Les autres chevilles…

À propos de cheville dont je parlais hier, le mot est utilisé dans de nombreuses expressions. Il peut s’agir plusieurs “choses”.

Nous pensons souvent en premier lieu à la partie du membre inférieur de l’être humain, située entre l’extrémité inférieure de la jambe et le pied, celle(s) qui enfle(nt) mais nous avons vu ensemble que l’explication n’était pas simple et la cheville multiple.

Résumons.

1 – Partie du corps humain :

avoir une cheville foulée : une entorse légère ;
avoir une cheville fine, signe d’élégance féminine ;
– «arriver à la cheville de quelqu’un» ou plutôt «ne pas arriver à la cheville de quelqu’un» qui signifie être très inférieur à une autre personne. A l’origine, on imagine représenter la valeur de quelqu’un par sa taille, quand on dit de quelqu’un qu’il n’arrive pas à la cheville d’une autre personne, on sous entend que sa valeur en général ou dans un domaine précis est nettement inférieure à celle de la personne avec laquelle il est comparé.

2 – Mécanique :

La cheville est aussi une tige de bois ou de métal servant à assembler les pièces d’un ajustage et, par extension, à boucher un trou, ou encore de tenon pour accrocher quelque chose. Familièrement on peut dire : Il n’y manque pas une cheville c’est-à-dire il ne manque rien à cet ouvrage, ce qui n’est pas le cas quand vous vous arrachez les cheveux en montant des meubles achetés en kit. Chez Ikéa par contre, il vous reste toujours une ou deux petites pièces, il y en a souvent plus que nécessaire de ces courtes tiges de bois qui permettent de maintenir ensemble deux morceaux composant votre meuble.

C’est cette petite pièce indispensable à l’assemblage qui a donné naissance à cette autre expression : “être en cheville avec quelqu’un” qui signifie être associé ou s’associer de manière étroite avec quelqu’un.  Née au début du XXe siècle dans le monde des voyous, elle restreignait la notion d’association entre des personnes et équivalait à être ou à se rendre complice d’une opération délictueuse.

La cheville, pièce de bois ou de métal dans un assemblage mécanique, est quelquefois la pièce qui travaille le plus, en supportant l’effort principal, ce peut être une pièce maîtresse, totalement indispensable au bon fonctionnement de l’ensemble dans lequel elle œuvre, c’est une cheville qui travaille, une cheville ouvrière. L’expression “être la cheville ouvrière” d’une affaire, d’un complot, c’est en être le personnage principal, l’agent essentiel autour duquel s’organise et fonctionne une entreprise, une association, un groupe. Au PS, qui est la cheville ouvrière actuellement ? Harlem Désir ? Aubry ? Moscovici ? À moins qu’il n’y en ait plus.

Lutte Ouvrière eut longtemps sa “cheville ouvrière” : Arlette Laguillier, elle qui fut six fois la candidate malheureuse aux élections présidentielles entre 1974 et 2002 et qui était admirable même quand on ne partageait pas ses convictions avec sa droiture et son célèbre « Travailleuses, travailleurs ». Je l’aimais bien, Arlette.

La cheville peut devenir tenon pour accrocher, on dira alors que l’on va  pendre quelque chose à une cheville, celle-là même qui a donné les expressions : Vente, commerce à la cheville, une vente de viande en demi-gros, en quartiers aux abattoirs.

Le chevillard est un boucher en gros, un commissionnaire qui vend la viande à la cheville aux bouchers détaillants.

Wikipedia ajoute : Cheville, un mot inutile au vers que l’on rajoute pour obtenir le bon nombre de syllabes.  C’est drôle, je n’avais aucun souvenir de ce sens-là. Tiens une découverte pour moi. À moins que je ne rafraîchisse ma mémoire.

Merci Wiki.

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4 réflexions sur « Les autres chevilles… »

  1. Les expressions à partir d’ un mot sont souvent explicables, et on passe souvent du matériel à l’ immatériel !
    C’ est vrai qu’ en ce moment, les chevilles ouvrières manquent cruellement.
    plus de personnages charismatiques !
    bonne journée Françoise
    bisous

  2. Bonjour
    C’est vrai que ce mot est utilisable de beaucoup de façons…
    On n’y réfléchit pas si souvent…
    Amitiés
    Jean

  3. Ah mais Alba, c’est à l’envers, le loup dit “Tire la bobinette et la cheville cherra !” du verbe choir si peu utilisé. Au XVII° siècle on disait “cherra” à la troisième personne du singulier du futur de l’indicatif, maintenant on devrait dire “choira”.

    Si tu me demandes de faire fonctionner le mécanisme à l’envers, déjà que je ne sais même pas à quoi ça ressemble à l’endroit… Tu parles d’un copine !

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