Ponts de Paris (23)

Le pont du Carrousel traverse la Seine entre le quai des Tuileries (I°) et le quai Voltaire (VII°). Plusieurs ouvrages successifs ont été construits et connus sous différents noms. Parce qu’il était construit dans le prolongement de la rue des Saints-Pères (à l’origine rue de Saint-Pierre), le premier pont devait s’appeler le pont des Saints-Pères, mais en 1834, le roi Louis-Philippe le baptise, pour son inauguration, pont du Carrousel (des carrousels, spectacles d’équitation militaires se déroulaient sur la place du même nom ; aujourd’hui ils se tiennent dans l’une des cours du Louvre). Il sera aussi appelé pont du Louvre, puisqu’il arrive en face du Palais du Louvre, rive droite.

Avez-vous déjà vu cette enfilade de ponts ? Une vieille photo récupérée, je ne sais plus où.

Au premier plan, le pond des arts, derrière le pont du Carrousel. Le suivant ? Il s’agit du Pont Royal, mon numéro 24 .

Le premier pont du Carousel, en fer à 3 arches,  de structure légère : bois et fonte, a été réalisé de 1831 à 1834, puis élargi en 1906. Le concepteur a fait preuve d’un grand sens de l’innovation puisqu’il a insisté pour réaliser un pont en arc alors que la tendance était aux ponts suspendus. La structure complexe était aussi très audacieuse, ce qui lui valut quelques critiques ; ainsi, les cercles de fer qui décorent la structure métallique sont appelés ironiquement les «ronds de serviette».

Le pont se montra vite inadapté à un usage intensif, et pour cette raison sera construit l’actuel pont (1935-1939) quelques dizaines de mètres en aval afin de s’aligner avec les guichets du Louvre.
Allez voir, une nouvelle fois, le site : http://lefildutemps.free.fr/paris/pont_carrousel.htm, qui est riche en vieilles photographies.Ce pont est livré à la circulation le 30 octobre 1834, il a une longueur totale de 170 m et une largeur entre garde-corps de 12 m. Il comprend 3 arches de 48 m d’ouverture.

Sous le Second Empire, le pont du Carrousel résiste aux idées et aux démolitions d’Haussmann “grâce” à la guerre de 1870 . Néanmoins, en 1883, le pont est fermé à la circulation pendant six mois pour changer une partie des poutres et des traverses. Les techniciens qui effectuent le travail conseillent de remplacer le bois du tablier du pont par du fer martelé. Cela sera fait en 1906.  Malgré cette réparation, le pont est étroit et bouge dangereusement.

En 1930, il est jugé d’une hauteur insuffisante pour la navigation fluviale, et il doit être détruit totalement pour être remplacé par un nouvel ouvrage, un peu plus en aval. Les travaux sont autorisés par décret du conseil d’État du 26 août 1933. Le projet définitif est adjugé le 23 mai 1935. Les travaux commencent par la partie aval, avant la destruction de l’ancien pont mais la Seconde guerre mondiale arrêtera les travaux d’aménagement en rive gauche.

Le nouveau pont en béton armé a été réalisé de 1936 à 1939 et revêtu de pierre de taille pour s’harmoniser avec le Louvre. Conçu en dos d’âne, d’une longueur de 168 mètres pour une largeur de 33 mètres, il sera pourvu de trois arches surbaissées au niveau des quais. Les statues allégoriques du siècle dernier, créées par le sculpteur Louis Petitot (1846), retrouveront leur place à chaque angle du pont. Elles représentent sur la rive droite, à l’aval, l’Abondance (écrin à bijoux) et à l’amont, l’Industrie (caducée et ailes de Mercure). Sur l’autre berge, l’aval accueille la représentation de la Seine (amphore) et l’amont, la Ville de Paris (sceptre et couronne). Les statues de marbre étaient à l’origine élevées sur des piédestaux en fonte abritant les bureaux destinés à la perception du péage.

Dans l’ordre, l’Abondance, l’Industrie, la Seine et le Ville de Paris.

