Boire à tire-larigot

En 2005, ce fut la canicule. Que sera l’été 2012 ? Après un printemps qui commence chaudement, des élections, une autre canicule peut-être, il faudra s’hydrater et arroser les résultats quels qu’ils soient. Il y aura des heureux qui fêteront la victoire et des malheureux qui noieront leur déception dans l’alcool. Pas trop longtemps, j’espère car il va falloir retrousser les manches pour que le pays aille mieux.

Donc en 2012, nous boirons. En bons Français, pas seulement de l’eau. Et nous boirons à tire-larigot.

Boire à tire-larigot, alors ? C’est boire comme un trou (sans fond ?), beaucoup, beaucoup trop, et/ou très souvent.

Cette expression semble apparaître au début du XVIe siècle. Elle n’était associée qu’au verbe boire et tirer veut dire « faire sortir un liquide de son contenant ». On tire du vin de sa bouteille ou de son fût, il existe des tireuses dans les caves coopératives agricoles et chez les grossistes en vin et même chez certains cavistes. Boire à tire voulait dire « sans arrêt, d’un seul coup ».

Mais alors pour finir, pourquoi larigot ? Quand j’étais petite, j’avais compris boire à tire l’haricot. Une expression encore plus ésotérique. J’étais jeune et bien souvent la réponse à mes «pourquoi ?» était : «tu es trop petite». Alors les haricots qui faisaient boire ont gardé leur mystère. Je connaissais les effets secondaires des haricots du cassoulet, mais rien sur ce haricot à boire.

L’origine du «larigot» est sujette à controverse. Certains disent que la seule certitude, c’est que l’arigot, ou harigot était une petite flûte semblable à un pipeau. D’autres rétorquent que non, que le Larigot est un petit orgue, d’autres encore que tout le monde sait bien que larigot signifie gosier et qu’on boirait donc à tire-gosier en buvant à tire-larigot, (pour moi, c’est l’équivalent de l’expression  «avoir le gosier en pente») ; d’autres enfin pensent que c’est une déformation du mot aligot qui est une préparation culinaire de l’Aubrac à base de tomme qui donne soif : salée, aillée, consistante, élastique et appréciée.

Je reviens à la flûte (l’instrument de musique, pas celle à champagne, Mumm ! Non, pas publicité, simple délectation). L’expression tirerait son origine du fait que les flûtistes avaient la réputation d’être de grands absorbeurs de liquides variés. La flûte, ça donne soif, ça assèche la gorge… A moins qu’on ait simplement comparé à une flûte la bouteille de laquelle l’assoiffé tire le liquide. En argot, d’ailleurs, le verbe flûter qui signifie boire.

Une autre explication possible est issue du Larousse du XXe siècle :
«Dans la cathédrale de Rouen se trouvait une très lourde cloche nommée «La Rigaud» ou «La Rigaude» (selon certains, parce qu’offerte à la ville par l’archevêque Eude Rigaud au XIIIe siècle). En raison de ses dix tonnes, elle était extrêmement difficile à mettre en branle et à faire sonner. Ses sonneurs étant très vite assoiffés par l’effort intense à fournir sur les cordes, ils devaient vite boire «à tire la Rigaud» pour se remettre et l’expression se serait ensuite transformée en tire-larigot.

Quand on connait la flexibilité de l’orthographe, c’est très possible.

Et vous, quelle explication préférez-vous ?

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15 réponses à “Boire à tire-larigot”

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