Il y a longtemps que je n’avais cité de proverbe créole de l’Ile de la Réunion et bien, en voilà un nouveau : « Lo zom sé bardfèr, fanm sé son tas la rouy », traduction « L’homme est une barre de fer, la femme est son tas de rouille ». En clair, la femme finit toujours par dominer l’homme ; l’homme est solide comme une barre de fer mais si la femme sait le prendre, avec la patience et le savoir-faire dont elle est naturellement capable, elle en fera ce qu’elle veut, jusqu’à l’user.
À croire ce proverbe, on plaindrait presque les hommes, « oh, les pauvres victimes ! » mais il ne faut pas oublier aussi que « derrière chaque homme qui réussit, il y a une femme ».
Le proverbe créole est misogyne, les hommes créoles le sont d’une manière générale, ils ont été élevés comme ça par… leur mère. Au XIXe siècle, la misogynie était plus répandue qu’aujourd’hui, on disait la femme « mal dressée », mauvaise ménagère, dépensière, sotte et perverse, et bien pire encore si elle était instruite. Aujourd’hui les femmes s’assument et bien souvent dirigent seules la famille mais certains hommes les critiquent encore et se plaignent : lo zonm sé bar d’fer, fanm sé son tas la rouy.
Personne ne peut croire qu’une femme qui a l’air frêle, fragile, est capable de tenir tête à son mari, de le mener là où elle veut. et pourtant, elle en est capable. chaque jour, elle s’impose, doucement, à la fin c’est elle qui commande dans la maison. Dans les familles réunionnaises, ce sont souvent les femmes qui assument toutes les responsabilités.
Par ailleurs, quand un homme réussit, il y a derrière lui une femme efficace et discrète ou du moins, reste-elle dans l’ombre, efficace. C’est elle qui trime pour libérer monsieur des contraintes quotidiennes, qui l’accompagne lors des dîners d’apparat, participant intelligemment à la conversation sans faire son intéressante, c’est elle qui sait recevoir les relations importantes pour la carrière de monsieur, elle qui gère à 100% les enfants, les vacances… les basses besognes domestiques. Combien d’hommes ont du mal à choisir leurs vêtements le matin, à se nourrir seuls, à s’occuper un petit instant du quotidien de la famille ?
Lorsqu’une femme cherche à réussir sa vie professionnelle, à être indépendante, elle est souvent vouée à la solitude ? Est-ce le prix à payer pour sa liberté ?
Vous parlez d’une égalité.
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