Gisèle Halimi

Depuis un bon moment, j’ai délaissé mon blog et ce, pour plusieurs raisons : les occupations multiples de (grand-)mère de famille mais aussi et surtout parce que je n’arrive plus à écrire, à dire le dégoût qui a pris la place de la colère face aux événements du monde et en particulier dans notre pays. Tout le monde se tait et un petit prétentieux fait ce que bon lui semble à la tête de l’État. Nous ne sommes plus en république puisque Manu se comporte comme un roi. Le reste du monde ne va pas mieux. Je désespère de temps en temps.

Mais aujourd’hui, une rebelle, une féministe courageuse vient de nous quitte à quatre-vingt-treize ans et un jour, il faut que j’en parle. Elle était née un 27 juillet (moi aussi).

Source essentielle : Wikipedia.

Son nom d’origine : Zeiza Gisèle Élise Taïeb (devenue Gisèle Halimi par mariage)

Elle était née le en Tunisie ; elle est morte aujourd’hui le à Paris. C’était une avocate, courageuse et brillante, militante féministe et fit aussi de la politique.

Durant son enfance dans une famille traditionaliste, elle commença son combat féministe remettant en cause ses obligations de fille au sein de sa famille. À treize ans, elle entama une grève de la faim afin de ne plus avoir à faire le lit de son frère ; au bout de trois jours, ses parents cédèrent. Elle avait en elle «une rage, une force sauvage…».

Mariée à Paul Halimi, administrateur civil au ministère français de l’Agriculture, dont elle garda toujours le nom sous lequel elle s’était fait connaître, elle s’était remariée avec Claude Faux, ancien secrétaire de Jean-Paul Sartre, dont elle a été l’amie et l’avocate. Mère de trois fils : Jean-Yves Halimi, avocat, Serge Halimi, directeur du Monde diplomatique et Emmanuel Faux, journaliste à Europe 1.

Elle avait milité pour l’indépendance de la Tunisie (son pays d’origine) mais aussi pour l’Algérie, dénonçant les tortures pratiquées par l’armée française. Elle présida une commission d’enquête sur les crimes de guerre américains au Vietnam.

En 1965, Gisèle Halimi participa au Mouvement démocratique féminin, sorte d’union de la gauche avant la lettre qui soutenait la candidature de François Mitterrand à la présidentielle de 1965 et voulait unir socialisme et féminisme.

Elle fut signataire en 1971 du Manifeste des 343, parmi 343 femmes qui déclaraient avoir avorté et réclamaient le libre accès aux moyens anticonceptionnels et à l’avortement libre aux côtés notamment de Simone de Beauvoir ; elle milita en faveur de la dépénalisation de l’avortement et prit la présidence de cette association à la mort de Simone de Beauvoir.

Au procès de Bobigny en 1972, elle obtint tout d’abord, au tribunal correctionnel, la relaxe pour Marie-Claire, une jeune fille de seize ans qui avait avorté après un viol, obtint aussi du sursis pour la mère et la relaxe pour les deux amies qui avaient aidé Marie-Claire. Elle a fait de ce procès une tribune contre la loi de 1920, procès qui contribua à l’évolution vers la loi Veil, votée en  et promulguée en , sur l’I.V.G. (interruption volontaire de grossesse).

Par la suite, sa stratégie de défense médiatisée de deux jeunes femmes victimes d’un viol collectif, Anne Tonglet et Araceli Castellano, devant les assises d’es Bouches-du-Rhône, à Ax-en-Provence en 1978, contribua à l’adoption d’une nouvelle loi en 1980 définissant clairement le viol et l’attentat à la pudeur, les reconnaissant comme des crimes, alors qu’ils étaient considérés jusque-là comme des délits en droit français (Souvenir encore d’une de mes colères à l’IUT en 1973 quand je tenais à démontrer à mon prof de droit civil que le viol d’une femme n’était pas assimilable à un vol de poules).

Gisèle Halimi aida et soutint la cinéaste Yannick Bellon à produire le film tourné à Grenoble et dans sa banlieue : “L’Amour violé” (le premier à aborder le sujet) et présenta le film, à de nombreuses reprises lors de débats sur le sujet. Quand je pense que Gérald Darmanin est ministre de l’Intérieur avec une accusation de viol (c’est bien que ce n’est pas si grave… second degré, bien sûr).

Gisèle Halimi milita dans beaucoup de domaines, fut l’une des fondatrices de l’association altermondialiste ATTAC en 1998, s’opposa à la guerre en Serbie signant la pétition « Les Européens veulent la paix », fut membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine, fut présente le à l’adoption par l’Assemblée nationale d’une résolution européenne sur le principe de la “clause de l’Européenne la plus favorisée” visant l’harmonisation des législations européennes concernant les droits des femmes suivant l’idée qu’elle avait émise dès 1979.

