Origine de belle-mère

Quand on voit le tête de certaines belles-mères, on se dit que le terme n’est vraiment pas approprié. Une de mes amies est appelée « jolie maman » par sa bru, c’est gentil et flatteur. Alors pourquoi dit-on belle-mère, beau-fils, belle-fille ? Les anglo-saxons sont plus clairs : pas de beau et de belle, tout devient « in law », au nom de la loi… Mother in law, ça continue avec les brother and sister in law.

Pourquoi en France,  avons-nous des belles-mères, beaux-pères, beaux-frères et des belles-sœurs ? Quelquefois c’est vrai qu’ils peuvent être belles ou beaux mais j’en vois déjà sourire ironiquement quelques-uns (je vous rappelle que c’est le masculin qui l’emporte en grammaire). Je sais aussi que  la famille Dalton existe : bêtes et méchants et même pas beaux.

Alors pourquoi : beau, belle ? Parce que  « Tout le monde il est beau, tout le monde, il est gentil » ? Le film de Jean Yanne (1972) est bien postérieur à ces dénominations. Ceci dit c’est un film que j’ai beaucoup aimé et dont je fredonne encore quelques airs. Le générique donne une idée, regardez. Cynisme et humour noir.

 

Beau, belle… Alors une explication ? Oui, j’y arrive.

Il semblerait que c’est au Moyen-Age que l’expression a pris naissance. Ce fut une longue et drôle d’époque ce Moyen-Age, environ mille ans (oui 1 000) où d’un côté ça guerroyait dur et de l’autre on parlait d’amour courtois avec de gentes dames et de doux damoiseaux.

Le terme beau est un terme d’affection en ce temps-là. Quand on aimait quelqu’un de sa famille, on s’adressait à lui en disant « bele suer, bele amie, biaus dous fils» ce qui était plus avenant que dans l’ancienne langue qui disait fillastre pour beau-fils, marastre pour belle-mère, parastre pour beau-père ; la finale astre devenu âtre ayant pris un sens péjoratif, la langue s’est sentie obligée d’utiliser un autre vocable, et elle l’a trouvée dans beau un terme d’affection. (informations tirées de http://www.langue-fr.net/spip.php?article111) .

Reste que belle-fille et beau-fils peuvent être dits bru et gendre.

La bru date de cette époque aussi, le mot est issu du bas-latin des balkans « brutis », il a été introduit par les Goths au IIIe siècle et a supplanté le latin nurus. Bru semble être un mot apparenté au gothique bruth (jeune mariée qui a donné en anglais bride).

Quant à gendre, il vient de l’accusatif du latin gener, generum le mari de la fille, et du verbe gignere qui signifie engendrer.

Voici pour finir et pour les occitans en particulier (timilo, par exemple) une histoire d’amour tragique entre la très belle Sorimonde et le galant Guillem. Cet homme aimait sa belle, au point de lui déclarer sa flamme en lui donnant son cœur… et le beau poème que voilà, en prime.

Tel celui qui incline un Rameau
Et prend parmi mes Fleurs les plus belles,
J’ai choisi, dans les Ramages d’un haut Bosquet,
La plus Belle entre toutes.
Dieu la fit, sans Défaut, de sa propre beauté
Et ordonna qu’avec Humilité
Fût ornée sa grande Valeur.
Avec un doux Regard, ses Yeux Courtois
Ont fait de Moi, un ardent et fidèle Amant,
Et jamais l’Amour qui est cause de Larmes,
Qui mouillent mon Visage
Ne fût par Moi divulgué.
Mais maintenant il me fait Chanter de bon gré,
Sur une Femme pour laquelle plus d’Un a fait des Grâces…

La très Belle Sorimonde s’ennuyait dans son Château en Roussillon, le Comte, son époux se plaisant à la chasse tant de jour que de nuit, la délaissait.
Venant d’un proche Castel, le très beau et très aimable Guillem, troubadour de son état, charma la Belle par une cour assidue. Cela aurait pu durer tout au long d’une vie, mais un page, jaloux du bonheur du couple,  prévint le Comte de son infortune. Le Comte était négligent mais jaloux. Aussi un beau soir que Guillem quittait Sorimonde, les gens d’armes du Comte le saisirent et l’égorgèrent. Non content de cette vengeance, le Comte arracha le cœur de l’amant et le fit préparer en cuisine, puis manger par sa belle Epouse. Il lui révéla alors qu’il s’agissait du cœur de Guillem, lui demandant comment elle l’avait trouvé. Sorimonde répondit qu’elle n’avait jamais dégusté met plus délicat et que de sa vie elle n’en savourerait pas d’autre. La Belle se leva, grimpa sur la plus haute tour du château et se jeta dans le vide en direction des fossés où le corps sanglant de son Amant l’attendait…

A l’époque donner son cœur voulait dire quelque chose, bien loin des amours kleenex  » je te prends, je te laisse ».

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