Auteur/autrice : Francoise

  • Aurore boréale

    Eh oui, j’y suis allée ! Vous le voyez sur la photo : au cercle polaire, j’y étais en février 2008. J’ai quitté 30° et quelques à la Réunion pour arriver, par bonds, à Paris, Helsinki, puis Rovaniemi en Laponie avec une température de – 35°. J’avais besoin de quitter la chaleur pour me mettre au frais, fuir les médecins et l’hôpital. Je passe sur les détails mais je vous garantis que la désobéissance a eu du bon, une fois de plus. Ceux qui me connaissent ne peuvent que confirmer.

    Comme je ne suis pas très efficace encore pour mettre des photos sur le blog, je me contente pour le moment de « poster » celles qui veulent bien passer.

    Arrivée dans un pays enneigé et ensoleillé (pas longtemps chaque jour mais vraiment lumineux). Dans cet espace blanc, des signes de vie : hôtels et cette petite maison pour oiseaux.

    Et il y a la maison, que dis-je, le village du Père Noël. Photos une prochaine fois, pour le moment, contentez-vous de la boutique centrale, jolie construction de bois.

    Dans la région, il n’y a pas que des traineaux avec des rennes, que j’ai testés, mais aussi des motoneiges. Comment rejouer un « Easy Rider » dans le « Grand Nord. »

    Ce fut un moment de bonheur intense, plus de tuyaux dans les bras ni de potence pour me retenir.

    Vive la liberté !

    J’ai profité de tout ce que je voyais et que j’aurais pu manquer compte tenu des événements des trois mois précédents.

    J’ai profité du silence, de la blancheur, des pétarades des moteurs, de l’odeur de l’essence, de celle des fumées des feux de bois dans les cabanes, du soleil, du ciel bleu, du froid, des rencontres (de celle du Père Noël en particulier), de la magie ou de la féerie de l’endroit. Je suis presque retombée en enfance, mais qu’est-ce que ça fait du bien !

    Un repas, en fin de séjour, le soir dans un restaurant de glace, construit tout en glace dont vous voyez la porte d’entrée.

    Et pour clôturer ce séjour inespéré, quasi miraculeux, j’ai eu droit (le ciel soit remercié) à une aurore boréale qui n’en finissait pas.

    Le ciel s’est paré de lumières vertes et bleues, une sorte de voilage lumineux flottait, frémissait, ondulait, palpitait, vibrait, semblait quelquefois frisonner et…

    je me taisais…

    Ce qui, vous pouvez vous en douter, a étonné.

    A la question « Tu ne dis rien ? », que vouliez-vous que je réponde ? Jétais heureuse, comblée et toujours décidée à faire la fière, alors j’ai dit : « Vous voulez que je fasse la Française ? » … »??? »… « Pff, il pourrait (le ciel) mettre un peu plus de couleurs, ça manque de rose, jaune et orangé ».

     

  • Le racisme

    Après deux jours de photos, une journée écriture et réflexion. Sans doute parce que je viens de regarder le film « La rafle » et que j’ai pleuré. Voilà donc mes réflexions du jour.

    Le racisme est une idéologie qui divise la race humaine en plusieurs races humaines et qui considère que certaines races sont intrinsèquement supérieures à d’autres. Cette idéologie entraîne d’une manière générale des attitudes d’hostilité. Les idéologies racistes changent au fil des ans, elles ont servi de fondement à des doctrines politiques conduisant à pratiquer la discrimination raciale : ségrégation, violences allant jusqu’au génocide et elles perdurent.

    Aujourd’hui, le terme de race reste d’usage courant et le racisme se manifeste toujours sur les cinq continents. Je ne vais pas faire le tour du monde, non, juste parler de ce que je connais.

    Certaines formes d’expression du racisme, comme les injures racistes, la discrimination (négative) sont considérées comme des délits dans un certain nombre de pays. Mais à bien y regarder, que fait-on réellement ? Y a-t-il de vraies punitions ? Sont-elles justes, équitables ? Je pense à John Galliano qui aujourd’hui est dans le collimateur de la justice, des médias et sur qui on jette l’opprobre ainsi qu’à Jean-Paul Guerlain « qui a travaillé comme un nègre »… N’avez-vous jamais été saoul comme un Polonais ? Parlé anglais comme une vache espagnole ? Je pense qu’il faut être mesuré dans les poursuites et pardonner un excès de langage dû sans doute à l’âge pour Monsieur Guerlain. Pour Galliano, abus d’alcool, de drogues ; c’est ça qu’il faut poursuivre.

