…ade

ADE est un suffixe formateur de substantifs féminins qui expriment soit l’idée d’action, soit l’idée de “collectif”, des mots appartenant le plus souvent à la langue familière, quelquefois même avec une nuance péjorative. Pour la leçon de vocabulaire du jour, voilà une liste non exhaustive de mes propositions, classées par thèmes et dans l’ordre alphabétique :

I – ACTION
  • accolade : action d’embrasser quelqu’un en lui mettant les bras autour du cou. Interdite officiellement par les temps qui courent.
  • appareillade : formation des couples de perdrix pour la reproduction. La protection de la nature, on s’en fout et les rapprochements entre humains sont officiellement interdits, il en va de votre santé.
  • arlequinade : bouffonnerie d’Arlequin et par extension: action ridicule, inconséquence choquante. L’arlequinade est un mot peu employé mais dont la réalité est constatée quasi quotidiennement, c’est une réalité sans nom.
  • aubade : concert donné à l’aube ou dans la matinée, sous les fenêtres de quelqu’un, plus souvent quelqu’une. Interdite en raison du couvre-feu (19 h-6 h, en  France, en ce moment).
  • balade (familier) : action de se balader.
  • baignade : action de se baigner, généralement en eau courante, 
  • bourrade : poussée brusque et brutale faite à quelqu’un avec la crosse d’un fusil, ou, plus fréquemment, une partie du corps (bras, coude, épaule, poing).
  • bousculade : heurt violent et rapide qui peut blesser ; il peut y avoir bousculade après un événement fortuit ou une charge de police,
  • boutade : saillie d’esprit originale, imprévue et souvent proche de la contre-vérité ; par boutade, on pourrait dire… “Oh ! Dieu !… bien des choses en somme“… ;
  • bravade : (avec les mêmes lettres, on écrit bavarde) , action ou attitude par laquelle on brave quelqu’un ou quelque chose, avec un courage souvent ostentatoire. Qui est encore capable d’agir par bravade ? Si nous nous taisons tous, en permanence, que deviendra la liberté ? Il n’y a pas que des matamores pour agir par bravade.
  • brimade : épreuve vexatoire, parfois accompagnée de traitements humiliants qu’imposent les anciens aux nouveaux venus ou les camarades, les collègues, etc et toute mesure vexatoire découlant d’un abus d’autorité. Les brimades administratives, par exemple. Nous vivons dans le seul pays au monde dont le gouvernement impose la production d’autorisation pour sortir même en dehors des heures de couvre-feu. C’est une brimade caractérisée et nous nous laissons faire comme ont longtemps été tolérés les bizutages.
  • capucinade (vieilli) : sermon et, par extension, discours platement ou naïvement moralisateur ressemblant aux sermons des capucins, les religieux, pas les singes, ni les poissons de La Réunion. Le mot est vieilli mais l’acte est courant : discours platement moralisateur… “Soyez gentils et bien obéissants.
  • cavalcade : promenade de plusieurs personnes à cheval, troupe de gens à cheval. Par extension, défilé pompeux et pittoresque de personnes à pied, à cheval ou en voiture. Le Président remontant les Champs Elysées après son élection, fait sa cavalcade. Emmanuel  Macron est monté sur un véhicule militaire, fait inédit, car le président n’agit ainsi que le 14 juillet mais Manu est l’exception, l’homme providentiel, le sauveur autoproclamé.
  • charade :  divertissement verbal qui consiste à faire deviner un mot sommairement défini (appelé mon tout ou mon entier) d’après la définition d’un homonyme (appelé mon premier, mon second, etc.) de chacune de ses syllabes. Par extension, chose difficile à comprendre, énigme, comme les décisions du gouvernement actuel.
  • croupade, terme d’équitation, «saut dans lequel le cheval relève les jambes de derrière jusque sous le ventre. 
  • débandade : fait de se disperser rapidement et en tous sens, quelquefois après une bousculade ou une charge de la police envers des manifestants pas forcément “hostiles”. J’ai bien une autre idée
