Les ponts de Paris (9)

Le pont Sully relie les IV° et V° arrondissements dans l’axe du boulevard Henri IV  pour arriver boulevard Saint Germain. En fait, il s’agit de deux ponts distincts, qui prennent chacun appui sur l’extrémité amont de l’île Saint Louis.

Au XIX° siècle, les deux parties distinctes de ce pont étaient appelées Passerelle Damiette côté rive droite et Passerelle de Constantine côté rive gauche. Il s’agissait de deux passerelles suspendues. Damiette sera détruite pendant la révolution de 1848. L’autre, construite entre 1636 et 1638, s’écroulera suite à la corrosion de ses câbles en 1872. L’actuel pont de Sully fut construit en 1876, dans le cadre des grands travaux du baron Haussmann, et inauguré le 25 août 1877.

Son nom honore le duc de Sully (1560-1641), ministre d’ Henri IV et offre une splendide vue sur la cathédrale Notre Dame. Remarquez bien que le boulevard Henri IV se termine sur le pont de Sully et que ces deux noms semblent inséparables.

La partie sud, celle qui relie l’île au V° arrondissement, est sur le grand bras (long de 159 m).  Ce pont est composé de trois arches en fonte de 46 m, 49 m et 46 m, tandis que la partie nord, celle qui arrive boulevard Henri IV, franchit ce petit bras de la Seine (long de 82 m) avec une arche centrale en fonte de 42 m d’ouverture, encadrée de deux arches latérales en maçonnerie de 15 m chacune.

La largeur  de ce double pont ou pont double (comment doit-on dire ? double pont, ça me fait penser à de la mécanique) est de 20 m (12 m pour sa chaussée et 8 m pour les deux trottoirs).

Pour rester fidèle à moi-même, je vais vous parler de Sully, le plus connu, le ministre, le “pote à Henri IV”.

Maximilien de Béthune, duc de Sully (1559-1641) appartient à la branche cadette, peu fortunée et calviniste des comtes d’Artois (c’était un ch’ti, oui). En 1572, à Paris, il échappe au massacre de la Saint-Barthélémy et devient alors le compagnon du roi Henri IV de Navarre, futur roi de France, qu’il suit dans toutes ses guerres.

En 1593, Sully conseille au nouveau roi de se convertir au catholicisme, afin de pacifier le royaume, mais refuse lui-même d’abjurer.

En 1596, il est nommé au Conseil des Finances puis, vers 1598, surintendant des finances. Ce poste qui permettait de gérer les dépenses de l’Etat correspondrait aujourd’hui au cumul des fonctions de Premier ministre (François Fillon), ministre de l’économie et des finances (François Baroin), et de ministre du budget (Valérie Pécresse). Lui, Sully, tout seul, il remet alors de l’ordre dans les comptes, en créant en 1601, une Chambre de justice destinée à lutter contre les malversations financières. Sully, REVIENS !!!

Sully a de brillants conseillers et fait développer les manufactures, l’artisanat, développe l’élevage des vers à soie par la plantation de millions de mûriers. (Ca ne vous rappelle pas votre livre d’histoire et ses dessins en noir et blanc en bas de page ? Henri IV et Sully en bloomer.)

Illustrations d’un livre d’histoire de CE1 en 1968. Henri IV et Sully sont les amis des paysans. C’est joli, non ? Un peu comme Chirac au Salon de l’Agriculture…

Sully, donc, fait rentrer un arriéré fiscal considérable, paie des dettes écrasantes (près de 30 millions de livres), suffit aux dépenses des guerres, fait annuler tous les anoblissements décrétés depuis 20 ans. Il supprime les petits offices de finances et judiciaires. (Il se fait des potes, vous vous en doutez… des potes qui grimacent). Il crée de grands approvisionnements de guerre, lutte contre l’abus et les prodigalités (des nouveaux potes) et amasse un trésor (30 millions) tout en diminuant les impôts (Sully, reviens !!! s’il te plait, ils promettent mais ils font rien… pour nous). Il fait restituer au roi une partie du domaine royal qui avait été aliénée (euh, pour se faire des sous, la V° République vend aussi ses domaines, non ?).

L’arrivée en Europe des métaux précieux américains, depuis le début du siècle, a permis à Sully comme à ses prédécesseurs de bénéficier de rentrées fiscales, mais lui va équilibrer le budget et faire des économies.