    Le racisme « individuel » se traduit par des paroles ou des actes racistes envers d’autres individus. Il s’apparente à la xénophobie, la haine, l’intolérance et à l’idéologie de la supériorité d’une race, d’une culture ou d’une religion. Il est repéré souvent mais pas toujours comme il le devrait (voir plus haut). En surprotégeant les uns, ne nuit-on pas aux autres ? Si l’on se dit tolérant, la tolérance doit fonctionner pour tous équitablement.

    En raison de la connotation très négative du mot racisme en Occident, peu de partis politiques se revendiquent ouvertement comme racistes. Certains extrémistes de droite  ont cependant été accusés de véhiculer des discours de ce type à travers des positions nationalistes et souvent xénophobes.

    Pendant des périodes de ségrégation raciale, des mouvements suprématistes ont prôné la supériorité de la race noire. Ce fut notamment le cas des « Black Panthers ». aux USA. Un mouvement du même type en France a été rapidement interdit et dissous.

    Au Zimbabwe, le parti du président Robert Mugabe a mis en place une politique raciste qui a exproprié et chassé les blancs du pays, avec les résultats que l’on connaît.

    Pourquoi les Hommes ne sont-ils pas capables de se partager la Terre ? Et pourquoi ne pas envisager une population totalement métisse un jour ?

    La question de la mixité raciale s’est posée depuis longtemps. Et pendant des périodes ségrégationnistes, il y avait quand même des métis. Il n’y avait pas que des femmes abusées, il y a sans doute eu l’amour aussi.

    La position « mixophobe » se caractérise par un rejet du « métissage », présenté comme un facteur de dégénérescence des groupes humains. Moi, je pense qu’à l’inverse, il faut regarder le métissage comme une richesse. Quand on voit les dégâts liés à la consanguinité… Je n’en dis pas plus.

    Il existe toutefois un large éventail d’idées mixophobes, qui vont du rejet pur et simple de tout contact entre les races jusqu’à la promotion du métissage, sous réserve du respect des conditions de son efficacité. Euh, vu comme ça, je serai peut-être « mixophobe » ? Non, pas possible ! Je suis pour le métissage inconditionnellement, juste à cause de l’amour.

    Pour les rares mixophiles (ben oui, finalement, nous ne sommes pas si nombreux que ça parce que ceux qui se disent non racistes ne se marieraient pas avec une personne de couleur), le métissage peut répondre à deux préoccupations :

    –       en bon colonialiste, on peut se dire que les Européens sont inadaptés aux climats tropicaux et que le métissage est un bon moyen, en procréant avec des indigènes, de s’implanter durablement dans les « colonies ».

    –       en philanthrope, on vise simplement l’amélioration de la race humaine : plus de mélanges, ce sont plus de chances d’être résistant, intelligent, tolérant…

    Mais le racisme ne tient pas seulement à la couleur de peau.

    Souvenez-vous, pendant la seconde Guerre Mondiale, les Juifs (des Blancs) ont été massacrés par d’autres Blancs. Il faut reconnaître que cette persécution ne date pas d’hier. Avez-vous vu le film AGORA d’Alejandro Amenabar ? Les Juifs sont assassinés et déportés, mais dans ce film, on se rend compte qu’une autre minorité est persécutée : les femmes !

    Pour paraphraser Samy Davis Junior « le pire c’est d’être femme, noire, juive et… borgne ».

    On peut se souvenir aussi de l’Inquisition en Espagne (et ailleurs) et de l’ignoble Torquemada. L’Histoire est pleine de périodes sombres pour les descendants de la tribu d’Israël.

    Quand on pense aux Etats Unis, ce grand pays de liberté, il n’y a pas si longtemps que les Noirs n’avaient pas les mêmes chances que les Blancs et que l’Afrique du Sud n’était pas seule à être montrée du doigt ; ségrégation, apartheid, je ne vois guère de différence.

    Quant aux Australiens, jusqu’à quand ont-ils pu chasser sans crainte l’aborigène ?