  • dégringolade : action de dégringoler ou résultat de cette action. Chute, dans les sondages de satisfaction, par exemple.
  • dérobade : action de se dérober, de se soustraire aux regards. Un souvenir de lecture, au siècle dernier (1976) : “La dérobade”, un roman de Jeanne Cordelier sur la prostitution. Se vendre… Mieux vaut vendre son corps que son âme au Diable. (c’est mon avis).
  • dragonnades (histoire), mot toujours utilisé au pluriel : persécutions exercées sous Louis XIV contre les protestants qui refusaient de se convertir et contre lesquels on employa des colonnes de dragons pour les soumettre. L’usage de la force, une fois de plus.
  • embrassade : action de prendre quelqu’un entre ses bras en serrant contre soi ; résultat de cette action. L’embrassade, c’est dangereux et interdit en ce moment. 
  • embuscade : stratagème consistant à guetter d’un lieu dissimulé le passage d’un ennemi, d’un adversaire pour l’attaquer par surprise ; par métonymie : lieu du stratagème.
  • empoignade : lutte ardente où les adversaires en viennent aux poings.
  • engueulade (populaire) : action d’engueuler, de s’engueuler ; suite de propos violents, souvent injurieux, adressés à quelqu’un en manière de reproches ou échangés entre deux ou plusieurs personnes en opposition. Les engueulades sont de plus en plus nombreuses dans le monde politique, ce qui démontre le haut niveau de leurs pensées. Le langage politique s’est toujours voulu fleuri, voire cruel mais cette cruauté était réservée aux adversaires politiques, aux ennemis. Napoléon disait de Talleyrand : “une merde dans un bas de soie“. Plus subtil, Clémenceau a dit de Félix Faure : “Il voulait être César, il a fini Pompée“. Odieux ? Aujourd’hui sans doute, à l’époque on a ri.
  • escalade : action de monter à l’assaut d’une position ou d’une paroi rocheuse.
  • estafilade : coupure, entaille faite par un instrument tranchant.
  • estocade : (vocabulaire de la tauromachie) coup porté avec la pointe d’une épée. Estocade finle ; cetains en rêvent. Pas forcément en pensant au taureau.
  • fanfaronnade : actes et propos de fanfaron. Le fanfaron est une personne qui affecte la bravoure, qui vante de façon outrancière ses qualités ou ses actions réelles ou imaginaires, on pense à Tartarin de Tarascon mais il y a d’autres exemples de ces vantards. Vous en connaissez tous au moins un.
  • ferrade (régional) : action de marquer le bétail au fer rouge. Fête célébrée à cette occasion, en Provence.
  • foirade (vulgaire) : action de foirer ; résultat de cette action ; échec, reculade. Les foirades ne manquent pas en cette période en France : finies les fêtes, les foires pas les foirades !
  • foucade : altération de fougue (familier), impulsion vive et passagère, comportement capricieux. Tiens, tiens… Pensez-vous à quelqu’un qui agit par foucade ? Rien de réellement sensé, pas de vision à long terme en cas de foucade.
  • galopade : sorte de galop d’école raccourci et ralenti, chevauchée faite au galop. Dans le langage courant : course précipitée, vers la sortie ?.
  • galéjade : histoire inventée ou simplement exagérée à laquelle on essaie de faire croire ; plaisanterie provençale ayant généralement pour but de mystifier. Certaines décisions de nos ministres actuels ressemblent grandement à des galéjades.
  • gambade : saut spontané effectué en agitant les jambes (ou les pattes) en tous sens pour manifester sa joie, son excitation.
  • gasconnade : attitude ou propos d’une personne qui fanfaronne, qui cherche à mystifier son entourage. Synonyme : hâblerie, vantardise. Revoir “fanfaronnade”, ça y ressemble.
  • glissade : action de glisser; résultat de cette action.
  • griffade : (rare) coup de griffe.
  • incartade : écart de conduite.
  • jérémiade (au pluriel en général) : plainte, lamentation, récrimination sans fin qui importune.
  • lapalissade : affirmation niaise par laquelle on exprime une évidence ou une banalité.
