Apparences

Voilà ce que j’ai lu, il y a quelques jours, sur mon écran d’ordinateur, page 24 du nouveau catalogue IKEA (sortie papier le 6 septembre, aujourd’hui) : « quand on ne le voit pas le désordre n’existe pas ». IKEA, tu me déçois. Chez toi aussi, on sauve les apparences…

Apparence : aspect seulement superficiel, souvent trompeur d’une chose, par opposition à sa réalité.  Un petite liste de quelques expressions que vous connaissez : ne pas se fier aux apparences, une fausse apparence, sous une apparence, sous l’apparence de, donner ou se donner l’apparence de…  Il existe des tas de synonymes : faux-semblant (pire que du toc), façade, simulacre, hypocrisie, feinte, simulation… La société est devenue très «forte» à ce jeu des apparences, des euphémismes et du politiquement correct… J’en ai parlé déjà beaucoup de ce besoin de garder, sauver les apparences, de ne rien laisser paraître qui puisse être blâmé.

Alors, les apparences… Font-elles partie intégrante de chacun d’entre nous ?  Devons-nous obligatoirement vivre avec ? Il est vrai qu’elles appartiennent à notre vie quotidienne mais devons-nous cautionner cet état de faits ?

Qu’en est-il des apparences ? Elles sont la perception non approfondie des choses lorsqu’on les découvre, la première impression. Pourquoi certains d’entre nous (dont je fais partie) disent-ils que «la première impression est souvent la bonne» ? Obligeons-nous ainsi les autres à travestir leur réalité ?

L’apparence constitue une sorte de frontière entre le vrai et le faux, l’être et le paraître, une barrière, un mur pour découvrir ce qui est derrière. La bonne vieille sagesse populaire énonce que « les apparences sont trompeuses ». Alors ? Nous pipons la réalité. Nous fixons et acceptons silencieusement les nouvelles règles.

Il faut reconnaître aussi que la vie est injuste : on est souvent trop gros, trop grand, trop petit, trop maigre, trop blanc, trop noir, trop plate (d’où la mode des gros seins dont certains sont remboursés par la Sécurité Sociale), trop intelligent… oui, il est plus difficile d’être trop intelligent que trop con, il suffit pour s’en convaincre de prendre en considération la souffrance des enfants «précoces» (on ne dit plus surdoués) dans les écoles traditionnelles et de survoler les programmes télévision, voire de regarder cinq minutes de Secret Story ou autre engeance du même genre.

La vie est injuste, soit nous l’acceptons sans rien dire, soit en pleurant sans discontinuer sur notre sort, soit en faisant preuve de volonté, de courage, de fougue pour réussir, aimer et être aimé (la dernière proposition est moins facile, on aime à fonds perdu quelquefois, mais bon… c’est aussi la vie). Quand on se bat, on crée un personnage qui va devoir toujours sauver les apparences.

L’apparence est une question de différence, moi je n’ai jamais voulu être dans le lot commun, or, de plus en plus, la société veut nous uniformiser, nous fondre dans un tout, nous classer. Dans des castes ? Méfions-nous… Je pense à Aldous Huxley et à son roman «Le meilleur des mondes» : des castes supérieures, les Alpha grands, beaux et intelligents, les Bêta (non pas les pires), caste de travailleurs intelligents occupant des fonctions importantes et les castes inférieures : les Gamma qui constituent la classe moyenne voire populaire, enfin les Delta et les Epsilon, les castes les plus basses (la main d’œuvre). Chacune de ces castes est divisée en deux sous-castes : Plus et Moins. ou chaque individu, en raison de son conditionnement, estime être dans une position idéale de la société, de sorte que nul n’envie une caste autre que la sienne. Les Humains (le sont-ils encore ?) sont conditionnés, ils acceptent,  obéissent.

Aujourd’hui quand on se fond dans le moule, a-t-on encore ce sentiment désagréable de n’être qu’un imposteur ? N’est-on pas déjà bien conditionné ?

Si je me tais encore, combien d’abus, de dérives, vais-je cautionner ?

Pour en revenir à Ikea, je me dis que la publicité n’a pas de moralité. Elle peut essayer de se donner quelquefois des airs de «bien-pensance» (commerce équitable par exemple), mais derrière, il y a un enjeu économique : le fric. La publicité demeurera toujours associée à la vente, c’est normal cependant les stratégies de création pour arriver à ses fins sont critiquables. Quand on exploite des peurs, des défauts, il y a abus de faiblesse.

Dans une société où l’on veut tout réglementer, à quand une loi contre ces excès ?

 

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