Élue à l’Assemblée nationale (députée de la quatrième circonscription de l’Isère) de 1981 à 1984, elle siègea comme apparentée au groupe socialiste mais constatant que ses projets n’avançaient pas autant qu’elle le souhaitait, elle dénonça un « bastion de la misogynie ». Son amendement instaurant un quota pour les femmes aux élections a été voté à la quasi-unanimité par les députés, en 1982 mais la mise en échec de cet amendement revient au Conseil constitutionnel qui le considèra comme une entrave à la liberté du suffrage et à la libre expression de la souveraineté nationale.

Bien que nommée par lui ambassadrice de la France auprès de l’Unesco, une fonction qu’elle occupe d’avril 1985 à septembre 1986, elle se déclare déçue par François Mitterrand, qu’elle juge machiavélique.

Elle rejoint donc Jean-Pierre Chevènement à l’occasion des élections européennes de 1994, figurant en deuxième position sur la liste du Mouvement des citoyens.

Etc… Elle se fit moins voyante ces dernières années mais elle laisse une belle trace.

Citation du Monde d’aujourd’hui :

Elle publiera une quinzaine de livres entre 1988 et 2011, dont le dernier, Histoire d’une passion, à l’âge de 84 ans. Une occasion de dire, dans un entretien au Monde, son sentiment sur la vieillesse : « La seule crainte, si l’on est en bonne santé, est celle de la faiblesse intellectuelle. Or je me sens en pleine capacité. Plus riche même, de l’expérience. Bien sûr, il y a certaines limites. Autrefois, pour un procès d’assises, comme celui de Bobigny, je pouvais travailler une nuit entière sur un dossier, me doucher, prendre un café et aller plaider. Aujourd’hui, je ne pourrais pas aller au-delà d’une heure du matin. Mais c’est assez minime. Ce n’est pas si désagréable de vieillir si l’on ne coupe pas la vie en étapes, si on ne se dit pas : Maintenant c’est fini, je suis entrée dans la vieillesse”. » Citant Marguerite Yourcenar, qu’elle admirait, elle voulait mourir comme elle avait vécu : « Les yeux ouverts. »

Bravo Madame pour vos engagements !

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8 réflexions sur « Gisèle Halimi »

  1. Même si son enthousiasme fut à la base de quelques excès, cette femme courageuse, n’hésitait pas à reconnaître ses erreurs ce qui est devenu exceptionnel !
    Je n’aime pas les féministes d’ aujourd’hui, mais les femmes peuvent la remercier, avec Simone Veil, pour son combat pour le droit à l’ Ivg, surtout dans certaines circonstances, dont le viol !
    Je lui reconnais son combat contre la guerre du Vietnam, contre les Serbes, où elle avait entièrement raison.
    Je reste plus prudent pour son amitié pour Sartre, depuis que j’ai lu que lui et Beauvoir étaient pédophiles !
    Passe une bonne journée Françoise
    Bisous

  2. bonjour chere Françoise , je comprends ta reticence à ne plus prendre la plume, nous vivons une triste periode , un grand pretentieux à la tete de l’Etat, une gestion de la crise plus que douteuse ! bravo pour ton bel hommage à Gisèle Halimi ! une grande dame courageuse, ses combats sont admirables, il est bien que gràce à elle, on juge le viol tel qu’il est, une horreur ! trouver Mitterand machiavelique, elle n’avait pas tort !! un grand coup de chapeau à Gisèle Halimi, qu’elle repose en paix .. amities et bises

  3. Bel hommage à cette grande dame qui méritait bien un article spécial !
    Je te souhaite un bon début de semaine en espérant que tu ais passé un bon week-end.
    On est repartis pour avoir encore un pic de chaleur dans quelques jours …
    La sécheresse devient un vrai problème.
    Gros bisoux, ma françoise ♥
    PS : moi aussi, je fais une pause, moins d’envie et fatiguée …

  4. Un tit coucou pour te souhaiter une bonne fin de semaine avec une température redevenue normale mais des orages assez fréquents, heureusement, jusqu’à maintenant, pas trop violents !
    Espérons que ça dure …
    En tous cas, on est mieux et le moral revient un peu malgré la covid qui, elle, remonte beaucoup trop rapidement !
    J’ai bien peur d’un reconfinement à cause d’imbéciles (Je suis polie) qui refusent d’appliquer les règles de sécurité.
    Gros bisoux, ma françoise ♥

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