Un prénom pour la vie

Je ne vais pas vous faire de publicité pour ce vieux livre de Pierre Le Rouzic et qui m’a suivie pendant mes deux premières grossesses, il y a quarante ans déjà pour la première.

« Lorsque l’enfant paraît… », il s’agit d’abord de lui trouver un prénom. Ce problème suscite généralement dans les familles une petite guerre sentimentale. La mère est ravie qu’on s’intéresse à ce point à son bébé, mais elle ne veut pas qu’on décide à sa place de quelque chose qui le concerne. Elle a raison : le choix du prénom est pour l’enfant d’une importance capitale. « 

Je vais soulever le problème des prénoms pourris et d’un que je n’aurais pas aimé porter.

Il n’y a jamais eu une aussi grande variété de prénoms : cinq-mille (5 000) aujourd’hui contre trois-mille (3 000) en 2006. Un raz-de-marée lié à l’assouplissement législatif : la loi du 8 janvier 1993 permettant aux parents de prénommer à leur convenance leur enfant, sauf si l’officier d’état civil juge le prénom grossier, péjoratif ou ridicule, alors que, jusque-là, ils devaient s’en tenir aux saints du calendrier mais quel calendrier ?

Le Calendrier Républicain utilisé de 1792 à 1806, conçu par le poète Fabre d’Eglantine et par André Thouin, jardinier du Jardin des Plantes du Muséum national d’histoire naturelle, changea les noms des mois et des saints : les mois s’inspirèrent du climat français et de la vie agricole (Nivôse, le mois de décembre en référence à la neige ou Vendémiaire le mois de septembre pour rappeler les vendanges) ; les prénoms associés aux jours de ce calendrier furent choisis parmi les noms de fleurs, d’arbres, d’animaux et d’outils agricoles ainsi Jasmin : nom de fleur pour un petit garçon, Alisier, Anémone, Angélique, Armoise, Aubépine, Aulne, Aunée, Cèdre, Cerise, Frêne, Hyacinthe, Jonquille, Lilas, Lin, Mélisse, Orme, Pimprenelle, Pomme, Prune, Raiponce, Romarin, Rose, Violette… mais aussi Topinambour  et Pulmonaire (famille de plantes et de lichen dont les feuilles ou la racine évoquent une forme de poumon), Âne, Aubergine, Bette, Cochon, Fumier, Fromental, Mulet, Oignon, Radis, Râteau, Roquette, Trainasse, Truite… Certains de ces prénoms ont résisté au temps, d’autres moins. On a vu revenir des Pomme, Myrtille et Prune, Vanille dans les années 1980/90.

Autrefois, chaque prénom avait une durée de vie de quatre générations, la disparition de ses « anciens porteurs » sonnant le début de sa résurrection, maintenant les prénoms ont des cycles de vie de plus en plus courts  ; dès qu’ils sont trop répandus, il disparaissent, les parents souhaitant singulariser à tout prix leur enfant sauf qu’il y a une multitude de Matis, Lucas, Léa, Manon, Camille… en 2000 (tiens les prénoms des héros d’« Un si grand soleil »).

Si aujourd’hui les parents se lâchent, il y a de quoi avoir peur pour les petits qui portent des prénoms abominables. C’est à croire que des parents veulent du mal à leurs enfants et que les officiers d’état civil  laissent faire n’importe quoi. Comment croire que des enfants puissent se prénommer : Clitorine, Charlolivier, Gabyélène, Lola-Poupoune, Cacharel, Meibelyne, Kenzo, Euthanasia, Djustyne, Zac-Harry, Kill-Yann ou Térébentine (la fille de Cécile Duflot) ? Je me souviens que, dans la banlieue de Grenoble (Saint-Martin d’Hères) en 1970, l’officier d’état civil a refusé à un membre de ma famille le prénom de Charlène pour sa fille et qu’il a inscrit contre la volonté des parents Cendrine (choisissant cette orthographe qui me fait penser à cendrier plutôt que Sandrine qui provient d’Alexandrine et non de George Sand).

Les tendances « courtes » se succèdent désormais avec la sonorité en «a» pour les filles, en «o» pour les garçons (Julia, Emma, Léna, Hugo, Matéo;..), ou même « ultra-court » : Zoé, Léa, Léo, Théo mais l’esprit terroir a toujours le vent en poupe avec des Nolwen, Maëlle, Gaël, Tristan, Maeva ou Lancelot.

Par ailleurs, pour être original le prénom adopte une orthographe de plus en plus curieuse ; on en compte ainsi vingt-huit (28) pour Ryan, 26 pour Tiphaine, 20 pour Aymeric…

Moi, vous le savez  « je m’appelle Françoise » (c’est ma fête aujord’hui) et je n’aurais vraiment pas aimé m’appeler Sibeth, comme Sibeth Ndiaye. Si bête…

Pour moi, le comble ce serait une Sibeth Schiappa (clic) (Si bête Courge). Deux copines à Manu. Pas terrible cette fin de billet mais vous me pardonnerez, c’est une drôle de période !

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