L’éclairage de ce nouveau pont était réalisé par un dispositif en forme d’obélisques télescopiques, c’était le rêve de Subes, le “ferronnier”. Interrompu par la guerre de 1939, Subes reprend les travaux en 1940. Toutefois, tous les stocks de cuivre devant être signalés à l’administration d’occupation, il continue son travail en cachette. A ses risques et périls, il dissimule les lampadaires terminés (20 tonnes de cuivre et 40 d’acier) dans des souterrains. Après la Libération, Subes put enfin mettre en place ses deux splendides candélabres. D’une hauteur de douze mètres le jour, pour ne pas nuire à l’harmonie, les structures s’élèvent à vingt-deux mètres la nuit, pour éclairer le pont.A propos d’éclairage : en 1999, dans le cadre des préparations de la mise en lumière de la Seine et de la ville de Paris, illumination prévue pour les festivités du passage à l’An 2000, la Ville a décidé de faire restaurer le système. Pour ce travail de rénovation on a habillé une ossature d’acier d’une tôle de cuivre repoussé. Le mécanisme originel à système de chaîne est remplacé par un système de treuil permettant à ces pylônes-candélabres de retrouver leur fonction première pour un coût de 6,8 millions de francs.

Au total, pour la mise en lumière de 23 ponts, la ville a dépensé 55 millions de francs. Dans sa phase de réalisation, ce fut un chantier difficile : 23 ponts à éclairer le long des 13 kilomètres de la Seine, faire avancer simultanément les travaux avec des contraintes liées à la circulation automobile et à la navigation fluviale, sans compter les difficultés particulières du travail sur les ouvrages d’art que sont les ponts.

C’était avant la crise… mais était-ce bien raisonnable ?

Quoi que… 55 millions de francs, ça ne fait que 8 384 695,95 €.

Panem et circenses.

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6 réflexions sur « Ponts de Paris (23) »

  1. La réalisation d’un tel éclairage nécessite forcément un gros investissement ,
    Cela ne se rentabilise pas , mais ça peut apporter un plus pour le tourisme et le bien-être de citoyens
    Encore un joli article
    Douce journée ,Françoise
    Bisous
    timilo

  2. C’est un pont que j’ai traversé en voiture, je l’aime bien ! Je l’ai pris aussi en allant au Louvre ou simplement admiré ! Bonne journée, bisous

  3. Bonjour Françoise,
    J’aime bien les candélabres de ce pont.
    Tu sais, l’argent est souvent dépensé à tort et à travers, et ça continue de plus belle.
    As-tu vu ce jour que les radars pédagogiques expérimentés en Moselle ne fonctionnent pas sur les 4 voies ? Il faut les retirer. Déjà qu’on avait payé pour les mettre, maintenant il faut à nouveau payer pour les sortir. Qui a parlé de crise ?
    Excellente journée à toi, malgré tout.
    Bisous.

  4. et oui, ce n’ est pas de la poche des donneurs d’ ordres que vient l’ argent !
    je n’ avais jamais entendu parler des ces lampadaires obélisques télescopiques !
    et j’ espère que les statues ne donneront pas l’ idée d’ instaurer à nouveau un péage !
    quand on voit ce qu’ il se passe dans quelques villes, on peut s’ interroger !
    bonne journée
    bisous

  5. cette été je devais voir paris, avec un ami!
    il oublier,comme tout les hommes!!!
    bisouss

  6. Salut, Françoise.
    Inspiré sur les plans de l’ancien Pont du Carrousel on trouve encore debout son jumeau à Séville, en Espagne.
    Moi, comme plusieurs sévillains, j’avais toujours pensé que le “Puente de Triana” était le seul le long du Monde. Pas du tout. Notre pont, ouvert en grande pompe le 23 février 1852 n’est qu’une copie flagrante du disparu Pont du Carrousel.

    Tableaux du Pont du Carrousel.
    Van Gogh : http://www.vangoghgallery.com/catalog/Painting/449/Pont-du-Carrousel-and-the-Louvre,-The.html
    Cariot : http://www.artvalue.com/auctionresult–cariot-gustave-camille-1872-19-pont-du-carrousel-2623216.htm

    Note : Tapez “Puente de Triana” sur Google Images.

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