    1970. Et, ce n’est qu’en 1993 que le gouvernement australien admet que les Aborigènes ont bien été les premiers habitants de cette île continent. Combien ont été tués ? La population aborigène est passée de 1 000 000 à l’arrivée des colons anglais à 250 000 (métis compris) aujourd’hui. Qui en parle ? Qui s’en émeut ? Il y a bien eu une réconciliation entre Aborigènes et Blancs comme celle qui a eu lieu en Afrique du Sud entre Blancs et Noirs, mais est-ce possible d’oublier ?

    Nous avons un devoir de mémoire mais en aucune façon l’obligation, comme certains le préconisent, de repentance. J’ai honte de ce qui s’est passé mais je n’y étais pas. Aujourd’hui, j’essaie de faire le maximum que des horreurs pareilles ne se renouvèlent pas. Mais qu’aurais-je fait en 1943 au moment de la rafle du Vel d’Hiv ? Et vous ? C’est toujours l’autre qui est raciste, non ? Moi, je me demande vraiment ce que nous aurions fait si nous avions été là… Il y a eu des Justes mais aussi des collabos.

    Pour en revenir à nos amis américains qui ont élu un métis comme Président, bravo à eux ! Savez-vous que l’un d’eux, au début du XX° siècle, Madison Grant a tenté de limiter l’émigration des Mexicains et des… Irlandais en raison de la supériorité de la « race nordique » sur les autres « races blanches ». Il a inspiré les nazis !

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Madison_Grant

  • Tartelettes aux noix

    Je vous avais promis une recette de temps en temps, non ?

    Alors voilà !
    C’est une recette de grenobloise, pas une recette de régime. Je vous donnerai la même en pire avec des noix et du chocolat. Pas très diététique mais bon. Mmmm !!!

    Pour 8 à 10 tartelettes selon la taille de vos moules.

    Préparation : 30 mns
    Cuisson : 12 mns

    Ingrédients pour la pâte :
    250 g de farine
    125 g de sucre en poudre
    100 g de beurre froid
    20 g de poudre d’amandes
    1/2 sachet de levure chimique
    1 œuf
    1 pincée de sel
    Ingrédients pour la garniture
    250 g de cerneaux de noix concassés grossièrement (vous restez polis, mais les morceaux de noix sont grossiers)
    150 g de sucre en poudre
    80 g de miel
    80 g de crème liquide, entière et chaude
    25 g de beurre (non allégé, soyons fous jusqu’au bout)

    Préparation :
    Commencez par préparer la pâte: dans un saladier (ou le bol du robot pour gagner du temps) mélangez le sucre et le beurre coupé en dés, jusqu’à ce que cela devienne crémeux.
    Ajoutez l’oeuf et continuez de mélanger. Le mélange doit être bien homogène.
    Incorporez la levure chimique, la farine et la poudre d’amandes.
    Formez une boule avec la pâte, filmez et placez au réfrigérateur pendant une heure au moins .
    Étalez ensuite la pâte sur un plan de travail légèrement fariné, sans trop la travailler car elle collerait et foncez les moules. (Foncer, c’est mettre la pâte dans le fond du moule.)
    Piquez la pâte avec une fourchette et les faire cuire dans un four préchauffé à 200°C jusqu’à ce que les bords colorent légèrement mais que le fond reste assez blanc.
    Laissez tiédir et démoulez.
    Préparez ensuite la garniture: Versez le sucre et le miel dans une casserole et cuisez .
    Ne pas mélanger sinon le caramel ne prendra pas. Remuez la casserole pour que la cuisson soit uniforme.
    ATTENTION dans une casserole anti-adhésive le caramel ne prend pas. Trouvez donc une bonne vieille casserole en cuivre, émail ou simplement en aluminium.
    Lorsque le caramel prend une jolie couleur dorée, ajouter la crème chaude puis le beurre. Mélanger avec une cuillère en bois. Incorporer immédiatement les noix et en garnir les tartelettes.
    Laissez refroidir et servez.

    Pour couronner le tout (vous ne comptez plus les calories), servez avec une boule de glace à la vanille ou pire encore avec une coupe de glaces assorties : noix, vanille, Chartreuse. Vous pouvez ajouter du chocolat…

    Bon appétit !

  • Comment se faire remarquer

    En Californie j’ai vu des tas de choses, comme tous les touristes qui arrivent du vieux continent. J’essaierai de vous faire partager un peu mes découvertes, pas forcément celles que vous attendez. (suite…)

  • On n’est pas là pour se faire engueuler

    Pour commencer la semaine en musique, allez au boulot et pensez que

    On n’est pas là pour se faire engueuler (suite…)

  • San Francisco : deux ans déjà

    Mon périple californien a commencé à San Francisco avec dans la tête la chanson de Maxime Leforestier. J’ai cherché la maison bleue accrochée à la colline.

