France du moment. Beaucoup de nos concitoyens râlent, critiquent Sarkozy, n’oublions pas toutefois qu’il a été élu légalement avec une majorité. Ce n’est pas une majorité de 80 ou 90% ce qui tend à prouver que les élections n’ont pas été truquées et donc, que régulièrement élu, notre président doit être respecté le temps de son mandat. Il est vrai que ses attitudes, ses gestes saccadés en font une marionnette facile à imiter et prompte à nous faire rire. Mais pourquoi a-t-il été élu ? Qui le remplacera ? Y a-t-il quelqu’un en qui nous puissions avoir confiance ?

Quoi qu’il en soit, c’est Nicolas Sarkozy qui nous représente pour le moment et nous devons nous en accommoder. Certes, ses méthodes déplaisent : star system, bling-bling, et surtout grand guignol permanent, fuite en avant perpétuelle : « on va voir ce qu’on va voir» et puis on ne voit rien ou pas grand chose,… Aujourd’hui, toute la société fonctionne ainsi avec des effets d’annonce. Combien de temps peut-on avaler des couleuvres sans rien dire ? La colère gronde puisque tout  va de plus en plus mal et que la poudre aux yeux, si elle aveugle un moment, ne fonctionne pas ad vitam aeternam.

Moi, j’entends la colère des travailleurs aux salaires dérisoires qui savent combien on facture une heure de leur travail et combien on la leur paie, j’entends la colère des parents dont les enfants ne sont plus en sécurité dans l’enceinte des écoles, j’entends la colère des enseignants qui ne peuvent plus enseigner faute de moyens et de temps, j’entends la colère des infirmières, des médecins, celle des policiers, celle des CRS, celle des juges, des cheminots, des chauffeurs de bus,  des femmes,  j’ai peur d’entendre très bientôt la colère d’un peuple qui a faim, d’autant que plus personne ne pourra alors le raisonner ce peuple : «ventre affamé n’a pas d’oreille ».

Mais je m’éloigne de mon point de départ. La colère des juges.

En les rendant publiquement responsables de la mort de Laetitia, Sarkozy et ses ministres n’ont pas eu une bonne idée. Les justiciables français se plaignent de la justice et des juges, mais ils ne sont pas dupes. Ils savent comment toutes les grandes organisations : école , santé et armée sont mises à mal et ils prennent le parti des juges. Ils les entendent bien dire que le problème c’est Sarkozy avec ses réformes et ses lois sans moyens de les appliquer. Depuis plus de vingt ans (avant Sarko, donc), ils réclament les moyens de faire fonctionner le système, qui les a entendus ?

Il me semble (je suis une utopiste) que de grands chantiers devraient être mis en œuvre. Il faudrait refondre les systèmes scolaires, de santé publique, de la justice, des impôts… Comment mener à bien cette tâche quand on sait combien les individus s’attachent rapidement à la plus petite once de pouvoir qui leur est donnée. Il faudrait quelques incorruptibles pour tout remanier, pas forcément des énarques mais des citoyen(ne)s de bon sens et de bonne volonté. Mais c’est tellement plus simple de laisser couler. C’est le cas de le dire !

Revenons une dernière fois à nos juges.  La grève des audiences est l’un des signes du malaise de la société française de 2011 et comme je suis grenobloise, je me pose quelques questions. Je sais  que le 7 juin 1788  le tocsin a sonné dans la ville. La réforme du parlement (juges de l’époque) voulue par Louis XVI a eu de lourdes conséquence. Des Grenoblois, particulièrement fâchés de perdre leur Parlement, se sont emparés des portes de la ville, tandis que d’autres, montés sur les toits, jetaient des tuiles et divers objets sur les soldats. Le sang coula, et en fin de l’après-midi, les émeutiers, maîtres de la ville, réinstallèrent les parlementaires à l’intérieur du Palais du Parlement. La journée des Tuiles s’achevait et la Révolution française était en marche.

Attention, toutes ces contestations peuvent mettre le feu aux poudres. Où aura lieu la prochaine journée des Tuiles ? Sommes-nous seulement encore capables d’agir ?

