Double négation

J’ai trouvé un blogueur qui aime la langue française et se plaignait, il y a quelques jours, des pléonasmes récurrents. Je lui ai répondu que j’étais bien d’accord avec lui (mais oui, au jour d’aujourd’hui, les pléonasmes sont à la mode). Ce vendredi, il enchaine avec les fautes de conjugaison et la double négation. Comme vous vous en doutez, j’en ai rajouté une ou deux lignes et voilà qu’un billet pour mon blog s’imposait.

Petit cours de français.

La forme négative sert à donner une information négative ; on utilise ne pas avec le verbe. Le ne a tendance à disparaître en langage familier, mais pas est indispensable. Exemple : «je ne mange pas» qui devient «je mange pas».

On utilise également les variantes suivantes : ne… plus qui indique un changement, exemple : «je ne fume plus» ou le plus familier «je fume plus» (qui ne signifie pas davantage mais plus du tout, plus difficile à comprendre à l’écrit qu’à l’oral ou l’on peut dire “plusse”).

Le nejamais signale un absolu. «Maintenant je n’ai jamais de cigarette dans mon sac» ce qui ne signifie pas, malheureusement, que je ne fumerai plus jamais. Je peux juste espérer que rien ne me fera changer d’avis mais si le tabac n’est pas bon pour mon porte-monnaie, je dois avouer que je trouvais de temps en temps du plaisir à avoir ce goût et cette odeur de tabac dans les narines.

`Il y a d’autres variantes à la forme négative :
ne… pas encore, pour un événement qui n’a pas eu lieu au moment où l’on parle (François n’a pas encore fini de faire des conneries) ;
ne … toujours pas, pour une situation persistante (La fin du cumul des mandats n’est toujours pas arrivée) ;
ne … rien, pour une négation totale portant sur un objet ou une phrase (Le changement, je ne vois rien de positif pour le moment) ;
ne … personne, une négation par rapport à quelqu’un (Je ne vois personne capable de redresser la situation en France pour le moment).

On peut évidemment la renforcer par des adverbes comme vraiment, absolument, du tout ou, au contraire, l’atténuer par presque. «Il ne fait vraiment pas beau ce printemps ; il n’y a presque pas de visibilité sur les routes de montagnes quand il pleut, comme en économie quand on n’ose plus espérer l’embellie». Voilà des négations claires et correctes.

Il faut par contre éviter la double négation, qui s’annule comme en mathématiques, vous vous souvenez : – – égalent + (moins, moins, plus).

Ainsi «il n’y a jamais personne» ne signifie pas que c’est totalement vide comme on espérait le faire comprendre mais au contraire qu’il y a toujours quelqu’un. Réfléchissez bien. Quand on dit il y a personne, c’est qu’il n’y a personne. Si comme à la Réunion vous dites «n’a point personne» ou  à votre manière «il n’y a pas personne», votre interlocuteur va comprendre qu’il y a quelqu’un alors que vous avez voulu dire au contraire qu’il n’y a vraiment personne. C’est pareil avec «jamais». Jamais personne = toujours quelqu’un.

La place de la négation est aussi très importante dans la phrase. Dire «Elle a décidé de ne pas se marier» est bien différent de «Elle n’a pas décidé de se marier». Je me souviens qu’avec ma cousine Geneviève on se battait pour la place de vieille fille : «Je ne me marierai jamais» disait-elle et je faisais l’écho. Nous avions décidé de ne pas nous marier, mais nous sommes mariées et mères de famille (et même grands-mères) quarante ans après ces belles paroles). Je reviens à la grammaire.

Dans le premier cas : «Elle a décidé de ne pas se marier», elle a pris la décision de rester célibataire (comme nous l’avions dit). Dans le second cas : «Elle n’a pas décidé de se marier», il y a deux possibilités, soit elle n’a pas encore choisi de se marier ou pas, ou bien pire : ON a décidé pour elle de la marier. Oui, les mariages forcés existent encore.

“Vous n’êtes pas sans le savoir” ou “vous ne pouvez pas l’ignorer”. La première formulation qui a la côte en ce moment me gêne encore plus que l’autre (c’est un avis personnel). Les deux phrases expriment des idées très proches : on accuse poliment, avec plus ou moins d’ironie (de méchanceté ?) la personne de feindre l’ignorance (ou d’être franchement ignorante). On se fout de nous, pas clairement, mais quand même.

C’est pourquoi je préfère dire franchement : «Oui, les mariages forcés existent encore, merde, vous le savez bien ! »

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13 réflexions sur « Double négation »

  1. J’ ai lu que Larousse et le petit Robert, avaient déjà revu la définition du mariage, pour coller avec une loi probable, mais pas encore définitivement adoptée.
    Comme la mode actuelle est au nivellement par le bas, j’ ai bien peur qu’ on finisse par accepter tout et n’ importe quoi, au niveau de la jeunesse d’ aujourd’ hui.
    bonne journée
    bisous

  2. “Au jour d’aujourd’hui…” (cette expression que je ne supporte pas mais qui est employée par journalistes, présentateurs de télé etc…) je suis tout à fait d’accord avec vous !
    En ce moment, si je ne “rouspète” plus officiellement, à l’intérieur de moi, je rouspète plus !
    Que devient la langue française ? un désastre parmi tant d’autres…
    Bonne journée quand même !

