La dictature qu’est-ce que c’est ? Si je pose la question, c’est qu’une fois de plus, Manu semble avoir des problèmes de vocabulaire ou de perception de la réalité. Soit il manque d’instruction, ce qui n’est pas vrai, sans compter qu’il a un professeur particulier de français à demeure depuis des années, soit il a une vision déformée de la réalité alors il est fou et je dois avouer que ça m’inquiète davantage.
La petite phrase de Macron qui fait parler est «Essayez la dictature et vous verrez !» Le président de la République continuait : «Aujourd’hui s’est installée dans notre société – et de manière séditieuse, par des discours politiques extraordinairement coupables -, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie, qu’une forme de dictature se serait installée», Il poursuivait : «Mais allez en dictature ! Une dictature, c’est un régime ou une personne ou un clan décident des lois. Une dictature, c’est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c’est cela, essayez la dictature et vous verrez ! La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. Mais il y a en démocratie un principe fondamental : le respect de l’autre, l’interdiction de la violence, la haine à combattre».
Plusieurs points me contrarient tant dans le fonds que dans la forme.
I – En ce qui concerne le fonds : la dictature, il faut se souvenir de la définition du terme : régime politique dans lequel le pouvoir est entre les mains d’un seul homme ou d’un groupe restreint qui en use de manière discrétionnaire. Manu et sa clique tiennent-ils compte de l’avis des Français ? Ne font-ils pas seulement ce que le Président a décidé ? Qu’avez-vous pensé de la fumisterie du « grand débat » ? Une consultation nationale sans écoute véritable. Où sont les condensés promis ? Où sont les résultats ?
Le chef de l’Etat est bien le (seul ?) responsable de toute la violence actuelle. Il a fait des promesses qu’il n’a pas tenues, il a menti et continue à le faire sans vergogne. Qui est le plus violent des manifestants et des grévistes ou de la police ? Qui permet de couvrir les violences policières ? N’est-ce pas une violence politique que de mépriser à ce point les Français ? Un comportement monarchique qui plait à Manu, c’est certain, avant de passer à une réelle dictature. Et si on lui disait «Essayez la vraie démocratie et vous verrez !» ? Ceci dit je vous rappelle une petite phrase connue : « La dictature c’est « ferme ta gueule » la démocratie c’est « cause toujours » » et je vous propose d’en retrouver d’autres dans ce billet de 2011 (clic).
Je comprends les réactions du peuple promenant une tête de Macron au bout d’une pique. Souvenirs de 1789. La Révolution Française a été sanglante, il ne faut pas l’oublier. J’ai lu que Monsieur Badinter, qui a fait abolir la peine de mort, était outré par ces événements qu’il juge violents, certes ça l’est, mais n’a-t-il pas été choqué par les images des flics tapant sur un homme à terre, faisant un croche-pied à une femme, les visages éborgnés et couverts d’hématomes des manifestants… ?
Des manifestants ne sont pas encore morts en 2020 mais il y a eu des précédents dans la république, souvenez-vous de la fusillade de Fourmies, le 1er Mai 1891.
II – Quant à la forme, elle me dérange, la dislocation m’exaspère. J’ai l’impression qu’on se moque de moi. Je m’explique. Le redoublement d’un nom ou d’un pronom qui est détaché de la proposition s’appelle « dislocation » ; par exemple : « La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. «
Si le nom ou le pronom est détaché à droite de la proposition, on parle de dislocation à droite. Exemple : « Elle est belle, la France ». Si le nom ou le pronom est détaché à gauche de la proposition, on parle de dislocation à gauche. Exemple : « La France, elle est belle ». Tiens, notre Manu disloque à gauche comme son prédécesseur François Hollande.
Qu’elle soit à droite ou à gauche, la dislocation est une tournure qu’il vaut mieux éviter à l’oral et plus encore à l’écrit pour ne pas passer pour une personne au langage relâché. Seul le roi le président de la République peut se le permettre, Manu copiant :
- Sarkozy : « La France, elle a 17 ans et le visage de Guy Môquet […] La France, elle a 19 ans et le visage lumineux d’une fille de Lorraine […] La France, elle a 44 ans, le visage ensanglanté de Moulin (…) La France, elle a le visage, l’âge, la voix de tous ceux qui ont cru en elle… »
- Hollande : « La France, elle a des atouts… » et que dire de la célèbre anaphore « Moi président de la République » ?
Ce que je retiens surtout de ce procédé, c’est que la répétition du pronom personnel sujet est utilisée pour donner un style populaire au discours ou même un côté enfantin (nous sommes trop bêtes pour comprendre).
Bref, je suis contrariée tant par le fonds que par la forme. Je partage pour ce coup-là l’idée de l’académicien Alain Finkielkraut : « Cette syntaxe sied aux enfants, pas au chef de l’État ! »
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