Faire un tabac

Aujourd’hui, dans ma voiture, j’ai entendu une expression devenue rare “faire un tabac”. Je crois bien que c’était sur Europe 1 une émission avec Cyril Hanouna que je n’apprécie guère à la télévision (je zappe) ; à la radio, ma foi, ce n’était pas trop mal. Il parait que tous les jours, en fin d’émission, Cyril Hanouna dévoile les origines d’une expression, d’un mot ou d’une tradition. Aujourd’hui c’était “Faire un tabac”.

Plusieurs participants à l’émission “Les pieds dans le plat” font une proposition plus ou moins farfelue au moment du “mot de la fin”. À nous de trouver la bonne explication avant que Cyril Hanouna ne la donne. Cinq propositions se sont succédées. Les voilà :

1 – C’est Jules Bonnot, chef d’une bande de malfrats qui organisait des attaques, de banques et de commerces divers. Quand il réussissait un braquage, il disait qu’ils allaient “faire sauter la banque” ou “faire un tabac” quand il s’agissait d’attaquer un buraliste.

2 – Au XIX° siècle, les messieurs de la bonne société (ou du moins des hommes avec de gros moyens financiers) se rendaient dans des clubs de gentlemen pour passer du bon temps et fêter une réussite ; en général, ils buvaient un verre d’alcool (ou plus) et fumaient le cigare, ils apportaient aussi du tabac pour leur pipe. Pour parler d’une de ces soirées de réussite, ils disaient, ce soir on va faire un tabac.

3 – L’origine de cette expression est populaire, il s’agit de déformations successives. Quand les gens ont du succès, ils se comportent mal et en verlan, on leur dit “fais pas ton tarba” (bâtard), le mal élevé, qui s’est transformé en “fais pas ton tabac”. Faire un tabac, c’est avoir du succès (qui nuit, en fin de course).

4 – Les tabacs, bureaux de tabac, étaient une profession réservée aux veuves de guerre, c’était une chance au début du XX° siècle de pouvoir tenir un tabac, encore un privilège, une forme de réussite sociale.

5 – Au XIX° siècle,  dans le langage maritime, on parlait de coups de tabac pour parler de ces tempêtes, soudaines, violentes, qui endommageaient les navires. Le bruit était si fort qu’il résonnait partout dans le bateau. Au théâtre, à la même époque,  lorsque le spectacle plaisait, les pieds des spectateurs frappaient le sol en même temps que les applaudissements : plus la pièce était bonne plus il y avait de bruit, la salle vibrait comme un navire pris dans la tempête. Avoir du succès est devenu ainsi faire un tabac.

Le coup de tabac (tempête en mer) signifie par extension événement brutal lourd de conséquences.

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La bonne explication est la dernière (5), bien sûr.

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6 réflexions sur « Faire un tabac »

  1. Le théâtre a aussi donné l’expression “Merde” pour avoir de la chance.
    Car à Paris ou ailleurs (?) quand les voitures mécaniques n’existaient pas encore, les personnes venaient en calèches voir les spectacles et plus il y avaient de chevaux à s’arrêter plus y’avait de chance d’avoir du crottin de cheval devant le théâtre.
    Ce nombre de crottins faisait une estimation du nombre d’entrées, plus y’en avait et plus c’était une réussite … Et plus ça portait chance.

  2. Merci realkiller pour ce complément d’information.

    J’ajoute, si vous n’êtes pas comédien vous l’ignorez sans doute, qu’il ne faut JAMAIS répondre «Merci» à un «Merde» : ça annule toute la chance espérée.
    Maintenant que vous connaissez l’origine de ce souhait scatologique vous savez pourquoi il ne faut pas dire “merci” ; en effet, avant d’être un souhait, «Merde» était d’abord un constat et répondre “merci” à un constat n’a aucun sens.

  3. Bonjour ma Françoise, non merci je ne fuma pas, hi hi ! Rooo je plaisante madame la prof, pas le temps de lire ce matin pardon, mais je t’adore !!

    C’est en avalant rapidement mon petit dejeuner
    que je passe te dire que je suis toujours aussi débordée,
    mais pire aujourd’hui.
    Oups j’ai bien failli avaler mon café de travers lol !

    Bon ça ne va pas m’empêcher de te livrer en express un
    nouveau lien ami, celui de ma douce Lyse actuellement
    absente cause formatage d’ordi, mais son ami Monique
    à écrit un mot de sa part, à toi de lire et de voyager dans
    son joli monde.
    http://lys83.eklablog.com/article-a106526940

    Allez en route vers l’univers suivant pour moi et
    ensuite je file.
    Bon mercredi et prends soin de toi et de ceux que tu aimes.

    Lolli

  4. j’ écoutais aussi d’ une oreille distraite cette émission, mais je n’ avais pas été jusqu’ au bout !
    je me souviens d’ un livre, le “capitaine Hornblower ” , où il était souvent question de coups de tabac !
    à propos de tabac ,

    Le tabac a été importé en Europe par un moine nommé André Thévet lors d’une expédition en Amérique du Sud en 1555. Ce moine, ramène donc ce végétal au pouvoir euphorisant et l’appelle ”Herbe angoumoisine”.

    En 1560, Jean Nicot fait parvenir à la cour un baril de poudre à tabac et la reine Catherine de Médicis ainsi que ses dames de compagnie, se servent du produit pour faire passer leurs migraines.

    La plante est alors classée Nicotiana tabacum et il lui est attribué des vertus médicinales. Elle prend le nom de tabac car il s’agit en fait de son nom indien mais le principe actif reste la nicotine.
    Bonne journée Françoise
    bisous

  5. Merci trublion pour ces précisions.

    En ce qui me concerne j’ai fumé de manière irrégulière et plus ou moins intense pendant près de 45 ans, ça e permettait de tenir le coup, la nuit, en préparant mes cours ou en corrigeant les copies des élèves.

    Le tabac a des vertus, c’est certain mais aussi des effets indésirables, c’est dommage.

    Avant la découverte des Amériques, le tabac était une plante sacrée et curative utilisée par des “prêtres” et des guérisseurs. Il servait à communiquer avec les esprits et à apaiser des douleurs des humains.
    En Espagne et au Portugal, le tabac est longtemps utilisé comme plante d’ornement. Ce n’est qu’au milieu du XVIème siècle que le médecin personnel de Philippe II d’Espagne commence à vanter le “médicament universel” qu’est, à ses yeux, le tabac.

    Très tôt, il a aussi constitué une source de revenus pour l’état.

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