Un crime au paradis

 C’est dimanche mais je n’ai pas vraiment le cœur aux histoires drôles car les faits dont je parle depuis quelques jours touchent ma famille. Comment peut-on dire à ses petits-enfants que leurs arrière-grands-parents ont été assassinés sauvagement, sans raison, par des barbares ?

Comment expliquer à des petits que la mémé et le pépé ont été massacrés par des gens qui voulaient les voler sans aucun doute, mais des voleurs qui ont tapé pour tuer. Tous les coups violents ont été portés, avec une “arme” (barre de fer ou bâton, à la tête seulement).

Certains veulent me faire dire et veulent m’obliger à croire que l’île de La Réunion est un paradis. Si ce fut (presque) le cas dans les années 1970, la situation s’est dégradée dans les années 90 et depuis, nous tombons de Charybde en Scylla et l’île ressemble de plus en plus à l’enfer. Il suffit de feuilleter un journal local à la page des faits divers pour s’en rendre compte. Jeudi soir, les deux vieillards de Grands-Bois, et encore du sang, le samedi 24 janvier :  à SAINT-DENIS, agression au restaurant L’ARTOCARPE : Le serveur poignardé se trouve entre la vie et la mort.

Et pas un mot en métropole sur cette terre paradisiaque où ne vivent que des Français entièrement à part qui ne méritent guère qu’on parle d’eux.

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Pour alléger mon atmosphère et tenter de sourire puisque la vie continue, j’ai envie de vous parler d’“Un crime au paradis”, un film de 2000. L’avez-vous vu ?

L’action se déroule dans un village de la région lyonnaise, Saint-Julien-sur-Bibost. Là, Joseph Braconnier, dit “Jojo” (Jacques Villeret) et sa femme Lucienne dite “Lulu” (Josiane Balasko), mégère acariâtre et alcoolique invétérée, littéralement invivable mènent une vie conjugale pour le moins conflictuelle, dans leur ferme sise au lieu-dit «Le Paradis». Un jour, Jojo regarde à la télévision un reportage sur un avocat brillant, Maître Jacquard, (André Dussollier) qui en est à son vingt-cinquième acquittement. Très impressionné, Jojo va le trouver. Il lui annonce qu’il a tué sa femme, alors qu’il ne l’a pas encore fait, et par un jeu de questions très adroites, se fait expliquer comment il aurait dû opérer pour être à peu près sûr d’obtenir les circonstances atténuantes. Jojo s’en retourne alors au « Paradis » et commence à organiser, selon les indications de l’avocat, la mise en scène du « crime parfait ».

J’ai adoré ce film qui prouve bien que la justice n’est pas forcément juste et équitable et que les bons avocats, en utilisant bien la loi, peuvent sauver les pires crapules.

Ceci dit, Jojo méritait largement les circonstances atténuantes. Les plus âgés ou les plus cinéphiles de mes lecteurs reconnaitront, dans ce résumé, un autre film : “La Poison” réalisé par Sacha Guitry et sorti en 1951.

Voilà comment on refait du neuf avec du vieux. Un peu comme les articles anciens “copiés-collés” et republiés.

Paul Braconnier (Michel Simon) et sa femme Blandine n’ont qu’une seule idée en tête : trouver le moyen d’assassiner l’autre sans risque. À la suite d’une émission de radio, Paul décide de se rendre à Paris pour rencontrer un célèbre avocat spécialisé dans l’acquittement des assassins. Il fait croire à l’avocat qu’il a tué sa femme. L’avocat interroge Paul pour reconstituer les circonstances du drame. Sans le savoir, il explique, bien malgré lui, la marche à suivre pour que Paul assassine sa femme en mettant de son côté toutes les chances d’éviter la guillotine, voire d’être acquitté….

Guitry n’épargne pas les villageois qui viennent en masse soutenir Braconnier. Ils sont tous là pour le remercier, car son crime a donné une couverture médiatique et, par la même occasion, une seconde vie économique au village qui en avait bien besoin. Ils sont plus hypocrites que solidaires.

Comme toujours, les critiques ne furent pas enthousiastes car le générique annonce le thème du film : l’éloge, l’éloge du mensonge et de l’hypocrisie. L’aspect critique du film est omniprésent : critique économique (les commerces ne se portent pas très bien et la venue de visiteurs qui feraient tourner le commerce serait bienvenu), critique sociologique (l’avocat, tout à la joie de son nième acquittement, soutient des thèses parfois effrayantes sur les criminels), critique des médias (qui, comme des charognards, vont de fait-divers en fait-divers, tous plus morbides les uns que les autres).

Soixante ans plus tard, rien n’a changé ou plutôt elles ont changé en pire…

Quel espoir ?

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5 réflexions sur « Un crime au paradis »

  1. Les films sont un peu le reflet de la société, et de ce qu’ elle pense.
    Je ne suis pas étonné par ce qu’ il se passe à la Réunion, mais tu sais, c’ est la même chose en métropole, si tu regardes les faits divers !
    Il va bien falloir en revenir à plus de morale !
    Bonne journée Françoise
    Bisous

  2. Plus aucun respect de la vie… et c’est quotidien… car plus de respect du prochain, car qui est mon prochain ?
    Amitiés
    Jean

  3. Et si on “relançait” la morale et ses bienfaits ? Que de travail en perspective…mais ça serait pour le bien-être de chacun.

  4. Bonjour Françoise,
    C’est vrai que l’on n’entend pas parler de ce qui se passe à La réunion.
    Bien triste tout ça, plus de respect pour rien.
    Je n’ai pas vu le film.
    Bon début de semaine, et à bientôt

  5. J’ai vu le film
    Je crois bien que pour avoir la peine minimale
    Est de tuer puis de dire que sous l’effet d’alcool et de drogue je me rappel de rien
    Y’a bien un qui à eu 4 ans je crois pour un fait similaire
    Alors que soit-disant dans le pays la drogue est un délit en plus du meurtre
    Va comprendre quelque chose dans la justice

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