  3. Salut

    je suis désolé, ne comptez pas sur moi pour sauver la langue française.
    je sais que je fais d’innombrables fautes.C’est souvent mon cerveau droit qui va plus vite que mon cerveau gauche ou vice versa…

    J’ai un collègue de bureau qui se moque de mes fautes de frappes car je tape avec deux doigts et parfois l’ordre dans mon cerveau n’est pas respecté.
    Ah ! relire, toujours relire …. il m’a avoué qu’il avait aussi le même défaut.

    Amicalement Votre

    Vincenzo

  4. Bonjour
    pour dire vrai je ne parle pas très bien…. je sais que cela dérange des personnes, ce n’est peut-être pas bien, mais je m’en contre-fou… Au début de mon ministère j’ai compris qu’il fallait que je m’améliore, mais mes paroissiens de l’époque m’ont dit non , reste comme ça… tu parles plus comme nous et nous préférons !!! Alors pourquoi changer, et aujourd’hui c’est bien trop tard…
    Amicalement
    jean

  5. Il est vrai que dans le langage courant le “ne” disparaît bien souvent, c’est abhérant, Moi aussi, je me refuse à cela. Sur les téléphones, les sms ne ressemblent plus à rien, il faut lire à voix haute si tu veux comprendre. Je suis peut-être vielle France, mais je mets toujours un point d’honneur à communiquer en bon français, Oh ! je ne suis pas une lumière, je fais beaucoup de fautes d’orthographe, l’école m’a couru après et ne m’a jamais rattrapée. Cependant je ne supporte pas ce que l’on fait de notre bonne vieille langue. Je m’insurge même contre ces nombreux mots anglais que nous avons adopté au fil du temps, je pense que nous sommes en train de perdre notre identité
    Passe une bonne fin de semaine 😆
    Je t’embrasse

  6. Bonsoir ma Françoise que je ne dois pas oublier … Hi Hi !

    Je passe te souhaiter une douce soirée et belle nuit.
    J’espère que tu as eu un peu plus chaud et moins humide que par ici, hi hi !
    J’espère que tu vas bien et que tu as bon moral.
    Je suis un peu absente ces temps-ci mais je ne t’oublie pas, et voilà !

    Prends soin de toi.

    Lolli

  7. J’adore ton billet, très instructif car on a toujours besoin d’une petite piqûre de rappel en matière de règles de grammaire…

  8. merci chère Françoise, pour ce cours de français !! “on en a bien besoin de nos jours” ! on se plaint des jeunes qui galvaudent notre français, ils sont ce que nous en avons fait !! “mariages forcés”, eh oui tu as raison, ça existe encore ! merci pour tes gentils passages, j’avoue avoir renoncé à savoir où tu es, Toulouse ou la Réunion, peu importe, et de toute façon, ça ne me regarde pas !! tes récits sont toujours de petits bjoux, d’où qu’ils viennent !! en reference à notre dernier article notre fille cadette Françoise, est francilienne, l’ainée Marie-Noëlle vit à Albi…tu dois connaitre !! bon dimanche et de grosses bises

  9. Bonjour Françoise!!!
    Voici un petit temps que je voulais passer pour te remercier de ton passage sur mon blog suite au décès de notre cher ami Antonio.
    Mais voilà quelques jours après, je suis partie en vacances et ce n’est qu’aujourd’hui que je trouve le temps de rattraper mon retard.
    Antonio, je le connaissais de longue date, c’était un monsieur gentil, généreux et intelligent avec qui j’aimais échanger.
    Son départ m’a beaucoup affectée, en plus il est parti un premier avril tu parles d’une blague.
    De fait je découvre ton blog et j’y trouve un endroit très convivial où dans la mesure du possible je reviendrai.
    Je te souhaite une douce semaine même si il fait un froid de canard.
    Amicalement.
    Domi.

  10. Je lis tes billets avec plaisir Françoise…je grapille de ci de là…j’ai un doute: tirets, ou pas, pour de ci de là? Je te laisse répondre! 😉 Bonne journée!

  11. Sophie, j’avoue que ta question m’a posé un problème, mais il semble bel et bien y avoir une règle :
    Le trait d’union est utilisé dans les expressions formées avec ci et là :
    – ci-après, ci-contre, ci-dessous, ci-dessus, ci-devant, ci-inclus, ci-gît, de-ci de-là, par-ci par-là, là-bas, là-dessous, là-dessus, là-haut, là-dedans, jusque-là…
    – celui-ci, celle-là…
    – ce mois-ci, ce jour-là…

    MAIS des exceptions : deçà, delà, çà et là, par là, d’ici là, par là même…

    Voilà ce que je peux faire de mieux et qui j’espère te conviendra.

  12. Ping : Manu Payet | FrancoiseGomarin.fr

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