Slogans de mai 68

Qu’on le veuille ou non, le monde est en train de changer plus brutalement qu’on ne le voudrait, la révolte gronde un peu partout. C’est angoissant car on se rend compte que l’on ne peut pas tout maîtriser et que la colère mène à la violence, à des affrontements entre ceux qui n’ont plus rien à perdre et ceux qui veulent garder leurs avantages, leur puissance. Au début, il n’y a que des mots. Vous souvenez-vous de ceux de Mai 68 ? Continuer la lecture

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Grenelle…

Avant de publier, ce billet, je dois vous avouer qu’il y a bien longtemps que je ne m’étais pas fait autant plaisir à écrire (au pied levé). C’est un peu long mais j’espère que vous lirez. Moi, ça m’a fait du bien ce moment d’écriture. Continuer la lecture

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Mai 68 : troisième et dernier épisode de cette série

Souvenirs, souvenirs. Scott Mac Kenzie, ça vous dit quelque chose ? Continuer la lecture

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Mai 1968 : les causes, l’esprit…

Les années 60, quelle époque !

J’oublie les yéyés, les Beatles et autres amusements. Je pense à mai 68. Ca  fait un peu “souvenir d’ancien combattant”, même si j’étais trop jeune et surtout trop provinciale pour  être sur les barricades parisiennes, les images et les idées sont bel et bien  toujours dans ma mémoire.

En 1968, les choses doivent changer. Et ça change ! Les jeunes et moins jeunes bouillonnent tous d’idées. Sur les murs apparaissent des graffitis et des affiches contestataires : merci les étudiants des Beaux-Arts !

“Mur blanc = Peuple muet”.  Les murs parlaient. Ils s’exprimaient. Le peuple était en vie, plein d’esprit.

On peut actualiser ce genre d’affiches. Voir la dame rose et si vous cliquez sur elle, vous pourrez voir d’autres affiches, de même que si vous cliquez sur les mots “affiches contestataires, un autre site apparaîtra.

La population s’approprie la rue pour s’exprimer, dire son mal-être. Les rues n’avaient plus vraiment été animées depuis 1936 sauf les jours de Libération à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. En 1968, des cris, des chansons et  des écrits (pour que ça reste et que ça fasse plus sérieux) et des slogans en pagaille, oserai-je dire. J’en ai mémorisé quelques-uns de cette époque, mais il y en a eu  beaucoup plus.

J’entends aussi une chanson qui me revient en mémoire : sur l’air de “Il était un petit navire”, nous chantions ou entendions chanter “Ohé, ohé, Pompidou, Pompidou navigue sur nos sous”… On pourrait chanter avec le nom de qui maintenant ?

Nous avons de moins en moins d’argent disponible ; même quand on travaille, après les impôts locaux  (mairie, département, région), l’impôt sur le revenu, les taxes diverses  (TVA, octroi de mer dans les DOM…), les augmentations des cotisations sociales, de l’eau, du gaz, de l’électricité, de l’essence, et j’en passe,  il en reste de moins en moins. Nous ne sommes plus ponctionnés, nous serons bientôt purement et simplement saignés à blanc, enfin pas tous puisque l’égalité devant la loi, ou devant l’impôt n’est qu’une vaste fumisterie. Il devient indispensable de tout remettre à plat, d’en finir avec les exonérations et les régimes spéciaux.

En 1968, le retard social accumulé par la société, qui à cette époque était en pleine croissance (merci le baby-boom, la reconstruction… la guerre ?), une société, dis-je, qui maintenait les salariés dans la sujétion, la pauvreté (très bas salaires), ce retard est devenu insupportable pour un grand nombre de citoyens au point de déclencher la plus grande grève de l’histoire de France.

Après mai 1968, les rapports de pouvoir ont changé  (participation des ouvriers, des lycéens…), les libertés individuelles se  sont développées, les conventions sociales se sont transformées. L’allégresse de ce printemps est assez vite retombée et aujourd’hui que constate-t-on ? Retour de la sujétion des salariés (merci les 35 heures et les emplois précaires et/ou à temps partiel), de la pauvreté (qui s’accroit, chaque jour), d’une société à deux voire trois vitesses, accablement et silence des “masses laborieuses” tellement contentes d’avoir encore un emploi. Serait-on capable de faire un mai 2011 ?

Les slogans de mai 68 : j’en ai retenu quelques-uns (pour le prochain article) mais il y existe un site qui regroupe graffiti et slogans de cette année là. J’avoue que je ne les connaissais pas tous et que j’en avais oublié beaucoup. Cliquez là pour en savoir plus.

Ce n’est qu’un début, continuons le combat !”

“Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi.”

“Elections, piège à cons !

“Etes-vous des consommateurs ou des participants ?”

“Faites l’amour pas la guerre !”

“Fermons la télé, Ouvrons les yeux.”

“Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner.” Finalement mon article du même titre était une réminiscence. Cliquez  sur les mots en bleu si vous voulez relire ou lire ce billet ancien.

