Payer…

Il y a quelques jours, dans un billet intitulé “Dette”, j’ai utilisé l’expression “payer rubis sur l’ongle”, sous-entendant que ce n’était pas une bonne idée, j’y reviens. “Payer rubis sur l’ongle”, c’est payer comptant et totalement, et oui, vraiment, ce n’est plus une bonne idée.

Je ne sais ce qu’il en est pour vous, mais de mon côté, je considère de plus en plus que c’est une sottise de payer cash et vite car plus personne ne respecte la parole donnée. Si vous écoutez les promesses d’un artisan, d’un fournisseur, vous vous faites avoir les trois-quarts du temps ; vous allez devoir vous battre pour obtenir ce à quoi vous pouvez prétendre. Quel drôle de monde ! Ou plutôt pas drôle du tout. Quel monde pourri ! Pourquoi doit-on sans cesse faire des masses astronomiques d’efforts pour un simple résultat ? Y-a-t-il des conspirations pour nous épuiser et nous faire lâcher prise ?

Il y a peu de temps, dans ma voiture, j’ai entendu puis j’ai écouté une émission dans laquelle un animateur assisté d’une avocate tentaient d’obtenir le respect d’un contrat. Plusieurs victimes demandaient de l’aide. Je ne suis pas devenue paranoïaque mais par moments, je m’interroge : pourquoi ces actes malhonnêtes de plus en plus fréquents ?

Je reviens à l’expression du début de ce billet “payer rubis sur l’ongle”. Pas très pratique de faire tenir un rubis sur l’ongle d’une main pendant qu’on sort son portefeuille de l’autre, encore que, avec les nouvelles colles “intelligentes” et rapides, on  pourrait y arriver. D’où vient donc cette expression ?

Il semblerait qu’elle date du XVIIe siècle ; à cette époque, on disait “faire rubis sur l’ongle”.
Dans son “Dictionnaire comique” publié en 1718, Philibert-Joseph Le Roux indique qu’au cours des beuveries, lors d’une tournée dédiée à un absent estimé, il était habituel de garder au fond du verre une toute petite goutte, de la verser sur l’ongle du pouce, puis de la lécher pour marquer l’attachement porté à la personne.

A cette même époque, c’est devenu une métaphore pour dire “payer jusqu’au dernier sou”. Pourquoi ? Je n’ai trouvé aucune explication.

Le “rubis” liquide ayant été progressivement oublié, c’est le deuxième sens qui a d’abord été maintenu (le verbe payer ayant pris le dessus sur “faire”).

On associe désormais l’expression à un paiement comptant intégral ; elle est le contraire de :

  • payer en monnaie de singe (clic) :  je crois en avoir parlé quand je racontais les histoires de ponts de Paris.  Payer en grimaces ou en fausse monnaie, au lieu de payer réellement.
  • payer avec un lance-pierre  ou payer au lance-pierres qui peut signifier aussi sous-payer. L’origine de la locution se situe sans doute au XXe siècle. “Avec un lance-pierres” veut dire “de manière rapide et approximative”, l’expression a pris le sens de “vite et insuffisamment” (comme dans “manger avec un lance-pierres”). Aujourd’hui, la connotation de vitesse a disparu, pour ne plus garder que le sens d’insuffisance qu’on retrouve dans notre expression : payer au lance-pierre signifiant même ne plus payer du tout.
  • payer en chats et en rats : ne pas payer en bonne monnaie. Le chat aurait été une monnaie qui avait cours jadis et qui signifie payer en monnaie métallique. Cela viendrait de l’époque où les mauvais payeurs étaient obligés de payer leurs dettes par des biens immobiliers ou des terrains vendus à bas prix équivalent à la somme due. Cette interprétation viendrait tout droit de la définition du chas qui était autrefois la maison et le ras qui représentait l’héritage d’un bien agricole mais ça, je viens de le lire et je n’en suis pas absolument convaincue.

Moi je continuerai bêtement à payer mes factures, honnêtement, moins vite peut-être. Au moins j’aurai la conscience  tranquille.

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2 réflexions sur « Payer… »

  1. Des arnaqueurs, il y en a toujours eu je pense,mais il me semble que notre siècle est celui de l’ immoralité.
    Rien d’ étonnant à ce que certains considèrent comme un exploit de pouvoir en rouler d’ autres !
    Alors, quand c’ est possible, je ne verse qu’ un acompte, et le solde après vérification de la conformité !
    Dommage, ça ne marche pas avec les plus grand des escrocs, l’ état !
    Passe une bonne journée Françoise
    Bisous

  2. Siècle immoral, personnes immorales, état immoral ! Nous sommes bien dans l’immoralité et l’arnaque un peu partout ! Et c’est bien triste ! Où est le temps du “tope-là” qui montrait qu’on était d’accord et surtout que la parole donnée avait de la valeur ?……
    Personnellement, j’ai des problèmes avec mon fournisseur d’internet, télévision et autres…Pas de télévision….après des travaux faits chez moi en dépit du bon sens…et privation de téléphone et d’accès à Internet pendant deux jours la semaine dernière ! (la télévision persiste à devenir muette et sans images !)
    Je crois que plus les fournisseurs (de tout) sont haut placés, plus ils s’estiment intouchables…De même que l’Etat !

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