Je me demande souvent pourquoi les Parisiens et les citadins d’une manière générale font la gueule. J’essayais de comprendre : stress, fatigue liée aux heures de travail et à la durée des temps de trajet, à l’inconfort des moyens de transport, au manque de soleil et de lumière, au prix des loyers, à la crainte de perdre son emploi, à la peur de l’autre… Je viens de trouver une explication. C’est bien la faute des autres.
Vous pouvez la lire ici : “Trop souriant dans le métro, il finit en garde à vue “ .
Oui, je souris moi aussi, dans le métro et ailleurs. Toujours ou presque.
“L’enfer, c’est les autres.” de Jean-Paul Sartre ; cette courte phrase, extraite de la pièce “Huis clos”, a marqué les esprits et a largement dépassé le cadre de la philosophie pour passer dans le langage courant et la culture populaire mais Sartre lui-même a voulu expliquer le fond de sa pensée et je voudrais que vous vous le rappeliez quand vous entendrez dire… « L’enfer c’est les autres ».
Voilà les explications de Sartre : “« l’enfer c’est les autres » a été toujours mal compris. On a cru que je voulais dire par là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c’était toujours des rapports infernaux. Or, c’est tout autre chose que je veux dire. Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l’autre ne peut être que l’enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont, au fond, ce qu’il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes. Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous, nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous ont donné, de nous juger. Quoi que je dise sur moi, toujours le jugement d’autrui entre dedans. Quoi que je sente de moi, le jugement d’autrui entre dedans. Ce qui veut dire que, si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d’autrui et alors, en effet, je suis en enfer. Et il existe une quantité de gens dans le monde qui sont en enfer parce qu’ils dépendent trop du jugement d’autrui. Mais cela ne veut nullement dire qu’on ne puisse avoir d’autres rapports avec les autres, ça marque simplement l’importance capitale de tous les autres pour chacun de nous.
Deuxième chose que je voudrais dire, c’est que ces gens ne sont pas semblables à nous. Les trois personnes que vous entendrez dans Huis clos ne nous ressemblent pas en ceci que nous sommes tous vivants et qu’ils sont morts. Bien entendu, ici, « morts » symbolise quelque chose. Ce que j’ai voulu indiquer, c’est précisément que beaucoup de gens sont encroûtés dans une série d’habitudes, de coutumes, qu’ils ont sur eux des jugements dont ils souffrent mais qu’ils ne cherchent même pas à changer. Et que ces gens-là sont comme morts, en ce sens qu’ils ne peuvent pas briser le cadre de leurs soucis, de leurs préoccupations et de leurs coutumes et qu’ils restent ainsi victimes souvent des jugements que l’on a portés sur eux.
À partir de là, il est bien évident qu’ils sont lâches ou méchants. Par exemple, s’ils ont commencé à être lâches, rien ne vient changer le fait qu’ils étaient lâches. C’est pour cela qu’ils sont morts, c’est pour cela, c’est une manière de dire que c’est une « mort vivante » que d’être entouré par le souci perpétuel de jugements et d’actions que l’on ne veut pas changer.
De sorte que, en vérité, comme nous sommes vivants, j’ai voulu montrer, par l’absurde, l’importance, chez nous, de la liberté, c’est-à-dire l’importance de changer les actes par d’autres actes. Quel que soit le cercle d’enfer dans lequel nous vivons, je pense que nous sommes libres de le briser. Et si les gens ne le brisent pas, c’est encore librement qu’ils y restent. De sorte qu’ils se mettent librement en enfer.”
Vous avez maintenant compris que l’enfer est sur Terre, vous êtes vivants et en enfer. La faute à qui ? Retenez bien que dans notre société, pour être tranquille, un seul mot d’ordre : “ne pensez pas aux autres” et : “Faites la gueule”.
IL faudrait donc se replier sur soi-même, et ne rien laisser paraitre de ses sentiments !
Une forme d’ égoïsme en quelque sorte !
Toutefois, ma propre expérience montre que de sourire aux autres semble communicatif, et que de ne pas varier dans sa façon de penser, vous rend plus lisible.