    Heureusement qu’il y a le « cable car » pour aider un peu parce qu’il faut de sacrés mollets dans cette ville toute en côtes pour se balader. (suite…)

  • Sortir de l’isolement

    Pour lire en musique, cliquez .  Vous pourrez regarder les images plus tard.

    Ma solitude de Georges Moustaki

    Nous avons compris que le sentiment de solitude est humain et correspond à de la lucidité. Il faut vivre avec sa solitude. Mais comment rompre l’isolement que nous ressentons régulièrement ? Faut-il aller chercher à l’extérieur ce qui nous manque ? C’est la solution adoptée par bon nombre d’entre nous mais est-ce la meilleure solution ?

    Dans cette société où tout est superficiel, où tout va de plus en plus vite, la solitude qui permet de se retrouver soi-même, de temps en temps, est un véritable trésor. Il faut profiter de ces moments rares.

    La sensation d’isolement peut être comblée. Le sentiment de solitude n’est pas forcément un mal. Comment gérer ces apparentes contradictions ?

    Nous avons peur, plus ou moins consciemment, de n’être pas acceptés, d’être maintenus à l’écart. C’est facile de se sentir rejeté, de devenir un solitaire ou plutôt un isolé. Faut-il accepter de souffrir en silence ? Faut-il se battre ? Comment ?

    Nous éprouvons tous, à un moment ou l’autre, un sentiment d’infériorité et c’est ce sentiment d’infériorité, qui favorise l’isolement ; il est entretenu par la vie : on se replie sur soi quelquefois à la suite d’un échec sentimental. La peur d’un nouvel échec nous entraîne dans un cercle vicieux. Quand nos parents nous ont rejeté, le mal est plus profond mais il est  toutefois curable. Nous pouvons nous sortir de nos souffrances (anxiété et… maux de dos) avec un peu de volonté, de la réflexion et … du hasard.

    Celui qui se sent exclu soufre, en général, d’une mauvaise estime de soi pour des raisons qui peuvent être multiples, il se tait d’autant plus qu’il a honte, honte de lui, honte de se sentir isolé. La solitude est une douleur muette dont on ne se plaint guère.

    Pour ne pas l’avouer, pour combler ce vide que l’on ressent, on essaie plusieurs stratégies pour s’en sortir et surtout on joue son rôle, celui qui devrait  aider à sauver les apparences, et l’on devient dépendant de l’autre. L’autre peut être un individu ou une chose : un groupe d’amis (on devient le joyeux luron), une bande (on est celui qui a la voiture), le tabac, (ça donne une contenance, on sait comment occuper ses mains, et ça peut donner un style ) l’alcool (ça donne du courage),  la drogue (ça permet d’aller mieux), le jeu, (on peut devenir très riche), la télévision (ça informe), l’ordinateur : jeux vidéo ou internet (ça distrait). On attend la libération de l’extérieur. D’une certaine manière, on cherche à recevoir, à prendre plutôt qu’à donner : on dépense et on se dépense pour obtenir un retour qui ne vient pas forcément. Il suffit, un jour, de se remettre en question, de se persuader que l’on peut s’en sortir en faisant un effort pour utiliser nos capacités. et les faire reconnaître et apprécier.

    Il est difficile d’avoir confiance en soi mais il faut être convaincu que chacun de nous a des talents, peut-être bien cachés mais prêts à se dévoiler. En prenant conscience de ses compétences dans tel ou tel domaine, en faisant quelque chose qui plait et qui apporte des satisfactions, on peut se sentir mieux et partager son plaisir ou son bonheur. Le remède au sentiment d’isolement, c’est de ne plus attendre de recevoir mais de donner à soi pour pouvoir donner aussi aux autres.

