Justice… presque !

Ça y est, c’est fait. Le procès, qui devait avoir lieu rapidement, s’est tenu cette semaine, deux ans après les faits, et les verdicts ont été prononcés.  Justes ? Je vais dire oui puisque les condamnations décidées par les jurés sont plus sévères que celles demandées par les hommes de loi mais moi, qui pleure encore en écrivant ces mots, je me dis qu’aucune condamnation ne peut convenir.

Souvenez-vous de l’horreur que je vous avais racontée il y a un peu plus de deux ans. Horreur qui avait rendu blanches plusieurs de mes nuits. Horreur qui a hanté toute une famille. Douleur qui ne s’est pas cicatrisée. Comment oublier l’horrible crime commis ? Comment peut-on pardonner à ceux qui l’ont commis ? Comment peut-on dire à ses petits-enfants que leurs arrière-grands-parents ont été assassinés sauvagement, sans raison si ce n’est pour voler trois ou quatre mille euros, par des barbares ?

J’ai beau avoir la tête pleine de jolis souvenirs de voyages, ces deux derniers jours sont à nouveau pleins de tristesse et de larmes cachées car je ne peux toujours pas dire à mes petits-enfants ce qui s’est passé cette soirée du 22 janvier 2015.

Aujourd’hui, justice a été rendue. C’est ce que l’on dit…

Le verdict des jurés de la cour d’assises de Saint-Denis est tombé :

  • Jimmy Celina et Evelyne Filomar – considérés comme les meneurs – écopent d’une peine de réclusion criminelle à perpétuité, tout comme Mickaël Robert.
  • Elsa Gonthier est condamnée à 20 ans de prison,
  • Carole Gravier, poursuivie pournon-dénonciation de crime et de recel de biens provenant d’un crime, 5 ans de réclusion criminelle avec 3 ans de mise à l’épreuve (mais elle devait être remise en liberté à l’issue du procès).

Vous pouvez lire un résumé des faits (faits divers de Clicanoo !) en cliquant LÀ.

Les jurés ont été plus sévères que les réquisitions mais est-ce une sanction satisfaisante ? Certes non ! Rien ne ramènera à la vie ces deux personnes agées, rien n’effacera la douleur physique que leurs enfants et eux-mêmes ont connu avant de mourir, rien… Je suis toutefois obligée d’accepter que la justice parle ; je dois accepter ses décisions mais…

Si seulement j’étais certaine que la justice est équitable mais, j’ai des doutes quand j’entends des jugements par lesquels certains sont exonérés de leurs responsabilités “responsables mais pas coupables”, un pays qui condamne une Madame Sauvage ou un commerçant cambriolé à plusieurs reprises mais qui excuse Jacques Chirac pour des faits de “détournement de fonds publics” ainsi que d’ “abus de confiance” à la Mairie de Paris (deux ans de prison avec sursis). Je trouve véritablement la justice : inique, injuste.

J’ai pourtant compris et finalement accepté qu’un pays où chaque citoyen a le droit de réparer lui-même les torts qu’il subit n’est une jungle dans laquelle règne la loi du plus fort, celle qu’on appelle la loi de la jungle, sans compter qu’on risque fort de commettre une injustice en voulant réparer soi-même le préjudice dont on a été victime.

La Loi, écrite, donne, à l’Etat seulement, le droit de punir les crimes, délits, abus commis par ses citoyens mais je ne peux m’empêcher de voir que la loi du plus fort règne toujours, effaçant les fautes des élus et autres puissants mais s’acharnant sur les plus faibles. La Fontaine l’écrivait déjà et bien avant lui Ésope :

“Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.”

Pour en revenir au jugement des tueurs du couple Aho-Nienne, je reprends deux autres vers de La Fontaine

Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.

Même si la peine de mort paraît barbare, j’avoue que dans certains cas, elle me semble juste. Il faudrait débarrasser la société des cancers qui la rongent. Ce n’est pas chrétien mais c’est ce que je ressens. Pardonner, oublier, j’ai du mal.

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5 réflexions sur « Justice… presque ! »

  1. Ce n’est pas chrétien… Cela me fait rire. En quoi être chrétien suspend la peine de mort ?
    Je suis pour le principe de protéger la vie en exécutant ceux et celles qui lui portent atteinte… En tuant un nuisible, on sauve des dizaines de personnes saines.
    Refuser d’exécuter un nuisible coûte grandement à la société en pécule (toute la logistique d’un détenu : nourriture, soin, logement, surveillance, habillement…) et en vie (le détenu une fois sortit, récidive)…
    A me répéter, nous confondons justice et loi… Tout comme nous confondons “peine de mort” et système judiciaire…
    Bref. Je déplore ce pays qui sombre dans la décadence : protéger les criminels, abandonner les victimes… au nom de la chrétienté ? Rires.

  2. Je comprends tes rires, “terrien”. Tu as saisi au bond l’expression courante “ce n’est pas chrétien” que j’ai utilisée. Souvent, j’en emploie une autre : “je suis une mécréante” (pour choquer) car dans notre monde, on rapporte tout à la religion, en ce moment encore plus me semble-t-il. Donc le but recherché est atteint : ces mots font réagir. Il suffit de se souvenir de cette phrase “Une personne qui veut construire des murs et non des ponts n’est pas chrétienne” prononcée par Jorge Bergoglio,alias le Pape François, et qui a mis dans tous ses états Donald Trump. Lui pas chrétien ! Grands Dieux !
    Tu as bien compris que, même si elle a été abolie, j’aimerais bien que la peine de mort soit rétablie dans certains cas. C’est sans doute parce que je ne sais pas pardonner que je suis malheureuse. Il faut avoir la mémoire courte pour être heureux.

  3. J’ ai toujours dit que celui qui assassinait ne pouvait qu’ être pour le peine de mort.
    Il n’ y a aucune raison pour que la société paie des années durant l’ entretien d’ assassins, et même si certains prétendent le contraire, je reste persuadé qu’ une peine de mort systématiquement prononcée pour des tueurs serait dissuasive pour d’ éventuels amateurs.
    La justice, ce sont des femmes et des hommes qui ont leurs idées politiques, leur philosophie, et on ne me fera pas croire qu’ ils les abandonnent à l’ entrée du prétoire !
    Les droits de l’ homme sont pour les racailles, pas pour les victimes, et ça c’ est de l’ injustice.
    Passe une bonne journée Françoise, espérons que le temps estompe le chagrin
    Bisous

  4. Françoise,
    Oublie donc cette idée de pardonner, et ne te flagelle pas.
    Ce concept de “pardonner” distillé par les chrétiens n’est qu’un moyen de rabaisser, culpabiliser, humilier afin de “contrôler”.
    Je suis bien placé pour te donner un conseil quant au malheur (bien qu’il se situe sur une autre gamme émotionnelle). Il ne s’agit pas de regretter ta vaste mémoire, et d’envier une courte mémoire. Non.
    Il faut arriver à “accepter” les évènements. Savoir renoncer à l’affect qui nous relie à eux. Le renoncement nous libère des sentiments, des émotions, sans pour autant altérer notre mémoire…
    Renoncer, accepter de “glisser”, nous libère de la souffrance et aiguise notre âme…
    Essaie. Le chemin est difficile, mais prometteur…
    Bises

  5. J’oubliais…
    Je me considère vraiment comme un mécréant.
    Le rôle du mécréant, c’est de déranger les nantis, les pleutres, couards et autres lâches qui se rangent derrière celui qui leur semble le plus fort…
    😉

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