Un métier d’avenir

De quel métier d’avenir vais-je vous parler ? De celui de carine. Non pas celui de Carine, CPE, ni Carine, la prothésiste ongulaire, ni Karine la responsable commerciale d’AirAustral, ni Karine celle qui est passée de l’informatique au métier de chocolatier, ni Karin Viard la comédienne, non du métier de carine, sans majuscule.

Je viens de trouver dans le Dictionnaire de Trévoux, 1771, la carine :

 CARINE : substantif féminin, terme d’Histoire ancienne ;  Carina : pleureusefemme qu’on louait autrefois chez les Romains pour pleurer dans les funéraillesOn les nommait ainsi du nom de la Carie leur paysd’où on les faisait venir la plupart du temps.

Une pleureuse (plus rarement, un pleureur) est une personne engagée pour feindre le chagrin lors de funérailles, afin de faire paraître plus important l’hommage rendu au défunt. L’existence de la profession est attestée depuis l’Égypte antique, elle persiste dans certaines cultures au XXème siècle. Pourquoi ne pas la renouveler au XXIème siècle ? Les hommages sont très “tendance” ?

Dans les cérémonies funéraires de l’Égypte Antique, les pleureuses, par leurs cris et les versets scandés, rythmaient le transport de la dépouille vers sa dernière demeure. La déesse Isis, veillant sur la dépouille mortelle de son mari Osiris, est représentée en pleureuse se lamentant les bras levés au ciel.

“L’Encyclopédie” de Diderot et D’Alembert décrit l’usage dans la Rome antique de placer des pleureuses en tête des cortèges funéraires ; elles étaient menées par une præfica donnant le ton des lamentations. Louis de Jaucourt (Encyclopédiste aussi) indique qu’en Grèce jadis, on utilisait des pleureuses chargées “de hurler, de pleurer, et de se frapper la poitrine, tandis que quelques autres chantent des élégies à la louange du défunt”.

Au Moyen Âge, des pleureuses sont attestées en Irlande et en Écosse. Cette pratique a progressivement disparu d’Irlande à la suite de son interdiction par l’Église catholique. Dans ces régions, la pratique des pleureuses est reliée au folklore de la Banshee, une femme qui prédisait parfois les morts par des mélopées.

Dans les années 2010, des services de location de pleureuses se sont établis au Royaume-Uni et sont utilisés pour les funérailles où peu de participants sont attendus. Le succès de ces offres est lié à l’installation de populations venues du Moyen-Orient et d’Extrême-Orient, où ces pratiques sont plus courantes et mieux admises qu’en Occident.

En Chine et à Taïwan, les pleureuses existent encore au XXIème siècle mais la tradition est là-aussi “en voie de disparition”.

En Inde, les rudaali du Rajasthan sont recrutées dans les classes inférieures pour exprimer leur chagrin à la place des femmes chez qui ces manifestations seraient mal vues en raison de leur rang.

Je vous a annoncé un métier d’avenir, le voilà : Carine, pleureuse.

Vous ne me croyez pas ?

Ce n’est pas sans raison que je le propose : il y a en effet de nombreux débouchés pour les néo-carines entre les morts du Covid, enterrés à la va-vite et à qui ont offrira des cérémonies d’adieu a posteriori, et surtout un éventuel hommage national dont Manu semble friand (il est pourtant préférable de protéger les vivants que d’honorer les morts, c’est ce que pense sans doute Samuel Paty, s’il y a bel et bien un après), les égorgés, les assassinés en tous genres auxquels notre gouvernement accorde des services funèbres de première classe, des célébrations “diverses et variées” pour utiliser l’expression en vogue en ce moment dans mon coin.

Halte à ces cérémonies pour le moins hypocrites !  Foutaise, mascarade, tartuferie,  comédie… comme le travail des carines qui est toutefois plus concret que celui de nos ministres.

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2 réflexions sur « Un métier d’avenir »

  1. d’ autant qu’on sait que son seul but, est de se montrer encore et encore !
    Comme d’ailleurs les croque- morts qui ont pris un abonnement tous les soirs

  2. oh j’ai cru un moment que tu allais nous parler de Karine Lacombe, ce prof de medecine qui encombre les plateaux télés, si on n’est pas obligé de croire ce qu’elle dit, on peut toujours apprecier son charme ! oui toutes ces marches blanches, enterrement en grande pompe, avec decorations à la clé, commencent à nous sortir par les yeux , si on avait fait les choses correctement, Samuel Paty ne serait pas mort, il faut soutenir les profs en difficulté , face à une jeunesse déboussolée, nous en sommes au regne des pleureuses, tu as raison , avec toutes ces ceremonies, c’est devenu un metier d’avenir ! si ça pouvait empecher de voir tous ces ministres éplorés, ce serait deja bien ! bonne journee chere Françoise, amities et bises

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