Poésie de saison

Poésie sombre. Pour la saison.

Chant d’automne

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.

J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? – C’était hier l’été ; voici l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

Charles Baudelaire (1821-1867)
Les fleurs du mal

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Une réflexion sur « Poésie de saison »

  1. voilà qui aurait dû être déclamé lors de l’hommage devant la Sorbonne !
    Il est temps puisque nous sommes en guerre, de ressortir l’ échafaud pour ceux qui utilisent le couteau !
    La Covid arrange bien le gouvernement, mais il ne perd rien pour attendre !
    Bonne journée Françoise
    Bisous

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