La parole est d’argent mais le silence est d’or. Qui est à l’origine de ce proverbe ? Mystère. C’est souvent le cas pour les proverbes. Tout le monde comprend, en général, leur sens car il s’agit le plus souvent de l’expression de la bonne vieille sagesse populaire. Parler est indispensable mais savoir se taire est encore mieux.
Les phrases suivantes prouvent qu’il est bon « tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler », comme le répétait ma grand-mère (pourtant fieffée bavarde), c’est-à-dire qu’il faut bien réfléchir avant de prononcer une phrase. S’il est des phrases qui restent dans la mémoire collective comme des mots d’esprit, d’autres n’auraient jamais dû être prononcées. Ainsi :
H.M. Warner de la Warner Brothers, en 1927 : «Le cinéma parlant ne prendra jamais. Qui paierait pour entendre la voix des acteurs ?» Ce n’était pas très inspiré, visionnaire ; heureusement, ils se sont bien rattrapés depuis à la WB. Comme quoi, il est possible de s’adapter et il n’y a que les abrutis qui ne changent pas d’avis.
Pierre Pachet, professeur de physiologie à Toulouse en 1872 : «La théorie de Louis Pasteur sur les bactéries ne tient pas debout.» Ben voyons ! De la même façon, la Terre est plate, le soleil tourne autour de la Terre… Pas facile de faire changer la façon de voir, les habitudes, l’ordre des choses. Les précurseurs dérangent, dans tous les domaines. Ils sont souvent victimes des quolibets, parfois même mis à l’index.
Charlie Chaplin : «Le cinéma n’est rien de plus qu’une passade. Ce que veut le public, c’est voir des acteurs en chair et en os sur une scène.» Et pourtant… Le cinéma lui a permis de terminer sa vie très confortablement. Ca dure le cinéma, comme le théâtre…
Docteur Dionysius Lardner, professeur de philosophie et d’astronomie à Londres, au XIX° siècle : «Le train à grande vitesse n’est pas viable parce que les passagers ne pourraient plus respirer et donc mourraient asphyxiés.» Tiens donc ! Et les avions ? Les fusées ? Ca ne peut pas voler non plus. Curieux pour un philosophe, astronome. Il devrait avoir l’esprit ouvert, mais comme il écrivait pour vulgariser la connaissance de la science et de la technologie… pour garder un lectorat, il voulait leur plaire… Je n’en sais rien, je suppose. Tout le monde ne peut pas être Jules Verne.
Lord Kelvin, président de la Royal Society en 1895 : «Il est impossible de concevoir des machines volantes plus lourdes que l’air». Vu comme ça, les montgolfières et même les oiseaux ne devraient pas voler. Je ris en me disant que ce n’était pas un esprit ouvert. Facile aujourd’hui, je vois les avions, les fusées… Mais eux ? Il leur fallait accepter des théories absurdes. L’aurait-il fait, ils auraient été qualifiés de crédules, d’illuminés, de rêveurs plus ou moins doux. Tout le monde déclare avoir l’esprit ouvert, mais en même temps, tout le monde est aussi rapide pour cataloguer un contradicteur « borné, esprit buté ». J’accorde un esprit ouvert à celui qui est d’accord avec moi, mais celui qui a un point de vue opposé au mien… esprit fermé ? Nous affirmons être ouverts d’esprit, mais le sommes-nous réellement ? Tout le temps ?
E.L. Drake, homme qui créa l’industrie pétrolière en découvrant du pétrole en août 1859, avait contacté des entrepreneurs pour faire avancer son projet «pétrolier» en début d’année. Ces derniers lui avaient répondu : «Creuser le sol pour chercher du pétrole ? Mais c’est n’importe quoi !» On connait la suite…
Lors d’une conférence internationale sur le tiers-monde, le lapsus de Ronald Reagan, explicable au demeurant, en dit long soit sur le stress ou la bêtise, soit sur les désirs des Etats-Unis. En anglais, Third World, c’est le tiers-monde. Il a suffi que Ronald Reagan ajoute le mot War (guerre) pour que le sens de la phrase soit totalement différent : «Les Etats-Unis feront beaucoup pour contribuer à la Troisième Guerre Mondiale.» (Third World War).
Vous en conviendrez, contribuer à l’aide au tiers-monde ou à la troisième guerre mondiale, ce n’est pas le même but. Encore que… des stocks à écouler.
Mais à mon sens, les plus belles phrases qui n’auraient pas dû être prononcées sortent de la bouche des voyantes et mages de toutes sortes. En début d’année, par exemple, quand on demande ce que sont leurs prédictions et qu’on entend : «On se sait pas encore !»… Ah bon, vous voyez après ? Ben, moi aussi.
C’est comme à la météo Réunion, on ne prévoit que le temps de la veille. Plus beau encore, si Madame Irma, celle qui voit tout et qui sait tout demande, quand on lui téléphone, «Allo, qui est à l’appareil ?», on peut réellement se poser des questions. N’est-ce pas elle qui sait tout, qui voit tout… ?
Qu’en dites-vous ?
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