    On peut faire des tas de choses pour s’épanouir et sortir de son isolement : parler en direct avec qui on veut (se mettre au défi de parler avec le premier que l’on croisera , pour demander l’heure), bavarder avec la vieille dame qui traine péniblement son caddie ou la jeune maman qui fait ses courses avec ses jumeaux (qu’est-ce qu’ils sont beaux !) ou utiliser une technologie plus avancée : internet. Avoir un blog et le faire vivre c’est envoyer et recevoir des messages, c’est mieux qu’une bouteille à la mer, le message a plus de chance d’être lu et surtout plus vite. Un blog, c’est aussi aider l’autre en mettant des mots sur des douleurs dont on veut se défaire et dont l’autre pourra prendre conscience et se défaire à son tour. Pour se sentir bien, il suffit de se sentir utile, utile à soi d’abord, (soi : celui qu’on a souvent longtemps oublié). Des tas de possibilités sont offertes.

    Vous pouvez, si vous vous sentez isolés :  apprendre le chinois, le japonais, le javanais ou… ce que vous voulez, faire du jardinage (tailler, nettoyer, planter…), faire de la cuisine, de la pâtisserie, du tricot, de la couture, du bricolage, de la poterie, pourquoi pas une avoir une activité bénévole (dans une association « femmes battues », être écoutant chez SOS Solitude), prendre une carte au PS ou à l’UMP, coller des affiches pour votre parti, apprendre la salsa ou l’haïkido, la musique, à jouer d’un instrument ou faire partie d’une chorale,  mais aussi tout simplement vous occuper de vous, méditer…

    NE RIEN FAIRE si le coeur vous en dit !

  • Solitude

    L’homme est un animal social. Il a un besoin fondamental de communiquer, besoin indispensable à son équilibre (très variable selon les individus).

    Dans le monde actuel où les moyens de communiquer se multiplient et sont à la portée de presque tous, où les techniques et les sciences de communication sont au programme de nombreuses formations, il semble paradoxal de constater que les individus se sentent de plus en plus seuls et  isolés.

    Le trop plein d’informations nuit ; il encombre notre vie, notre cerveau et limite en fin de compte la communication interpersonnelle.

    Nous prenons en pleine face des mots et surtout des images choc. Comme si les journaux, la télévision et la radio ne suffisaient pas, nos téléphones portables, tablettes électroniques, micro-ordinateurs nous donnent encore plus de nouvelles.  Elles arrivent en continu de partout (même les fausses) et nous n’y prêtons plus attention sauf quand elles sont extraordinaires, exceptionnelles, révolutionnaires… et ça ne dure pas longtemps car il y a toujours plus nouveau. On a oublié Laurent Bagbo en Côte d’Ivoire en quelques jours. Il y a eu depuis : la Tunisie, l’Egypte, la Libye, un tremblement de terre en Nouvelle Zélande. Nous attendons presque la mauvaise nouvelle suivante. Nous devenons insensibles à force de revoir et de réentendre les mêmes choses ; les guerres (surtout quand elles ne se déroulent pas chez nous), les catastrophes se banalisent et pourtant nous sommes écrasés par le poids des informations, surtout si nous sommes sensibles. Comment rester impassible devant les larmes, le sang, la violence ? Et comme si la réalité ne suffisait pas, on en rajoute un peu : du catastrophisme par là, de la démagogie ici, du dramatique ailleurs, de l’exceptionnel plus loin. Il me semble que les journalistes devaient être objectifs. Pourquoi  sont-ils de plus en plus friands de sensationnel ?  La recherche du fric ou de la « gloire » ? Pourquoi les journaux et magazines, la télévision  nous abreuvent-ils de « news people », de concours et de jeux débiles ? Pour nous occuper ? Pour nous faire vivre par procuration ?

    La vie par procuration. J.J. Goldman

    La vie citadine nous rend encore plus solitaires. Combien d’entre nous sont seuls dans de grandes villes sans autres contacts que ceux qu’ils ont avec leurs collègues de travail ? La famille est éloignée géographiquement (mobilité oblige) et le grouillement des autres , leur présence « collective » nous isole dans notre espace intérieur) sans compter que nous devons faire face au bruit incessant. Quand on vit et qu’on travaille en ville, c’est une agression permanente : bruits de la circulation, sonneries des téléphones portables, musique d’ambiance, animations commerciales…

    Nous ne parlons pas à l’inconnu que nous croisons dans la rue (nous ne voulons pas l’entendre, nous avons quelquefois même des écouteurs fichés dans les oreilles), ni à notre voisin quasi inconnu, ni à la caissière du supermarché, ni à la vendeuse qui nous sert (les avons-nous seulement regardés ? juste entrevus). Nous ne parlons presque pas aux membres de notre famille que nous retrouvons, harassés, en fin de journée. Les repas familiaux sont de plus en plus souvent « amputés » par l’omniprésent écran de télé.