Je souris encore, mais peut-être devrais-je avoir peur ?

«En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. » Nicolas de Chamfort, Maximes et Pensées, 1795

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Sourds et aveugles

“Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir” ou « il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. » Les proverbes sont l’expression de la sagesse populaire, ce peuple à qui l’on fait avaler des couleuvres depuis toujours.

De temps en temps, le peuple se soulève. Il rechigne longtemps avant de se révolter, ce brave peuple, et un jour, une petite étincelle met le feu aux poudres. C’est une énième hausse du prix du pain ou du riz qui déclenche tout. Attention, la révolte gronde de partout. Les prix des produits alimentaires vont flamber bientôt. Que se passera-t-il alors ? Il faudrait que rapidement le bon sens reprenne le pouvoir. Assez de ces hommes (ou femmes) politiques  de droite et de gauche qui se prennent pour des stars, avec leurs caprices et leurs gros mensonges. Ce sont des poupées Barbie ou des Pinocchio, jouets et marionnettes qui commencent à nous fatiguer. On peut jouer moins cher.

Je cite Rousseau : « ll n’y a de loi que lorsque tout le peuple statue sur tout le peuple » ; « à l’instant qu’un peuple se donne des représentants, il n’est plus libre, il n’est plus » (Contrat social). C’est le paradoxe de la démocratie, en ayant donné notre voix à des représentants, nous avons perdu la parole.

Aujourd’hui, nous sommes coupables de baisser les bras, coupables de ne pas nous impliquer davantage dans la vie de la cité, coupables de ne pas nous faire entendre suffisamment. Il est vrai que les comités citoyens ont été  constitués en catimini, si tant est qu’ils existent encore, il est vrai aussi que lorsque l’on se retrouve seul face à un ou des élus entouré(s) d’une cour de béni-oui-oui, de cireurs de pompes ou de semi mafieux, il est difficile d’avoir le dernier mot, et même quand après de nombreux assauts, vous pensez avoir emporté une victoire, la décision prise dans un premier temps peut être modifiée unilatéralement par celui qui, sans être un dictateur, ne se sent pas moins un puissant (je n’ose pas écrire « grand » compte tenu de la petite taille de bon nombre de tyrans). Votre voix ne sera pas écoutée et vous vous retrouverez devant le « fait du prince ».

Je ne reviendrai pas sur les emplois « réservés » aux parents et alliés, mais je veux parler de décisions qui ne rapportent (peut-être) rien à leurs auteurs mais enquiquinent le plus grand nombre : encore une fois la collecte des ordures ! Ben, il y en a beaucoup de nos jours…

A Saint Denis de la Réunion, le maire veut mettre des amendes à ceux qui n’auront pas rentré leurs poubelles après 10 heures. Que doit-on faire quand on travaille le matin ? Et quand le camion de ramassage passe à 14 heures ou 17 heures ? Ou le lendemain. Mais ce n’est pas seulement pour cela que mon poil se hérisse : les poubelles grises (quasi vides quand le tri est bien fait) sont ramassées deux fois par semaine ; les poubelles jaunes sont vidées les semaines paires, ce qui fait qu’en janvier-février 2011, nous devrons attendre 3 semaines entre deux ramassages. Vous pouvez vérifier : du 18 janvier au 8 février, ça fait combien de temps ?

Que croyez-vous que les citoyens vont faire ? Continuer à trier ?

Non, non, le pays des Bisounours, ça n’existe pas.

***

Et pour mes lecteurs rien qu’à moi du blog, voilà le Bisounours du dessus, c’est Grofarceur.

Je vous LA présente car c’est une fille (ben oui, elle est rose, pff !)

Très heureuse, elle incarne l’espoir que les choses ne peuvent que s’améliorer. Elle est toujours prête a encourager les autres et à écouter leurs confidences. Un peu téméraire, elle pense que rien n’est impossible. De temps en temps, elle parle en rimes. Elle essaye souvent de faire rire Grognon. Sa meilleure amie est Grochéri ou alors Grotaquin (je ne sais pas mais après tout, on peut avoir deux meilleures amies, non ? ).

Elle me fait penser à quelqu’un. Pas vous ?

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