Mots crus d’antan

C’est avec plaisir qu’une nouvelle fois j’ai rencontré Magitte et nous avons bavardé, “parlé de choux et de raves” aurait dit ma grand-mère, en clair : de tout et de rien. J’ai évoqué l’acquisition d’un livre sur les injures d’antan. Son titre “Espèce de savon à culotte”, écrit par Catherine Guennec, préfacé par Philippe Delerm.

Je vous en donne quelques extraits.

“La langue du XVIII° siècle est formidable. (…) Les écrivains sont dans le paysage,dans la vie. Leur  langue rencontre celle du peuple, y gagne en liberté, en insolence. (…)Notre début de XXI° siècle occidental aime à se considérer comme libéré. Pourtant comme sa façon de parler du sexe nous paraît-elle tristounette, par comparaison avec le jaillissement de ces injures d’antan !” Voilà quelques mots extraits de la préface de Philippe Delerm.

On sent bien aussi, tout au long du livre, la jubilation de l’auteur, férue du XVIII°, à recenser, expliquer et remettre en contexte l’expression d’une pensée “non corsetée”.

Quelques insultes que j’apprécie et qui peuvent être utilisées aujourd’hui encore, surtout quand on pense à nos célébrités et à ceux qui nous gouvernent :

Adonis de la Halle : mocheté.

Agneau de garce : fils de pute ou enfant de salaud.

Bijou d’la foire Saint-Ovide : abomination, repoussoir, laideur ambulante, monstre de foire.

Bijou manqué, belle manquée : laideron réussi.

Merdaillon : petit puant qui veut faire l’important. (Je ne cite personne mais on n’en manque pas de nos jours.)

Abatteur de Quilles ou abatteur de bois : vantard qui fait plus de bruit que de de besogne, qui se vante de plus qu’il ne saurait faire. (Même remarque que précédemment, ils sont nombreux maintenant.)

Rat de palais : homme d’affaires véreux. Avez-vous des noms à l’esprit ? Mittal me parait convenir. Cinquante millions d’aide de l’Etat en contrepartie de quoi ? Il ressemble au Chevalier d’industrie : escroc, parasite.

Sac percé : panier percé, prodigue, dépensier.( Nos élus disposent d’argent et nous payons, nous renflouons les caisses.)

Zéphir manqué : pet foireux, courant d’air, individu toujours en mouvement. (Nous en connaissons tous au moins un.)

Chevalier de la coupe : Disciple de Bacchus, chevalier de la tétine, glouglouteur, buveur, ivrogne.

Courage d’écrevisse : poltron, liquéfié, lavette, pétochard, mauviette, froussard.

Lessivé de la toiture : ravagé de la toiture, travaillé des méninges, ondulé de la touffe, crâne fêlé, maboule, foldingue, marteau, fou. (A se demander si ceux qui nous dirigent sont vraiment sains d’esprit quand on voit les décisions qui sont prises.) Définition à rapprocher de celles de Bernard Pivot et du “yoyoter de la touffe”.

Zéro, double zéro, triple zéro… Faut-il expliquer ? Nous avons perdu notre triple A mais des triple zéro, nous n’en manquons pas… Quel avenir grâce à eux ?

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7 réflexions sur « Mots crus d’antan »

  1. et bien, on ne manquait pas d’ imagination à l’ époque !
    Même Hergé en avait !
    de nos jours, on fait plutôt dans le grossier !
    as tu parlé de nèfles avec Magitte ?
    bonne journée
    bisous

  2. Bonjour
    C’est vrai je n’en connaissais aucun !!! il faudrait que j’en apprenne quelques uns…
    Ici sous la neige, quelle poisse…
    Jean

  3. bravo Françoise de nous rappeler le vert langage du passé …jamais entendu parler des ces insultes, à part “merdaillon” encore utilisé, amusantes insultes , notre coup de coeur ira à “lessivé de la toiture”…bonne fin de semaine, bisous

  4. l’Inde n’est plus le pays sous développé d’il y a 50 ans, les temps ont changé même s’ils vivent différemment de nous;
    les jeunes vivent en jeans, avec des ordinateurs, il y a plus d’ingénieurs en informatique qu’en France, de plus en plus de voitures neuves, ils construisent des avions, une partie des airbus….
    c’est devenu un grand pays, avec une classe moyenne qui progresse rapidement alors que chez nous, elle décline;
    ces images décrivent la vie que l’on trouve partout en Asie, les gens sont heureux, sourient alors que chez nous, tout le monde se plaint en permanence;
    bonne soirée, Françoise;

  5. Salut Françoise
    de nos jours nombreux sont ceux qui pensent que la modernité c’est nous parce que nous avons les ordinateurs et les téléphone portables et autres choses de ce genre alors que la vrai modernité est celle de l’esprit.
    Toutes les époques passées n’ont pas été à la pointe de la modernité mais il y en a eu plusieurs qui par l’inventivité du langage et de la reflexion n’ont rien à envier à la prétendu modernité de nos jours.
    Ton article vient à point pour le démontrer.
    Ainsi je me désole toujours quand j’entends les gens parler du moyen age comme du période sombre et obscure alors qu’elle nous a légué des textes magnifiques et a jeté les bases de la renaissance.
    Et comme tu le fais remarquer sans citer de noms, nombre de ceux qui se prennent pour des vedettes ou des stars de la politique feraient bien de regarder un peu en arrière pour se rendre compte à quel point ils sont petits en comparaison de certains personnages d’antan.
    Amicalement
    Antonio

  6. Je connaissais l’ Adonis, mais pas les autres !
    Je retiendrai avec plaisir l’ abatteur de quilles, et m’ en resservirai, hélas, souvent !!!

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