Quel titre ?

La mention, dans mon dernier billet, de T-shirt à message me rappelle un de mes billets de 2012. Je me fais un plaisir de le remettre à la lecture : leçon d’orthographe et grammaire ou un peu plus.

C’est pain bénit… c’est facile, vous disais-je dans mon billet du 25 mai 2012 «Encore du pain !» mais béni ou bénit ? La question m’a été posée, alors une réponse pour tous. Peut-être que ça vous intéresse. Et bien sûr, j’ai autre chose à raconter, comme toujours.

D’abord la leçon de français ou de grammaire, d’orthographe :
Béni, participe et adjectif, bénit, adjectif seulement.

Voici l’usage pour éviter trop d’hésitations.

Bénit ne s’emploie que comme adjectif, à propos de choses consacrées par la bénédiction du prêtre : cierge bénit, buis bénit, eau bénite, médailles bénites. Les cloches bénites la veille. C’est ce qu’a décidé l’Académie française dans la neuvième édition de son Dictionnaire.
Donc bénit est toujours épithète ou attribut. Ce billet n’est pas pain bénit finalement ?

Béni, participe passé de bénir, s’emploie dans les autres cas, lorsqu’il n’y a pas de bénédiction rituelle, ou pour les personnes quand il y a bénédiction d’un prêtre ou au sens figuré. Pour les choses, il s’emploie au sens figuré ou à l’actif avec avoir, au passif avec ou sans être et un complément d’agent introduit par :
La foule bénie se prosterne. Le prêtre a béni la foule. Un roi béni par son peuple.

A la Réunion, nous avons quelques histoires plus ou moins drôles de bénédictions, de miracles, de sectes… Deux escrocs ont vendu, il y a quelques années, à une population crédule des draps bénis par le Pape. Plus récemment, c’est le Petit Lys d’amour qui a «vendu ses salades» et en masse certains y ont cru. Plus récemment, mais sans conséquence grave, il y a eu une statue de la Vierge qui pleurait du sang, une autre de l’huile et un coussin portait le visage du Christ… Je ne dirai rien de plus. Avec internet, vous devez retrouver facilement ces histoires. Peut-être que l’abus de rhum, le chômage, la chaleur, la misère sont causes de dérives…

C’est un vaste sujet de discussion que l’approche des pratiques religieuses, surtout à la Réunion où tout se mélange. J’ai envie d’écrire pour le meilleur, mais c’est vrai pour le pire aussi. Des Malbars hindouistes vont à l’église, des Chinois à l’église catholique et au temple chinois ou protestant. Les frontières sont poreuses entre les religions, philosophies ; les populations sont tolérantes, par crainte ou trop grande crédulité. Je ne me prononce pas ici aujourd’hui. J’avais juste envie de vous parler de mes t-shirts. Je ne vous parlerai pas de tout ce qu’on pouvait lire, que je gardais pour le dimanche et les vacances mais de deux d’entre eux qui sont venus au lycée avec moi du temps où j’étais prof. Sans doute ne les ai-je pas mis pour faire cours  mais pour les conseils de classe ou les tâches administratives (bulletins, livrets scolaires et même rangement, ménage, oui, oui, vous avez bien lu : ménage dans des salles mal ou non entretenues (et après on dit que les profs ne foutent rien).

Mon t-shirt préféré portait la mention «Leader» en gros et en petit, au dessous «chef d’une tribu de béni oui-oui». Un béni-oui-oui, c’est familier, c’est une personne toujours disposée à approuver les actes de ses supérieurs ou les initiatives du pouvoir en place.

Dans l’Église catholique, n’y a-t-il que des « béni-oui-oui » ? Au PS ? A l’UMP ?

L’expression «béni-oui-oui» n’a rien à voir avec une origine ou un contexte liturgique et semble plutôt provenir de l’arabe « beni » (fils de) et de l’argot militaire. Expression algérienne créée durant la période coloniale, formée de l’arabe beni, pluriel de ben (fils de) et de oui-oui  exprimant un accord systématique.  Le béni-oui-oui est donc considéré comme une personne servile qui approuve systématiquement la proposition d’une autorité. Je cite : «Ces hommes [les Algériens de 1954] ne pouvaient rester des « béni-oui-oui », des « cireurs de chaussures », l’idée de l’indépendance étant une force irrésistible.» — (L’Humanité, 29 octobre 1984, p.10, col. 1)

Mon autre T-shirt favori portait cette phrase d’Alphonse Allais «j’ai appris que les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sérieux.» Je reviendrai sur les importants si graves et si réfléchis une prochaine fois. Je persiste à dire qu’il ne faut pas se fier aux apparences.

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Une réflexion sur « Quel titre ? »

  1. La langue française n’ est pas des plus faciles, bénie sois tu de nous aider !
    Que dire sur les religions !
    Déjà qu’on suit le plus souvent celle de la famille où nous somme nés, ensuite, que nous pratiquons selon ce que nos parents nous ont montré, mais lorsque le modernisme nous fait croire que la science, c’ est Dieu, on l’oublie jusqu’à ce que le malheur nous rappelle que nous sommes peu de chose !
    Quand je vois vociférer toutes ces populaces illettrées, je me dis que peu à peu nous les rejoignons par la faute d’une éducation qui fait faillite

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