  • mascarade,  ce sera mon prochain billet.
  • mazarinade : pendant la Fronde, satire contre Mazarin. Y aura-t-il un jour des macronades ou des darmaninades ? Une novlangue à mon goût mieux que celle de George Orwellqui, dans son roman «1984», invente la «novlangue», langage dont le but est l’anéantissement de la pensée, la destruction de l’individu devenu anonyme et l’asservissement du peuple. 
  • noyade : (rare) action de noyer un être vivant ; résultat de cette action. Dans le laage courante, le fait de se noyer ; mort accidentelle par immersion, dans l’eau en règle générale.
  • œillade : regard, clin d’œil plus ou moins furtif, de connivence.
  • pantalonnade : farce burlesque faite de plaisanteries grossières d’un goût douteux, et attitude, comportement, discours ridicule ou hypocrite destiné à tromper, à égarer, qui ne peut être pris au sérieux. Peut-on parler de pantalonnades de (au choix) Jean Castex, Manu, Darmanin, Schiappa, Valls… ?
  • parade : soit l’ensemble des rites, des cérémonies qui, chez beaucoup d’animaux, précèdent l’accouplement, soit revue que l’on faisait passer autrefois aux troupes.
  • pariade : accouplement des oiseaux et par extension, accouplement des animaux.
  • pasquinade : pamphlet, satire grossière, parole satirique.
  • passade : action de passer devenue aventure amoureuse de courte durée.
  • pétarade : série de pets que font certains animaux (chevaux, ânes…) en ruant. Vieilli et péjoratif : propos vides dont on ne peut faire cas, qui ne sont que du bruit. Série de bruits secs et violents, de détonations, exemples : pétarade d’une automobile, d’un feu d’artifice, d’une fusillade, d’une motocyclette… :
  • rebuffade : refus brutal accompagné de paroles dures et méprisantes ; accueil désagréable. Synonyme d’affront,  de mépris, de vexation. Le peuple de France est aujourd’hui victime de rebuffades de la part de quelques individus qui se croient supérieurs.
  • reculade : action de reculer ; fait de revenir à des positions moins ambitieuses, d’être obligé de céder de façon peu honorable, après s’être trop engagé. “Trois pas en avant, deux pas en arrière...” (air connu). Comment avoir confiance ensuite ?
  • rigolade : action de prendre du bon temps, de faire la fête. Il faudrait rester bon Français et tout prendre à la rigolade pour faire plaisir à Manu . Combien de temps encore devrons-nous nous isoler, nous enfermer ? Comment avoir encore le cœur, la tête à s’amuser, à plaisanter après plus d’un an de “gripette” et plus de six mois de couvre-feu ?
  • rodomontade : propos fanfarons, attitude prétentieuse et ridicule ; comportement d’un Emmanuel rodomont.
  • roucoulade : bruit que fait un oiseau en roucoulant.
  • ruade : mouvement par lequel les équidés (chevaux, ânes, mulets) lancent vivement en arrière leurs membres postérieurs en soulevant leur train arrière. Je ne peux m’empêcher de penser aux “Lettres de mon moulin”, à Alphonse Daudet, à Tistet Védène, à la mule du pape, rancunière, avec une mémoire d’éléphant, cette mule.  
  • saccade : mouvement brusque et irrégulier. Par saccades est synonyme de par à-coups. 
  • sérénade : composition vocale ou instrumentale, de style libre et léger, destinée à être jouée la nuit en plein air par un petit ensemble à vent (bois, cor) auquel peuvent s’adjoindre des cordes ; le pendant de l’aubade du matin. Interdites les sérénades, encore plus que les aubades, pour cause de couvre-feu à 19 heures.
  • tartarinade vieilli, surtout au pluriel : vantardises, fanfaronnades, mots déjà vus.
  • tirade : morceau de prose (ou de vers) constituant le développement continu et d’une certaine longueur, d’un sujet concernant une même idée ; un développement littéraire comme les tirades à Manu qui prend plaisir à s’écouter parler.
  • turlupinade :  jeu de mots, plaisanterie de mauvais goût ; de “turlupin” : comédien médiocre, bouffon.

