L’accent (1)

“Oui j’ai gardé l’accent”, chantait Mimi, notre Mimi nationale,  Mireille Matthieu. On aime ou on n’aime pas mais elle a fait rayonner la France quoi qu’on dise. Elle avait l’accent du Sud qu’elle a bien essayé de cacher contrairement à Jane Birkin qui a cultivé (sans doute) son accent britannique. Mais c’est quoi un accent ? Moi j’ai l’accent de Grenoble, toujours et je ne chante pas, il y a d’autres Grenoblois qui le font à ma place et bien mieux, sans accent de Grenoble ; il y a Michel Fugain, mon voisin du quartier Berriat, Calogero, natif d’Echirolles, sans doute le plus connu des chanteurs grenoblois actuellement avec son tube “Un jour au mauvais endroit” (2014)  qui illustre directement son engagement sur l’insécurité qui touche sa région d’origine, Grégory Lemarchal qui est né et a grandi à Grenoble, avant de percer grâce à la Star Académy, Anaïs, le groupe Sinsemilia et j’en oublie. 

Oui, j’ai gardé l’accent qu’on attrape en naissant du côté de Marseille, c’est l’ail du potager, l’huile de l’olivier, le raisin de la treille, c’est le micocoulier où jouent les écoliers qu’une cigale égaye.
Quand la mer de Pagnol, en retenant ses vagues, s’endort en rêvassant et rêve d’un marin qui lui passe la bague, la mer à notre accent ! Quand le vent de Mistral décoiffe les marchandes jouant au Tout Puissant et qu’il nous fait le ciel plus bleu que la lavande, le vent à notre accent !

Oui, j’ai gardé l’accent qu’on attrape en naissant du côté de Marseille, c’est le mas paternel, aux murs couleur de miel, aux tomates vermeilles, c’est la tuile du toit, comme un peu de patois que le soir ensoleille quand la nuit de Daudet aux moulins met des voiles qui tournent en crissant et que ça grouille au ciel des millions d’étoiles, la mer à notre accent !

Quand l’été de Giono revient en transhumance et que les estivants, imitent en riant, c’est l’accent du clocher, la Noël des bergers dans la nuit des merveilles.

C’est l’orgueil provençal, la gloire de Mistral,

C’est l’accent de… Mireille !

Jolie chanson, joli texte.

En réfléchissant un peu plus, au fond, qu’est-ce qu’un accent ?

Un accent, ce sont les traits articulatoires : l’intonation, la prononciation, etc. propres à une communauté linguistique (pays, région), un groupe ou un milieu social. En d’autres termes, c’est la manière de parler des uns et des autres : le parlé pointu des Parisiens (ce qu’on disait, avant, quand au Nord de Valence, c’était la banlieue parisienne), accent alsacien (allemand, pour certains), accent picard, bourguignon, belge ou québécois. Toutes ces personnes parlent une seule et même langue : le français mais pas de la même façon. Dans ma jeunesse, à Grenoble, on distinguait encore l’accent de Saint-Martin-d’Hères, de celui de Fontaine ou Grenoble-centre. Aujourd’hui, je ne sais que dire, on distingue toujours les accents et cette caractéristique peut être défavorable, un handicap. Peut-on nier cela quand on reconnait si bien l’accent des banlieues ?

Pour moi, garder son accent, c’est comme emporter un peu sa terre à ses souliers, parler de son pays tout en parlant d’autre chose et chaque fois que j’ai un coup de blues, mon accent d’origine s’amplifie, s’accentue. Vous voulez rire ? Juré, je n’ai jamais parlé comme ça mais c’est ce que j’ai entendu souvent autour de moi dans ma jeunesse, alors je comprends tout. Pas vous ?

Quand je voyage, je parle anglais ou espagnol mais mon accent francophone me trahit souvent ; peu importe, on me comprend et on aime mes efforts. Combien de fois, m’a-t-on dit que mon accent était sexy ? (so lovely sexy french accent). 

Ce qui nous fait défaut quand on parle une langue étrangère, outre l’étendue du vocabulaire, la prononciation des mots de manière individuelle mais bien l’intonation, la musique qui rythme ces mots quand ils sont liés dans une phrase ou un texte, c’est la musique de cette langue. Attachée à mes origines, je me dis que la plus belle musique est latine. Dans quelle langue sont écrites les chansons langoureuses ?

Pour en revenir aux accents, en anglais, il y a des mots accentués  sans que cet accent ne soit écrit quelque part, c’est une règle, un point c’est tout. Par exemple, tous les mots qui se terminent en « ion » ont un accent de mot sur la syllabe précédente : education, tradition et les dérivés gardent cet accent ; si on ne connait pas la règle, on ne prononce pas le mot correctement et nous Français, nous nous faisons repérer.

En espagnol l’accent tonique est écrit d’où ces á, é, í, ó, ú. J’y reviens dans un moment.

Share

2 réflexions sur « L’accent (1) »

  1. et que dire du chinois qui m’ a t’on dit, joue sur les accents d’un même mot !
    Il ne faut pas confondre accent et patois !
    J’imagine que l’accent pourrait remonter aux origines, selon ceux qui se sont installés en France.
    Je trouve cela plutôt plaisant, qu’il y ait tant d’ accents en France, et en l’entendant, on imagine la région !
    Mireille a de la voix, pas Birkin que je préfère en actrice, et je n’ai pas de sonotone !
    Passe une bonne journée Françoise
    Bisous

  2. Je confirme, trublion, les accents et les tons en chinois changent tout. Bien trop compliquée pour moi cette langue.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *