Photographies… un problème avec soi-même ?

 

Comme tout le monde, de temps en temps, je me dis qu’il est indispensable de faire du rangement. Je voudrais savoir combien nous sommes ou plutôt combien vous êtes à tout tenir à jour, en ordre, rangé, propre. A moins de ne pas vivre dans son logement, difficile d’être au top partout. Il y a autre chose que le ménage, l’astiquage, le dépoussiérage, le “rangeage”… Alors j’avoue que chez moi, c’est un peu (beaucoup ?) la pagaille. Il faudrait simplement trier et jeter mais je me laisse déborder, aujourd’hui plus qu’hier… et bien moins que demain ? Dans ce cas, ça craint.

Aujourd’hui donc, j’ai décidé de ranger et de jeter. Sauf que…  je m’arrête de temps en temps. Je me laisse distraire par un courrier que je relis, un article de magazine que je redécouvre. Je papillonne.

Il faudrait ne pas se poser de questions, jeter, voire brûler pour ne pas retourner, soudain prise de remords, fouiller dans la poubelle pour sauver in extremis la chose inutilisée depuis dix ans mais qui va vous manquer le lendemain c’est sûr. Si vous n’avez jamais vécu cela, c’est soit que vous ne rangez jamais, soit que vous avez les moyens de renouveler tous vos biens dès qu’ils sont usagés ou même avant. Moi, j’ai été élevée en essayant de “profiter” de mes affaires, c’est-à-dire de les faire durer. Aujourd’hui ce n’est plus comme ça, je l’ai dit  : “génération kleenex”, société de l’éphémère, mais je voudrais savoir combien de quinquagénaires et sexagénaires ont connu cette coutume qui consistait à acheter un vêtement un peu grand pour qu’il fasse profit.

Si vous étiez l’ainé(e) de la famille, vous profitiez d’un vêtement neuf. Les cadets profitaient moins longtemps, mais ils ne portaient  que de l’usagé, à moins que la morphologie de leur aîné(e) ne soit pas compatible avec la leur. Selon les familles, les seconds et nièmes échappaient  plus ou moins aux vêtements de leurs ainés ; moi, de ce côté, j’ai eu beaucoup de chance, j’étais la première. Chance pour ma soeur aussi, elle est née cinq ans après moi, et surtout, elle était rondelette et moi “ficelle” ; aujourd’hui, c’est largement l’inverse, elle est plus que mince et… pas moi. Sans doute que je profite  bien des effets des médicaments que ma grand-mère m’a fait avaler pour que, justement, je “profite”. mieux Mais qu’est-ce que c’était cette répétition, cette volonté de profiter. Génération d’avant et après-guerre ? J’avoue que  je cherche des explications de temps en temps. Je reviendrai sur ce sujet une prochaine fois. Là, je continue avec mon rangement. Enfin, moi et mes digressions, dans tous les domaines !

En rangeant, lecture d’un vieil article de ELLE, et détour par le clavier de l’ordi. C’est pas gagné, la fin du rangement.

Après tout, j’ai le droit de me faire plaisir ; depuis le temps que je vis des contraintes. J’ai le droit de  me faire plaisir. Je me réconcilie avec moi depuis quelques mois même si j’ai encore du mal avec les miroirs. Quant aux photos, ce n’est  toujours pas possible ! Je photographie mais j’essaie d’échapper au(x) photographe(s). Je sais pourquoi cependant j’essaie de voir ce que les “personnes autorisées” (par qui, dirait Coluche) racontent à ce sujet.

Voilà l’article de 2010 (pas si vieux ; je ne vous dirai pas l’âge des doyens des magazines qui viennent de découvrir les joies de la déchèterie). Cet article n’est plus l’original :  caviardé par endroits et étoffé à d’autres. Vous devriez voir les changements de plume.

“Miroir et photo, quelle différence ?”
Devant la glace, soit on s’observe les yeux dans les yeux, soit le regard est dirigé sur une action (se mettre du mascara par exemple) alors qu’une photo est un instantané réducteur, qui fige un moment. On y apparaît dans une posture, avec un angle, des gestes dans lesquels on n’a pas l’habitude de se voir. Il ne faut pas oublier que la photogénie, injuste,  fait de réels cadeaux à certains, alors que, pour d’autres, c’est une sanction. Moi je me demande toujours si je fais partie des sanctionnés ou si je suis aussi moche que ça.

A quoi pense-t-on quand on se voit en photo ?
On commence par  se poser toutes sortes de questions : c’est vraiment moi, ça ? Comment suis-je par rapport aux autres ? Et surtout dans l’oeil des autres ? … Cela ramène à notre façon d’être avec les autres ; selon que l’on est au travail, avec des amis ou en famille, on se montre sous des angles différents.

La photo devient un outil d’investigation de soi-même. Tout dépend du degré d’exigence que l’on a envers soi et  envers les autres. Image quand tu nous tiens ! Les plus soucieux de leur apparence savent qu’ils ont les moyens d’être mieux, en faisant un régime, en allant chez le dermato, en changeant leur couleur de cheveux… Ils se voient comme une pâte à modeler. Notre époque nous a apporté l’idée que l’on peut, et même que l’on doit, s’améliorer ressembler à la norme imposée : petit nez droit et fin, bouche pulpeuse.  Nous sommes envahis de belles images d’actrices, de mannequins qui travaillent sur leur physique, et on se dit : « Pourquoi pas moi ? » Nous sommes devenus des entrepreneurs de nous-mêmes. D’autres se trouvent “pas si mal” au fond, d’autres “franchement beaux” (si, si, ça existe ; j’en connais des “qui s’aiment”). D’autres enfin, se disent “ce n’est pas possible que ce soit moi, ça”, ils se résignent, baissent les bras,  et pensent qu’il n’y a rien à faire de toutes façons. Alors autant s’oublier.

