Le prof sommeille toujours en moi. Il y a peu de temps, j’ai écrit que quelques individus étaient longs à la détente parce que l’effondrement ne faisait pas encore partie de leur réflexion puis j’ai pensé que l’expression méritait peut-être un peu plus d’attention, j’y reviens : Être long à la détente… c’est :

aussi “être dur à la détente“. Le sens ?

Pour moi, être long à la détente c’est mettre du temps à comprendre.

Ceux qui connaissent un peu les armes savent que la détente (ou plus exactement “queue de détente” qu’on appelle souvent à tort la gâchette) est une pièce métallique sur laquelle l’index appuie pour provoquer le décrochage de ladite gâchette qui va alors libérer le chien (s’il est armé) qui frappera le percuteur et fera partir le coup. Si le ressort du mécanisme est trop ferme, la détente est dure et l’arme plus difficile à déclencher, c’est cette difficulté de déclenchement qui a donné naissance à l’expression “dur à la détente”. La prise de décision, la compréhension de quelque chose étant comparées à un déclic celles-ci sont d’autant plus difficiles à obtenir que la personne est indécise ou mal-comprenante. Nos ministres ont été durs à la détente, longs à la détente vu le temps mis pour la gestion de la crise du Covid19.

Il semble que quelquefois l’expression ait un autre sens et signifie “être avare”, ce depuis le début du XIXe siècle, elle aurait  supplanté “dur à la desserre”. Cette “desserre”, plus ancienne encore dans d’autres locutions, est cette fois l’image de celui-ci qui serre précieusement son argent contre lui ou de celui qui rechigne à desserrer les cordons de sa bourse. Harpagon, le modèle de l’avare chez Molière, criait ainsi :

Hélas ! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! On m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde ! Sans toi, il m’est impossible de vivre.