Leurres

Je me souviens avoir dit à mon fils récemment que le livre de Sun-Tzu « L’art de la guerre » était « tendance » mais que son intérêt était plutôt mince pour un Homme d’aujourd’hui. Je reviens sur cette affirmation trop péremptoire car une phrase me parait bien adaptée au monde actuel : « Ainsi prenez une voie indirecte et divertissez l’ennemi en lui présentant un leurre : de cette façon, vous pourrez vous mettre en route après lui et arriver avant lui. »

En clair, aujourd’hui, on peut comprendre qu’il faut amuser le peuple, le divertir avec des émissions débiles, le faire pleurer en lui montrant des malheurs pires que les siens et lui donner des informations plus ou moins inintéressantes, juste pour le distraire. La prostate du président par exemple, l’intervention en Centrafrique… les paillettes de « Danse avec les stars »… j’en passe, le choix est vaste.

Je vois dans la phrase de Sun-Tzu une version différente de la fable « Le lièvre et la tortue » dont la morale est au début, le premier vers :  « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. » Je ne m’éloigne pas tant que ça. Voyez plutôt : La Fontaine a construit sa fable d’une manière différente de son habitude, il commence par la morale et prouve au long de ce texte que la lenteur soutenue par la persévérance peut plus que l’agilité accompagnée d’insouciance et de présomption. Il souligne que le lièvre se moque de la tortue :

Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore.

Comme les « grands » se moqueraient de nous ?

Mais attention au retour de bâton… Le lièvre méprise la tortue car il est convaincu de son succès comme certains sont persuadés que leur position est inébranlable. Pourtant Michel de Montaigne écrivit, il y a quelques siècles, en grand sage : « Si haut que l’on soit placé, on n’est jamais assis que sur son cul. »

Je reviens au leurre ; grâce à Wikipedia, j’ai appris que le leurre était militaire : «Un leurre est un système (…) inventé en Israël. Pour échapper à une menace, un aéronef visé peut éjecter un ou plusieurs leurres constitués d’un matériau dégageant une forte chaleur en se consumant. Ceci a pour effet de détourner les armements hostiles (missiles) se guidant sur la signature thermique de leurs cibles (…)(généralement les gaz de la turbine) correspondant à celui mémorisé dans une banque de données.
(…) Les leurres peuvent être employés à titre préventif ou en réaction à une attaque.»

D’après mon dictionnaire, le mot leurre a plusieurs sens. C’est tout d’abord en fauconnerie,  un morceau de cuir rouge en forme d’oiseau garni de plumes servant à faire revenir l’oiseau sur le poing du fauconnier, c’est le synonyme d’appât ou d’appeau (clic  si vous avez le temps, vous ne devriez pas le regretter). Par extension ou analogie, à la pêche, c’est un appât artificiel utilisé pour la capture des poissons dans la pêche au lancer. Au figuré, d’une manière plus générale, le leurre est un artifice spécieux dont l’apparence séduisante est destinée à tromper, à faire illusion, un mirage.

Le leurre, en clair, est toujours synonyme de duperie, tromperie, mystification, d’attrape-nigauds.

Combien de leurres nous présente-t-on chaque jour ? Allons-nous nous baguenauder encore longtemps ?

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