Je passe sur des détails… En  1599, il est nommé Grand Voyer de France, il contrôle alors toutes les voies de communication. Les routes principales sont retracées, remblayées, pavées. En prévision des besoins en constructions et de la marine, il fait planter des ormes aux bords des routes.

Il encourage aussi l’agriculture en répétant une phrase devenue célèbre “Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France.” Il proclame la liberté du commerce des grains, et abolit un grand nombre de péages qui sont autant de barrières entre les provinces, il ouvre de grandes voies de communication, et il fait creuser plusieurs canauxdont le canal de Briarequi relie la Seine à la Loire.

Il va pousser les paysans à produire plus que nécessaire afin de vendre aux autres pays (Tiens.. Mais ça c’était avant l’Europe et la mondialisation de l’économie). Pour cela, il décide d’augmenter la surface cultivée en faisant assécher des marais. Afin de les protéger du fisc, il interdit la saisie des instruments de labour et accorde aux paysans une remise sur les arriérés de la taille. Il va aussi faire cesser la dévastation des forêts, étendre la culture de la vigne, fait établir un arsenal et fortifie les frontières.

Il devient impopulaire même parmi les protestants et les paysans qu’il avait dû accabler d’impôts pour faire face aux dépenses de la guerre contre l’Espagne. (Ah, bon, tout n’était pas parfait alors. On nous aurait menti ? On nous  mentirait encore ?)

Après l’assassinat d’Henri IV en 1610, il est nommé membre du Conseil de régence et prépare le budget de 1611. En complet désaccord avec la régente Marie de Médicis, il démissionne de ses charges de surintendant des finances.

En 1616, il abandonne la majeure partie de ses fonctions et vivra désormais loin de la cour.

En 1621, il est intervenu en conciliateur et a intercédé en modérateur dans les luttes entre les protestants français et la royauté, après les 96 jours du siège de Montauban par Louis XIII, en 1627-1628, lors du siège de La Rochelle et avant la reddition de Montauban. Proche du réseau diplomatique de Richelieu, il a été nommé maréchal de France en 1634.

Il décède le 22 décembre 1641.

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7 réflexions sur « Les ponts de Paris (9) »

  1. Bonjour chère Françoise,
    Sully était un grand homme, et lui au moins, on s’en rappelle et on le connaît encore.
    Crois-tu qu’on se rappellera de Valérie Pécresse par exemple, dans 400 ans ? cela m’étonnerait.
    Henri IV est bien connu du Sud-Ouest. Sa mère, Jeanne d’Albret était de Nérac dans le Lot-et-Garonne et il a passé son enfance dans le château de la ville. Il a aussi un château magnifique à Pau, à 30 km d’ici. Ce fut lui aussi un grand roi, je crois.
    Mais “nobody is perfect” n’est-ce-pas ?
    Par contre pour faire pire que notre gouvernement actuel, je pense que ce sera difficile.
    bisous et bonne journée à toi.

  2. Sully et Henri IV sont indissociables….
    J’aime revoir ces ponts de PARIS, le panorama sur Notre-Dame….que de souvenirs pour moi !
    Encore une fois, belle et bonne documentation…

  3. bonjour Françoise
    merci pour ton mail qui m’a fait bien plaisir
    pour illustrer ton article tu as mis deux superbes photos,n’est-elle pas belle notre dame de paris
    sully nous l’avons tous appris son histoire à l’école,tout du moins pour les personnes de ma génération
    il est intimement lié à henry lV
    bonne journée
    grosses bises
    janine

  4. Bonjour Françoise, il faudrait un petit plan pour visualiser les ponts !
    Tu écris de mémoire ou tu consultes des livres d’histoire. il n’y a que Chantou pour poser des questions pareilles ! (sourire).
    Sully, pas sympa, il a donné l’ordre, en 1608, de détruire le Château de Domfront (voir mon blog ERICMA) aux boulets de canon. Des murs de plusieurs mètres d’épaisseur ont volé en éclats, enfin en gros blocs de pierres. Il ne reste que les ruines du Donjon et un peu de casemates !
    Bonne fin de journée, bisous.

  5. Bonsoir Françoise,
    La deuxième photo avec Notre Dame de Paris est magnifique.
    Merci pour les explications.
    Bonne fin de semaine.
    Amitiés

  6. voilà un pont au nom fameux, et bien entouré !
    quand au Cht’i, voilà le type d’ homme qu’ il nous faudrait au gouvernement !

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