Que d’eau, que d’eau ! Mac-Mahon l’a déjà dit à Toulouse, il y a longtemps. Aujourd’hui je vous affirme qu’il a plu des cordes cette nuit, des cordes, des seaux dans la région. J’ai entendu qu’ailleurs c’était même pire. Nous passons de la sécheresse au déluge.
Les expressions ne manquent pas en matière de chutes d’eau abondantes.
- Il pleut à flots (des masses d’eau),,
- il pleut à seaux (comme si quelqu’un dans le ciel était en train de verser des seaux d’eau sur la Terre),
- il pleut à torrents,
- il pleut à verse : le verse désignant une quantité de liquide versée, à ne pas confondre avec le mot averse, signifiant une précipitation soudaine, courte mais abondante.
- ill tombe ou il pleut des hallebardes,
- il tombe des cordes,
- il pleut comme vache qui pisse.
Je reconnais que la dernière est la plus choquante mais plus « expressive » que la britannique « il pleut des chiens et des chats« . Si vous avez déjà vu une vache uriner, vous n’aurez pas de problèmes à comprendre l’expression pleuvoir comme vache qui pisse. Le jet de pipi d’une vache est très abondant, déversé avec une telle puissance que le bruit en touchant le sol fait penser aux chutes du Niagara ou à celles du Zambèse.
Avec un peu d’imagination (moins que pour une pluie de chiens et de chats), l’expression « il pleut des cordes » s’explique : lorsque la pluie tombe fort et incessamment, on ne parvient plus à distinguer les gouttes, c’est comme si de longues cordes de pluie dont on ne voit ni la début ni la fin, tombaient sans cesse du ciel.
Il est aisé, quand il pleut fort, de passer à « Il pleut des hallebardes » de faire la comparaison entre la hallebarde (une lance pénétrante) et les grosses gouttes de pluie qui transpercent celui qui traîne dehors sous l’orage mais les choses ne sont toujours aussi simples qu’elles le paraissent. Selon Gaston Esnault (lexicographe), depuis le milieu du XVIe siècle, le mot argotique « lance » désignait de l’eau mais aussi de l’eau de pluie. Ce serait donc par simple substitution de quasi-synonymes que les hallebardes auraient remplacé les lances, les premières étant, au moment de l’apparition de l’expression, en voie de disparition en tant qu’armes utilisées sur les champs de bataille. (Le verbe « lancequiner » apparu plus tard, avait d’ailleurs le sens de pleuvoir.)
Savez-vous que la hallebarde, arme blanche comportant un long manche en bois et une pointe métallique fixée à son bout, maniée avec habileté, peut tailler, percer et même arracher les armures des soldats. Imaginez une pluie de hallebardes !
Depuis toujours le ciel effraie les Hommes.
Pour finir en chansons, je pense à deux titres : « Il pleut, bergère » de Fabre d’Églantine (né un 28 juillet à Carcassonne) et à une chanson curieuse de Geri Halliwell (une ex Spice Girl) « It’s raining men« , drôle de rêve ! Il pleut des hommes.
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