Ne pas s’aimer en photo, ça veut dire quoi ?
Si l’on « travaille » constamment sur soi-même pour être au mieux, il arrive que la photo mette à mal ces efforts en nous renvoyant une image qui ne nous convient pas. On devient très critique. Ça ne veut pas dire que l’on a forcément une mauvaise estime de soi. On n’est pas  obligatoirement dans le tout ou rien, on peut s’aimer sur un cliché et trouver en même temps qu’on a besoin de changer de look. Le jugement que l’on porte, plus ou moins sévère, montre comment on accepte les choses de la vie, à quel point on est ou non en paix avec soi-même. Par exemple, certaines personnes ne veulent plus se faire prendre en photo lorsqu’elles vieillissent car la photo semble une mise en danger.

Mais ceux qui ne s’aiment vraiment pas,  ceux qui préfèrent s’oublier, ceux-là vivent ou essaient de vivre avec eux-mêmes, mais sans image d’eux. Ils évitent miroirs et photographes, tels de “purs esprits” (êtres incorporels conscients d’eux-mêmes, de leur existence, doués d’une vie psychique et généralement d’une d’intelligence satisfaisante ainsi que de volonté) : ils se croient “dématérialisés” , ne concédant à leur existence terrestre que le droit de boire et de manger (quelquefois trop ou quelquefois pas du tout). Ils ont souvent l’air de bons vivants, trop enveloppés et rigolards, et/ou tirés à quatre épingles visant la perfection, souvent prêts à rendre service à tout le monde, prêts à aider, à rire, à parler (trop), juste pour qu’on ne voit pas ce qu’il y a à l’intérieur de l’enveloppe dérangeante.

Bisous à toi, ma vieille, vieille amie qui te reconnaîtra. Toi, tu aimes les photos ou tu le laisses croire, mais je connais tes écorchures. Courage à tous ceux qui ont été ou sont encore mal dans leur peau : ça passe, mais il faut faire des efforts sur soi pour y arriver et pour s’aimer chaque jour, en photo ou pour de vrai.

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7 réflexions sur « Photographies… un problème avec soi-même ? »

  1. Tout à fait vrai ma chère Framboise merci pour le coucou, je me suis reconnue,je travaille sur mon ‘image mais il y a encore du boulot
    quant à toi continue d’ecrire c un régal
    bisous ma cops lointaine
    ta tatoune

  2. Merci pour le commentaire d’encouragement. Tous les jours, une “pierre” de plus à mon édifice. Je finirai par l’écrire ce livre en gestation depuis si longtemps.
    Pour ton image, il faut que tu saches que je t’aime comme tu es, mais que c’est le plus difficile que d’apprendre à s’aimer. Nous allons y arriver. Courage.
    Bonne journée et à bientôt.
    Signé : l’exilée.

  3. Super cet article…remarque j’ai encore bien du mal à m’accepter…mais ça vient…je ressemble de plus en plus à ma grand-mère qu’on disait belle femme…alors que demander de plus…pour les rangements je ne suis pas bonne…j’ai toujours dans l’armoire les affaires de maman qui est décédée depuis décembre 2002…on devrait faire comme les indiens d’Amérique qui brûlaient les objets du mort en signe de deuil…moi aussi j’ai mis longtemps pour écrire tu à la place du vous…à bientôt amie lointaine

  4. Ah oui, nous nous rejoignons là-dessus : il n’y a rien de mieux que les solutions radicales quelquefois. Un bon feu purificateur ! Il est vrai qu’il est facile d’aller trop loin avec tout ce qui est radical.
    Merci pour tes petits signes sur mon blog. Il n’y en a pas beaucoup d’autres, alors je les apprécie d’autant plus.
    Bonne soirée et à bientôt.

  5. merci aussi pour cet éclairage..
    je me demandais pourquoi ..ou comment une personne vit sans aucune photo ?? ni de lui même, ni des autres..

    ni des gens qu’on a aimé, ceux qu’on aime, ni de soi..

    C’est vraiment quelque chose impossible pour moi..

    En gros , j’ai compris que c’étais un gros trauma narcissique..
    ???
    c’est ça ?

  6. que “c’était ” excuse pour les fautes !!

  7. Non, on ne vit pas sans photo, encore moins aujourd’hui. Celui qui a un problème avec les photos de lui a des photos des autres. Oui ; des photos de ses amis et surtout de sa famille : ses enfants, petits-enfants, mari, de ceux qu’il aime mais pas de lui-même. C’est tout dire. Je connais des comme ça (qui ne s’aiment pas physiquement) et des contraires qui s’aiment tellement qu’ils accrochent des photos d’eux partout dans leur logement. Cette exposition surprend celui qui a des problèmes avec son image mais en général, comme celui-là est bon avec les autres, il peut comprendre.
    Oui c’est un traumatisme personnel profond que l’on peut s’expliquer facilement mais difficile de le surmonter.

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