Muté à Grenoble

Muté à Grenoble, serait-ce une punition ? Jadis on limogeait. Quand on destituait un fonctionnaire de sa responsabilité (avec cette idée de disgrâce), on le limogeait, du nom de la ville de Limoges, où en 1914, le maréchal Joffre assigna à résidence des officiers d’état-major qu’il avait relevés de leur commandement. 

Être limogé c’est être frappé d’une sanction disciplinaire : mise à la retraite, révocation, licenciement… Aujourd’hui « on » n’ose plus (ou on ne peut plus) être si tranchant alors « on » placardise, on écarte un salarié qui peut quelquefois continuer à sévir et qui continue, quoi qu’il arrive, à percevoir son traitement mensuel. Compte tenu du nombre de placardisés pour x raisons, ça commence à coûter cher à la société. C’est aussi très dur pour celui qui ne mérite pas cette punition et cette brimade est considérée comme du harcèlement moral contre lequel il faut lutter.

Je reviens à mon sujet : voilà une nouvelle de mutation qui va faire plaisir aux magistrats de Grenoble. Je viens de l’apprendre et je vous propose un extrait du Journal de l’Île (de La Réunion) et de sa version internet « Clicanoo », une histoire de justice dont il n’y a pas de quoi être fier et qui montre une fois de plus que les Hommes sont des  êtres imparfaits quelle que soit leur position sociale.

Au Parquet de Saint-Denis, rien ne va plus ou plutôt rien n’allait plus.


« Muté dans l’intérêt du service comme avocat général à la cour d’appel de Grenoble par décret, Philippe Muller sera installé officiellement jeudi (26 juin2014), indique-t-on au parquet général de Grenoble. Actuellement en congé maladie, le magistrat ne sera pas physiquement présent à Grenoble. Il sera donc installé « sur le papier » comme on dit dans le jargon judiciaire. Ce qui signifie que Philippe Muller ne sera officiellement plus procureur de Saint-Denis à compter de demain. Il pourrait prendre ses fonctions à Grenoble dans le courant du mois de juillet.

« un piège machiavélique »

Le procureur Muller a fait l’objet d’une mutation dans l’intérêt du service suite au violent conflit avec ses collègues du parquet et sa hiérarchie. Il a annoncé contester cette mutation devant le Conseil d’État en estimant qu’elle s’apparente à une sanction déguisée. Dénonçant « un piège machiavélique » et se disant victime d’une « cabale », le magistrat avait écrit, le 10 juin, à Christiane Taubira en faisant publier cette lettre dénonçant aussi ces collègues de pratiquer une « justice de métro ». Claude Laplaud, le procureur général de la Réunion, était alors sorti de sa réserve, le 16 juin, en s’indignant des « propos odieux » de Philippe Muller mais aussi en mettant en cause ses capacités à gérer un parquet et à mener une politique pénale.

Outre cet épisode, le procureur Muller est soupçonné d’être le corbeau du palais de justice ayant dénigré le vice-procureur François Thévenot qui, en tant que responsable syndical de l’USM, avait dénoncé son management autocratique. Une enquête est en cours. Des faits qui l’exposent à des poursuites pénales mais aussi disciplinaires. L’actuel procureur de Quimper, Eric Tuffery, est préssenti par la Chancellerie pour être le nouveau procureur de Saint-Denis. Avec la mission de remettre en ordre de marche le parquet de Saint-Denis dont le fonctionnement est en partie bloqué depuis plusieurs mois en raison de cette crise. »

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Son départ est un soulagement outre-mer ; les magistrats de la Réunion dénoncent depuis un an un comportement autocratique et «une incapacité avérée et ancienne à manager un service et à fédérer autour de lui, s’affranchissant des règles professionnelles s’imposant à tout magistrat», pour reprendre un extrait de la dernière motion votée à la Réunion, le 16 juin, au sein du TGI.

Auparavant, à Dunkerque, son départ a été aussi un soulagement mais le personnel n’avait jamais voulu dénoncer publiquement la souffrance au travail qui s’exerçait. Jusqu’au sein de la police, le procureur Muller, qui représente pourtant l’autorité judiciaire, était vivement contesté.

Est-ce que ce sera mieux à Grenoble ?

Est-ce la preuve supplémentaire, s’il en fallait, qu’un incompétent peut garder son emploi ?

Inamovibilité des fonctionnaires : une honte quand on veut faire marcher correctement une structure et faire des économies. Il est vrai aussi que peuvent être placardisés ceux qui dérangent, simplement pour une divergence de vue, leur âge, leur sexe, leur personnalité… mais il ne faut pas oublier que les gens qui ne vont pas dans le sens du vent sont vite satellisés.

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