Bonne journée Françoise
bisous
Bonjour
Le pauvre “Sartre” une vie sans espérance… sans amour vrai…
Mon père disait “pour vivre heureux vivons caché” tout n’est pas faux là dedans…
Bon week-end
Jean
Comme je suis curieuse, j’ai voulu en savoir plus sur l’article dont tu avais donné le titre. Je suis donc allée le lire sur:
http://www.legorafi.fr/2012/09/03/trop-souriant-dans-le-metro-il-finit-en-garde-a-vue/
Je suis non seulement curieuse, mais également naïve et j’avoue que, dans un premier temps, j’ai vraiment cru à ce canular. Mais ensuite j’ai découvert que cette “nouvelle” venait de GORAFI.fr qui prétend exister “Depuis 1826” ;))
J’ai été rassurée en constatant, dans les commentaires, que la plupart des gens étaient, comme moi, tombés dans le panneau. J’ai trouvé en fait la supercherie de ce journaliste vraiment géniale, car elle nous fait réfléchir sur la société dans laquelle nous vivons. En fait ce n’est pas tellement loin de la réalité, car il est déjà arrivé que mes sourires provoquent non pas un sourire en échange mais un air inquiet et suspicieux. Mais ces cas sont très rares et je continue donc à vivre suivant le principe: “Souris à la vie et elle te sourira”.
Si tu es intéressée par le thème du sourire, tu peux aller lire une des mes petites histoires vraies sur le site de l’école de Martigny (Suisse) :
http://zwook.ecolevs.ch/martigny/zwook/enfants/histoiresvraies/pouvoirsourire
Bon week-end
francoise.andersen@gmail.com
…tu sais Françoise, quand tu prends matin et soir le métro ou le train de banlieue, durant deux heures, et quarante ans !! empilés comme des sardines, tu n’as pas trop envie de sourire ! je suis d’un naturel souriant , mais là c’est difficile,( j’avais un copain qui montait dans le métro, avec un large sourire, en disant bonjour mesdames, bonjour messieurs , il fallait voir les gueules, de rares sourires, on le prenait pour un fou !) je t’adresse un sourire !!
À René :
Oui, je sais, René que ce n’est pas drôle et qu’à sourire et à dire bonjour, on passe pour un illuminé à Paris et ailleurs.
Et bien, moi je souris et je parle, bien sûr pas tout le temps et à tout le monde mais quand on répond à un de mes sourires et qu’on me parle, je suis contente de voir que certains sont encore vivants et humains.
Ma fille et mon gendre vivent à Paris et les trajets vers le travail sont longs et usants. Je ne parle même pas des “incivilités” diverses envers les femmes enceintes. Il y a des choix à faire… Rester à Paris, c’est souvent une véritable condamnation car il est impossible de trouver du travail ailleurs mais pour le sourire, on peut se forcer un peu. Moi, j’ai souri même aux urgences de l’hôpital et je crois qu’on m’a pris pour une demeurée. J’avoue que je me suis quand même énervée de temps en temps, mais toujours avec le sourire.
À Françoise Andersen,
Je me suis empressée d’aller lire ton histoire vraie qui me rappelle bien des épisodes que je connais. Quand on réfléchit bien, tout n’est qu’histoire de peur : peur de l’autre, peur pour soi, peur de manquer ; ça vient de la jalousie, de l’envie. Tant que les gens n’auront pas compris que le bonheur partagé, comme l’amour ne diminue pas quand on le donne mais qu’au contraire il se multiplie…
Il ne faut pas craindre qu’un sourire trouve en échange un air inquiet et suspicieux, il ne faut pas craindre ce genre de ridicule, “bienheureux les simples d’esprit” disait… euh Jésus ? Ça fait partie des Béatitudes.
Heureux sont ceux dont l’esprit est dénué de complications, de masque ou de distorsion ; heureux sont ceux qui vivent simplement à partir de leur réalité la plus authentique. “Soyez vous-mêmes !” de préférence, il faut être, juste, gentil, confiant, c’est vrai que ça parait difficile, mais il faut bien que quelqu’un commence, non ?
À Jean,
C’est bien le problème de la philosophie existentielle : perdre l’espoir, se trouver confronté à l’absurde. Pauvre Sartre mais pauvres autres qui essaient de réfléchir ! Il faut avoir la foi et ça, ce n’est pas donné à tout le monde.
Bon dimanche, ami Jean.
À trublion,
C’était un conseil ironique. Il ne faut pas se replier sur soi ni cacher ses sentiments même si face à soi, on a l’incompréhension et l’égoïsme.
Je suis d’accord avec le fait que le sourire peut être communicatif, mais malheureusement il ne l’est pas toujours. Quant à rester fidèle à sa façon de penser, c’est vrai que ça rend fiable sauf qu’il ne faut pas être borné et qu’il faut accepter la discussion et les remises en cause sans se sentir obligé de changer d’avis sans arrêt pour être en accord avec le dernier qui a parlé.
Bon dimanche