Le temps des vendanges

Vendanges : mot le plus souvent au pluriel, temps où se fait la récolte du raisin. Elles ont lieu, en ce moment dans le sud de la France, du côté de Fronton près de Toulouse… à côté de chez moi.

La commune de Fronton est située au nord de la Haute-Garonne, à vingt-huit kilomètres au Nord-Ouest de Toulouse ; elle compte plus de six mille habitants et bénéficie pleinement de l’essor de l’agglomération toulousaine ainsi que du développement de l’axe Toulouse-Montauban-Fronton.

Fronton est le centre de l’aire d’appellation “AOC Fronton” qui couvre vingt communes. Elle compte parmi les plus anciens vignobles de France ; ce sont les Romains qui plantèrent les premiers ceps sur les terrains dominant la vallée du Tarn. Mais je reviendrai un autre jour sur cette histoire de vignes, de vin et même de chevaliers.

La renommée des vins de Fronton n’atteint son apogée qu’au XVIII° siècle ; le protectionnisme dont bénéficiaient les vins girondins prend fin et les vins locaux peuvent être exportés vers l’Europe entière. Cette belle prospérité ne résiste pas au phylloxéra à la fin du XIX° siècle mais, grâce aux efforts tenaces des vignerons, les vins de Fronton retrouvent leurs lettres de noblesse en obtenant en 1975 l’AOC (appellation d’origine contrôlée).

Le vin de Fronton est obtenu à partir d’un vieux  cépage : la négrette, à raison de 50 % minimum et des cépages syrah, cabernet franc, sauvignon, fer servadou, gamay, cinsault et mauzac. Sa renommée s’est développée lorsque la Négrette (cépage local) a remporté en 2009 le prix du meilleur vin blanc de France. (Le cépage Négrette est utilisé aux États-Unis sous le nom de Pinot Saint-George.)

Mais de Fronton, je m’évade vers Châteauneuf du Pape. C’est dit, aujourd’hui je nage dans le vin. Je pense aux fêtes des vendanges et aux religieux qui ne sont jamais loin des vignes, vin de messe oblige, et de l’alcool : Chartreuse (on est Grenoblois ou pas), Bénédictine et autres liqueurs. Il faut que je me “freine”, il y a tant à dire… C’est bien parce que les papes résidèrent un temps en Avignon que nous avons aujourd’hui ce vin qui est, d’après un critique américain, “le meilleur vin du monde”.

Jean XXII, né à Cahors en 1245, ancien évêque du diocèse d’Avignon, puis pape, fit de cette ville la capitale de la chrétienté et transforma son ancien palais épiscopal en premier palais des papes. Il s’occupa aussi des terres environnantes et fit planter à seize kilomètres au nord de la cité, le vignoble de Châteauneuf ; il fit construire là sa résidence d’été, le fameux château neuf dont il ne reste aujourd’hui que quelques vestiges. C’est ainsi qu’est né le “vin du pape” qui connut la gloire rapidement. On le trouva même à la table des rois, dont Louis XVI, sous un autre nom. Je vous explique.

Je me répète, le phylloxéra ravagea toutes les vignes de France en 1860. Un homme riche et motivé, propriétaire du château de la Nerthe (le plus ancien et l’un des plus grands domaines de Châteauneuf) fit repartir le vignoble. Cet homme providentiel pour la région d’Avignon était le commandant Joseph Ducos. Il fit replanter de nombreux cépages : grenache, syrah, cinsault, vaccarèse… et changea le nom du vin :

le Châteuneuf-Calcernier devint Châteauneuf du pape.

Un grand coup de marketing avant la mode des entreprises de communication. Du sixième sens…

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11 réflexions sur « Le temps des vendanges »

  1. Intéressante cette page d’histoire !
    Il ne s’occupait donc pas que des affaires de la religion ce brave Jean XXII

  2. Voilà un article qui aurait fait plaisir à mon père ! Il était “gourmet” disait-il…moi je lui répondais qu’il était un peu gourmand ! il savait apprécier les vins contrairement à moi qu’il estimait “pas digne d’être sa fille” !…. ( à cet égard, je précise !).
    C’est fou ce qu’on apprend avec vous !
    Bonne journée.

  3. c’ est je crois Noé qu’ il faut remercier !
    Quand on y pense, bien des pays ont des vignobles plus ou moins anciens, et la concurrence est devenue sauvage !
    J’ ai une préférence pour les Maconnais, Moulin à vent, Juliénas et Brouilly .
    Trop de châteaux bordelais pour que je m’ y retrouve !
    bonne journée
    bisosu

  4. Ma douce qui ne porte pratiquement que des pantalons serait donc hors-la-loi ! Je ne savais pas que je vivais depuis si longtemps à côté d’un gibier de potence ! Va falloir que je signale son cas à la préfecture. Non mais ! J’ai dû boire du vin d’origine papale. Je me souviens que mon père mettait régulièrement sur la table familiale une bouteille de “Vieux pape”. Mais, ce devait être un vin de fond de cuve ! Car, pas cher, c’était un vin de table que, dans les années 50, buvait surtout le peuple désargenté. J’en ai vu il n’y a pas longtemps sur une étagère de supermarché. J’ai failli en acheter. Pour le souvenir. A plus. Florentin

  5. C’est une période extraordinaire pour nos régions vinicoles… Ici , elles sont pratiquement terminées

  6. Bonjour
    Un petit coucou en passant
    J’aime beaucoup l’ambiance des vendanges pour les avoir faîtes quand j’étais étudiante .
    Justement la semaine dernière j’ai eu l’occasion de goûter du “Fronton “que j’ai trouvé très fort .Je doute pas de la qualité de ce vin mais peut être que cette fois là je n’étais pas en forme pour l’apprécier.
    Je suis une bonne cliente pour les bons crus !le vin délivre et fait chanter.
    Amicalement

  7. Pour dire la vérité, dans les vins de Fronton, je préfère de loin les rosés aux rouges mais tout est question de goût. Lesdits rouges ne me conviennent pas, ils sont trop vifs. Je ne sais pas si c’est le terme qui convient, je ne suis pas œenologue. En quatre mots, je préfère les rosés et c’est souvent le cas.

  8. honneur à la vigne et au vin, merci Françoise, excellent article, du Fronton nous ne connaissons que le rouge ! tres agreable, le Chateauneuf du Pape, c’est tout autre chose ! si tu aimes le rosé, viens par chez nous (83), nous baignons dedans !
    bonne journée et de grosses bises

  9. Un intéressant article qui rend hommage aux vendanges et à tous ces gens qui s´y rendent pour cueillir le raisin et nous permettre de déguster ces délicieux vins.
    Bon vendredi,bisous. Ismeralda

  10. Bonsoir Françoise,
    Ton article passionnant a fortement titillé mes papilles… Ces noms poétiques, évocateurs de délices, émanations de terroirs prestigieux sont un fabuleux patrimoine qui se love au coeur des dives bouteilles. Je ne suis pas une grande connaisseuse en matière de vin mais c’est un élixir que j’aime savourer quand une agréable occasion se présente.

    Je te remercie pour ta visite. Mon blog est en pause actuellement pour raisons de santé. Je reviendrai dès que ça ira mieux, bien que le “mieux”, avec des malformations orphelines incurables soit très illusoire…

    Bonne soirée, amitiés

    Cendrine

  11. Je connais un peu Châteauneuf du pape… Mais j’ai appris beaucoup de choses ici. Le Pape ne résidait donc pas à temps complet en Avignon et il possédait une résidence secondaire pour s’occuper des vins !
    Bonne soirée Françoise.

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