Alea jacta est.

N’avez-vous jamais eu cette sensation, alors que vous écoutiez une musique triste, que toute la misère du monde s’abattait sur vous ? Vous sentez un petit pincement au cœur, vos souvenirs réapparaissent et vous êtes soudain très mal : mélange de nostalgie, de tristesse, de regrets… Il parait qu’il est préférable d’avoir des remords que des regrets et moi, j’ai des regrets ; je me souviens de mes erreurs, de ce que j’aurais pu faire SI.. Ça ne dure pas puisque la vie continue. “Show must go on !” dit-on pour se donner du courage.

Ceci dit, je ne suis pas en proie au spleen en permanence, je sais encore agir, agir à bon escient, mon mari et les médecins-urgentistes peuvent le confirmer. Je sais, en général, quoi faire quand ça devient grave. Pour la gestion du pays, on ne m’a rien demandé et je serais bien en peine pour donner une solution. Les promesses faites ne pouvaient être tenues. Dommage ! Le bon sens n’a plus le droit de cité. Alors que faire ? Que faire pour que la vie devienne sereine ? Certains parlent d’une «bonne guerre». Comment un truc horrible peut-il être bon ? Ou alors une «petite révolution» ? Ça peut être petit, vous croyez, une révolution ?

Une révolution comporte, dans le sens commun, une idée de violence. C’est le renversement (soudain, en tous les cas brutal) du régime politique d’une nation, du gouvernement d’un état, par un mouvement populaire, le plus souvent sans respect des formes légales (dans la violence) et entraînant une transformation profonde des institutions, de la société et parfois des valeurs fondamentales de la civilisation. On l’a bien vu récemment avec les «révolutions arabes».

Il est vrai aussi que le mot révolution peut signifier aussi, sans idée de violence, l’évolution des opinions, des courants de pensée, des sciences, ainsi des découvertes, des inventions entraînent une transformation profonde de l’ordre social, moral, économique, dans un temps relativement court, nous avons tous entendu parler de la «Révolution industrielle». Nous voyons celle du “mariage pour tous”, il y a eu celle de la médecine :  pénicilline, des greffes  de cœur, de visage…

 «Le christianisme me paraît avoir fait une révolution ou, si vous l’aimez mieux, un changement très considérable dans les idées relatives aux devoirs et aux droits», a dit Tocqueville. Quid de l’Islam en ce moment ? Une révolution en Europe ?

En pensant aux changements brutaux, voilà qu’une petite phrase me vient à l’esprit : “Alea jacta est“. Cette locution signifie «le sort en est jeté» ou «les dés sont jetés» (aléa signifie dé en latin), ou encore, plus librement : Advienne que pourra.

Ces paroles furent prononcées par Jules César (en grec alors qu’il était romain ; la classe donc !) le 12 janvier en 49 avant Jésus Christ, au moment où, à la tête de son armée venant de Gaule, il a franchi le Rubicon, pour affronter le consul Pompée qui dirigeait Rome. Le Rubicon marquait la limite entre la Gaule cisalpine, province sous l’autorité d’un proconsul (Jules César à l’époque) et l’Italie qui était dirigée par le consul Pompée, ex membre du triumvirat : Pompée, César et Crassus (tu parles d’un nom, Crassus, pas crasseux mais épais, lourd, stupide, on ne se demande pas pourquoi il s’est vite fait éjecter par les deux autres). Le Sénat pour assurer Rome contre le général commandant les troupes romaines en Gaule, avait déclaré sacrilège et parricide quiconque passerait cette rivière avec des armes et une armée.  Cependant, lorsque César fut sur les bords du Rubicon, il s’arrêta un instant sans doute effrayé de l’audace de son entreprise, mais poussé par le désir de la vengeance  il s’écria : «Alea jacta est !» La décision est prise, l’action est lancée, advienne que pourra.

César, en agissant ainsi, prenait un double risque : transgresser la loi et perdre contre Pompée. Il a gagné. Pompée a fui Rome. César, ce jour-là, dut ressentir le frisson du joueur qui jette ses dés et qui, sur un seul coup, peut tout perdre. Cet «aléa jacta est» exprime une décision prise irrévocablement, quelles qu’en soient les conséquences.

«Je me livre en aveugle au Destin qui m’entraîne», proclame Oreste (dans Andromaque de Racine). Le héros tragique semble sans défense, il essaie pourtant quelquefois de lutter contre le Destin. En vain ?

«Le sort en est jeté» signifie-t-il l’abandon de l’individu au hasard, aux événements sur lesquels il n’aurait aucune emprise, avec aucune possibilité de changer le cours des choses, ou au contraire, cette locution signifie-t-elle que l’individu choisit de prendre un risque en précipitant les événements même s’il n’en est pas totalement le maître, qu’il prend en main sa vie ?

La première interprétation est fataliste alors que la seconde est une apologie du libre-arbitre. Devinez celle que je préfère moi qui aime et qui croit encore en la liberté.

Je ronchonne (de loin maintenant) contre un mari qui choisit son travail plutôt que sa santé. “Alea jacta est” (Ses décisions sont prises quelles qu’en soient les conséquences). J’ai beau lui dire que les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, il fait comme il veut. Lui, version légume, j’abandonnerai. C’est dit et c’est même écrit maintenant. Je suis fatiguée de me battre pour les autres.

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5 réflexions sur « Alea jacta est. »

  1. quand je ne vais pas je mets à fond ” m’étendre sur l’asphalte et me laisser mourir, stone le monde est stone.. “

  2. La vie sur terre passe trop vite à mon goût , on ne retient que les émotions ….bonnes ou mauvaises.
    Ne nous encombrons pas de tout le reste …et de nos préjugés ..
    Douce journée Françoise
    Bisous
    timilo

  3. Bonjour Françoise, le sort en est jeté, je passe te dire chaque jour que tu es une adorable amie hi hi !

    je viens voir si ce matin tu vas bien, On se croirait dans un rêve tellement le temps est au beau fixe.
    Il faut en profiter et ouvrir grand ses fenêtres et son coeur, pour faire le plein de chaleur et douceur.

    Pour commencer ce vendredi du bon pied, une petite devinette musicale ça te dis ? Pour ceux qui ont le temps…
    A toi de jouer
    ****
    Changer les femmes
    Changer les hommes
    Avec des géraniums
    ****

    Un bon café pour une bonne journée et une douce pensée pour l’amitié.

    Prends soin de toi.

    Lolli

  4. L’ impuissance est quelque chose de terrible, mais quand on jette l’ éponge après avoir fait tout son possible, on n’ a aucun reproche à se faire !

  5. C’ est pas du latin, alea jacta est ?
    T’ es sûre ?
    On dirait, pourtant… mais mes souvenirs de 5ème commencent à dater !
    Didonc, année pourrie, la suite: mon mari me fait aussi des siennes… je pleure pire que St Médard parce qu’ on redéménage cet été, et ce coup-ci pas de St Barnabé facétieux: on rentre en France…
    Ouiiiiiiiiin
    Font parfois iech’ les maris…

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