    « Ultra moderne solitude » chantait Alain Souchon, il y a quelques années et ça ne s’arrange pas ! Ultra moderne solitude : chanson

    Dans cette fourmilière humaine, nous courons en tous sens, perdus, sous un masque social qui nous empêche de parler. Les signes de vie disparaissent sous des gestes mécaniques, normalisés. Le soir, nous rentrons, souvent seuls, dans nos espaces cloisonnés, de plus en plus hermétiquement fermés. Robots humains stockés en alvéoles.

    Comment arriver à nouer des relations interpersonnelles quand nous avons peur de l’autre et que nous nous en tenons éloignés?

    Nous croyons être ouverts mais en réalité, nous sommes bloqués, enfermés, nous appartenons à des clans à géométrie variable, rarement poreux. Nous scindons bien l’appartenance à chacun de ces groupes : la famille, les collègues, le club de gym, les enfants, les ados, les jeunes, celui du troisième âge plus tard,  etc ; chacun son groupe. Surtout pas de mélange ! Nous ne comprenons pas l’autre et n’avons ni le temps ni l’envie de le connaître. Nous créons une nouvelle forme de ségrégation sociale qui nous isole insidieusement.

    Même si nous ne l’avouons pas, la solitude nous pèse. Nous essayons de la rompre par n’importe quel moyen. Internet nous donne l’impression d’avoir des relations, des amis, mais ce ne sont que des « amitiés » virtuelles et nous ne pouvons nier que la réalité tangible manque. Je crois qu’inconsciemment nous regrettons les lieux de rencontre d’autrefois : le perron de l’église, la place du marché, la  fête municipale, le bal des pompiers…

    Ce que j’évoque ici  relève plus de l’isolement que de la solitude. Le sentiment semble le même, mais l’isolement est une sensation actuelle, propre au monde contemporain, (adieu la famille traditionnelle, le clan ou la tribu), alors que la solitude est inhérente à la condition humaine : on naît et on meurt seul.

    On vit les uns avec les autres. Version originale Fabienne Thibault

    Trois insertions de chansons pas vraiment gaies mais que j’aime beaucoup. Vous pouvez les écouter en lisant.

  • Mauvaise ou bonne conscience

    Finalement, je me reprends à philosopher, un peu comme si je retournais au lycée mais il n’y a pas de note, juste le plaisir d’écrire et l’espoir d’être lue. Peut-être y a-t-il aussi l’envie de réfléchir et de faire réfléchir, un peu.

    Hier je pensais aux personnes de mauvaise foi. De là, à évoquer la bonne conscience, il n’y a qu’un pas. Une personne de mauvaise foi peut-elle avoir bonne conscience ?

    Avoir bonne conscience, avoir mauvaise conscience, encore faut-il avoir une conscience !

    Qu’est-ce donc que la conscience ?

    La conscience est la faculté mentale de sa propre existence et de l’existence du monde extérieur (avoir conscience du froid, du danger) ce qui n’exclut nullement la conscience du bien et du mal.

    Avoir mauvaise conscience, c’est ne pas avoir l’esprit tranquille, avoir quelque chose à se reprocher. Combien de nous, aujourd’hui, sont-ils capables d’avoir mauvaise conscience ? Fort peu à en juger par la manière dont les politiques se défilent. Ne devraient-ils pas se montrer irréprochables dans leur vie publique ? C’est un autre sujet.

    Moi, j’ai une règle de conduite qui doit être, heureusement, commune à un grand nombre de personnes : Pour avoir bonne conscience, il est un principe à respecter, il faut toujours se poser la même question «Et si tout le monde en faisait autant ?»

    Il arrive malheureusement que des individus n’aient plus conscience de ce qu’ils font, je ne parle pas des fous mais de gens normaux, c’est ce qui arrive aux militaires qui sont entraînés à tuer sans vergogne, à appuyer sur la gâchette sans réfléchir, à obéir aux ordres (on peut le leur reprocher après, cf le procès de Nuremberg : nécessité, devoir de désobéissance) ou encore aux golden boys et à tous ceux qui veulent « faire du fric à tout prix » (indécence des primes versées, immoralité de certaines expropriations). D’autres aussi se croient tellement supérieurs par leur science qu’ils jouent aux apprentis sorciers (le bébé «médicament », actualité du moment par exemple) n’ont pas suffisamment envisagé les conséquences morales pour ce bébé qui grandira. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », disait Rabelais.