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Mai 68 : “On ne peut plus dormir tranquille lorsqu’on a une fois ouvert les yeux.”

 

“On ne peut plus dormir tranquille lorsqu’on a une fois ouvert les yeux.”

Pourquoi fermez-vous les yeux et surtout la bouche ? Jusqu’où allez-vous vous laisser emmener par des gouvernements plus ou moins mafieux ?

Je ne critique pas plus Sarkozy que Chirac ou Mitterand, je rappelle simplement que les Français ont la mémoire courte. Vous souvenez-vous de la république exemplaire promise par Nicolas ?  Et des écoutes téléphoniques de François ? Et des dépenses de son fils Jean-Christophe à Bujumbura : 20 463 268,89 francs – a estimé la Cour des Comptes – ont disparu ? Je laisse Chirac tranquille, mais, n’est-ce pas lui que les Guignols appelaient Super Menteur et qui a un procès en suspens ?

La rigueur, l’honnêteté, en France, aujourd’hui où en est-on ?

Revenons à mai 68. Le slogan qui a sans doute le plus marqué les esprits est le fameux “Il est interdit d’interdire.”

C’était au départ une simple boutade lancée par Jean Yanne (c’est lui aussi “Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil”). Ce slogan contestait la discipline autoritairement imposée, ce qui est une absurdité : il faut  expliquer, discuter et avoir foi en l’homme qui raisonne et se raisonne, comme je l’ai écrit dans l’article “Réussite, argent, bonheur”.

Et c’était là le sens de cette maxime : il est désormais interdit de nous interdire de vivre. Tout simplement. Nous voulions vivre libres en respectant cependant les autres. Mais ça a déraillé. Aujourd’hui où en est-on ?

Le mouvement étudiant, qui a stupéfié par son ampleur et sa durée, a réussi à entraîner les ouvriers, les travailleurs d’une manière générale. Et comme il faisait beau cette année-là…  Je vous laisse imaginer, il n’y avait pas que des émeutes, des barricades et des cocktails Molotov, des voitures en feu et des pavés qui volaient. Il y avait le soleil, le ciel bleu, la liberté, les rêves, les pelouses et les petits oiseaux qui volaient eux aussi. Au fond, les plus vieux ou les plus bourgeois enviaient ces jeunes enragés et leurs conneries, peut-être même qu’ils les admiraient un peu et qu’ils les enviaient beaucoup, ces jeunes  qui vivaient, contestaient, manifestaient dehors, alors qu’eux, jour après jour, à l’usine ou au bureau,  voyaient leur propre vie se consumer lentement, inexorablement, à des tâches répétitives, stupides, éreintantes et à mourir de désespoir quelquefois, devant des chefaillons plus ou moins bornés, en échange  de quoi ? Des bas salaires et de peu de considération. Et aujourd’hui, où en est-on ?Nous voulions abolir bien des interdits : plus de gardiens en uniforme, plus de chiens, plus de chaînes, plus de pointeuses, plus de chefs inquisiteurs, plus de soldats, plus de flics cogneurs… Plus, ce n’était pas davantage, c’était aucun ! Vive l’autodiscipline ! L’autogestion, voilà ce qui était dans l’air du temps. Nous ne voulions plus de l’attirail disciplinaire puisque nous avions atteint, croyait-on, un niveau de conscience qui nous en libérait. Moi, en septembre 1968, j’ai connu ma première désillusion. J’ai compris que nous n’avons pas tous les mêmes valeurs. Et aujourd’hui, où en est-on ?

Cette aspiration à une vie libérée de ses entraves gagna tous les domaines : l’Eglise qui reçut là un mauvais coup, l’institution éducative dans un premier temps,  puis les entreprises par la suite : souvenez-vous de l’utopie des LIP en 1973.  Dans les années 70, les écoles parallèles et les crèches “sauvages” fleurirent, organisées par les parents eux-mêmes sur le modèle autogestionnaire inspiré de Freinet, car au fond la recherche était la même : élever enfants et adultes à la conscience de soi, sans recourir, autant que faire se peut, à la discipline autoritaire.

Ne devrait-il pas en être ainsi de la démocratie ? Au cours des siècles, on a vu que c’est la loi  qui pallie le peu de sagesse, de conscience ou de vertu des citoyens et que pour faire respecter la loi un pouvoir de coercition (gendarmerie, police) est indispensable. Aujourd’hui les forces de l’ordre ne sont même plus respectées, c’est donc la loi de la jungle. L’autodiscipline, le respect, la conscience… Où en est-on aujourd’hui ?

Cette maxime est décriée aujourd’hui, même par ceux qui la braillaient alors. Trahison ? Perte de conscience, de lucidité, de pureté ? Où sont passés les incorruptibles (pas Eliot Ness mais Robespierre) ? A bien y regarder, “il est interdit d’interdire” n’est ni plus ni moins qu’un appel à la sagesse et à la vertu. Pas de quoi avoir honte. Au contraire.

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