II − Suffixe formateur de substantifs féminins exprimant l’idée du collectif

A- Avec idée d’action (la base est un verbe ou un substantif désignant une arme) :

  • arquebusade : coups d’arquebuse,
  • bastonnade : volée de coups de bâton,
  • canonnade : tir soutenu d’un ou plusieurs canons,
  • fusillade : décharge de coups de fusils ; action de fusiller pour exécuter,
  • mitraillade  : tir, décharge de mitrailleuse.
  • mousquetade : vieilli, décharge de mousquets.

B – Sans idée d’action :

  • arcade : architecture., ouverture en arc, ensemble formé d’un arc et de ses montants ou points d’appui, mot le plus souvent utilisé au pluriel : les arcades.
  • balustrade : rangée de balustres portant une tablette d’appui et par extension, toute clôture à hauteur d’appui et ajourée.
  • barricade : obstacle fait de l’amoncellement d’objets divers (à l’origine, des barriques) pour se mettre à couvert dans un combat de rues. Les vraies dernières barricades, en France, datent de 1968 , il me semble.
  • brigade  : unité composée de deux régiments (jusqu’en 1914, pour l’infanterie, et 1940, pour la cavalerie) ; de nos jours, unité tactique à l’intérieur de la division.
  • colonnade : file de colonnes sur une ou plusieurs rangées, formant un ensemble architectural.
  • cotonnade : toute étoffe fabriquée avec du coton.
  • estacade : construction à claire-voie, faite d’un assemblage de madriers disposés sur une rivière, un canal ou à l’entrée d’un port dans un but de protection. Pont de chemin de fer construit sur pilotis de bois ; celle du cours Berriat à Grenoble n’est pas en bois mais elle marque bien la limite entre deux zones comme autrefois la barrière.
  • palissade : barrière, clôture faite d’une rangée de pieux, de perches ou de planches (palis) 
  • peuplade : groupement humain de faible ou de moyenne importance, dans une société primitive.

III – Diverses utilisations

En particulier dans le domaine culinaire, le suffixe”- ade” désigne des préparations de mets et de boissons dont le substantif de base est l’élément caractéristique de la recette :

  • aillade : sauce vinaigrette à l’ail ;
  • carbon(n)ade : manière de griller la viande sur des charbons, la viande ainsi grillée ;
  • chiffonnade : préparation de salade (laitue, oseille…) fondue au beurre et assaisonnée ; découpes de viandes (chiffonnade de jambon…).
  • étouffade ou estouffade : sorte de daube.
  • marinade : mélange du vin, de vinaigre salé, épicé dans lequel on met du poisson, de la viande pour les conserver, les parfumer ou les attendrir avant la cuisson ; par extension, aliment mariné.

Oubli relevé par mon ami René : la panade ; pourtant être “dans la panade”, peut s’appliquer à de nombreux compatriotes dans la misère !” J’ajoute donc quelques précisions à ce mot qui relève bien du domaine culinaire au départ : bouillie, composée de pain, de beurre et d’eau longuement mitonnée, additionnée souvent de lait ou de crème et de jaune d’oeuf ; préparation à base de pain, biscottes ou farine utilisée comme liaison, le plus souvent pour les farces. Par analogie et au figuré (populaire et familier, j’aime cette langue-là) : chose mauvaise, de peu de valeur ; femme de mauvaise tournure, laide, sale ; personne mollassonne ; méli-mélo, mélange sans consistance. Il existe en outre l’expression  “Être dans la panade”, c’est-à-dire être dans la misère ou dans une situation inextricable. Nous y sommes tous dans la panade en ce moment, entre la Covid et le reste ; nous n’en sommes pas sortis de la panade.

– Ade peut aussi indiquer :

A – soit un lieu :

  • bourgade : petit bourg dont les maisons sont disséminées sur un assez grand espace.
  • esplanade : terrain uni et découvert, aplani par la main de l’homme ; terrain aménagé devant un édifice.
  • rocade (terme militaire) : ligne parallèle au front de combat permettant d’établir des liaisons entre les secteurs de l’arrière. En urbanisme : voie de circulation rapide contournant ou longeant une agglomération. 

B – soit un lieu d’action

  • aiguade : lieu où un navire s’approvisionne en eau douce,
  • baignade : endroit d’un cours d’eau, d’un lac où l’on peut se baigner,
  • cantonade : chacun des côtés de la scène où prenaient place des spectateurs privilégiés. Par extension, groupe de personnes présentes autour de quelqu’un
  • promenade : lieu aménagé dans une ville pour les promeneurs .

Terminé pour aujourd’hui. Suivra la mascarade.

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2 réflexions sur « …ade »

  1. tu promettais un long article, il l’ est !
    Devant les foirades et les foucades de celui qui se prend pour le chef des armées, je pense à Onfray qui nous annonce une guerre civile inévitable, et j’ espère être encore là lorsqu’on donnera l’ estocade à ces politiques véreux, et aux islamo-gauchistes de la justice !
    Passe une bonne journée Françoise
    Bisous

  2. superbe énumération de mots en “ade” , bravo chere Françoise, mais je n’ai pas trouvé la “panade” !! pourtant etre “dans la panade”, peut s’appliquer à de nombreux compatriotes dans la misère ! pas grave un petit oubli, ou j’ai mal lu ? portez vous bien amities et grosses bises

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