    Des questions me taraudent. En France, dans une république laïque, pourquoi demande-t-on aux jurés de rendre leur verdict en « leur âme et conscience » ? « Sur mon honneur et ma conscience, devant Dieu et devant les hommes », je crois que telle est la phrase prononcée par le Président du jury d’Assises au moment de rendre le verdict. S’il faut jurer sur quelque chose, mieux vaut encore la conscience que le Coran qui risque de remplacer bientôt la Bible.

    J’aime bien l’idée de jurer sur son honneur, mais là aussi… qui en a encore ? C’est la faute de Marcel Pagnol qui a écrit « L’honneur, c’est comme les allumettes, ça ne sert qu’une fois ». Bon d’accord, je sais qu’il parlait d’une autre forme d’honneur, mais quand même, j’ai le droit de penser comme je veux et même d’être de mauvaise foi si j’ai envie, na ! On pardonnerait presque les crimes d’honneur par les temps qui courent. Alors…

    Pour moi, le plus beau, c’est de savoir que certains fonctionnaires prêtent encore serment avec leur conscience (pas les fonctionnaires de police, eux, ils promettent juste d’obéir aux ordres. Et bien, ça, ça craint ! enfin ça craint pour nous les citoyens lambda. Voir plus haut le procès de Nuremberg.) Donc, les facteurs disent : « Je fais le serment de remplir avec conscience les fonctions qui me seront confiées. Je m’engage à respecter scrupuleusement l’intégrité des objets déposés par les usagers et le secret dû aux correspondances » et les agents de France Telecom annoncent « Je fais le serment de remplir avec conscience et probité les fonctions qui me seront confiées ». Soit certains ont oublié de prêter serment, le travail urgeait, soit ils ont des problèmes de mémoire à en juger par le nombre de courriers qui disparaissent. Mais ça aussi, c’est encore une autre histoire.

    J’ai relevé un certain nombre d’expressions comportant le mot conscience :

    avoir sur la conscience : c’est avoir quelque chose à se reprocher

    avoir sa conscience pour soi (avoir la conscience claire ?)

    prendre conscience (prise de conscience)

    perdre conscience (perte de conscience). Ce n’est pas l’inverse de l’expression précédente ; c’est quelquefois impressionnant mais pas forcément grave… La prise de conscience, elle, peut poser des problèmes.

    se donner bonne conscience : faire comme si l’on n’avait rien à se reprocher. Vous en connaissez-vous des qui font ça ?

    donner mauvaise conscience à quelqu’un (est-ce le faire réfléchir, prendre conscience de ?)

    la clause de conscience qui doit conduire un journaliste à démissionner quand il n’est plus en accord avec les orientations de son journal (aujourd’hui, les journalistes ne sont-ils pas plus en accord avec leur porte-monnaie, les avantages et la notoriété qu’ils peuvent retirer de leur emploi ?)

    Avoir de la conscience professionnelle ; indispensable dans tous les métiers et de plus en plus rare malheureusement.

    Par acquit de conscience (pour s’éviter des remords), on pouvait autrefois en conscience (sincèrement), devenir objecteur de conscience (celui qui refusait de faire son service militaire en temps de paix ; pendant la guerre, tu fermais ta gueule et tu partais la fleur au fusil pour devenir de la chair à canon). Que d’images dans notre belle langue !

    Pour en revenir à la conscience, en faire mention aussi souvent, est-ce la preuve qu’elle existe bel et bien ?

    De là à parler de l’âme et des 21 grammes…

    http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=47795.html

  • Fou, folle, folie

    « Fou adj. Atteint d’un haut degré d’indépendance intellectuelle ; qui ne se conforme pas aux standards de la pensée, de la parole et de l’action, déterminés par des magisters à partir de l’observation d’eux-mêmes ; qui diffère de la majorité ; en résumé, inhabituel. Il est à remarquer que les gens que l’on déclare fous le sont par des autorités qui n’ont pas à apporter la preuve qu’elles sont elles-mêmes parfaitement saines. »

    J’aime beaucoup cette définition qui n’est malheureusement pas de moi mais d’Ambrose Bierce.

    Si vous avez lu attentivement ce que j’ai écrit depuis le début, vous comprenez bien pourquoi j’apprécie. Vive la liberté de pensée, de parole et d’action !