Langage Bourbon, encore…

Est-ce parce que je ne suis pas retournée à La Réunion depuis plus d’un an, à cause du ou de la Covid, que j’ai des réminiscences, que je me souviens du langage Bourbon ? La musique de la langue créole chante à mes oreilles. Oté, lé vrai ! La musique et les surprises. Voici une liste non exhaustive des expressions, du langage Bourbon, des remarques des autres “expatriés” que l’on croise en métropole.

Ça fait bizarre de pas voir dans les supermarchés de métropole les gros ballots de riz de vingt kilos ou de ne pas sentir l’odeur de la morue séchée et des sounouk (snoeks). (Si vous tapez “Rougail sounouk” sur votre moteur de recherche, les recettes vont affluer.) Pour en savoir plus, voilà un extrait de l’article de Wikipedia  présentant le sounouk : 

Centropomus undecimalis, communément nommé Brochet de mer ou Crossie blanc, est une espèce de poissons marins, présente dans les eaux tropicales de la partie occidentale de l’océan Atlantique. Sa taille maximale est de 140 cm mais la taille moyenne couramment observée est de 50 cm. Il est aussi apprécié pour la pêche sportive dans les États comme la Floride mais aussi pour sa chair tendre et fine. Ce poisson est aussi appelé Snook.

En métropole, au niveau du manzé, nana pou dire !

Quand je propose des samoussas, des bouchons et des  bonbons piment pour l’apéritif, il faut expliquer aux zoreys que le “bonbon piment” n’est pas un bonbon comme les autres, pas un Haribo, ni un truc sucré mais un délice piquant réservé aux personnes au palais créole, bien résistant à la chaleur du piment.

Quand je dis : “Pour midi, je fais cuire des grains.” Je dois toujours me reprendre et dire : “Je vais faire cuire des haricots.” Pour un Réunionnais, les grains, c’est tout un ensemble. “Rényoné i apèl grin sak an fransé i di “légumes secs”, mème si toute lé pa sec. Na bon-pé kalité le grin : de zaricots secs blancs, rouges, roses,  gros pois, pois de Lima, pois du Cap, zembériques (haricots mungo), lentilles, ti pois, pois ronds, vouème (haricot oeil noir), zambrovate (pois d’Angole), zantak (une variété de fève)…

À La  Réunion, ou plutôt chez tous les bons créoles ou assimilés, on fait toujours des grains avec le carry et le riz.

Ah le riz... Comment ne pas regarder avec surprise les zoreys gros z’yeux parce qu’ils mangent du riz ek beurre et gruyère ! Té si mémé voyait ça ! Not’ riz lé blanc (à la créole). Alors qu’en métropole, le riz n’est, comme les légumes, qu’un accompagnement de la viande, à La Réunion c’est la base de l’alimentation et ce qui est servi avec le riz, grains, brèdes, rougail, sert à faire passer le riz, à l’accompagner.

Autrefois, on mangeait du riz deux à trois fois par jour, même au «tit goûter» du matin on prenait le “riz sofé” (riz chauffé) : riz + sel + graisse + “piment krazé” accompagné parfois d’un morceau de morue frite ou grillée ou de rougail tomates. Les Réunionnais mangent du ri jone, ri chofé, zanbrokal, riz cantonais bien sûr…

Dans la langue créole, le riz, essentiel à la vie locale, a donné des expressions comme : 

  • in piton de ri : une belle grosse assiette de riz ;
  • In pié d’ri : une femme qui fait vivre son mari ou sa famille (fonctionnaire en général) ;
  • Roul kari sou de ri : essayer de tromper quelqu’un ;
  • Li travay pou d’ri kui : travailler pour trois fois rien ;
  • i done pa kou d’pié dan son vane dori : il ne faut pas cracher dans la soupe ou il ne faut pas scier la branche sur laquelle on est assis ;
  • gaingné son pint dori : gagner son pain.

Dès que je croise un créole La Rényon , je vais me lâcher en discutant et plus personne ne comprendra à moins d’être Réunionnais ou Zoréole (c’est mon cas). Pas facile si vi sorte pas de l’île de connaître le sens de “fioner”, tazer”, “roder”, “caper”, “totocher”, “craser”, “coquer”, “raler”… (“rôder” au lieu de “chercher”, “mi rode mon soulier” = je cherche mes chaussures ; “raler” pour tirer, “rale pas trop fort i sa casser” = ne tire pas trop fort, ça va se casser… ).

“Ma fin trouvé un zafer pou faire rire à zot” (je viens de trouver quelque chose pour vous faire sourire) surtout si vous êtes attachés à La Réunion : l’humour créole.

Bonne écoute et bonne journée.

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2 réflexions sur « Langage Bourbon, encore… »

  1. tres interessant ce parler pays ou langage bourbon , que je ne connais absolument pas ! je connais quelques mot de creole mauricien, mais c’est completement different , tes explications sur le riz surprennent un zoreile, car nous en mangeons rarement ici, acccompagnant la viande ou en gateau , j’en fais cuire presque tous les jours, mais c’est pour l’alimentation de mon chien , chaque soir, 3cuilleres d e riz, trois de haricots verts, et un steak haché cru , pas vraiment pour les humains !! bonne soiree chere Françoise amitiés
    pour info, je me suis fait vacciné ce matin avec le Moderna, tout va bien, aucunes sensations anormales !

  2. Alors comme ça les féministes se réveillent aussi à la réunion !
    Je n’ ai connu des réunionnais que du temps de mon service militaire, et ils restaient entre eux !
    Sinon je passais mon temps dans une famille martiniquaise dont j’ ai d’ ailleurs failli épouser une des filles !
    Quand au piment, ça m’ a valu de devoir porter un temps des couches !

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