Histoires d’eaux (2)

J’évoquais dans un récent billet les régions noyées par la nature puis celles noyées par les hommes, au nom du progrès. Ces barrages quelquefois monstrueux m’ont toujours fait peur, peut-être parce que je me souviens de la région de Fréjus après la rupture du barrage de Malpasset (un nom « dramatique »), j’étais au CP et j’ai été grandement choquée.

L’été 1960, je me souviens être allée voir ce qui restait du barrage avec mes parents (je me demande s’il reste des vestiges  de cette  construction aujourd’hui encore).

Avant et après

Comme ma mère travaillait à EDF, à plusieurs reprises, nous avons visité des barrages et nous avons aussi rencontré, pendant les vacances, des gens qui avait vécu cette catastrophe. Je sais que c‘était un mercredi de décembre 1959, pendant la diffusion de « la Piste aux Étoiles » ; ceux qui racontaient leur triste expérience donnaient des détails précis « j’étais en chemise de nuit, sur le canapé, devant la télé. »… J’ai retenu le programme de télévision puisque chez moi nous n’avions pas encore cet « appareil du Diable », la boite à images qui rendait idiot (une seule chaîne et un joug politique omniprésent mais quand même un but relativement bien atteint : « informer, éduquer, distraire »).

television4Oui, aujourd’hui la télévision, c’est pire qu’avant. Il y a une multitude de chaines mais qu’offrent-elles de mieux ? Des télé-réalités et des informations en boucles… Je me suis bien éloignée de cet écran qui m’avait fait rêver.

Je reviens aux histoires d’eaux.

Quand on habite Grenoble (ce qui fut mon cas pendant mes vingt-cinq premières années de vie) et que l’on connait le nombre de barrages (dix grands) qui se trouvent en amont de Grenoble, sur l’Isère et le Drac, on peut raisonnablement craindre pour son avenir.

Je me suis sentie beaucoup moins folle et moins seule quand, il y a quelques années, Haroun Tazieff avait suscité une grosse polémique en annonçant comme quasi certaine une catastrophe : pour lui un tremblement de terre était inéluctable à moyen terme dans les Alpes du Nord avec rupture d’un ou plusieurs barrages. Ça ne me rassurait pas sur les risques réels mais au moins sur mon état mental : je réfléchissais correctement.

Petite, j’avais ressenti plusieurs fois des tremblements de terre et celui du 26 avril 1962 de magnitude 5,5 me restait particulièrement en mémoire. Alors dix barrages en amont, c’est inquiétant. Tout va bien tant qu’il ne se passe rien.

  1. Barrage de Notre Dame de Commiers
  2. Barrage de Monteynard
  3. Barrage du Sautet
  4. Barrage de Chambon
  5. Barrage du Verney
  6. Barrage de Grand Maison http://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_de_Grand’Maison
  7. Barrage de Bissorte
  8. Barrage de Tignes
  9. Barrage de Roselend
  10. Barrage de La Girotte

Qui vivra verra…

J’avoue que ma confiance dans les paroles rassurantes d’EDF et des gouvernements successifs est de plus en plus limitée.

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Une réflexion sur « Histoires d’eaux (2) »

  1. on nous avait aussi assuré que les centrales atomiques étaient sans risque, du moins en France, puisque f mittou assurait que nos frontières étaient étanches !
    Je partage ta façon de voir, un jour, un tremblement de terre cassera des barrages, comme un jour, des volcans exploseront !
    C’ est aussi pour ça que jamais je ne passerais sous la Manche !

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