Vous avez dit « chandelle » ?

La semaine dernière, j’ai écrit un article sur « le jeu n’en vaut pas la chandelle ». (Clic pour le relire). Certains lecteurs m’ont cité d’autres expressions avec ce mot chandelle et finalement, j’ai tenté d’en faire une petite liste. En aurez-vous d’autres à me proposer ?

En attendant voilà ce que j’ai à vous donner.

Tout d’abord une citation de Victor Hugo : « Un méchant peut donner un bon avis ; une chandelle pue mais éclaire. « Est-il nécessaire d’expliquer ? Un défaut mineur ne doit pas cacher l’utilité d’une chose, je ne parle pas de « vices cachés » mais juste d’inconvénients : les voitures à moteur traditionnel (essence ou diesel) polluent mais sans elles… Les exemples ne manquent pas. Pourquoi ne passons-nous pas aux voitures électriques ou solaires ?

Revenons à nos chandelles ! Je passe sur les supports de chandelles et chandeliers de tous ordres, sur les dîners aux chandelles, à la lumière des bougies ou des chandelles, dîners intimes ou imposés par EDF qui nous a « laissés en plan », relire mes déboires de début 2011, en cliquant ICI.

J’oublie cette fois l’enjeu qui en vaut la chandelle déjà traité dans le précédent article. Il me reste donc :
– Allumer une chandelle ; s’éclairer à la (ou avec une) chandelle.
– Brûler la chandelle par les deux bouts.
– Devoir une fière chandelle à quelqu’un.
– Éteindre une  chandelle, moucher la (ou les ou une ou des) chandelle(s), souffler la chandelle.

mais aussi

– Faire des économies de bouts de chandelles.
– Faire une chandelle.
– Monter en chandelle.
– Tenir la chandelle.
– Voir trente-six chandelles

Allumer une chandelle. Faire brûler un cierge auprès d’un saint pour le remercier ou tout simplement, faute d’électricité, allumer une chandelle pour sortir du « fénoir » dirait un créole, c’est-à-dire de la noirceur ou de l’obscurité. Allumer une chandelle c’est donc s‘éclairer à la (ou avec une) chandelle.

Brûler la chandelle par les deux bouts. Cette expression signifie gaspiller, dépenser de toutes les façons possibles ou encore vivre sa vie de manière trop intense, sans se préoccuper des risques pour sa santé ou pour son compte en banque, se fatiguer excessivement. C’est risqué, on peut y laisser sa fortune ou sa peau.

– Devoir une belle, une fière chandelle à quelqu’un, c’est avoir des obligations envers lui pour des services rendus lors d’une grosse difficulté.

– Éteindre une  chandelle, moucher la (ou les ou une ou des) chandelle(s), souffler la chandelle. Tout ça signifie éteindre, couper la lumière.

– Faire des économies de bouts de chandelles. C’est presque le contraire de brûler la chandelle par les deux bouts, en un mot être radin, ladre, faire des économies dérisoires, mesquines ou même sordides. Autrefois les chandelles avaient de la valeur, c’est pourquoi, dans les maisons bourgeoises, le personnel de maison avait l’habitude de rassembler les restes des chandelles et de les revendre à un cirier pour qu’il en refasse de nouvelles. Cette récupération semblait mesquine aux plus riches car l’économie correspondante semblait insignifiante, mais « un sou est un sou » quand on est pauvre.

Faire une chandelle : vous avez vu en photo l’exercice de gymnastique à la fin de mon article « le jeu n’en vaut pas la chandelle » mais il y a d’autres « faire une chandelle » par exemple avec une balle ou un ballon. Au football ou au rugby : coup de pied botté pour passer à la verticale et hors de portée de la défense adverse. Au tennis, toute balle envoyée très loin et trop haut.
On peut faire une chandelle en :
– Journalisme : colonne non coupée, du haut en bas d’une page d’un journal ou d’un magazine.
– Gymnastique au sol : déja vu.
– Gymnastique sur trampoline : saut d’élan permettant de prendre de la hauteur.
– Gymnastique sur barres parallèles : le corps droit et vertical repose sur les deux barres au niveau des épaules, les bras en arrière le long de chacune des barres.
– Gymnastique sur poutre : le gymnaste sort de la poutre en sautant tout en gardant le corps droit et le bras dans la continuité du corps

– Monter en chandelle, c’est s’élever à la verticale, en parlant d’un ballon ou d’un avion.

– Tenir la chandelle, c’est être un tiers complaisant dans une liaison amoureuse, rester proche sans intervenir pour protéger le couple. Familier, ironique et assez négatif, c’est de cette situation de personne en trop qu’est né le célèbre personnage de Claire Brétecher « Chandelle ».  Je ne souhaite à personne de lui ressembler à cette pauvre fille…. Elle se retrouve dans une situation de gêne face à un couple, lorsqu’elle se sent de trop. et bien sûr, mise à l’écart.

Quelqu’un m’a parlé de « vente à la chandelle », une méthode qui existe encore, il s’agit d’une vente aux enchères laissant du temps pour surenchérir tant que brûle une bougie allumée au début de l’enchère. Utilisée surtout en matière de saisie immobilière, je crois.

Si vous êtes vendeur et si vous ne gagnez rien comme produit de la vente, vous pouvez « faire une malaise », tomber, vous cogner la tête et alors vous pourrez « voir trente-six chandelles », c’est-à-dire éprouver un grand éblouissement. Sous l’effet d’un coup reçu, vous pouvez avoir le même résultat, repris dans nombre de B.D..J’ai trouvé des explications pour expliquer l’origine de l’expression « tenir la chandelle« .

Autrefois, dans les familles nobles, royales, bourgeoises, on souhaitait que les ébats amoureux soient éclairés. Voyeurisme ? Exhibitionnisme ? De fait, l’on demandait à des valets ou à des soubrettes de tenir des chandelles autour du lit afin que le couple (légitime ou non) puisse se divertir. Bien entendu, le personnel de maison n’avait pas le droit de regarder et devait se tenir de dos par rapport au lit. Nous pouvons comprendre la sensation de gêne ou de malaise, l’idée d’être de trop par rapport à un couple. J’en entends déjà dire « pff, les riches et leurs mauvaises manières ! » (Je suis d’accord avec eux, mais si on savait tout de ce qui se passe dans les hautes sphères…)

Une autre explication est possible, moins choquante ?  En France autrefois, mais cette pratique existe toujours dans certaines cultures, il était d’usage de vérifier lors de la nuit de noces si la jeune épousée était bien encore vierge avant son mariage. Le couple (ou plus vraisemblablement le mari ou la famille de la jeune femme) choisissait une personne de confiance qui restait derrière la porte de la chambre. Lorsque l »‘affaire était faite » (le mariage consommé), le mari invitait cette tierce personne à entrer et à éclairer de sa chandelle les draps souillés par les ébats amoureux. Je me souviens ne pas avoir compris les cancanages des commères de mon quartier, qui riaient en catimini, lorsque le lendemain du mariage de la fille de voisins d’origine sicilienne, des draps mal lessivés avaient été étendus au balcon. Maintenant, je sais.

Heureusement que les temps changent.

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17 réponses à “Vous avez dit « chandelle » ?”

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